MAISON TERRE: ÉTAT DE LIEUX. Politique-Économique-Social- Culturel -Environnemental*
PROLOGUE
Les grands arrêteront de dominer quand les petits arrêteront de ramper - Friedrich von Schiller
Les problèmes de la planète et de ses habitants ne cessent de s'aggraver.
Parce que les décideurs disposent d'un pouvoir séculaire qui s'est d'abord forgé presque spontanément et qui s'est perfectionné avec des composantes économiques, sociales, culturelles, idéologiques et juridiques jusqu'à devenir quasiment indestructible. Instrumenté par une infime minorité qui accumule de plus en plus de richesses, asservissant à cette fin les grandes majorités, plus ou moins brutalement selon les circonstances.
Existent des phénomènes naturels imprévisibles et/ou inévitables qui provoquent d'importantes dommages matériels et de nombreuses victimes humaines. Un premier constat que l'on peut faire: le nombre de victimes de ces catastrophes naturelles est proportionnellement beaucoup plus élevé dans les régions habitées par des populations pauvres, avec des logements précaires et peu ou pas d'infrastructures.
Certes, pour les dommages causés par des événements purement naturels, tels que les tremblements de terre ou les tsunamis, aucune réparation ne peut être réclamée aux plaques tectoniques de la terre ou à l'océan qui a empiété sur les terres.
Il y a cependant d'autres catastrophes où les causes sont en partie naturelles, mais également le résultat de l'activité humaine, comme la sécheresse, causée par une déforestation intensive ou par des monocultures ou des plantations qui assèchent la terre, la pollution environnementale (de l'air, de la terre et de l'eau), certaines inondations qui sont la conséquence d'une urbanisation incontrôlée ou d'autres activités humaines qui éliminent la porosité de la terre, etc.
Mais, on peut aussi appeler catastrophes la faim et la famine chroniques, le manque de logements décents, la pénurie ou le manque d'eau potable, les grandes épidémies de maladies évitables et/ou curables, l'analphabétisme, la discrimination à l’égard des femmes, les travaux répétitifs et pénibles, etc.
Des situations où, à l'échelle mondiale, les victimes se comptent par centaines de millions. Les catastrophes de ce type ne peuvent plus être qualifiées de "naturelles", mais de sociales, car elles sont le résultat du mode de fonctionnement de la société humaine, dans les sphères économique, politique et culturelle.
Ce sont les crises cycliques du capitalisme, qui ne sont pas une maladie curable sinon une partie structurelle de celui-ci, qui, dans sa phase actuelle, est mondialisé et privatisé dans les sphères de la production, du commerce et de la finance, et avec les élites dirigeantes et gouvernantes totalement à son service. Les dirigeants politiques et les dirigeants économiques sont interchangeables et parfois identiques: ils passent du conseil d'administration des grandes entreprises aux fonctions gouvernementales et vice versa. Les dirigeants politiques n'ont donc ni l'intérêt ni la possibilité de rétablir les critères économiques et les formes de régulation, très limités, qui existaient dans l'immédiat après-guerre.
Le rôle des dirigeants politiques se limite essentiellement à tromper et à tenter de calmer l'opinion publique et à mettre toutes les ressources de l'État (c'est-à-dire la richesse créée par le travail humain) au service du grand capital industriel, commercial et financier. Et de la préservation du système.
Par "système capitaliste", il faut entendre non seulement ses aspects économique financiers, mais l'ensemble d'un système de domination, avec ses composantes économique financières, mais également ses composantes institutionnelles, politiques, militaires, sociétales, idéologiques, culturelles, communicationnelles et "informationnelles".
Comme l'a écrit Galbraith, en se référant à la crise de 1929 : "À l'époque, comme aujourd'hui, l'intervention de l'État pour aider ces institutions (banques et autres institutions financières) était acceptable. Contrairement à l'aide aux pauvres pour les dépenses sociales, elle n'était pas considérée comme une charge financière"[1].
La guerre est une option récurrente du capital monopolistique en temps de crise, comme le vérifie aujourd'hui l'agression de la Russie contre l'Ukraine, à laquelle aucune des parties, y compris les dirigeants de l'OTAN, ne montrent pas la moindre volonté de mettre fin par la négociation. Parce que c'est un moyen de réactiver la production de l’industrie d’armaments sans promouvoir la demande: l'État achète la production d'armaments avec l'argent des contribuables sans les consulter et la population de l'ennemi choisi "consomme", d'ailleurs involontairement, les bombes qu'elle reçoit au-dessus de sa tête. Après la guerre, les grands monopoles de l'industrie civile monopolisent les activités de reconstruction et d'"aide humanitaire".
Depuis quelques années, l'influence des activités humaines sur la pollution de l'environnement et le changement climatique est reconnue. Des conférences internationales sont organisées afin d'établir des règles pour freiner les activités qui pourraient conduire le monde à une catastrophe écologique. Ces conférences sont une succession d'échecs, car les décisions, si elles sont prises, ne peuvent être efficaces, parce que son application n’est pas contraignante.
Ce que nous appelons "catastrophes sociales" sont une caractéristique constante de la société humaine depuis qu'elle a été divisée en oppresseurs et opprimés, en exploiteurs et exploités. La grande majorité de ces derniers, bien que subissant une situation d'injustice manifeste, l'acceptent, car, d'une manière ou d'une autre, ils sont mentalement entraînés à le faire par une large gamme de manipulateurs des consciences ou PRODUCTEURS DE CONSENSUS: les élites politiques et toute un éventail de "spécialistes" de toutes sortes, de sujets qui bénéficient d'une grande visibilité médiatique (économistes, juristes, universitaires, "politologues", sociologues, historiens, philosophes, éditorialistes, journalistes, écrivains, etc.) qui, bien qu'ayant des discours formellement différents, ont en commun d'être idéologiquement identifiés au système dominant. Leur mission est de faire accepter comme inévitables (pratiquement comme des phénomènes de la nature) ce que nous avons appelé catastrophes sociales inhérentes au système capitaliste et de faire croire aux gens qu'il n'existe aucune alternative viable à ce système. Le TINA thatchérien.
Même ceux qui, avec un approche “progressiste”, ne réagissent pas face a certaines politiques des puissances hégémoniques, inacceptables d'un point de vue humain et social, contribuant ainsi à cette production de consensus envers le système actuel et à une plus grande confusion idéologique.
La méthode discursive de ces élites productrices de consensus n'est pas spontanée ou improvisée, mais fait appel à diverses stratégies, parfois avec un certain degré d'art, parfois avec des ingrédients plus ou moins scientifiques.
L’outil premier de cette méthode discursive est la mensonge, soit par omission, par déformation ou falsification de faits réels, soit par simple invention de faits inexistants.
L'efficacité du mensonge est directement liée à l'autorité de l'auteur du mensonge, qu'elle soit intellectuelle (spécialiste réel ou présumé du sujet) ou fonctionnelle (président, ministre, chef de l'opposition, etc.). D'autres stratégies plus sophistiquées que le simple mensonge font appel aux progrès récents de la publicité commerciale, qui applique les études neuroscientifiques sur le rôle des sentiments et des émotions dans la prise de décision des consommateurs (pourquoi une personne achète un produit et pas un autre).
En appliquant cette méthodologie aux questions politiques, les producteurs de consensus s'efforcent de cibler leur message sur les sentiments et les émotions de leur public cible, comme la peur, l'insécurité, la colère, l'angoisse ou le plaisir. La langue, en tant que vecteur des idéologies, occupe également une place essentielle dans l'obtention du consensus, raison pour laquelle les élites dirigeantes ont perfectionné l'art de la manipulation discursive.
Le démantèlement délibéré du système éducatif, la déconstruction de la pensée logique et la neutralisation de l’esprit critique, rend les personnes plus vulnérables aux agissements des producteurs de consensus.
La devastation sociale et les dégâts écologiques qui prennent des proportions dramatiques, ont accentué le malaise des classes populaires et, pour tenter d'éviter une profonde crise de consensus et l'aggravation des conflits, les classes dominantes ont commencé à parler de "liberalism" ou de "post néolibéralisme" pour tenter de dissocier la notion de capitalisme de celle de "néolibéralisme".
Cette stratégie discursive semble avoir un succès plutôt relatif, au vu de certaines rébellions ou révoltes populaires. Bien qu’elles s'éteignent comme des feux de paille.
La perméabilité idéologique d’une bonne partie la gauche l'a conduit à adopter ce discours "anti néolibéral" de la droite, oubliant apparemment que le but de la gauche doit être d’aider aux peuples a mettre fin à l'exploitation du travail humain, au mal être social et a la depredation de la nature, inhérentes au système capitaliste dans toutes ses variantes.
Les classes dominantes, afin de conserver leur hégémonie, appliquent les méthodes modernes du marketing: racontent des histoires (storytelling) pour mieux faire avaler leurs produits idéologiques et culturelles.
La victime de la manipulation ignore qu’elle est une victime. Les murs de sa prison lui sont invisibles, et elle se croit libre – Aldous Huxley--------------------------------------------------------
* MAISON TERRE: ÉTATS DE LIEUX
Politique-Économique-Social- Culturel- Environnemental
Mirta L. Sofia – Alejandro Teitelbaum
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[1] Galbraith, John K., Voyage dans le temps économique, Editions du Seuil, Paris, octubre 1995, Cap.8 (La grande depression).