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Billet de blog 7 décembre 2022

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LE CAPITAL FINANCIER, SPÉCULATIF ET PARASITAIRE

A l'expropriation des fruits du travail par le capital dans le processus de l'économie réelle , le capital financier exproprie les fruits du travail sans participer à ce processus. Et aux mécanismes visant à obtenir une part de la valeur créée, le capital financier s'approprie une part des travailleurs, des retraités et des petits épargnants, commettant des escroqueries.

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 LE CAPITAL FINANCIER, SPÉCULATIF ET PARASITAIRE

 Alejandro Teitelbaum

C'est un crime de voler une banque, mais c'est un plus grand crime d'en fonder une.  Berthold Brecht

 I. En 1969, une décision de justice d’un Tribunal de Minnesota a révélé la nature du capital financier.

Le litige opposait un particulier, M. Daly, à une banque, la First National Bank of Montgomery, son créancier hypothécaire. Lorsque M. Daly a pris du retard dans ses paiements à la banque, celui-ci a voulu récupérer la maison. Daly a fait valoir que dans l'hypothèque, il n'y avait pas de contrepartie de la part de la Banque, puisque celle-ci ne possédait pas l'argent de l'hypothèque, le montant du prêt ayant été créé de toutes pièces au moment où le crédit a été autorisé. En d'autres termes, en créditant dans ses comptes que 14 000 dollars ont été accordés à Daly, la banque a créé de l'argent et ne l'a pas retiré d'un actif préexistant. En d'autres termes, la banque n'est pas allée dans sa chambre forte pour retirer cette somme en billets de banque pour la prêter à Daly. Dans son jugement, le tribunal a fait droit à la demande de Daly selon laquelle le contrat d'hypothèque était nul parce qu'il manquait une contrepartie légitime de la part de la banque. Par conséquent, la demande de la banque de prendre possession de la maison de M. Daly n'avait aucun fondement juridique [1].

 II. Lorsque les êtres humains sont passés du stade de la subsistance grâce au produit de leur propre travail à celui de l'échange du produit du travail d'autrui, ils ont été confrontés au problème suivant : cet échange concernait des objets différents, et ils ont dû le résoudre en trouvant un dénominateur commun afin de rendre l'échange équitable. La solution a consisté à établir un équivalent général : la monnaie.

Mais il restait à savoir pourquoi un prix était attribué à une marchandise et un autre prix à une autre marchandise.

Aristote a abordé la question il y a quelque 2 400 ans dans La politique, livre I, chapitre III, 2.  Par. 15 à 18 et dans l´ Ethique à Nicomaque. Livre V, La justice dans les transactions : La monnaie.

"En réalité, il est impossible que des choses aussi différentes soient commensurables entre elles ; mais il est vrai aussi que, par suite de la nécessité, il est possible de les mesurer toutes suffisamment sans grand effort. Il doit y avoir une unité de mesure, mais cette unité est arbitraire et conventionnelle : elle s'appelle une monnaie".

Marx, commentant l'affirmation d'Aristote selon laquelle l'argent est une mesure arbitraire et conventionnelle des marchandises, a écrit :

" Aristote nous dit donc à défaut de ce que son analyse échoue : à défaut du concept de valeur. Qu'est-ce que l'égal, c'est-à-dire quelle est la substance commune que représente la maison pour le lit, dans l'expression de la valeur de ce dernier ? Une telle chose "ne peut pas exister réellement", dit Aristote. Pourquoi ? Par opposition au lit, la maison représente une chose égale, dans la mesure où elle représente dans les deux - maison et lit - quelque chose qui est en fait égal"[2].

En d'autres termes : le travail humain crée de la valeur, qui est l'élément commun de tous les biens résultant de ce travail. Tant ce qui produit des biens matériels que ce qui se traduit en biens immatériels.

Dans l'économie de marché, l'échange de biens se fait sur la base d'un prix exprimé en monnaie. Ce prix en argent reflète, dans une certaine mesure, la quantité de travail humain (travail socialement nécessaire) utilisée pour produire la marchandise, qu'elle soit matérielle ou immatérielle.

Mais seulement dans une certaine mesure, car d'autres facteurs interviennent dans le prix, comme la loi de l'offre et de la demande (qui ne fonctionne que dans un marché concurrentiel), le travail concret investi dans la production d'une marchandise donnée, la concurrence entre les producteurs, etc. Mais ce prix peut être faussé lorsqu'il s'agit d'un prix de monopole, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a qu'un seul fournisseur d'un produit donné sur le marché (ou un  oligopole qui a convenu de fixer un prix). Tant qu'ils respectent un plafond afin que la demande ne soit pas réduite de manière drastique.

Plafond qui peut être franchi - si les conditions sociopolitiques le permettent - lorsqu'il s'agit d'un article de première nécessité, comme la nourriture, l'eau et l'électricité, ou qui a été rendu de première nécessité par la publicité dans l'esprit des consommateurs.

En tenant compte de tous ces facteurs, on peut dire qu'il existe une relation approximative entre la valeur créée par le travail et la monnaie en circulation qui la représente et sert à l'échange de marchandises.

Au cours de la journée de travail, le travailleur produit plus de valeur que la valeur représentée par le salaire. Il en est ainsi parce que dans le système capitaliste, le travail est une marchandise, soumise à la loi de l'offre et de la demande, qui varie en fonction de l'offre plus ou moins grande d'emplois en général et dans chaque branche de production.

Comme le chômage, qu'il soit plus ou moins élevé, est permanent, l'offre d'emplois est toujours inférieure à la demande, ce qui donne toujours un avantage à l'employeur - parmi d'autres facteurs (économiques, politiques et sociaux) qu'il serait trop long d'énumérer ici - pour négocier le salaire. La valeur du salaire perçu par le travailleur est donc toujours inférieure à la valeur créée par son travail. 

Cette différence de valeur constitue le profit - ou l'essence du profit - de l'employeur. D'autres circonstances favorables ou défavorables à l'employeur peuvent contribuer à augmenter ou à diminuer son bénéfice dans le processus de production,

Ces valeurs sont créées dans le processus de production de biens et de services (industrie, agriculture, recherche scientifique, éducation, soins de santé, transports, eau potable, énergie, assainissement, etc.)

Le salaire est donc le prix payé par l'employeur au travailleur manuel ou intellectuel pour la force de travail qu'il met à la disposition de l'employeur pendant un certain temps. Par force de travail, il faut entendre non seulement la force physique mais aussi les compétences et les connaissances, la capacité d'imaginer, de créer et d'inventer du salarié.

C'est ainsi que le système fonctionne et que les valeurs créées par le travail humain sont réparties de manière inégale dans la société sous la forme de salaires, de bénéfices et d'intérêts et/ou de rentes.

 III. Tout a fonctionné ainsi jusqu'à ce que le capital financier acquière une position hégémonique dans le système capitaliste dominant.

Le processus qui a conduit à la position hégémonique actuelle du capital financier a commencé avec la constitution des grandes sociétés transnationales, résultat de la concentration et de l'accumulation du capital, ce qui a conduit à la formation de grands oligopoles et monopoles dont la base financière s'est consolidée à partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle avec la fusion du capital industriel et du capital bancaire. Les grands monopoles transnationaux ont renforcé leurs finances en se constituant en sociétés par actions, qui absorbent l'épargne populaire en émettant des actions (parts du capital et des bénéfices - ou des pertes - de l'entreprise) et des obligations (titres de créance sur l'entreprise qui rapportent également des intérêts).

Jusqu'à ce que la suprématie planétaire actuelle du capital financier soit atteinte à la suite d'un changement profond de l'économie mondiale à partir des années 1970, moment qui marque la fin de l'État-providence, caractérisé par la production de masse et la consommation de masse, cette dernière étant stimulée par l'augmentation tendancielle des salaires réels et par la généralisation de la sécurité sociale et des autres prestations sociales. C'est ce que les économistes appellent le modèle "fordiste" d'inspiration keynésienne, caractérisé dans la production par le travail à la chaîne (taylorisme), qui a débuté aux États-Unis et s'est répandu en Europe surtout après la Seconde Guerre mondiale.

L'épuisement du modèle de l'État-providence est dû à plusieurs facteurs, dont deux se détachent : la reconstruction d'après-guerre, qui avait été le moteur de l'expansion économique, a pris fin et la consommation de masse a eu tendance à stagner ou à diminuer, tout comme les bénéfices des entreprises. Le "choc" pétrolier du début des années 1970 a également joué un rôle. 

Pour donner un nouvel élan à l'économie capitaliste et inverser la tendance à la baisse du taux de profit, il est devenu nécessaire d'incorporer les nouvelles technologies (robotique, électronique, informatique) dans l'industrie et les services, ce qui exige d'importants investissements en capital.

Quelqu'un devait payer la facture. C'est ainsi qu'a débuté l'ère de l'austérité  et les sacrifices (gel des salaires, détérioration des conditions de travail et hausse du chômage) qui ont accompagné les restructurations industrielles. Dans le même temps, la révolution technologique dans les pays les plus développés a stimulé la croissance du secteur des services et a entraîné le déplacement d'une partie de l'industrie traditionnelle vers les pays périphériques, où les salaires étaient - et sont - beaucoup plus bas.

Dans ces conditions, la "mondialisation néolibérale" a pris forme : le passage d'un système d'économies nationales à une économie dominée par trois centres mondiaux : les États-Unis, l'Europe et la Chine.

Avec l'incorporation de nouvelles technologies, la productivité a énormément augmenté, c'est-à-dire que la production, dans  le même temps de travail, est devenue beaucoup plus élevée.

Deux possibilités s'ouvrirent: soit on encourageait  la consommation de masse de biens traditionnels et nouveaux à l'échelle mondiale par une politique salariale expansive, une politique sociale à la manière de l'État-providence, on réduisait le temps de travail en fonction de l'augmentation de la productivité pour tendre vers une situation de plein emploi et on reconnaissait des prix internationaux équitables pour les matières premières et les produits des pays pauvres, soit on maintenait et on augmentait les marges bénéficiaires en maintenant les salaires, le niveau d'emploi et les prix des produits des pays du tiers monde à un bas niveau.

La première option aurait été réalisable dans un système d'économies nationales, où la production et la consommation ont lieu principalement sur le territoire et où le pacte social de facto entre les capitalistes et les salariés en tant que consommateurs est possible. Mais dans le nouveau système "mondialisé", la production est destinée à un marché mondial de "clients solvables" et le pouvoir d'achat de l’ensemble de  la population du lieu de production n'a plus d'intérêt.

Dans les conditions d'une mondialisation accélérée, les détenteurs du pouvoir économique et politique à l'échelle mondiale, avec leur vision de l'"économie mondiale" et du "marché global", parièrent sur la deuxième alternative (bas salaires, bas niveaux d'emploi, liquidation de la sécurité sociale, bas prix des matières premières, etc.) afin d'augmenter leur taux de profit.

Cette option a eu pour effet d'accentuer les inégalités sociales au sein de chaque pays et au niveau international, créant ainsi une nette différenciation de l'offre et de la demande de biens et de services. La production et la fourniture de biens étaient orientées non pas vers le peuple en général, mais vers les "clients solvables". Ainsi, l'offre de produits de luxe a énormément augmenté et l'offre de nouveaux produits tels que les ordinateurs et les téléphones portables a trouvé une grande masse de clients dans les pays riches et de nombreux clients dans la première périphérie pas trop pauvre. Pendant ce temps, les biens essentiels à la survie (nourriture, services de santé, médicaments, logements dignes de ce nom, etc.) sont restés hors de portée de la grande majorité du secteur le plus pauvre de la population mondiale : plus de trois milliards d'êtres humains vivant avec moins de l'équivalent de 3 dollars par jour.  

L'idée de service public et d'un droit irrévocable aux biens essentiels pour vivre avec un minimum de dignité a été remplacée par l'affirmation que tout doit être soumis aux lois du marché.

De faibles taux de croissance économique ont alors prévalu, car un marché relativement étroit imposait des limites à la production, et le phénomène des grandes masses de capital oisif (y compris les pétrodollars) est apparu, car il ne pouvait être investi de manière productive.

Mais pour les propriétaires de ce capital (particuliers, banques, institutions financières), il était inconcevable de le laisser dans un coin sans le faire fructifier.

 IV. Ainsi, le rôle de la finance au service de l'économie, intervenant dans le processus de production et de consommation (avec des crédits, des prêts, etc.) a été relégué au nouveau rôle du capital financier : produire des profits sans participer au processus de production.

Ce dernier aspect est essentiellement réalisé de deux manières.

D'une part, les investisseurs institutionnels, les gestionnaires de fonds de pension, les compagnies d'assurance, les organismes de placement collectif et les fonds d'investissement achètent des actions d'entreprises industrielles, commerciales et de services [3]. Ces groupes financiers s'impliquent ainsi dans les décisions politiques des entreprises afin de s'assurer que leurs investissements produisent les rendements élevés attendus en leur imposant des stratégies à court terme. Et l'autre façon dont le rôle du capital financier spéculatif s'accroît est que les groupes financiers (fonds d'investissement, etc.) investissent dans la spéculation (par exemple avec des produits financiers dits dérivés) et que les entreprises industrielles, commerciales et de services font de même avec une partie de leurs bénéfices, au lieu d'investir dans des investissements productifs.

Ainsi, la pratique consistant à faire des profits en créant des produits financiers ou en acquérant des produits existants et en spéculant avec eux s'est répandue.

Outre les produits financiers traditionnels (actions et obligations), de nombreux autres ont été créés. Il s'agit notamment des produits financiers dérivés, qui sont des papiers dont la valeur dépend ou "dérive" d'un actif sous-jacent et qui sont placés à des fins spéculatives sur les marchés financiers. Les actifs sous-jacents peuvent être une matière première (produits de base et denrées alimentaires : pétrole, cuivre, maïs, soja, etc.), un actif  financier (une devise) ou même un panier d'actifs financiers.

Ainsi, les prix des matières premières et des denrées alimentaires essentielles ne dépendent plus uniquement de l'offre et de la demande, mais du prix de ces papiers spéculatifs, et les denrées alimentaires peuvent augmenter (et augmentent) de manière déraisonnable, au détriment de la population et au profit des spéculateurs.

Par exemple, lorsqu'on annonce la production de biocarburants, les spéculateurs "anticipent" que le prix des produits agricoles (traditionnellement destinés à l'alimentation) va augmenter et le papier financier (produit dérivé) qui les représente voit alors son prix augmenter, ce qui se répercute sur le prix réel payé par le consommateur pour les aliments.

Les investissements dans les produits financiers comportent différents niveaux de risque. Afin   de couvrir ces risques, on a inventé une gamme complexe de produits financiers qui gonflent la bulle de plus en plus loin de l'économie réelle[4].

Avec cette "économie internationale de la spéculation", comme l'appelle Drouin, l'accumulation de grandes quantités de capitaux dans quelques mains s'est accélérée au détriment surtout des travailleurs, des retraités et des petits épargnants.

Dans le cas des participations du capital financier (fonds de pension, compagnies d'assurance, fonds d'investissement, banques, etc.) dans les industries et les services, la rente élevée exigée et obtenue par ce capital est basée sur la dégradation des conditions de travail dans ces industries et services. C'est un phénomène bien connu : lorsqu'une entreprise annonce des licenciements, ses actions montent.

En effet, dans la période pré-monopolistique et concurrentielle du système capitaliste, on distinguait trois processus relativement autonomes : a) le processus de production ; b) le processus de circulation ; et c) le processus de réalisation de la production, chacun étant régi par ses propres capitaux : le capital industriel, le capital commercial et le capital bancaire, les deux derniers - dit Palloix - extrayant leur part de profits (plus-value) du seul capital productif : le capital industriel [5].

On prétend justifier l'énorme accumulation de profits par le capital financier par des théories selon lesquelles l'argent et les autres produits financiers sont créateurs de valeur. Mais l'argent n'est pas une valeur mais représente une valeur. Et que la valeur n'est créée que dans l'économie réelle et que l'argent en lui-même ne peut pas générer de valeur. Le professeur Jean Maria Harribey a écrit dans Le Monde du 3 juillet 2001 que cette prétendue création de valeur par le capital financier n'est rien d'autre que l'appropriation de la valeur créée par l'économie réelle. Cette appropriation de la valeur, écrit Harribey, prend deux formes. La première correspond à une détérioration des conditions d'emploi (bas salaires, horaires flexibles, emplois précaires, chômage) de telle sorte que la valeur prétendument créé ne profite pas aux travailleurs et ne fait qu'accroître les profits du capital. La deuxième façon dont cette appropriation de la valeur a lieu est une répartition inégale entre le capital productif et le capital financier, au profit de ce dernier. En effet, les gestionnaires du capital financier qui ont des intérêts dans les activités productives exigent un niveau de revenu minimum qui, dans de nombreux cas, ne peut pas être obtenu en maintenant des conditions de travail décentes et une répartition équitable des bénéfices entre le capital productif et le capital financier. Ainsi, en plus de l'expropriation traditionnelle des fruits du travail par le capital dans le processus de l'économie réelle (obtention de la plus-value), le capital financier spéculatif exproprie aussi les fruits du travail sans participer à ce processus. En plus de ces mécanismes "légaux" visant à obtenir une part toujours plus grande de la valeur créée dans la sphère productive, le capital financier s'approprie directement la part des travailleurs, des retraités et des petits épargnants, commettant de véritables escroqueries.

Par exemple, aux États-Unis, le géant transnational de l'énergie Enron s'est déclaré en faillite, reconnaissant une dette de 40 milliards de dollars, et a laissé son personnel (12 000 personnes) dans la rue, qui a également été dépouillé de son capital de retraite, investi dans des actions de l'entreprise elle-même. Dans d'autres faillites de grandes banques ou de groupes financiers transnationaux, des milliers de petits épargnants ont vu s'évaporer le fruit de nombreuses années d'efforts, voire de privations. Après Enron, d'autres affaires similaires ont suivi, comme celle de WorldCom, impliquant les deux plus grandes banques américaines : Citygroup et JP Morgan Chase[6]. Dans le cas de WorldCom, un petit épargnant qui avait acheté pour 10 000 dollars d'actions en mars 2000 a découvert en juillet 2002 que ses actions ne valaient plus que 200 dollars (Dépêche AFP du 21/07/02). Une situation semblable c'est aussi produite dans certaines transnationales basées dans d'autres pays, comme Vivendi et d'autres en France. L'action Vivendi s'échangeait à 141,60 le 10 mars 2000 et ne valait plus que 9,30 le 16 août 2002. Les scandales financiers révélés dans le courant de l'année 2002 ont causé des pertes énormes pour les plus grands fonds de pension américains, qui ont décidé de poursuivre les responsables, notamment Enron et son auditeur Arthur Andersen. La réaction ex post facto du gouvernement américain, qui a adopté la loi sur la responsabilité en matière d'audit des entreprises le 25 juillet 2002, dans le seul but de freiner le "krach" boursier, était nécessaire pour rétablir un minimum de confiance du public, après que Bush eut déclaré publiquement : "Les scandales ont trahi le peuple américain. Les investisseurs ont perdu leur argent, les retraités leur sécurité et les travailleurs leur emploi. La pratique d'affaires malhonnêtes équivaut au vol et à la fraude...". Fin 2008, le "scandale" Bernard Madoff, le "mouton noir" de la finance, auteur d'une escroquerie de quelque 50 milliards de dollars avec son fonds d'investissement "Bernard Madoff  Investment Securities", est devenu public. Toujours très respecté dans les milieux financiers, Madoff est devenu président du NASDAQ (National Association of Securities Dealers Automated Quotation), la plus grande bourse électronique des États-Unis. Lorsque le scandale a éclaté, Madoff menait depuis de nombreuses années l'opération dite de "pyramide financière", qui consistait à verser des dividendes très élevés à certains investisseurs avec l'argent d'autres investisseurs. La pyramide financière organisée par Madoff, un mécanisme inventé aux Etats-Unis par un italien nommé Ponzi il y a environ 90 ans et bien connu des médias financiers, ne pouvait pas être ignorée par la Securities and Exchange Commission (SEC), qui avait également reçu des rapports d'anomalies dans le groupe financier de Madoff. La complicité de la SEC, au moins par omission, était manifeste. À tel point que plusieurs victimes de Madoff ont intenté des procès contre la SEC. Il est intéressant de noter que les emplois de conseiller juridique des grandes entreprises qui ont commis d'énormes fraudes et celui de superviseur de la transparence des opérations financières à la tête de la SEC américaine sont interchangeables : Harvey Pitt[7], nommé par Bush à la tête de la SEC, était l'avocat de nombreuses entreprises de Wall Street, dont le cabinet de conseil Arthur Andersen, complice de la fraude Enron (The Washington Times, 3 juillet 2002). Si la pyramide Madoff a eu de tels effets internationaux et à une telle échelle, c'est parce qu'elle a bénéficié de la collaboration (complicité) d'importantes banques et organisations financières de différents pays qui ont fonctionné comme des courroies de transmission : elles recevaient l'argent des investisseurs et le réinvestissaient dans le groupe Madoff sans en informer leurs clients. Certains de ces investisseurs ont intenté des procès contre ces mêmes banques ou groupes financiers. Toutes ces faillites, opérations frauduleuses, scandales financiers, fuites de capitaux, etc., qui ont eu lieu au vu et au su (et avec la complicité) des gouvernements, qui n'ont pas utilisé les mécanismes de contrôle à leur disposition, signifient un pillage phénoménal des ressources d'immenses masses de la population et la concentration de ces ressources dans les grands centres du pouvoir économique et financier transnational.

D'autres formes qui permettent au capital financier transnational de s'approprier de manière parasitaire les fruits du travail des autres, c'est-à-dire sans intervenir dans le processus productif, sont la privatisation de la sécurité sociale, reprise par des fonds de pension privés, la substitution d'une partie du salaire ou d'une autre rémunération du personnel des grandes entreprises par des actions ou des options sur des actions de la même entreprise (stock options), etc. qui sont différentes formes de vol ou d'escroquerie, comme le disent les économistes Labarde et Maris[8]. Le paiement de la dette extérieure (réelle ou supposée) contribue dans une large mesure à alimenter les coffres du capital financier transnational. Il s'agit du système financier - dont les idées centrales sont la déréglementation et la libre circulation des capitaux - qui a accompagné une profonde mutation de l'économie mondiale à partir des années 1970. Jusqu'alors, il existait une séparation claire entre les pouvoirs attribués aux différentes institutions chargées des services financiers. Mais, depuis le début des années 1980, on assiste à un vaste mouvement de déréglementation. La distinction entre monnaie et actifs financiers s'estompe, les frontières entre les différents segments de marché - marché monétaire, marché du crédit à moyen terme, marché financier, disparaissent. La spécialisation des acteurs financiers disparaît. Les frontières entre les banques commerciales, dont la fonction principale est de recevoir des dépôts et d'accorder des prêts, et les banques d'investissement, qui participent à l'introduction en bourse de sociétés, à la conception et à l'exécution d'offres publiques d'achat, de fusions, de ventes de divisions entières entre sociétés, d'émissions obligataires, de grandes opérations de négociation sur les marchés financiers, etc. sont de plus en plus floues, voire effacées. La séparation traditionnelle entre les agents de change et les intermédiaires financiers disparaît et l'intermédiation bancaire classique pour obtenir des capitaux d'emprunt est réduite, car ceux-ci peuvent être acquis par l'émission de différents types de titres placés directement sur le marché. Une véritable hypertrophie totalement incontrôlée de la sphère financière est ainsi produite et un énorme capital fictif est créé, comme Marx l'a appelé et analysé dans le volume III du Capital[9]. En quelques années, les produits financiers dérivés (futures, options, forwards, swaps, etc.) à des fins spéculatives ou censées couvrir des risques se sont multipliés de façon exponentielle et leur montant est devenu astronomique et entièrement détaché de l'économie réelle. Tous ces produits financiers circulent, en fait, comme de la monnaie, de sorte que le rôle de la monnaie pour représenter les valeurs créées dans le processus de production a été totalement faussé, puisque le rapport entre les valeurs réelles créées dans le processus de production et les valeurs fictives circulant sur le marché financier est de l'ordre de 10 à 1 et 20 à 1, selon différentes estimations. Walden Bello, faisant référence à la crise des prêts hypothécaires qui a éclaté en 2008, écrit : ... "la crise hypothécaire n'a pas résulté d'une offre supérieure à la demande réelle. La "demande" a été, de loin, fabriquée par la manie spéculative des promoteurs et des financiers désireux de réaliser d'énormes profits grâce à leur accès à l'argent étranger qui a inondé les États-Unis au cours de la dernière décennie. D'énormes volumes de prêts hypothécaires ont été proposés et vendus de manière agressive à des millions de personnes qui n'auraient normalement pas pu se les offrir, à des taux d'intérêt ridiculement bas mais ajustables afin de soutirer plus d'argent aux propriétaires..... les actifs ont été "titrisés" : ceux qui avaient accordé les prêts hypothécaires les ont amalgamés avec d'autres actifs dans des produits dérivés complexes appelés "collateralised debt obligations" (CDO), ce qui était relativement facile car ils travaillaient avec différents types d'intermédiaires qui, connaissant le risque, se débarrassaient de ces titres aussi vite que possible, les transmettant à d'autres banques et à des investisseurs institutionnels. Ces institutions, à leur tour, disposeraient des produits en les transmettant à d'autres banques et institutions financières étrangères". (Bello, Tout ce que vous voulez savoir sur l'origine de cette crise mais que vous avez peur de ne pas comprendre). C'est dans ce cadre que surviennent des crises financières comme celle de 2008, qui se distingua des crises cycliques classiques du capitalisme dans lesquelles, après une période plus ou moins longue de croissance économique, la production dépassait les possibilités du marché (surproduction). Ce type particulier de crises spécifiquement financières ne sont pas des crises de surproduction, mais elles produisent de graves "effets collatéraux" sur l'industrie et le commerce. Ces crises ont le capital monétaire comme centre de gravitation et se déplacent donc dans l'orbite des banques, de la bourse et de la finance. Bien que les conséquences soient similaires : les entreprises font faillite, les licenciements se généralisent et le chômage augmente, la concentration monopolistique s'accentue jusqu'à ce que l'économie se reconstruise sur les décombres de la crise, qui laisse un cortège de victimes parmi les travailleurs et les employeurs. Les chocs financiers actuels, dit Chesnais [10], sont le résultat d'une configuration spécifique du capitalisme dans sa phase actuelle. Elle n'est pas le résultat, comme dans les crises capitalistes "classiques" jusqu'au milieu du XXe siècle, d'une chute brutale de la production et des échanges. Ce à quoi nous assistons, poursuit Chesnais, c'est à une interaction particulière entre la sphère de la production et celle de la finance. D'une part, on constate une baisse régulière et durable du taux de croissance dans les pays les plus industrialisés, que l'on peut décrire comme une surproduction chronique que les grands groupes oligopolistiques parviennent généralement à contrôler par des mesures dans la sphère de la production et par l'hypertrophie de la sphère financière. En d'autres termes, si la production n'augmente pas à un rythme élevé et que le chômage augmente, le taux de profit que les capitalistes réalisent dans la sphère de la production a tendance à stagner ou à baisser, et si les gens s'appauvrissent (chômage et salaires gelés), ils consomment moins, c'est-à-dire que le marché, où les capitalistes réalisent leur profit, se rétrécit. La "solution" capitaliste à ces deux problèmes (baisse du taux de profit et menace d'une crise de surproduction due au rétrécissement du marché de consommation) consiste en l'hypertrophie et la dérégulation du système financier qui leur permet, d'une part, de déposséder les travailleurs et les petits épargnants dans la sphère financière, compensant ainsi la baisse du taux de profit dans la sphère productive, et, d'autre part, d'étendre énormément le crédit afin de créer un pouvoir d'achat artificiel dans les classes de bas revenus qui vivent endettées et s'endettent de plus en plus. Jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus payer leurs dettes, auquel cas les "solutions" capitalistes aux contradictions inhérentes au système cessent de fonctionner et des crises financières se produisent, car le système réel, c'est-à-dire la sphère de la production et de l'échange et sa contradiction fondamentale (l'appropriation privée sous forme de plus-value qui s'interpose entre la production sociale et la consommation sociale) refont surface : le mirage de la prospérité est terminé et les pauvres sont plus pauvres qu'avant.

Ce sont les moyens par lesquels le capital transnational a maintenu et conserve un taux de profit élevé et un rythme accéléré d'accumulation et de concentration malgré une croissance économique lente et l'existence d'un marché restreint.

L'hégémonie du capital financier est-elle une caractéristique permanente du système, comme le soutenait Hilferding (Finance Capital. 1910), ou une phase transitoire du système capitaliste, comme disait Sweezy (Theory of Capitalist Development, 1942)?

Sweezy se soit plus tard rapproché des positions de Hilferding (Sweezy, The Triumph of Finance Capital. 1994).

Il ne fait aucun doute que la base permanente de l'économie capitaliste est le capital productif, sans lequel le capital financier (hégémonique ou non) ne pourrait exister.

C'est pourquoi le grand capital transnational ne se contente pas de jouer le rôle principal dans le système financier, mais participe également a des activités productives dans les domaines les plus divers : de l'extraction de matières premières à la prestation de services de toutes sortes (banques, assurances, santé, communications, information, fonds de pension, etc.) en passant par la production d'une grande variété de biens : biens de consommation immédiate comme les aliments, biens durables comme les voitures, etc. et également dans le domaine de la recherche dans tous les domaines, en particulier dans celui des technologies avancées : électronique, génie génétique, etc.

L'industrie de l'armement est toujours intéressée à positionner sa production, à tester ses nouveaux produits en conditions réelles (guerres du Golfe, de Yougoslavie et d'Afghanistan, agression en Irak, agression à Gaza, guerre d’Ukraine, etc.) et à étendre ses marchés, par exemple par l'incorporation de nouveaux pays dans l'OTAN.

La guerre est un choix récurrent du capital monopoliste en période de crise économique, car c'est un moyen de réactiver la production industrielle sans avoir besoin de réactiver la demande (l'État achète la production d'armements avec l'argent des contribuables sans les consulter et la population de l'ennemi choisi "consomme", d'ailleurs involontairement, les bombes qui sont larguées sur leurs têtes). Et après la guerre, les grands monopoles de l'industrie civile monopolisent les activités de reconstruction et d'"aide humanitaire".

La guerre serait la forme la plus radicale de la "destruction créatrice" (Schumpeter) inhérente au capitalisme.

D'autres formes de "destruction créatrice" qui profitent au grand capital sont les crises, les grandes catastrophes naturelles et les catastrophes sanitaires telles que les épidémies et les pandémies.

L'énorme accumulation de profits par le capital financier parasitaire est justifiée par les théories selon lesquelles l'argent et les autres produits financiers sont créateurs de valeur.

Mais le fait c’est que l'argent n'est pas une valeur mais représente une valeur. Et que la valeur n'est créée que dans l'économie réelle et que l'argent lui-même ne peut pas générer de valeur et produire des profits.

Ainsi, en plus de l'expropriation traditionnelle des fruits du travail par le capital dans le processus de l'économie réelle (obtention de la plus-value), le capital financier spéculatif exproprie maintenant aussi les fruits du travail sans participer à ce processus.

En plus de ces mécanismes "légaux" visant à obtenir une part toujours plus grande de la valeur créée dans la sphère productive, le capital financier s'approprie directement les actifs des travailleurs, des retraités et des petits épargnants, commettant de véritables escroqueries.

Par exemple, aux États-Unis, le géant transnational de l'énergie Enron s'est déclaré en faillite, reconnaissant une dette de 40 milliards de dollars, et a laissé son personnel (12 000 personnes) dans la rue, qui a également été dépouillé de son capital de retraite, investi dans des actions de l'entreprise elle-même. Dans d'autres faillites de grandes banques ou de groupes financiers transnationaux, des milliers de petits épargnants ont vu s'évaporer le fruit de nombreuses années d'efforts, voire de privations.

Après Enron, d'autres affaires similaires ont suivi, comme celle de WorldCom, impliquant les deux plus grandes banques américaines : Citygroup et JP Morgan Chase.

Dans le cas de WorldCom, un petit épargnant qui avait acheté pour 10 000 dollars d'actions en mars 2000 a découvert en juillet 2002 que ses actions ne valaient plus que 200 dollars (Dépêche AFP du 21/07/02).

Une situation similaire s'est également produite dans certaines transnationales basées dans d'autres pays, comme Vivendi et d'autres en France. L'action Vivendi, qui valait 141,60 le 10 mars 2000, ne valait plus que 9,30 le 16 août 2002 et 26,11 en janvier 2021. Toutes ces faillites, opérations frauduleuses, scandales financiers, fuites de capitaux, etc., qui ont eu lieu au vu et au su (et avec la complicité) des gouvernements, qui n'ont pas utilisé les mécanismes de contrôle à leur disposition, signifient un pillage phénoménal des ressources d'énormes masses de la population et la concentration de ces ressources dans les grands centres du pouvoir économique-financier transnational.

D'autres moyens par lesquels le capital financier transnational peut s'approprier de manière parasitaire les fruits du travail des autres, c'est-à-dire sans intervenir dans le processus productif, sont la privatisation de la sécurité sociale, qui a été reprise par des fonds de pension privés, le remplacement d'une partie du salaire ou d'une autre rémunération du personnel des grandes entreprises par des actions ou des options sur des actions de la même entreprise (stock options), etc. qui sont différentes manières de voler ou d'escroquer, comme on peut le lire dans un livre des économistes Labarde et Maris[11].

En quelques années, les produits financiers dérivés (futures, options, forwards [12], swaps, etc.) à des fins spéculatives ou censés couvrir des risques se sont multipliés de façon exponentielle et leur montant est devenu astronomique et totalement détaché de l'économie réelle. Tous ces produits financiers circulent, en fait, comme de la monnaie, de sorte que le rôle de la monnaie dans la représentation des valeurs créées dans le processus de production a été totalement faussé, puisque le rapport entre les valeurs réelles créées dans le processus de production et les valeurs fictives circulant sur le marché financier est de l'ordre de 10 à 1 et de 20 à 1, selon différentes estimations.

Cela produit une véritable hypertrophie totalement incontrôlée de la sphère financière et crée un énorme capital fictif, comme Marx l'a appelé et analysé dans le volume III du Capital.

À propos du placement des lettres de change comme moyen de circulation autonome ou quasi-monnaie, Marx cite J.W. Bosanquet : Il est impossible de dire quelle partie provient d'affaires réelles, par exemple, d'achats et de ventes effectifs, et quelle partie provient de billets fictifs et sans fondement, qui sont simplement escomptés pour en recueillir d'autres qui sont en circulation avant leur échéance, créant ainsi un capital fictif, c’est à dire des moyens de circulation purement imaginaires.

Les intérêts sur des prêts, et les prêts eux-mêmes[13], contribuent aussi à l’augmentation du capital fictif.

Un exemple-très dommageable pour tout un peuple- d’utilisation de capital fictif avec un prêt et de son augmentation avec les intérêts –usuraires-  du prêt. En pleine crise grecque, le 29 avril 2010, Eric Woerth, alors ministre du gouvernement français, expliquait cyniquement sur France Inter : "En aidant la Grèce, nous nous aidons nous-mêmes. Les 6 milliards d'euros [prêtés par la France à la Grèce] ne proviennent pas des caisses de l'État. Ils sont empruntés [sur les marchés financiers] à un taux d'intérêt de 1,4 ou 1,5 % et prêtés aux Grecs à environ 5 %. Donc nous gagnons à l'opération. C'est bon pour le pays, c'est bon pour la Grèce et surtout c'est bon pour la zone euro. Nous devons rassurer les marchés. C'est toujours comme ça, il faut rassurer les marchés [...] il faut mettre en place un filet de sécurité public".

En effet, lorsque les marchés "deviennent nerveux", il faut les "rassurer" en leur assurant des profits plus élevés et, si nécessaire, avec un "filet de sécurité public" (destiné à sauver les banques et autres institutions financières avec l'argent de l'État, c'est-à-dire des contribuables). Mais lorsque c'est le peuple qui devient nerveux à cause des politiques d'austérité qui lui sont imposées, on le rassure d'abord en lui racontant qu'"il n'y a pas d'alternative" et s'il descend dans la rue pour protester, on le "rassure" à coups de gaz lacrymogènes, de matraques et de flashs balls.

 -La dette publique est un gigantesque système de transfert au capital financier des valeurs créées par le travail humain et un mécanisme de dépossession du patrimoine national[14].

Le premier ministre François Fillon avait déclaré la France « en situation de faillite ». La dette atteignait alors 68 % du PIB (contre 98 % en 2018), un niveau qui équivaudrait aujourd’hui à l’abondance… mais qui aurait terrorisé Raymond Barre. Chef du gouvernement en 1976, ce dernier sonne l’alarme : la dette atteint 16 % du PIB, « le temps de la facilité est terminé ». 

 Dans le cas de la dette, tout commence au contraire dans la colonne « recettes » et, notamment, par la décision de la plupart des États occidentaux, au cours des années 1970, de se priver de la possibilité de se financer auprès de leurs banques centrales. La courbe de la dette en rejoint très vite une autre, elle aussi orientée à la hausse : celle des réductions d’impôts consenties aux mieux lotis. Bientôt, ces derniers ne contribuent plus à l’« effort collectif » par le biais de la fiscalité, mais en prêtant à la nation, contre rétribution.

Et, puisque l’option de solliciter un effort financier des plus riches ne figure pas dans la boîte à outils du pouvoir, œuvrer à la relance d’une économie moribonde exige qu’on légitime l’envol de la dette publique.

D’où une question devenue pressante un peu partout dans le monde : faut-il vraiment continuer à rembourser ?[15].

Il existe une abondante littérature qui soutient la légitimité - dans de nombreux cas - du non-remboursement de la dette publique. Un de ces ouvrages :

Renaud Vivien , Cécile Lamarque, Quelques fondements juridiques pour déclarer la nullité des dettes publiques,16 mai 2011- http://www.cadtm.org/Quelques-fondements-juridiques,6725.

En bref, le capital financier transnational vampirise  la richesse produite par le travail à l'échelle mondiale, richesse qui se trouve ainsi concentrée dans les mains de quelques-uns

[16] et est le facteur déterminant de la politique économique et sociale hégémonique qui viole les droits humains fondamentaux dans les domaines de l'alimentation, de la santé, de l'environnement, de l'éducation, du logement, etc.

Avec leur salaire, qui est une valeur réelle, le fruit de leur travail, les travailleurs doivent payer pour survivre des prix gonflés par le capital fictif, spéculatif et parasitaire, qui ne représente aucune création de valeur.

Au niveau international, le blanchiment d'argent provenant d'activités illicites : trafic de drogues, proxénétisme international, trafic d'enfants, tourisme sexuel, etc., forme un tout avec le commerce de biens et de services et les activités financières internationales "légales". Même le financement d'activités terroristes. Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont mis au premier plan la question des canaux de financement des activités terroristes par le biais de divers circuits financiers, bien que cette question avait déjà fait l'objet d'une Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme du 9 décembre 1999. De nombreuses activités terroristes à grande échelle, y compris celles promues par les grandes puissances, sont financées par des circuits financiers légaux et illégaux, par exemple, dans l'affaire "Iran-Contra" concernant le financement d'activités terroristes contre le Nicaragua (Affaire Iran-Contra. Rapport des commissions du Congrès. U.S. House of Representatives Select Committee et U.S. Senat Select Committee, 100e Congrès, 1re session, Washington 1987). Le trafic de drogue est entré en jeu dans cette même affaire : la Sous-commission des relations extérieures sur le terrorisme, les stupéfiants et les opérations internationales, dirigée par le sénateur John Kerry, a publié son rapport le 13 avril 1989, documentant que le gouvernement américain avait recruté des trafiquants de drogue, utilisé leurs avions pour "approvisionner les Contras", et que ces avions partaient en Amérique centrale avec des armes et revenaient avec de la drogue. Ceux qui apparaissent aujourd'hui, à la suite des attentats aux États-Unis, comme des ennemis mortels, l'incarnation réciproque du "Bien" et du "Mal", ont longtemps eu - et ont encore dans une large mesure - des liens financiers étroits et des objectifs communs (en Afghanistan contre l'occupation soviétique, en Bosnie en soutenant les musulmans bosniaques contre les Serbes, au Kosovo et au Monténégro en finançant, en équipant et en formant l'UCK).

La fraude sur les matières premières dans l'industrie alimentaire fait également partie de ce système mafieux[17].

Les capitaux générés directement par activités criminelles (trafics divers)

et les capitaux destinés à des activités criminelles passent par les mêmes circuits financiers que les capitaux légaux, comme le soulignaient dans un article du quotidien français Le Monde du 10 mai 2001[18] le procureur général de Genève, Bernard Bertossa, le procureur général de Bruxelles, Benoit Dejemeppe et les juges français Eva Joly, Jean de Maillard et Renaud Van Ruymbeke[19], commentant le livre "Révélations" de Denis Robert et Ernest Backes. Ces deux auteurs soutiennent que dans les mécanismes opaques des chambres de compensation internationales se cachent non seulement une des clés de la mondialisation financière, mais aussi celle de la mondialisation criminelle.

Dans l’article de Le Monde, les juges soutiennent la thèse de Robert et Backes selon laquelle, contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire, ce capital criminel est parfaitement détectable dans les circuits financiers.

Les liens entre le crime et le pouvoir économique ont imprégné l'appareil d'État, non seulement par la corruption, mais aussi par une sorte de symbiose entre le pouvoir économique, le crime et l'appareil d'État.

En ce qui concerne le contrôle des paradis financiers, la fameuse "liste noire" (désormais en différentes nuances de couleur) des paradis fiscaux qui  a été établie par l'OCDE et n'a servi à rien. La raison est très simple : de nombreux paradis fiscaux (qui ne figurent pas sur les listes) se trouvent sur le territoire des grandes puissances ou sont contrôlés par elles : la City de Londres, l'île de Jersey, l'île de Man, l'État du Delaware aux États-Unis, Monaco, Macao, Hong Kong, les îles Caïmans, etc. Et ceux qui utilisent les paradis fiscaux, ce sont les grandes entreprises transnationales, les grandes banques et leurs clients, les groupes financiers, qui sont intouchés et intouchables. En outre, la "liste noire" ou la "liste grise" est comme une porte tournante. Tu entres, tu sors. Mais le G20 a même laissé pour plus tard la question des sanctions contre les paradis fiscaux. Selon un auteur, le professeur Michael Krätke [20], on estime que les personnes les plus riches ont environ 30 % de leur patrimoine placé dans des centres financiers offshore. Plus d'un cinquième (23 %) de tous les dépôts bancaires dans le monde sont détenus dans des paradis fiscaux, soit au moins 3 000 milliards de dollars selon des estimations prudentes. Près de 50 % des transactions financières transfrontalières dans le monde passent par eux. M. Krätke indique que, selon une analyse prudente du Tax Justice Network, les capitaux cachés dans les paradis fiscaux échappent à l'impôt à hauteur de 250 à 300 milliards de dollars chaque année. C'est une bonne partie de l'argent qui manque pour relancer l'économie, augmenter le pouvoir d'achat des plus pauvres et améliorer de manière générale la situation des 3 milliards de personnes dans le monde qui vivent avec 2,5 dollars par jour.

Comme l'a souligné Eva Joly, plutôt que de contrôler les paradis fiscaux, il faudrait contrôler directement les finances des grandes entreprises, des groupes financiers et des banques qui les utilisent. Eva Joly, qui était jusqu'en 2002 juge d'instruction en France chargée d'enquêter sur les grandes "affaires" et qui a démissionné en raison des pressions politiques qu'elle subissait pour bloquer son action, a écrit : "...Je pensais que nous avions affaire à une criminalité superficielle, marginale, accidentelle, une sorte de manque de moralité individuelle. Aujourd'hui, je suis certain que la criminalité financière est ancrée dans l'économie et qu'elle jette une ombre sur notre avenir" (c'est nous qui soulignons)[21].

Le document "Stop Crime. La criminalité transnationale perturbe le développement et la paix", publié par le Département de l'information des Nations unies en avril 1995, à l'occasion du 9e Congrès des Nations unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, commence par noter que : "capitalisant sur les tendances économiques dominantes des années 90 - mondialisation et libéralisation - la criminalité transnationale est désormais un facteur d'une importance considérable dans la finance mondiale, capable d'exercer une influence négative sur le sort de pays entiers à des stades critiques de leur développement économique et social". L'une des lignes directrices des politiques d'ajustement du FMI a été la libéralisation des systèmes financiers, ce qui ouvre un large champ aux activités criminelles dans ce domaine en toute impunité. La mondialisation de l'économie et de la finance, leur déréglementation presque totale et l'utilisation de moyens électroniques qui ignorent les frontières nationales, montrent qu'il n'existe pas d'organes supranationaux démocratiques capables de contrôler et de réglementer plus ou moins efficacement les activités économiques et financières. Ce n'est pas la société civile qui fixe les règles de fonctionnement de l'économie mondiale, mais le capital transnational, soutenu par les élites dirigeantes des pays les plus industrialisés et avec la complicité des élites subalternes des pays pauvres, qui profitent également de cette situation. Ainsi, une grande partie des activités financières et économiques à grande échelle, qu'elles soient légales, semi-légales ou illégales, répondent exclusivement aux intérêts de ces minorités dominantes et entraînent des violations généralisés des droits humains[22] .-------------------------------------------------------

BIBLIOGRAPHIE

Aristote, La politique, livre I, chapitre III, 2;  Ethique à Nicomaque. Livre V, La justice dans les transactions : La monnaie.

Karl Marx - Le Capital, Livre premier, Section 1, Chapitre I, La marchandise, 1. Les deux facteurs de la marchandise : la valeur d'usage et la valeur (Substance de la valeur, Ampleur de la valeur ; Volume III, Section 5. Dédoublement du bénéfice en intérêt et en bénéfice commercial ; Chapitre XXV Crédit et capital fictif .

Salaires, prix et bénéfice. 1865).

François Chesnais, La mondialisation financière, (François Chesnais., editor) ed. Syros, Paris, 1996, Cap. 8.

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Paul Sweezy, Theory of Capitalist Development, 1942.

Philippe Labarde et  Bernard Maris, La bourse ou la vie, la grand manipulation des petits actionnaires, edit. Albin Michel, París, mai 2000.

Michel Husson, Les fausses promesses de l'épargne salariale, en Le Monde Diplomatique, février 2000.   

Whitney Tilson, Stock options, perverse incentives, en www.fool.com/news/foth/2002/foth020403.htm, 03/04/02.

Eva Joly, Notre affaire à tous, Les Arènes, Paris, juin 2000, p. 183 ; Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre, juillet 2003,  Les Arènes

Richard Labévière , Les dollars de la terreur, Les Etats-Unis et les islamistes, Grasset.1999.

René Passet, Mondialisation financière et terrorisme. Enjeux Planète, 2002.

Renaud Van Ruymbeke, Offshore, Dans les coulisses édifiantes des paradis fiscaux. Les liens que libèrent, 272 pages. Novembre 2022.

NOTES

[1] Alejandro Nadal. Jugement final sur l'argent. La Jornada. 2012. https://www.jornada.com.mx/2012/12/19/opinion/030a1eco. https://criminalbankingmonopoly.wordpress.com/montgomery-vs-daly/

 [2] Karl Marx - Le Capital, Livre premier, Section 1, Chapitre I, La marchandise, 1. Les deux facteurs de la marchandise : la valeur d'usage et la valeur (Substance de la valeur, Ampleur de la valeur ; Volume III, Section 5. Dédoublement du bénéfice en intérêt et en bénéfice commercial ; Chapitre XXV Crédit et capital fictif ; Salaires, prix et bénéfice. 1865).

 [3] Les fonds d'investissement collectent des fonds auprès de fonds de pension, d'entreprises, de compagnies d'assurance, de particuliers, etc., et les utilisent pour acheter des entreprises industrielles, commerciales ou de services, qu'ils conservent si elles sont très rentables ou pour des raisons stratégiques, ou si elles sont déficitaires ou non rentables, ils les "nettoient" en licenciant du personnel, puis les revendent avec une marge bénéficiaire considérable. Les achats sont réalisés en utilisant ce que l'on appelle le Leverage Buy-out (LBO), que l'on pourrait traduire par "rachat par effet de levier", qui consiste à financer l'achat avec une partie de leurs fonds propres (généralement 30 %) et une autre partie (les 70 % restants) avec des prêts bancaires, garantis par les actifs de la société acquise. En 2020, les cinq premiers fonds communs de placement au monde étaient les suivants : Blackrock : 7 000 milliards de dollars ; Vanguard : 5 700 milliards de dollars ; Schwab : 4 300 milliards de dollars ; State Street : 3 100 milliards de dollars ; Morgan : 2 600 milliards de dollars. Dont, un total de 22700 milliards de dollars. (22.700. 000 000 000 000). Soit l’équivalent à quelques 2, 8 millions  de dollars pour chacun des 8 mil millions d’habitants du monde.

 [4] -François Chesnais, La mondialisation financière, (François Chesnais., editor) ed. Syros, Paris, 1996, Cap. 8.

-Michel Drouin, Le système financier international, Edit. Armand Colin, Paris, enero 2001.

 [5] Christian Palloix, L'économie mondiale capitaliste et les firmes multinationales, T. II, éd. François Maspero, Paris, avril 1975, p. 103

[6] En août 2005, l'ancien directeur financier de Worldcom, Scott Sullivan, a été condamné à cinq ans de prison pour son rôle dans la plus grande fraude comptable de l'histoire des entreprises américaines. M. Sullivan a également joué un rôle important en tant que témoin "clé" contre l'ancien président de Worldcom, Bernie Ebbers, qui a lui-même été condamné à 25 ans de prison. Sullivan a été reconnu coupable de complot, de fraude en matière de valeurs mobilières et de fausse déclaration financière. La société de télécommunications Worldcom s'est effondrée en 2002 après une fraude comptable de 11 milliards de dollars. "Sullivan était l'architecte de la fraude chez Worldcom", a déclaré la juge fédérale américaine Barbara Jones en prononçant le verdict. L'effondrement de Worldcom a été la plus grande faillite d'entreprise de l'histoire des États-Unis. Près de 20 000 travailleurs ont perdu leur emploi à la suite du dépôt de bilan. La société est sortie de la faillite en 2004 et est désormais connue sous le nom de MCI.

[7] M. Pitt a été en poste d'août 2001 à novembre 2002, date à laquelle il a démissionné après avoir été mêlé à plusieurs scandales, notamment la nomination de l'ancien directeur de la CIA William Webster à la présidence d'un nouveau comité de surveillance comptable sans informer les commissaires de la SEC que M. Webster avait été accusé de fraude par les actionnaires d'une société dont il présidait le comité d'audit

[8] Philippe Labarde et Bernard Maris, La bourse ou la vie, la grande manipulation des petits actionnaires, éd. Albin Michel, Paris, mai 2000. Voir également Michel Husson, Les fausses promesses de l'épargne salariale, dans Le Monde Diplomatique, février 2000 et Whitney Tilson, Stock options, perverse incentives, dans www.fool.com/news/foth/2002/foth020403.htm, 03/04/02

[9] Karl Marx, Capital Vol. III, Partie V, Division des bénéfices en intérêts et bénéfices de l'entreprise. Capital portant intérêt. Chapitre 25. Crédit et capital fictif.

 [10] La mondialisation financière , (François Chesnais., editor) ed. Syros, Paris, 1996, Cap. 8.

 [11] Philippe Labarde y Bernard Maris, La bourse ou la vie, la grand manipulation des petits actionnaires, edit. Albin Michel, París, mai 2000. Voir aussi Michel Husson, Les fausses promesses de l'épargne salariale, en Le Monde Diplomatique, février 2000  et  Whitney Tilson, Stock options, perverse incentives, en www.fool.com/news/foth/2002/foth020403.htm, 03/04/02.

 [12] Un contrat forward ou forward agreement est un contrat à terme, il est donc considéré comme un produit dérivé. Il s'agit d'un accord d'achat ou de vente d'un actif à un prix et une date future précisés dans le contrat, il n'y a donc aucun échange monétaire à la signature du contrat.

[13] Qui ne sont pas des transferts d'argent, mais des écritures comptables. Voir au paragraphe I  la décision du First National Bank of Montgomery, Minnesota.

 [14] Marc Touati, Les taux et la dette publique de la France s'envolent : "tout le monde en moque, mais plus pour longtemps" (La dette publique de la France a explosé et la valeur nette de l'État est négative), Capital, 19/02/22 https://www.capital.fr/entreprises-marches/les-taux-et-la-dette-publique-de-la-france-senvolent-tout-le-monde-sen-moque-mais-plus-pour-longtemps-1428928.

-F. Chesnais - Quelques réflexions sur la dette publique.https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-24-ete-2020/debats/article/quelques-pistes-de-reflexion-sur-la-dette-publique

-France - Dette publique 2021 | countryeconomy.com

Date    Dette totale (M. €)   Dette totale (M. $)   Dette (%PIB)     Dette par habitant

2021     2.813.087               3.297.467                 112,90%           41.579 €   48.738 $

2020     2.648.147               3.019.230                 114,60%           39.141 €   44.626 $

2019     2.374.942               2.659.500                  97,40%            35.192 €  39.408 $

 -Les Économistes atterrés. La dette publique_ Précis d’économie citoyenne- Janvier 2021. Seuil.

Les auteurs déconstruisent les idées reçues les plus tenaces sur ce sujet : la dette publique est un fardeau pour les générations futures ; la France vit au-dessus de ses moyens, etc. Ce faisant, ils produisent un petit manuel sur le budget de l’État, les modalités de son financement, les limites et les erreurs d’interprétation du ratio dette/PIB, la distinction entre bonne et mauvaise dette, la façon dont la dette publique enrichit les riches ou peut être utilisée comme un instrument de domination.
Ils explicitent aussi les moyens qui permettraient aux États d’affronter la récession en évitant le retour contreproductif des cures d’austérité : restructuration et monétisation de la dette, sortie de la dépendance aux marchés financiers et nouveau rôle de la Banque centrale, réforme fiscale redistributive et écologique, politique budgétaire au coeur de la transition écologique. Ces propositions, soumises au débat citoyen, entendent faire de la dette publique un instrument au service du bien commun.
Les auteurs :Eric Berr (université de Bordeaux), Léo Charles (université Rennes 2),Arthur Jatteau (université de Lille), Jonathan Marie (université Sorbonne Paris Nord) et Alban Pellegris (université Rennes 2) sont membres des Économistes Atterrés,

 [15] Monde Diplomatique, Manière de voir nº 173, Octobre/Novembre 2020, Faut-il payer la dette ?

[16] Les 100 premiers propriétaires d'actifs dans le monde totalisent 144 978 409 214 982 $ (145 000 milliards de dollars).https://www.swfinstitute.org/fund-rankings. Entre le début de la pandémie en mars 2020 et la fin de l'année 2021, la fortune des cinq français les plus riches a augmenté de 173 milliards d'euros, selon Oxfam (PDF). L’equivalent à envieront cent millions de SMIC.

 [17] Christophe BrussetVous êtes fous d'avaler ça ! Un industriel de l'agroalimentaire dénonce. Des matières premières détournées aux marchandises trafiquées, en passant par les contrôles d'hygiène contestés, Christophe Brusset dénonce les nombreux maux dont il a été, pendant vingt ans, le complice ou le maître d'œuvre dans les coulisses de l'industrie alimentaire. Paprika indien rempli de grains de poivre, thé vert de Chine traité aux pesticides, faux safran marocain, fromages transformés en bœuf, confitures de fruits sans fruits, origan coupé en feuilles d'olivier, etc.

Ingrid Kragl (Foodwatch) Manger du faux pour de vrai - Les scandales de la fraude alimentaire. https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2021/plongee-au-coeur-de-la-fraude-alimentaire-scandales-mafia-et-supermarches-au-menu-de-blast-qui-invite-ingrid-kragl/

 [18] Le Monde, Les « boîtes noires » de la mondialisation financière. 10 mai 2001

 [19] Renaud Van Ruymbeke, Offshore, Dans les coulisses édifiantes des paradis fiscaux. 272 pages. 09/11/2022.
L’évasion fiscale pratiquée par les multinationales, la fraude fiscale ou l’optimisation exercées à une grande échelle, la corruption de dirigeants et chefs d’État, l’argent de la mafia et des trafiquants de drogue ont un point commun : ils empruntent les mêmes circuits et ont recours aux paradis fiscaux. Renaud Van Ruymbeke a été pendant près de vingt ans juge d’instruction spécialisé au pôle financier du tribunal de Paris. Fort de son expérience, il nous invite à le suivre dans les arcanes de ce monde opaque. Au fil des années, il a appris à en maîtriser les rouages et explique ici avec force d’exemples leur histoire et leur fonctionnement, mais également pourquoi il est si compliqué d’appréhender ceux qui y ont recours. La situation géopolitique actuelle l’illustre ironiquement : les pays occidentaux se retrouvent bien incapables de geler les avoirs détenus par les oligarques russes… dans des paradis fiscaux pourtant situés sur leurs territoires. Mais lorsque de sommets en conférences internationales, la lutte contre le blanchiment est érigée en priorité absolue et que l’on annonce la fin des paradis fiscaux, la duplicité du monde occidental atteint son paroxysme. Car la fraude fiscale internationale ne s’est jamais aussi bien portée. Elle assèche les États qui se privent de ressources importantes et maintiennent un état d’injustice flagrant.

 [20] Michael Krätke, Les paradis fiscaux. Publié par Sin Permiso http://www.sinpermiso.info/textos/index.php?id=1716. 2 mars 2008.

 [21] Eva Joly, Notre affaire à tous, Les Arènes, Paris, juin 2000, p. 183. En juillet 2003, Eva Joly a publié un autre livre : Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre, Les Arènes, dans lequel elle raconte les persécutions et les menaces dont elle a été victime alors qu'elle enquêtait sur l'affaire ELF. Voir également Christian de Brie, Dans l'archipel planétaire de la criminalité financière, dans Le Monde Diplomatique, avril 2000). En février 2002, la juge Eva Joly a annoncé sa retraite de la magistrature. Son annonce a été précédée de quelques jours par une annonce similaire du juge Eric Halphen et la nouvelle de la mutation, à sa demande, du juge Laurence Vichnievsky à d'autres fonctions. Un an plus tôt, la juge Anne José-Fulguères avait quitté la magistrature. Ils ont tous traité de la corruption et des affaires de grande envergure, et ont tous dénoncé les fortes pressions qu'ils subissaient de la part des milieux politiques et économiques.

22- Richard Labévière , Les dollars de la terreur,.1999. Il y « défend la thèse d’un financement du terrorisme islamique par des circuits bien connus des services américains ».Il estime que les bailleurs de fonds du terrorisme sont connus depuis longtemps, et il affirme que « toutes les enquêtes conduisent aux monarchies pétrolières du Golfe. Les Panama Papers ont montré que l’argent transitait par des places offshore. 

-René Passet, Mondialisation financière et terrorisme. 2002.

 -Montebourg et Peillon. Rapport de la Mission d’information commune sur les obstacles au contrôle et la repression de la delinquance financiere et du blanchiment des capitaux en Europe. Assemblée Nationale.2000-2001.

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