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Billet de blog 8 juin 2022

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NUPES OU TSUNAMI SOCIAL

Macron et ses collaborateurs publics et privés,se distinguent par leur soumission inconditionnelle au grand capital, au détriment de plus de 90 % de la population française.

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NUPES OU TSUNAMI SOCIAL 

La fonction de médiation de l'État entre des classes sociales aux intérêts antagonistes est relativement réelle dans les premiers stades de l'évolution et de la consolidation du système capitaliste. Nous disons "relativement réel" parce que l'État a toujours fonctionné comme un garant - par des moyens pacifiques ou violents - de la reproduction du système existant. Mais cette fonction de médiateur, "se modifie avec la pénétration progressive des rapports capitalistes, où la "puissance des seules conditions économiques" installe l'organisation de la domination en tant qu'instrument  pour l'instauration des rapports capitalistes et où le capital se reproduit lui-même  où  finalement la soumission complète de l'organisme de l'État au capital détermine la forme et la fonction de l'État" (Hans Joachim Hirsch, L'État contemporain et le marxisme, Critiques de l'économie politique, Ed. François Maspero, Paris, 1975, p.32). 

L'abandon progressif du rôle de l'État comme médiateur entre des intérêts antagonistes, qui s'est accéléré avec la pandémie et avec les effets collatéraux de l'agression de la Russie contre l'Ukraine, jusqu'à la soumission complète de l'État au grand capital, a culminé en France avec la présidence de Macron. 

La preuve évidente en est l'attitude du gouvernement face à quatre problèmes fondamentaux qui touchent les Français : la baisse du pouvoir d'achat des salariés et des retraités et l'augmentation vertigineuse des profits des milliardaires qui n'est pas compensée par une augmentation de leurs impôts ; la détérioration accélérée des services publics tels que la santé et l'éducation ; et l'approche négative et pro-business du très grave problème de la pollution environnementale. 

I. La détérioration du pouvoir d'achat touche plus de 90% de la population. Selon le Rapport sur les inégalités (https://www.inegalites.fr/Les-riches-nettement-plus-riches-qu-il-y-a-vingt-ans), la France compte 4,5 millions de riches, soit 7,1 % de la population si le seuil de richesse est fixé à deux fois le niveau de vie moyen, soit 3 673 euros par mois pour une personne seule, après impôts. Pour un couple, le seuil est fixé à 5 511 euros et pour une famille avec deux enfants à 7700 euros. La classification des "richesses" du Rapport est excessivement large puisqu'elle inclut des personnes et des familles dont les revenus - qui peuvent être considérés comme confortables jusqu'à ce qu'ils soient dévorés par l'inflation - vont de 3673 à 7700 euros aux cinq plus grandes fortunes de France : Arnault : 157 000 000 000 000  ; famille Hermès 81,5 milliards ; famille Bettencourt 74 milliards ; famille Wertheimer 67 milliards ; famille Pinault 41,5 milliards. Entre le début de la pandémie en mars 2020 et la fin de l'année 2021, la fortune de ces cinq français les plus riches a augmenté de 173 milliards d'euros, selon Oxfam. L'équivalent à environ cent millions de SMIC.

On peut également inclure parmi les très riches de nombreux PDG des plus grandes entreprises, par exemple Carlos Tavares, PDG du groupe Stellantis, a gagné en 2021 un salaire de 1 600 000 euros par mois, soit un peu plus de 200 fois le revenu de 7700 euros d'une famille typique que le Rapport des inégalités inclut dans la catégorie des riches. Une approche plus fine de la réalité sociale des revenus et de leur dynamique est offerte par l'étude Comment les hautes rémunérations ont-elles évolué ? (https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/inegalites/hautes-remunerations-en-france/comment-les-hautes-remunerations-ont-elles-evolue/) qui analyse les revenus par tranche de population, en prenant les 50% de la tranche la plus pauvre (25 millions de personnes) qui ont un faible revenu de 15.500 euros par an jusqu'à la tranche de 0,001% (les 517 personnes les plus riches) qui ont un  revenu de 13.600.000 euros par an chacun.  

En d'autres termes, dans une période de grave crise sanitaire, les personnes les plus riches ont énormément augmenté leurs revenus et la grande majorité de la population a eu tendance à s'appauvrir. C'est le contraire qui aurait dû se produire : les plus riches auraient dû contribuer à la crise, y compris aux effets désastreux de la sécheresse et des intempéries, proportionnellement à leurs ressources en payant des impôts plus élevés. Non seulement cela ne s'est pas produit, mais les plus riches cachent leurs bénéfices dans des paradis fiscaux, échappent illégalement à l'impôt et/ou utilisent le système d'"optimisation". 

Il convient de rappeler qu'aux États-Unis, dans les années 30, la crise économique a conduit le président Roosevelt à modifier l'équilibre entre le marché et l'État, redistribuant ainsi les profits économiques. Le New Deal, destiné à relancer l'économie américaine, s'est accompagné  d'une augmentation des pensions. Les années 1920 ont vu une explosion des salaires très élevés. Quand le président démocrate arrive au pouvoir, en 1932, le taux marginal de l'impôt sur les revenus les plus élevés est de 25%. En trois étapes, il fera passer progressivement ce taux à 91%. 

Dans une lettre ouverte aux dirigeants participant au récent sommet de Davos 2022, une centaine des plus grosses fortunes dans le monde ont demandé à contribuer davantage à la reprise économique postpandémique. Ils sont “parmi les plus riches du monde à appeler les gouvernements à leur faire payer plus d’impôts”.  Le groupe explique  que les “ultra-riches ne sont pas poussés à payer leur part de la relance économique postpandémique” et appellent leurs “collègues millionnaires et milliardaires” participant au Forum économique mondial (FEM) de Davos.“En tant que millionnaires, nous savons que le système fiscal actuel n’est pas équitable”, déclarent les signataires. Les signataires sont en majorité étasuniens, mais de grosses fortunes britanniques, canadiennes et allemandes sont également représentées. Aucun millardaire Français ne figure parmi les signataires. (https://www.courrierinternational.com/article/fiscalite-ces-millionnaires-qui-veulent-payer-plus-dimpots-pour-sortir-de-la-pandemie). 

L'Italie et le Royaume-Uni, deux pays gouvernés par des libéraux et des conservateurs, ainsi que d'autres pays européens, ont décidé d'augmenter les taxes sur les compagnies d'électricité et de pétrole.  

Macron a annoncé que la réforme des retraites entrera en vigueur "dès l'été 2023", sans préciser de quel type de réforme il s'agit. Mais il a ajouté : "le travail sur la réforme des retraites, est indispensable au financement de nos transformations". Ainsi les transformations, qui avec Macron sont comme toujours et plus que jamais au profit des plus riches, seront financées non seulement par ceux qui vivent de leur travail, mais en aggravant la situation des retraités par le gel du montant de la pension et l'augmentation de l'âge de la retraite.  

Le gouvernement Macron utilise le faux argument selon lequel le vieillissement de la population nécessite - pour maintenir les pensions - une augmentation de l'âge de la retraite. Ce n'est pas le cas, car la révolution technologique (robotique, informatique, intelligence artificielle) a fortement augmenté la productivité et permet de réduire la journée de travail quotidienne, hebdomadaire et annuelle, de créer des emplois nouveaux et plus nombreux et d'avancer les départs à la retraite, augmentant ainsi le temps libre de tous, actifs et retraités. 

Macron et ses collaborateurs publics et privés, en revanche, se distinguent par leur soumission inconditionnelle au grand capital, au détriment de plus de 90 % de la population française. 

Pour "compenser" cela, le gouvernement annonce un chèque ou un virement d'un montant dérisoire pour les familles les plus modestes, qui sera versé après les élections. Le macronisme finance sa campagne électorale avec de l'argent public. Cette pratique est similaire à celle des candidats conservateurs dans certains pays pauvres qui achètent les votes des citoyens avec des bons de supermarché. La différence est que ces derniers le financent avec leur propre argent. 

II. Dégradation accélérée des services publics : santé et éducation. La dégradation des services de santé et d'éducation a été bien expliquée lors d'une émission télévisée le 2 juin avec la participation d'Olivier Bareau, économiste, professeur en sciences de gestion, François Crémieux, directeur général de l'Assistance publique, Marseille, Jehane Fadlallah, médecin à l'hôpital Saint-Louis à Paris, Lucie Castets, porte parole du collectif "Nos services publics", Sébastien Soriano, directeur de l'Institut national de l'information géographique et forestière et Jean-Rémi Girard, professeur au lycée Renoir d'Asnières et président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et enseignement supérieur (SNALC). (https://www.youtube.com/watch?v=SUoqUU9Cu00) 

Autres sources pouvant être consultées sur le sujet : https://www.francetvinfo.fr/sante/hopital/crise/crise-de-l-hopital-public-on-vous-explique-pourquoi-autant-de-services-d-urgences-sont-obliges-de-fermer-avant-l-ete_5146987.html ; https://www.mediapart.fr/journal/france/240322/sante-des-programmes-sans-finesse-coups-de-hache-et-de-truelle ; https://www.lefigaro.fr/vox/societe/eric-anceau-penurie-d-enseignants-pourquoi-la-situation-de-l-education-nationale-est-dramatique-20220519 

L'aberrant "classement des emplois" dans l'académie de Versailles ne va pas améliorer mais aggraver la situation de l'enseignement. La "mission flash" sur les urgences est une autre bulle de savon électorale commandée par Macron.  

L'objectif du gouvernement : casser les services publics et laisser libre cours à la privatisation. 

L'élite intellectuelle dominante a contribué de manière décisive, au cours du dernier demi-siècle, à la détérioration du contenu et de la qualité des études, de la recherche et de l'enseignement dans tous les domaines (voir : France : bilan idéologique et culturel-(https://blogs.mediapart.fr/aleteitelbaum/blog/080222/france-bilan-ideologique-et-culturel). 

Il ne s'agit pas d'une exception française. Le philosophe allemand Günther Anders (L'obsolescence de l'homme 1956 - édition française 2002) a très bien décrit le résultat, un objectif poursuivi par les classes dirigeantes et les gouvernants à leur service : 

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées...…
Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste, que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir.
 » 

III.Face au problème de la pollution environnementale, les propositions de Macron sont conditionnées par l'objectif de fournir des profits aux entreprises privées et non d'apporter des solutions efficaces et rationnelles. 

Deux exemples : afin de réduire la pollution causée par les voitures, Macron propose de remplacer massivement les voitures thermiques par des voitures électriques. Sans tenir compte du fait que le démantèlement des voitures thermiques produit une énorme pollution et que le bilan de pollution des voitures électriques est très élevé, depuis leur fabrication, y compris la batterie, jusqu'à leur utilisation. En outre, leur prix les rend inabordables pour les personnes à faible revenu. Améliorer et augmenter les transports publics, les rendre partiellement gratuits, comme cela se passe déjà en plusieurs villes européennes, construire de nouveaux parkings relais à la périphérie des grandes villes, réduire la vitesse maximale autorisée sur les routes et autoroutes, ne sont pas des priorités pour ce gouvernement. 

Macron prévoit la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, sans tenir compte des nombreux aspects négatifs : délais, coûts, conditions de travail très difficiles, accidents, accumulation exponentielle d'énormes quantités de déchets polluants sur des milliers d'années, etc.

J'ai développé ces problèmes en : Dégradation accélérée de l'environnement https://blogs.mediapart.fr/aleteitelbaum/blog/071021/degradation-acceleree-de-lenvironnement et  

Le profit du nucléaire au prix de la sécurité et la sante des personnes https://blogs.mediapart.fr/aleteitelbaum/blog/110222/le-profit-du-nucleaire-au-prix-de-la-securite-et-la-sante-des-personnes

 CONCLUSION : NUPES OU TSUNAMI SOCIAL 

Les abstentionnistes n'ont pas tort. L'expérience leur montre que le vote ne sert pas à grand-chose. Avec le facteur aggravant que ceux qui sont élus pour gouverner, à cause du système électoral actuel, ne représentent qu'un peu plus d'un tiers de tous les citoyens, dont une bonne partie, manipulés par les monopoles médiatiques, choisit les candidats au service du système dominant. Mais, cette fois, il est possible de mettre fin à cette routine en votant pour les candidats du NUPES. Car si le macronisme continue à dominer, la situation deviendra de plus en plus catastrophique et les victimes - électeurs et abstentionnistes - protesteront bientôt, en essayant de le faire pacifiquement. Et la,  ils se heurteront à un système composé de forces de sécurité mal formées et mal entrainés (même dans l’utilisation des armes à feu), dirigées par une hiérarchie pour qui le maintien de l'ordre repose sur l'usage de la violence, de groupes qui expriment leur frustration sociale par le jet de pierres ou des actes de vandalisme  infiltrés par des provocateurs professionnels. Et ils seront la cible de grenades de désencerclement, de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc, de flash-balls, de matraques, de camions hydrants, etc. Et certains manifestants initialement pacifiques finiront par être entraînés dans la violence. (Voir : Maître Henri Leclerc, President d’Honneur de la Ligue des Droits de l’Homme (https://www.bfmtv.com/police-justice/me-henri-leclerc-la-police-tue-c-est-un-fait-le-seul-probleme-est-de-savoir-si-elle-a-le-droit-ou-pas_VN-202206080475.html) 

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