Deux tiers des Français souhaitent que les enfants de jihadistes français restent en Irak et en Syrie.
Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et "Le Figaro", 67% des personnes interrogées ne veulent pas voir les enfants de combattants revenir en France.
Sondage qui a probablement orienté la réponse.
Une réaction instinctive et dépourvu d’humanité des deux tiers de la population interrogée.
Combinée avec l'ignorance des faits et du droit français et international en vigueur.
On ne pouvait pas ne s’attendre à rien d’autre étant donné le contenu et le niveau de nombreux commentaires télévisés, partie de la pollution des esprits dans tous les domaines provoquée par les monopoles médiatiques détenus par des milliardaires.
Par exemple, un débat sur CNEWS le 7 juillet dans lequel la journaliste Gabrielle Cluzel – d’extrême droite - a mis en évidence son ignorance des faits et des lois en vigueur.-----------
NATIONS UNIES -GENÈVE (24 février 2022) — Le refus de la France de rapatrier des enfants français détenus dans des camps syriens dans des conditions mettant leur vie en danger depuis des années viole leur droit à la vie, ainsi que leur droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants, a déclaré le Comité des droits de l'enfant.
Le Comité des droits de l'enfant de l'ONU (CRC) a publié ses constatations aujourd'hui après avoir examiné trois requêtes déposées par un groupe de ressortissants français dont les petits-enfants, nièces et neveux sont actuellement détenus dans les camps de Roj, d’Aïn Issa et de Hol, qui sont sous le contrôle des forces kurdes.
Les trois cas concernent 49 enfants français : certains d'entre eux sont nés en République arabe syrienne, tandis que d'autres y ont voyagé avec leurs parents français à un très jeune âge. Leurs parents auraient collaboré avec Daech, le groupe terroriste de l'EIIL.
Depuis que les proches ont porté leur cas devant le Comité en 2019, le gouvernement français a rapatrié 11 de ces enfants. Les 38 autres enfants victimes, dont certains n'ont que cinq ans, sont toujours détenus dans des camps fermés en zone de guerre.
Le Comité a estimé que la France a la responsabilité et le pouvoir de protéger les enfants français dans les camps syriens contre un risque imminent pour leur vie en prenant des mesures pour les rapatrier.
Le Comité a en outre considéré que la détention prolongée des enfants victimes dans des conditions mettant leur vie en danger équivaut également à des peines ou traitements inhumains et dégradants.
Le Comité a également conclu que la France n'avait pas démontré qu'elle avait dûment pris en compte l'intérêt supérieur des enfants victimes lors de l'évaluation des demandes de rapatriement de leurs proches.
Le Comité a exhorté la France à prendre des mesures urgentes pour rapatrier les 38 enfants victimes restants. Dans l'intervalle, il a demandé à la France de prendre des mesures supplémentaires pour atténuer les risques pour la vie, la survie et le développement des enfants victimes pendant leur séjour dans le nord-est de la Syrie.
« Les enfants vivent dans des conditions sanitaires inhumaines, manquent des produits de première nécessité, notamment l'eau, la nourriture et les soins de santé, et font face à un risque imminent de mort. Au moins 62 enfants seraient morts dans les camps à cause de ces conditions depuis le début de l’année 2021. La situation est donc extrêmement urgente », a déclaré Ann Skelton, membre du Comité. « Nous demandons à la France de prendre des mesures immédiates, car chaque jour qui passe crée un risque pour de nouvelles victimes », elle a ajouté.--------------------------------------------------------------------------------------------------
"C’est un changement de cap qu’il faut saluer. Il est tardif mais c’est un bon début", affirme Patrick Baudoin, le président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). "Il y a une prise de conscience de la nécessité de se conformer à ses engagements internationaux et au respect élémentaire de l’Humanité".
"C’est une bonne nouvelle mais on reste un peu au milieu du gué car il manque l’annonce politique qui aurait pu inscrire ce rapatriement dans la fin du cas par cas", regrette Raymonde Poncet, sénatrice écologiste, auteure d’une question écrite fin juin sur la question.
Très critiquée pour sa ligne dure, la France a été rappelée à l’ordre à plusieurs reprises par des instances nationales et internationales ces dernières années, dont le Comité des droits de l’enfant de l’ONU au mois de février.
Par ailleurs, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), saisie par plusieurs familles, doit se prononcer prochainement sur la position adoptée par Paris. "La France a conscience d’un risque de condamnation et plutôt que de s’exposer à ce risque, elle préfère prendre les devants", analyse l’avocat Vincent Brengarth du cabinet Bourdon et associés, en pointe sur ce dossier.
Au niveau européen, la France apparaissait également de plus en plus isolée. Ainsi, la Belgique, le Danemark, la Suède, la Finlande, les Pays-Bas et l’Allemagne ont tous décidé de rapatrier l’ensemble des enfants et des mères. Fin juin, Bruxelles a par exemple rapatrié la quasi-totalité de ses ressortissantes de Syrie.
Pour la sénatrice Raymonde Poncet, les réticences du gouvernement à rapatrier les enfants et les femmes de jihadistes démontrent "un manque de courage politique. "Si on explique à la population française qu’il faut juger les mères et protéger les enfants, je suis persuadée que l’opinion publique suivra". "Désormais, le gouvernement doit aller vite. Chaque jour compte pour ces enfants français", plaide Raymonde Poncet. "Aujourd'hui, un enfant de cinq ans ne peut pas représenter une menace".
Enfin, l’évolution de la position française pourrait s’expliquer par une meilleure capacité d’accueil des détenues radicalisées. "Un nouveau quartier d’évaluation de la radicalisation a récemment ouvert à Rennes. La France a donc les moyens de judiciariser ces femmes et de les incarcérer dans des conditions qui permettent d’envisager à terme une réinsertion", précise James André.
Dans ces conditions, faut-il s’attendre à d’autres rapatriements d’envergure dans les prochains mois ? "Je reste prudent mais je vois mal maintenant comment la France pourrait procéder différemment", glisse Patrick Baudoin de la LDH.