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Billet de blog 12 décembre 2021

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Vargas Llosa  élu membre de l'Académie.

L'Académie française rend "immortel" Vargas Llosa même contre les règles de l'Académie. Elle le fait quand VG soutient le candidat d'extrême droite aux prochaines élections au Chili qui ne cache pas ses sympathies pour Pinochet. Absence de réaction des intellectuels français (sauf cinq)

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L'Académie française vient d'"immortaliser" Vargas Llosa qui a été élu
membre de l'Académie.


Il ne s'agit pas du talent littéraire de VG. Il s'agit de sa qualité d'être humain et surtout du fait que l'Académie française le rend "immortel" même contre les règles de l'Académie elle-même, à quel moment elle le fait (VG soutient le candidat d'extrême droite aux prochaines élections au Chili qui ne cache pas ses sympathies pour Pinochet) et surtout l'absence de réaction des intellectuels français (sauf cinq) à ces faits. Surtout en ces temps où nous assistons à une offensive mondiale de la droite à tous les niveaux.
Les académiciens ont négligé le fait qu'il n'a jamais écrit en français
et qu'il dépasse la limite d'âge de 75 ans.

Et ils ont également ignoré son bilan comme militant contre les droits
humains.

En effet, le  26 janvier 1983, huit journalistes de différents journaux
péruviens et leur guide, qui étaient arrivés à Uchuraccay, dans la
province d'Ayacucho, au Pérou, où le Sentier Lumineux était actif, pour
une mission d'enquête, ont été assassinés.

Les auteurs du massacre étaient des militaires. Il fallait le cacher et
le président péruvien de l'époque, Fernando Belaúnde Terry, violant la
Constitution en retirant l'enquête sur le massacre au pouvoir
judiciaire, s'est empressé de convoquer une commission (un tribunal
"d'honneur") présidée par Vargas Llosa, qui a rapidement conclu, contre
toute évidence, que les militaires n'avaient rien à voir avec le
massacre des journalistes. Mais, quelque temps plus tard, un juge
courageux, tenace et vraiment honorable, confronté à toutes sortes
d'obstacles, a établi ce que tout le monde savait, sauf Vargas Llosa :
les auteurs du massacre des journalistes et de leur guide étaient des
membres des forces armées.

Vargas Llosa a de nouveau fait preuve de son activisme en faveur de
l'impunité avec un article (Jugando con el fuego) publié dans le
quotidien français Le Monde le 18 mai 1995, traduction d'un article
publié auparavant dans le journal espagnol El País, dans lequel il
affirme qu'il est temps d'"enterrer le passé" en Argentine en ce qui
concerne les crimes commis pendant la dictature militaire, dont, selon
lui, "un large éventail" de la société argentine est également responsable.

Le journal Le Monde a publié dans son édition du 26 mai 1995trois
réponses à Vargas Llosa, une de l'écrivain Juan José Saer, une autre de
la sociologue Silvia Sigal et une troisième de moi-même, dans laquelle
je rappelais son action dans l'affaire des journalistes péruviens
assassinés, que j'ai intitulée "Un militant de l'impunité". Danssa
réponse a Vargas Llosa, l’écrivain Juan José Saer commence par décrire
le personnage : "Je ne vais pas polémiquer avec Vargas Llosa, mais
rétablir quelques vérités. Son attitude consistant à recourir, dans les
articles qu'il a écrits et que j'ai lus, à l'amalgame, à l'information
tronquée, au plaidoyer de principe et à la pure mythomanie, empêche
toute discussion avec lui. M. Vargas Llosa, qui a fait de l'agitation
son fonds de commerce, n'a ni la stature intellectuelle ni les garanties
morales qui peuvent faire de tout adversaire un interlocuteur valable...".

A été  vraiment scandaleux  que Vargas Llosa a présidé au Pérou une
commission de haut niveau pour la constitution du musée de la mémoire.
Bien que ce  ne soit pas surprenant : Le président Alan García aura
confié à l'"écrivain remarquable", fort de son expérience au "tribunal
d'honneur" de 1983, le soin de dissimuler sa responsabilité dans les
crimes commis pendant sa première présidence (1985-90), dont les
massacres d'Acomarca en août 1985 (47 paysans assassinés par l'armée),
et au sein de la Commission de haut niveau du Musée de la mémoire, le
massacre de Cayara en mai 1988 (30 assassinés et des dizaines de
disparus), les massacres et l'exécution sommaire, après la reddition des
survivants, de plus de 300 prisonniers mutinés dans les prisons de
Lurigancho et d'El Frontón et la répression sanglante dans la prison
pour femmes de Santa Bárbara en juin 1986. Et qu'il oublie aussi
d'inclure dans le musée péruvien de la mémoire les 1600 disparitions
survenues pendant son premier mandat présidentiel, de 1985 à 1990. Et,
au passage, le massacre de la population indigène à Baguá le 5 juin 2009.

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