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Billet de blog 14 avril 2025

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VARGAS LLOSA MEMBRE DE L'ACADEMIE FRANCAISE

CE QUI MANQUAIT : VARGAS LLOSA MEMBRE DE L'ACADEMIE FRANCAISE L'Académie française vient (novembre 2021) d'"immortaliser" Vargas Llosa qui a été élu membre de l'Académie. Les académiciens ont négligé le fait qu'il n'a jamais écrit en français et qu'il dépasse la limite d'âge de 75 ans.

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CE QUI MANQUAIT : VARGAS LLOSA MEMBRE DE L'ACADEMIE FRANCAISE

Alejandro Teitelbaum

L'Académie française vient d'"immortaliser" Vargas Llosa qui a été élu membre de l'Académie.

Les académiciens ont négligé le fait qu'il n'a jamais écrit en français et qu'il dépasse la limite d'âge de 75 ans.

Et ils ont également ignoré son bilan comme militant contre les droits humains

En effet, le  26 janvier 1983, huit journalistes de différents journaux péruviens et leur guide, qui étaient arrivés à Uchuraccay, dans la province d'Ayacucho, au Pérou, où le Sentier Lumineux était actif, pour une mission d'enquête, ont été assassinés. 

Les auteurs du massacre étaient des militaires. Il fallait le cacher et le président péruvien de l'époque, Fernando Belaúnde Terry, violant la Constitution en retirant l'enquête sur le massacre au pouvoir judiciaire, s'est empressé de convoquer une commission (un tribunal "d'honneur") présidée par Vargas Llosa, qui a rapidement conclu, contre toute évidence, que les militaires n'avaient rien à voir avec le massacre des journalistes. Mais, quelque temps plus tard, un juge courageux, tenace et vraiment honorable, confronté à toutes sortes d'obstacles, a établi ce que tout le monde savait, sauf Vargas Llosa : les auteurs du massacre des journalistes et de leur guide étaient des membres des forces armées.

Vargas Llosa a de nouveau fait preuve de son activisme en faveur de l'impunité avec un article (Jugando con el fuego) publié dans le quotidien français Le Monde le 18 mai 1995, traduction d'un article publié auparavant dans le journal espagnol El País, dans lequel il affirme qu'il est temps d'"enterrer le passé" en Argentine en ce qui concerne les crimes commis pendant la dictature militaire, dont, selon lui, "un large éventail" de la société argentine est également responsable.

Le journal Le Monde a publié dans son édition du 26 mai 1995  trois réponses à Vargas Llosa, une de l'écrivain Juan José Saer, une autre de la sociologue Silvia Sigal et une troisième de moi-même, dans laquelle je rappelais son action dans l'affaire des journalistes péruviens assassinés, que j'ai intitulée "Un militant de l'impunité". Dans  sa réponse a Vargas Llosa, l’écrivain Juan José Saer commence par décrire le personnage : "Je ne vais pas polémiquer avec Vargas Llosa, mais rétablir quelques vérités. Son attitude consistant à recourir, dans les articles qu'il a écrits et que j'ai lus, à l'amalgame, à l'information tronquée, au plaidoyer de principe et à la pure mythomanie, empêche toute discussion avec lui. M. Vargas Llosa, qui a fait de l'agitation son fonds de commerce, n'a ni la stature intellectuelle ni les garanties morales qui peuvent faire de tout adversaire un interlocuteur valable...". 

A été  vraiment scandaleux  que Vargas Llosa a présidé au Pérou une commission de haut niveau pour la constitution du musée de la mémoire. Bien que ce  ne soit pas surprenant : Le président Alan García aura confié à l'"écrivain remarquable", fort de son expérience au "tribunal d'honneur" de 1983, le soin de dissimuler sa responsabilité dans les crimes commis pendant sa première présidence (1985-90), dont les massacres d'Acomarca en août 1985 (47 paysans assassinés par l'armée), et au sein de la Commission de haut niveau du Musée de la mémoire, le massacre de Cayara en mai 1988 (30 assassinés et des dizaines de disparus), les massacres et l'exécution sommaire, après la reddition des survivants, de plus de 300 prisonniers mutinés dans les prisons de Lurigancho et d'El Frontón et la répression sanglante dans la prison pour femmes de Santa Bárbara en juin 1986. Et qu'il oublie aussi d'inclure dans le musée péruvien de la mémoire les 1600 disparitions survenues pendant son premier mandat présidentiel, de 1985 à 1990. Et, au passage, le massacre de la population indigène à Baguá le 5 juin 2009.----------------------------------------------------------------------------------------------

Lyon, novembre 2021

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