LA CONTROVERSE AUTOUR DU "VALEUR TRAVAIL".
Alejandro Teitelbaum
Parler du « valeur travail » en lui attribuant une hiérarchie morale et de dignification de l'être humain est une erreur.
Ou plutôt, c'est une façon pour les porte-parole conservateurs pro-capitalistes de droite et de "gauche" de semer la confusion parmi les travailleurs et de les détourner de la lutte des classes.
L'expression "valeur travail" vient de Marx qui l'a utilisée pour désigner le travail comme mesure de la valeur : la valeur d'un objet est donnée par la quantité de travail humain socialement nécessaire pour le produire (y compris, non seulement les objets matériels, mais aussi les produits intellectuels tels que l'éducation, les créations artistiques, les services médicaux, etc.).
Dans les premiers paragraphes du Capital (Livre premier, Section première, Chapitre I, La marchandise, 1. Les deux facteurs de la marchandise : valeur d'usage et valeur (substance de la valeur, grandeur de la valeur), Marx écrit :
"La richesse des sociétés dans lesquelles domine le mode de production capitaliste se présente comme une "énorme accumulation de marchandises, et la marchandise individuelle comme la forme élémentaire de cette richesse. Par conséquent, notre enquête commence par l'analyse de la marchandise. La marchandise est, d'abord, un objet extérieur, une chose qui, grâce à ses propriétés, satisfait les besoins humains de toute nature. La nature de ces besoins, qu'ils viennent, par exemple, de l'estomac ou de l'imagination, ne change rien au problème. Il ne s'agit pas non plus de savoir comment cette chose satisfait le besoin humain : si elle le fait directement, comme moyen de subsistance, c'est-à-dire comme objet de plaisir, ou par détournement, comme moyen de production ».
Toute chose utile, explique encore Marx, est utile en raison de ses qualités, qui lui confèrent une valeur d'usage pour un but particulier.
Mais comme marchandise destinée à être vendue, elle a un autre aspect : sa valeur d'échange, et le problème se pose de savoir comment mesurer cette valeur d'échange, ce qui nécessite de trouver le dénominateur commun de toutes les valeurs d'usage (objets, services) échangées - vendues - comme marchandises. Ce dénominateur commun de toutes les marchandises n'est autre que le résultat du travail humain, qui peut être défini comme la dépense d'énergie physique, la tension nerveuse et l'application par le travailleur (manuel ou intellectuel) de son habileté et de ses connaissances (et parfois aussi de son inventivité) dans l'acte de production.
Ainsi, le dénominateur commun de toutes les marchandises qui sert à établir leur valeur d'échange est le travail humain, qui produit des valeurs d'usage.
Cette formulation de Marx a servi de base à son explication de l'exploitation du travail humain dans la société capitaliste. Fondement idéologique de la lutte des opprimés et des exploités pour abolir la société capitaliste, afin d'établir les bases d'une nouvelle société dans laquelle, écrit Marx, le "Libre développement des individualités et donc pas de réduction du temps de travail nécessaire en vue de la création de surtravail, mais en général une réduction du travail nécessaire de la société à un minimum, auquel correspond alors la formation artistique, scientifique, etc. des individus grâce au temps devenu libre". (Karl Marx, Éléments fondamentaux de la critique de l'économie politique (Grundrisse), [Contradiction entre la base de la production bourgeoise (mesure de la valeur) et son propre développement. Machines, etc.] Manuscrits de 1857 - 1858 connus sous le nom de "Grundrisse". 2011).
Et, ajoute Marx, société dans laquelle la mesure de la valeur deviendra le temps libre et non le travail.
Bien sûr, le système capitaliste dispose de bien d'autres éléments, en plus de contrecarrer le sens de l'expression valeur-travail, pour conditionner et soumettre les exploités, que nous ne développerons pas ici.
Pour plus d'informations sur ce dernier point, on peut consulter le site : https://blogs.mediapart.fr/aleteitelbaum/blog/110121/servitude-involontaire-et-manipulation-des-esprits.