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Billet de blog 19 avril 2025

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TEMPS DE TRAVAIL ET TEMPS LIBRE

Dans les faits, les gens travaillent plus et gagnent moins.  De manière générale, la productivité a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, grâce aux progrès techniques et à l'intensification du travail et du temps de travail, mais les salaires réels n'ont pas suivi – même approximativement – le même rythme de croissance.IL FAUT CHOISIR : MACRON ET BAYROU OU  LAFARGUE ET MARX

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TEMPS DE TRAVAIL ET TEMPS LIBRE

IL FAUT CHOISIR : MACRON ET BAYROU OU  LAFARGUE ET MARX

Alejandro Teitelbaum

Dans les faits, les gens travaillent plus et gagnent moins.  De manière générale, la productivité a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, grâce aux progrès techniques et à l'intensification du travail et du temps de travail, mais les salaires réels n'ont pas suivi – même approximativement – le même rythme de croissance.

Hegel l'écrivait déjà il y a plus de 200 ans : « L'homme diminue le travail pour l'ensemble, non pour les individus, pour lesquels, au contraire, il l'augmente, car plus le travail devient mécanique, moins il a de valeur et plus l'homme doit travailler (...) La diminution de la valeur du travail est proportionnelle à l'augmentation de la productivité du travail (...) les usines et les manufactures fondent leur existence sur la misère d'une classe » (G.F. Hegel, Realphilosophie, 1805-6).

Le professeur Pietro Basso, dans son livre Temps modernes, horaires antiques. La durée du travail au tournant des millénaires (Lausanne, Suisse, Editions Page deux, 2005), affirme que l'augmentation de la productivité du travail, qui devrait logiquement s'accompagner d'une réduction du temps de travail (quotidien, hebdomadaire et annuel) et d'une réduction de son intensité, ce qui s'est effectivement produit de manière générale jusqu'à la fin des années 1920, lorsque les luttes des travailleurs, aidées par la crainte des capitalistes face à l'exemple de la révolution d'octobre en Russie, ont obtenu la semaine de 48 heures.

Mais avec le fordisme, l'intensité du travail a augmenté, comme le montre avec acuité Chaplin dans le film Les Temps modernes. Depuis lors, la durée du travail est restée stable, même si la durée annuelle a diminué en raison de l'allongement des congés et, dans certains pays, la durée hebdomadaire a également diminué. Mais ces dernières années, malgré la poursuite de la hausse de la productivité, cette tendance à la réduction du temps de travail s'est inversée et l'intensité du travail a également augmenté avec le « toyotisme » (« juste à temps » : production du nécessaire en fonction de la demande du moment, en évitant l'accumulation de stocks de marchandises) et la flexibilité du travail. Cette tendance à l'allongement du temps de travail est accentuée par la nécessité pour de nombreuses personnes de travailler plus longtemps (dans le même emploi ou dans un emploi supplémentaire) afin de gagner le minimum nécessaire pour survivre.

Avec l'augmentation de la productivité, le chômage tend à augmenter et non à diminuer, pour la simple raison que moins de travailleurs actifs peuvent produire plus de biens et de services. C'est la politique préférée du grand capital pour augmenter son taux de profit et maintenir un taux de chômage élevé, qui pousse vers le bas le salaire réel des travailleurs actifs.

Mais au-delà de la logique capitaliste, l'augmentation de la productivité devrait se traduire par une réduction du temps de travail et une augmentation du temps libre consacré à l'épanouissement de l'être humain.

Paul Lafargue, qui prônait une réduction drastique du temps de travail, écrivait en 1881, au début du chapitre trois de son livre Le droit à la paresse : « Un poète grec de l'époque de Cicéron – Antiparos – chantait en ces termes l'invention du moulin à eau (pour moudre le blé), qui allait émanciper les femmes esclaves et faire naître l'âge d'or : « Épargnez le bras qui fait tourner la meule, ô meunières, et dormez tranquilles !... ».

Marx, imaginant les possibilités d'épanouissement de l'être humain dans une société où l'exploitation capitaliste ne prévaut pas, écrivait  dans les Grundrisse (1857-58) que le progrès technique, les sciences appliquées et l'automatisation de la production libéreraient enfin l'être humain de la nécessité, du travail physique et du travail aliéné en général, ce qui permettrait son plein épanouissement, faisant du temps disponible (" disposable time ", dit Marx) et non du travail la mesure de la valeur. Et Marx  ajoutait : "Libre développement des individualités et donc pas de réduction du temps de travail nécessaire en vue de la création d'un surtravail, mais en général réduction du travail nécessaire de la société à un minimum, auquel correspond alors la formation artistique, scientifique, etc. des individus grâce au temps devenu libre et aux moyens créés pour tous ". (Karl Marx, Éléments fondamentaux de la critique de l'économie politique (Grundrisse), Siglo XXI Editores, 12e édition, 1989, vol. 2, p. 227 et suivantes [Contradiction entre la base de la production bourgeoise (mesure de la valeur) et son propre développement. Machines, etc.].Français : Manuscrits de 1857 - 1858 dits "Grundrisse". 2011).

Voir: LA RETRAITE ET LE TEMPS LIBRE SELON MARX – 25 Janvier 2023. https://blogs.mediapart.fr/aleteitelbaum/blog/250123/la-retraite-et-le-temps-libre-selon-marx-1857-58

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