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Billet de blog 22 juin 2025

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LE MEURTRE DE LA SURVEILLANTE MÉLANIE , MIROIR DU DÉLITEMENT SOCIÉTAL FRANÇAIS

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LE MEURTRE DE LA SURVEILLANTE MÉLANIE GRAPINET, MIROIR DU DÉLITEMENT SOCIÉTAL FRANÇAIS ENGENDRÉ PAR LES CLASSES DOMINANTES

Alejandro Teitelbaum

« La société a les criminels qu’elle mérite. » Antonio Beristain Ipiña. Les jeunes délinquants au troisième millénaire.

La réponse du gouvernement au meurtre d’une surveillante commis par un adolescent de quatorze années,  dépasse les limites du crétinisme officiel : installation de portiques, renforcement du système de répression contre les adolescents et interdiction de la vente de couteaux.

Heureusement, il y a des personnes et organisations en France et dans le monde qui examinent sérieusement le grave problème de la délinquance juvénile et proposent des mesures appropriées.

Par exemple les syndicats françaises, ils ont souligné, entre autres, dans une déclaration commune :

…Nous tenons à rappeler que les personnels des vies scolaires, en particulier les AED, jouent un rôle essentiel dans le quotidien des établissements scolaires. Ils ont d’abord un rôle éducatif et ne doivent en aucun cas se transformer en « vigiles d'établissements ». La question du climat scolaire et de la sécurité des écoles, des collèges, des lycées, des personnels et des élèves nécessite notamment, et en premier lieu, davantage de personnels formés et qualifiés. Le manque de moyens organisé par les gouvernements successifs en terme de personnels a dégradé les conditions d’encadrement et de prise en charge des élèves. Ce manque s’avère encore plus criant dans un contexte où la santé mentale des élèves se dégrade. A l’heure où les arbitrages budgétaires pour 2026 doivent être rendus, nous réaffirmons l’urgence et l’impératif d’avoir des équipes pluriprofessionnelles complètes dans chaque établissement afin de faire un travail éducatif et de prévention efficace…[1]

Ce type de criminalité connaît une croissance notable dans le monde entier, à des rythmes différents selon les pays[2].

Les causes de la délinquance juvénile sont multiples et complexes (économiques, sociales, politiques et culturelles), et il est clair qu’elles ne sont pas combattues par l’abaissement de l’âge de la responsabilité pénale et introduire d’autres reformes au régime spécial pour les mineurs délinquants[3].

De plus, nous souffrons depuis des années d’une société où les crimes de toutes sortes commis par les élites politiques et économiques sont hautement rentables et jouissent d’une impunité totale – ou presque totale. Dans les couches dépossédées de la population, la criminalité et l’impunité des élites économiques produisent ce qu’on appelle « l’effet de démonstration ou d’imitation » qui consiste pour les classes populaires à tenter d’imiter le comportement des élites afin de s’identifier à elles [4].

Effet d’imitation qui se traduit parfois par la phrase justifiant un comportement criminel : « tout le monde vole, moi aussi ».

La société de consommation a complètement bouleversé l’échelle des valeurs. La possession d’un téléphone portable ou d’une paire de baskets de marque peut facilement être la motivation d’un vol et peut-être même d’un meurtre.

Un facteur aggravant est le trafic de drogue et la mafia de la drogue, qui a depuis longtemps pénétré tous les niveaux de la société, de l’élite dirigeante au dealer local.

Dans ce contexte social, la hausse de la délinquance juvénile n’est pas surprenante, souvent aggravée par un environnement familial défavorable (parents manquant d’éducation, ou incapables ou peu désireux de s’occuper de leurs enfants, ou délinquants eux-mêmes).

Les statistiques montrent que la délinquance juvénile est largement répandue parmi les classes les plus pauvres, mais existe également dans les classes moyennes et supérieures. Par exemple, il est assez courant que des jeunes en état d’ébriété et/ou sous l’effet de drogues conduisent à grande vitesse leur propre voiture ou celle de leur père, ignorent les panneaux de signalisation ou roulent sur les trottoirs, heurtant et tuant des piétons ou des occupants d’autres véhicules. Ou bien ils commettent des viols individuellement ou en groupe, entraînant parfois la mort de la victime.

Dès la naissance, les êtres humains, porteurs de l’empreinte génétique de leurs ancêtres, commencent à recevoir, directement ou indirectement – ​​à la fois dans leur cerveau et dans tout leur organisme – l’influence de leur environnement familial, de leur communauté immédiate et de la société en général.

Tout cela, les caractéristiques héréditaires et acquises et les propres perceptions, forment la personnalité de l'être humain.

Il est évident que la famille et l’école occupent – ​​ou devraient occuper – une place centrale dans ce processus de formation de la personnalité.

Ainsi, on peut affirmer que les aptitudes et les comportements de chaque être humain qui sont la manifestation de sa personnalité (capacité ou manque de concentration, aptitude particulière pour les activités manuelles ou pour l'apprentissage d'une science ou d'un art particulier, hyperactivité, apathie, tendances violentes, inhibitions morales ou sociales fortes ou faibles, etc.) sont déterminés par des causes génétiques et biologiques et par les différents stimuli matériels et culturels qu'il reçoit de son environnement. Et que leur personnalité peut changer si les stimuli externes qu’ils reçoivent changent. C'est ce que les neurobiologistes appellent la « plasticité cérébrale ».

Ce serait la règle générale, qui n'inclut pas les cas particuliers provenant de psychopathologies héréditaires ou causés par des lésions cérébrales irréversibles provoquées par des accidents ou par la consommation prolongée de certaines drogues, comme c'est le cas de la cocaïne, qui, selon certains spécialistes, endommage précisément le lobe préfrontal du cerveau, qui joue un rôle clé dans la prise de décision[5].

Chez les adolescents, la puberté et ses manifestations physiologiques impliquent des changements notables de comportement qui font l'objet d'études par de nombreux auteurs. Parmi eux, on peut citer Aníbal Ponce[6]. Pour Ponce, le passage de l’enfance à l’adolescence signifie un changement fondamental dans les relations sociales. Le monde de l’enfant est la maison, l’école et le quartier. Et leur comportement est généralement rationnel. L'adolescent découvre une société qui lui est incompréhensible et hostile. Et sa réaction est émotionnelle, empreinte d’angoisse et de rébellion.

Nous allons donner un exemple. Un jeune qui ne possède pas de téléphone portable a un fort désir d’en avoir un, mais n’a pas l’argent pour en acheter un, et ses parents ne peuvent pas ou ne veulent pas le lui acheter. Il pense alors à en voler un et doit décider s'il le fait ou non. À ce moment-là, tous les éléments de votre personnalité « stockés » dans différentes parties de votre cerveau entrent en jeu. Le lobe préfrontal « interroge » ces différentes parties du cerveau et la décision que prend l’adolescent dépend des réponses prédominantes qu’il reçoit. « Il ne faut pas voler » peut être une réponse forte ou faible. La peur d’être pris peut également avoir une réponse faible ou forte. Et la violence implicite dans le vol peut également avoir une réponse faible ou forte.

Les réponses fortes prédominantes détermineront la décision du jeune. Si votre décision est de voler, une fois que vous vous mettez au travail, vous risquez de rencontrer une résistance de la part de la victime, ce qui vous oblige à prendre de nouvelles décisions : utiliser la violence ou même tuer. Et à ce moment-là, il agira en fonction des réponses fortes que sa personnalité lui dicte.

Mais d'autres facteurs circonstanciels peuvent intervenir dans la décision prise : consommation habituelle ou antérieure de drogues ou d'alcool qui altèrent la fonction régulatrice du lobe préfrontal et annulent les messages inhibiteurs tels que la peur d'une éventuelle punition, le rejet de l'idée de vol, de violence ou d'homicide[7].

Outre la famille, les écoles publiques peuvent jouer un rôle fondamental dans le développement d’enfants et d’adolescents intelligents, observateurs, imaginatifs, autodisciplinés, travailleurs, studieux et dotés d’un esprit critique.

À condition que l’école dispose d’éducateurs compétents, avec des psychiatres, des médecins et des travailleurs sociaux disponibles.

Mais les écoles publiques ne sont pas censées générer des profits, comme les entreprises privées. Il s’agit, selon la logique capitaliste, d’un investissement improductif. L’État tente donc de limiter cet investissement au minimum, avec les résultats que l’on connaît. Par exemple le salaire d’un surveillant : débutant  1200, 1 à 3 ans, 1300 ; plus de 3 ans, 1400-1500. 

Jean-Paul Brighelli[8] revient au chevet de l'École et la trouve plus mal en point que jamais. L'École de la transmission des savoirs et de la formation des citoyens est à l'agonie. Elle accomplit aujourd'hui ce pour quoi on l'a programmée voici un demi-siècle : adaptée aux nécessités du marché, elle fabrique à la chaîne une masse de consommateurs semi-illettrés et satisfaits d'eux-mêmes. Soucieuse d'élaborer enfin l'égalité promise par la République en nivelant par le bas, elle a réussi à détruire ce que la France avait mis deux cents ans à élaborer.(https://www.youtube.com/watch?v=ybJ43OZwvZE ).

 Il s'agit non seulement d'un manque de ressources humaines et matérielles, mais aussi d'un déficit qui se creuse des années dans les méthodes d'enseignement et de recherche, en raison des tendances obscurantistes qui dominent dans les sciences sociales et même dans certaines des sciences dites "dures"[9].

La formation pédagogique est minimale ou considérée comme superflue [10]. Plusieurs nouveaux enseignants contractuels se retrouvent en poste, en charge d’une classe, devant des élèves, sans avoir été formés au métier d’enseignant. Ce système s’appelle « job dating ». En anglais, bien sûr[11].

Le non-remplacement des enseignants a beau être un enjeu «prioritaire» pour le gouvernement, le Ministère de l’éducation nationale se refuse habituellement à divulguer toutes les données dont il dispose pour quantifier la problématique.

La mission de contrôle sur le remplacement menée par le sénateur de Les Républicains, Olivier Paccaud, livre une radiographie d’une rare précision sur un sujet au cœur des préoccupations des familles et de l’ensemble de la communauté éducative.

Le rapporteur spécial dévoile ainsi l’ampleur de l’aggravation des défaillances en matière de remplacement des enseignants depuis 2018. De prime abord, les taux peuvent sembler élevés : durant l’année scolaire 2023-2024, 78 % des demi-journées d’absences sont remplacées dans le premier degré, ainsi que 94,8 % des absences longues (de plus de quinze jours) dans le second. Cependant ces taux, par ailleurs disparates selon les territoires, masquent une nette dégradation.

Dans les écoles primaires, le nombre d’absences d’enseignants qui n’ont pas été remplacées par l’administration a augmenté de 49 % entre 2018 et 2024. Sur la même période, dans les collèges et lycées, les journées d’absence de longue durée non remplacées ont doublé et s’élèvent à près de 950 000 par an. Ce constat corrobore les nombreux témoignages de familles, d’enseignants et de chefs d’établissement, qui alertent depuis plusieurs années sur des difficultés croissantes quant aux remplacements de plus de quinze jours. Il n’a jamais été communiqué tel quel par l’éducation nationale, qui axe depuis 2022 son action sur les remplacements de courte durée dans les collèges et lycées.

Olivier Paccaud déplore également la faible couverture de ces absences courtes, qui doivent être gérées en interne par les établissements : elles ne sont remplacées qu’à hauteur de 10,6 %. Les données, disponibles seulement depuis la rentrée 2023, ne permettent pas d’établir une évolution dans le temps. Leur fiabilité a de surcroît récemment été remise en cause par les personnels de direction.

Le rapporteur spécial estime ainsi qu’une classe perd en moyenne 4,3 % du temps scolaire en raison des absences non remplacées et même jusqu’à 7,4 % en collège et lycée. Plusieurs phénomènes se conjuguent pour expliquer les difficultés de remplacement. D’une part, à l’image d’une tendance observée dans l’ensemble du monde du travail, le nombre d’absences des professeurs a augmenté depuis 2018, principalement pour des raisons de santé (+ 17,4 % dans le premier degré et + 15,6 % dans le second). Les enseignants restent toutefois moins absents que leurs homologues de la fonction publique et que les salariés du privé, souligne le rapport.

Il semble que le haut-commissaire à la Stratégie et au Plan, Clément Beaune, a jeté un pavé dans la mare le 18 juin 2025. Deux notes remises à la ministre de l’Éducation ce mercredi tirent la sonnette d’alarme. Elles rappellent aussi la crise de l’attractivité du métier d’enseignant.« Niveau scolaire : faut-il s’inquiéter ? » C’est une note de 16 pages ainsi intitulée que le haut-commissaire à la Stratégie et au Plan, Clément Beaune, a remis à la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne. Synthèse des études déjà parfaitement documentées sur la question, qui concluent inexorablement à une chute du niveau, ce rapport que dévoile Le Figaro s’interroge sur la spécificité française, à commencer par les piètres performances en mathématiques...

-Le démantèlement de l'enseignement, délibérément programmé par les classes dominantes et leurs valets politiques, compromet profondément l'éducation des jeunes générations et en fait des instruments soumis et vulnérables aux politiques du grand capital.

On parle tout le temps de "l'école de la République". On peut se demander si elle existe vraiment. Parce qu'une école de la république doit disposer d'enseignants bien rémunérés, motivés, ayant une bonne formation pédagogique et de solides connaissances dans leurs matières respectives, capables d'intéresser les élèves à l'apprentissage de l'histoire, de la logique, des mathématiques, des sciences sociales et naturelles. Afin qu'ils acquièrent une bonne éducation et un esprit critique, notamment face aux croyances et fanatismes raciaux et religieux, et qu'ils apprennent, entre autres, que tous les êtres humains sont égaux, sans distinction de sexe, de couleur, de race ou de religion. Et puissent contribuer à renverser le déclin de la Nation.

Comme le souligne Alain Accardo[12]cette hégémonie idéologique-culturelle est également maintenue et consolidée de manière plus subtile et moins visible à travers toutes les activités humaines, sociales, culturelles, idéologiques et même scientifiques, en formatant la conscience de la grande majorité des gens. 

Tout cela a contribué à faire perdre du terrain à la pensée logique et rationnelle. La conséquence a été la progression de l'irrationalisme, l'abandon de la réflexion et la perte de l'esprit critique.

A quoi contribuent efficacement la surconsommation de téléphones portables et autres appareils électroniques et la twitterisation du langage.

Le neurologue Michel Desmurget fournit des statistiques sur les effets extrêmement néfastes de la télévision, de  la surconsommation et l'usage du langage twitter sur les enfants et adolescents français[13]. Le temps d'écran récréatif retarde la maturation anatomique et fonctionnelle du cerveau. Plusieurs études ont montré que lorsque l'utilisation de la télévision ou des jeux vidéo augmente, le QI et le développement cognitif diminuent. Les principaux fondements de notre intelligence sont affectés : le langage, la concentration, la mémoire, la capacité pour comprendre un texte écrit, la culture (définie comme un ensemble de connaissances qui nous aident à organiser et à comprendre le monde), l’utilisation excessive de Twitter comme moyen de communication (où les mots sont contractés et les règles d’orthographe et de grammaire sont ignorées) conduit à l’appauvrissement du langage et, par conséquent, à l’appauvrissement de la pensée[14].
Jean Piaget, con un enfoque diferente al de Vigotsky, resaltó también la íntima relación entre el pensamiento y el lenguaje[15].

 Evgueni Morozov, professeur à l’Université de Stanford,   dans un entretien  publié dans El Pais Semanal (Espagne) le 21/12/2015,  disait :

La Silicon Valley a fait une sorte d'alliance dans les années 70 avec les intellectuels. Il y aura toujours des gens, que j'appellerai des idiots utiles, qui tenteront de capter l'esprit du temps. Il y aura des livres, des conférences et des exposés pour que ces intellectuels puissent servir de porte-parole à la cause. La Silicon Valley favorise les mini-récits. Il nous parle du web 2.0 et, quand il s'épuise, il parle de l'internet des objets, de l'économie collaborative... Ils identifient de petits fragments, occupent le débat pendant deux ans et sortent ensuite une nouvelle histoire. Il n'y a pas beaucoup de contenu dans ces récits. J'ai travaillé assez longtemps sur ce sujet pour dire que c'est un non-sens. Après l'économie collaborative viendra l'économie du partage, l'économie des soins. Ce que ces entreprises nous disent est faux. Lorsque je me promène en disant que pour comprendre la Silicon Valley, il faut se pencher sur Wall Street, le Pentagone, la finance, la géopolitique ou l'impérialisme, ils sont mal à l'aise parce qu'ils préfèrent parler de fonds de capital-risque, d'entrepreneurs, du garage de Steve Jobs, du LSD... Ces appareils dits intelligents que nous utilisons, peuvent-ils nous rendre plus stupides ? Le mot "intelligent" devrait être remis en question. J'aime appliquer une perspective historique. La plupart des appareils intelligents qui nous entourent reflètent les intérêts et les engagements des personnes qui les fabriquent ou les configurent. Si les gens consultent sans cesse Facebook ou Twitter sur leur téléphone, c'est parce que les systèmes sont conçus pour créer ces dépendances. Le modèle économique de ce type de services est le suivant. Plus je reçois de clics, plus j'ai de la valeur ; c'est presque comme le conditionnement de Pavlov. Plus ils obtiennent de clics de ma part, plus ils gagnent de l'argent. Ils conçoivent donc les services pour maximiser ces clics. J'ai une perspective cynique, banale et rationnelle selon laquelle l'argent dirige le monde. Que ce système nous distrait et nous empêche de nous concentrer ? Bien sûr. Est-ce un problème avec les appareils intelligents ? Non. C'est une question de modèle économique. Je refuse de croire qu'il n'existe pas d'autre moyen de générer une communication entre les gens sans générer de distraction. Ce serait l'ultime défaite de l'imagination.

Pour mieux comprendre les véritables mécanismes qu'implique le développement du numérique, Evgeny Morozov propose dans son livre  Pour tout résoudre cliquez ici - l'aberration du solutionnisme technologique. Septembre 2014: « d'abandonner la notion d'Internet et de se pencher sur les technologies individuelles qui le composent ». Sans nier les bouleversements entraînés par la transformation numérique, Morozov critique le « webcentrisme » et le déterminisme technologique. Il oppose le déclin de l'État-providence et l'essor des multinationales du numérique, et met en avant les confrontations à venir dans des domaines comme la santé ou l'éducation : « La santé, l’éducation, les transports, la connectivité sont les prochaines étapes : les progrès dans la collecte et l’analyse des données vont consolider le poids du secteur privé, et UberGoogleAirbnb ou Facebook proposer des services à des citoyens qui ne peuvent plus compter sur l’État-providence. Ce ne sera plus le vieux modèle de solidarité et de socialisation du risque, mais l’avènement d’un modèle néolibéral très individualisé. Au moins, en ce qui concerne la santé, ils nous fourniront des gadgets subventionnés pour suivre l’évolution de notre propre misère… »[16].

Contre les propositions visant à renforcer le système répressif des adolescents, la Dr Ximena Morales analyse les différentes idées des spécialistes sur le sujet et conclut son étude par cette réflexion :

Après une analyse détaillée de tout ce qui précède, j'ose conclure que l'abaissement de l'âge de la responsabilité pénale des mineurs n'est pas la solution appropriée pour empêcher l'augmentation, ou du moins pour freiner, leur criminalisation. Cet objectif politique, qui est de réduire la criminalité chez les adolescents, doit être atteint par des mesures non politico-criminelles, mais plutôt par la promotion de stratégies multidisciplinaires englobant l'éducation, la santé, la formation professionnelle, les loisirs et les activités sportives, entre autres.Une réforme législative n’est peut-être pas nécessaire ; le respect total des réglementations locales et internationales complexes est suffisant.Modifier le régime pénal des mineurs en abaissant l’âge de la responsabilité pénale n’est pas une solution aux problèmes posés ; cela implique même un écart par rapport aux directives internationales.Les jeunes sont une responsabilité de l’État et de la société dans son ensemble. Les écarts dans votre comportement sont des problèmes qui nécessitent une approche interdisciplinaire et un engagement absolu. En fin de compte, nous devons nous demander quel type de société nous voulons et, par conséquent, comment nous attendons de cette société qu’elle traite nos enfants[17].

 NOTES

[1] Voir le communiqué intersyndical FSU, UNSA Éducation, CFDT Éducation Formation Recherches Publiques, CGT Educ’action, SNALC et SUD Éducation.

https://www.sudeducation.org/communiques/communique-intersyndical-emotion-sideration-et-douleur-assassinat-de-melanie-grapinet-assistante-deducation/

[2] Les jeunes qui ont franchi la barrière criminelle et qui volent, trafiquent et même tuent vivent dans un monde virtuel où tout est permis. Sous l’influence de leur environnement, notamment l’incitation au consumérisme, l’addiction à la télévision et aux jeux électroniques ultra-violents, ils manquent de barrières morales et sociales.  Pour eux, il faut des établissements (par exemple, des colonies agricoles ou industrielles) où, guidés par des éducateurs et des travailleurs spécialisés, ils étudient et travaillent, soumis à une discipline stricte, afin que, comptant sur leur « plasticité cérébrale », ils apprennent à prendre des initiatives, à travailler et à étudier en équipe et aussi à pratiquer du sport et ainsi développer le sens des responsabilités, l'autodiscipline, la solidarité et la coopération.

 [3] Réformes déjà en vigueur et projets qui impliquent un écart par rapport aux directives internationales: la Convention internationale relative aux droits de l’enfant ; l’Ensemble de règles minima des Nations Unies concernant l’administration de la justice pour mineurs ou Règles de Beijing ; les Règles des Nations Unies pour la protection des mineurs privés de liberté ou Règles de La Havane ; les Principes directeurs des Nations Unies pour la prévention de la délinquance juvénile ou Principes directeurs de Riyad ; les Règles minima des Nations Unies pour l’élaboration de mesures non privatives de liberté ou Règles de Tokyo.

[4]Duesenberry, J.S. (1949). Income, Saving and the Theory of Consumer Behavior. Cambridge, MA: Harvard University Press.

 [5] Voir : La consommation de cocaïne et ses répercussions neuropsychologiques. Agustín Madoz-Gúrpide. Psychiatre. Centre de santé mentale de San Blas. Madrid.

 [6] Anibal Ponce,   Ambición y angustia de los adolescentes ;  Diario íntimo de una adolescente ; Educación y lucha de clases. (Ambition et angoisse des adolescents ; Journal d'une adolescente ; Éducation et lutte des classes). À consulter : André, Légeron et Pelissolo, La nouvelle peur des autres. Trac, timidité et phobie sociale. Odile Jacob, novembre 2024.

 [7] Pour approfondir la compréhension des mécanismes cérébraux décrits dans les exemples précédents, il est recommandé de lire quelques spécialistes. Parmi eux, les neurobiologistes Jean Pierre Changeux (L'Homme de vérité, notamment les chapitres I, III, IV et VI) et Antonio Damasio (L'Erreur de Descartes, chapitres II et III). Une bonne et brève notice du livre de Changeux peut être trouvée sur http://www.redalyc.org/articulo.oa?id=47802817. Et du livre d'Antonio Damasio sur https://escuelaconcerebro.wordpress.com/2011/11/28/el-error-de-descartes/

 [8] Brighelli, Jean-Paul, La fabrique du crétin. Éditeur  L'Archipel. Mars 2022.

 [9] Voir Alejandro Teitelbaum, Maison Terre, états de lieux. Chapitre 13 : France, Bilan idéologique et culturel. Edit : Dunken. 2024.

 [10] Pour accéder au métier de surveillant scolaire, aucune formation spécifique n’est requise. Et les nouveaux surveillants ne reçoivent aucune formation. Malgré des tâches pour lesquelles la formation est essentielle, comme encadrer les élèves et gérer les conflits entre eux. Et les stages d’actualisation pour les enseignants sont pratiquement inexistants.

 [11] Rentrée scolaire : pour Sophie Vénétitay (SNES-FSU), les contractuels sont jetés "dans le grand bain avec une bouée percée".La secrétaire générale du SNES-FSU estime qu'il est "illusoire" de penser que la formation de "quelques jours" destinés aux contractuels recrutés pour pallier aux postes de professeurs non pourvus suffira pour faire face à une classe… https://www.francetvinfo.fr/france/rentree/rentree-scolaire-pour-sophie-venetitay-snes-fsu-les-contractuels-sont-jetes-dans-le-grand-bain-avec-une-bouee-percee_5320345.html

 [12] Alain Accardo, Notre servitude involontaire, Edit. Agone, France, 2001, pag. 50 y ss.)

[13] DesmurgetTV Lobotomie, la vérité scientifique sur les effets de la télévisionEdit J'Ai Lu, Paris, réédition septembre 2013 et Michel Desmurget, La fabrique du crétin digital. 2019.

[14] Voir Vygotsky, Pensée et langage, page 72 de l'édition électronique http://www.ateneodelainfancia.org.ar/uploads/Vygotsky_Obras_escogidas_Tomo_2.pdf.

 [15] Piaget, J. et Inhelder, B. (1968). Psychologie de l'enfant; Piaget, J. (1968/1976). Langage et pensée chez l'enfant. Etude sur la logique de l'enfant (I), etc.

 [16] Voir : Morozov, Le mirage numérique. Pour une politique du big data. Edit. Les Praires ordinaires. 2015.

 [17] Ximena Morales, L'imputabilité des mineurs - http://iaepenal.com/revista/index.php?option=com_content&view=article&id=1556:imputabilidad-de-menores&catid=296:numero-2&Itemid=544).

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POSTFACE

Le Gouvernement a décerné la Légion d'honneur à titre posthume à Mélanie. Cette décoration a été dévaluée par les personnes peu honorables qui l'ont reçue.  Dans le meurtre de Mélanie il y eu une gestion maladroite,  désorganisée et incohérent de la sécurité du personnel de l'école. Dont, le responsable est l’État.

 La famille de Mélanie doit être indemnisée au moins à hauteur de l'équivalent d'un dîner d'État à Versailles, soit 500 000 euros.

Mélanie a été tuée par l’adolescent alors qu'elle vérifiait l'identité des élèves à l’extérieur de l'école, où des gendarmes contrôlaient les cartables.

UN. Les gendarmes pourraient également être chargés de procéder aux contrôles d'identité.

DEUX. Les gendarmes avaient  pour mission d'assurer la sécurité du personnel de l'école à l'intérieur de celle-ci.

TROIS. Mélanie aurait dû se trouver à l'intérieur de l'école pour sa sécurité. Et non pas à l'extérieur.

Dont, l’État est responsable.

L’article 1241 du Code civil établit le principe fondamental de la responsabilité civile en France. Il stipule que toute personne est responsable des dommages qu’elle cause, que ce soit par son action directe, par sa négligence ou par son imprudence. Cela signifie que la responsabilité peut être engagée non seulement pour des actes intentionnels, mais également pour des comportements qui, bien que non intentionnels, ont conduit à un préjudice. Ce texte souligne l’importance de la diligence et de la prudence dans les actions de chacun, et il impose une obligation de réparation à ceux qui causent un dommage, qu’il soit matériel ou moral.

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