LE TRIBUNAL PERMANENT DES PEUPLES.
Alejandro Teitelbaum
Bien qu'il ne s'agissait pas d'un organisme étatique ou interétatique et que ses décisions n'avaient donc pas force exécutoire, il disposait de la force morale et politique d'un tribunal d'opinion .
Le Tribunal permanent des peuples trouva son origine dans le tribunal réuni à l'initiative de Bertrand Russell en 1966 pour examiner les crimes de guerre commis par les forces armées des États-Unis au Vietnam (Tribunal Russell I) et celui qui a été constitué à Bruxelles à la fin de 1973 et a tenu plusieurs réunions entre 1974 et 1976, pour examiner les violations des droits de l'homme commises dans différents pays d'Amérique latine (Tribunal Russell II).
Le Tribunal permanent des peuples a été constitué à Bologne, en Italie, en juin 1979.
Il fonde ses jugements sur les principaux instruments internationaux, tels que la Déclaration universelle et les Pactes relatifs aux droits de l'homme, et en particulier sur la Déclaration universelle des droits des peuples ou Charte d'Alger, proclamée à Alger le 4 juillet 1976, lors d'une réunion internationale à laquelle ont participé des personnalités éminentes de différentes parties du monde. La Charte d'Alger comprend un préambule et trente articles regroupés en sept sections intitulées : droit à l'existence, droit à l'autodétermination politique, droits économiques des peuples, droit à la culture, droit à l'environnement et aux ressources humaines, droits des minorités, garanties et sanctions.
Depuis 1979, le Tribunal permanent des peuples a tenu de nombreuses sessions au cours desquelles ont été examinées les situations au Sahara occidental (novembre 1979), en Argentine (mai 1980), en Érythrée (octobre 1980), aux Philippines et au peuple Bangsa-Moro (novembre 1980), au Salvador (février 1981), l'Afghanistan (mai 1981 et décembre 1982), le Timor oriental (juin 1981), le Zaïre (septembre 1982), le Guatemala (janvier 1983), le génocide des Arméniens (avril 1984), l'intervention des États-Unis au Nicaragua (octobre 1984), la politique du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale (septembre 1988), Porto Rico (janvier 1989), l'Amazonie brésilienne (octobre 1990), l'impunité des crimes contre l'humanité en Amérique latine (avril 1991) et le Tibet (1992).
Les travaux de toutes les sessions, à l'exception du Tibet, sont compilés dans « Tribunale Permanente dei Popoli, le sentenze : 1979-1991, Fondazione Internazionale Lelio Basso per il Diritto e la Liberazione dei Popoli. Cura e introduzione di Gianni Tognoni, Nova Cultura Editrice e Bertani Editore, Vérone, 1992, 618 pages.
Si tous les jugements du Tribunal permanent des peuples constituent une contribution inestimable à la lutte contre l'impunité, en particulier les sessions sur la Colombie, l'Uruguay, l'Argentine, le Paraguay, le Brésil, le Pérou, le Guatemala et le Honduras, l'Équateur, le Panama, la Bolivie et le Chili, le rapport général sur l'impunité, la session délibérative et le jugement, activités qui se sont déroulées entre 1989 et 1991 sur le thème général de l'impunité des crimes contre l'humanité en Amérique latine, constituent un matériel de référence indispensable pour les militants des droits de l'homme et pour les chercheurs qui étudient la question de l'impunité. (Tribunal permanent des peuples, Procès de l'impunité des crimes contre l'humanité en Amérique latine, 1989-1991, publié par la Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples, section colombienne, Bogota, Colombie, juin 1991, 543 pages).--------------------------------------