Une personne publique doit être moralement irréprochable.
Il ne suffit pas d'invoquer la présomption d'innocence pour rester dans la fonction publique.
L'affaire Abad éclabousse l'ensemble du Gouvernement, qui semble ignorer que les normes juridiques sont une chose et les normes morales une autre, socialement plus larges.
Abad a depuis longtemps dans les milieux politiques une réputation, et donc suspecte, de prédateur sexuel dont la Première Ministre Mme Borne prétend ne pas être au courant.
Il ne suffit pas être honnête, il faut aussi paraître honnête. Selon Plutarque dans ses "Vies parallèles", un patricien romain nommé Publius Clodius Pulchus, propriétaire d'une grande fortune et doué du don de l'éloquence, était amoureux de Pompeia, la femme de Jules César. Son engouement était tel qu'à une occasion, pendant la fête de la Bonne Déesse - une célébration à laquelle seules les femmes étaient autorisées à assister - le patricien entra dans la maison de César déguisé en joueur de lyre, mais fut découvert, arrêté, jugé et condamné sous la double accusation de tromperie et de sacrilège. En conséquence de ce fait, César réprimande Pompeia, bien qu'il soit sûr qu'elle n'a pas commis d'acte inconvenant et qu'elle ne lui a pas été infidèle, mais il déclare qu'il n'aime pas que sa femme soit soupçonnée d'infidélité.
L'expression a fini par s'appliquer à tous les cas où une personne est soupçonnée d'un acte répréhensible, même s'il n'y a aucun doute quant à son innocence.