J'avais 8 ans et j'étais assis sur une marche froide au seuil de la maison de mes parents. Le jardin s'étendait devant moi et je regardais la neige partout. Plus loin, derrière le jardin, un champ dans lequel nous allions parfois jouer, faire des courses de luge, et à la fin de l'été, cueillir les mûres du massif de ronces. Devant moi, plus loin encore, le petit verger de la ferme voisine et de son fermier, que je ne connaissais pas trop, qui me faisait un peu peur lorsqu'il venait nous gronder de nous égayer trop librement sur ses terres. Je regardais le jardin, le champ, la ferme et le verger, la neige partout et moi assis sur cette marche froide. La grande maison grise dans mon dos, je voyais les branches sans feuille des arbres fruitiers du jardin toutes gainées de glace, jusqu'à leur plus fines ramifications, jusqu'à leur terminaisons en petits nœuds qui promettaient feuillages et fruits. L'épaisse couche de glace recouvrait entièrement les branches des arbres, avec leurs troncs qui se dressaient, sombres, au milieu de la neige. J'étais assis sur la marche froide au seuil de la maison de mes parents. J'avais 8 ans et rien ne bougeait dans la neige. De temps en temps j'entendais un craquement long suivi d'une chute assourdie. C'étaient les arbres du verger qui s'effondraient devant moi dans la neige, sous l'effet du poids de la glace.
Billet de blog 26 septembre 2013
Hiver d'enfance
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