Rénovation urbaine, Grand Paris, réforme administrative, décentralisation, un mot triomphe: territoire.
Est-ce de la nostalgie ? J'aimais le mot commune et pas seulement à cause des Fédérés mais aussi à cause de monsieur Madeleine à Montreuil-sur-mer, à cause des Montaigne à Bordeaux, de la famille Raspail à Arcueil, de Saint Vincent de Paul à Clichy-la-Garenne. À cause de tous ces personnages de l'histoire ou de la littérature qui habitaient non pas un territoire mais un village, une ville ou un hameau. La commune est un passage entre le passé et le présent. Elle est une garantie de généalogie tandis que le territoire nous coupe de celle-ci. Le territoire est sans mémoire et sans chemin. Sans passage et sans trace.
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Territoire, beurkkkk! Ça sent l'animalité sans animal, la marque pour la marque, depuis l'urine jusqu'à la publicité (Michel Serres « le mal propre ») en passant par l’inévitable bruit de mobylette sans chicane. Bruit pour bruit, saleté pour saleté.
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Territoire, c’est le néant, la tyrannie de ne venir de nul part, le délire de croire devoir tout bâtir ou tout laisser, tout construire ou tout brûler.
Territoire, c’est l’anthropocentrisme triomphant, fier comme un dindon sans bassecour. Il n’y a plus rien que les projets qu’un « Nous » ignorant du «Moi», fait. Projet de territoire, territoire de projets, rien que de l’avenir, rien que du vide, du devant.
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Territoire, c’est la manie du changement pour le changement, la perte de sens. C'est la pathologie et le comportement qui donnent des coups de boule à la pensée.
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Territoire, c’est la connexion qui écrase le sentiment. Le réseau qui marche sur la tête de l’amitié.
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Même plus la haine, le territoire est violence, défaite des mots.