Nous sommes sans doute assez nombreux, lecteurs ou blogueurs de médiapart de type européen, à avoir avec enthousiasme hurlé dans les manifestations du côté des années soixante dix, quatre vingt: 1ère, 2ème, 3ème génération! Nous sommes TOUS des enfants d'immigrés.
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Je crois que nous nous sommes trompés. Peut-être même que nous étions si mal à l'aise avec notre identité nationale que nous avons usurpé l'identité des autres, celle des vrais immigrés et de leurs enfants. Ceux qui arrivent et qui suivent le parcours du combattant entre le regard xénophobe du français autochtone qui refuse le migrant jusqu'au bonheur exubérant et tout à fait français d'aujourd'hui de la qualification de l'équipe d'Algérie pour la coupe du monde de foot même si quelques vitrines ont été brisées.
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Nous fumes tous usurpateurs d'une identité qui n'était pas la notre parce que nous avions des remords internationalistes qui s'étaient transformés en antiracisme. Tous enfants d'immigré, c'était l'abolition des différences, la fin des histoires singulières. L'autre n'avait plus besoin d'être accueilli puisque nous étions les mêmes. La France ne changeait pas et ne changerait jamais puisque les flux migratoires ne faisaient que suivre les flux migratoires. "Tout changer pour que rien ne change", tous enfants d'immigrés pour que rien ne change, pour ne faire que passer. Mais nous sommes tous restés. Tous mêmes les immigrés sauf ceux qui se faisaient expulser.
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Nous refusions en slogan l'inexorable transformation de l'identité nationale qui s'élargissait aux algériens, aux africains venus vivre et travailler en France... Les immigrés de l'époque étaient les anciens colonisés. Nous étions tous enfants d'immigrés pour ne pas s'avouer être les héritiers des anciens colonisateurs.
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La France est aujourd'hui, sans empire, afro-française, algéro-française, tamoulo-française, vietnamo-française, sino-française (...)française. L'identité française est complexe un peu ethnique et très politique (voir le livre magnifique de Mona Ozouf "Composition française") . Dans la ville où je travaille la population a triplé en trente ans. Dans la ville où je travaille le corps électoral est composé de français de 120 nationalités d'origine. Je crois que ça s'appelle le cosmopolitisme ou que ça en prend heureusement le chemin.