Alexy Fortin (avatar)

Alexy Fortin

de temps à autres

Abonné·e de Mediapart

121 Billets

2 Éditions

Billet de blog 6 avril 2013

Alexy Fortin (avatar)

Alexy Fortin

de temps à autres

Abonné·e de Mediapart

de DSK à Cahuzac: les vices privés sont loin de faire la vertu publique

L’affaire Cahuzac résonne comme une injonction pour la classe politique et particulièrement pour la Gauche au pouvoir.

Alexy Fortin (avatar)

Alexy Fortin

de temps à autres

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’affaire Cahuzac résonne comme une injonction pour la classe politique et particulièrement pour la Gauche au pouvoir.

Inutile de revenir sur les faits qui ont été exposés dans tous les sens et qui réservent encore, sans nul doute, de nouvelles surprises. Le propre d’une crise est que les faits surviennent sans crier gare, qu’ils dépassent notre entendement, nos valeurs, nos convictions. Les faits de crise ébranlent nos manières de voir les choses. Ils nous arrivent « pleine poire » sans qu’on ne puisse les anticiper.  Les faits de crise nous échappent et, pour paraphraser Derrida, on ne comprend pas qu’on ne le comprenne pas.

L’injonction Cahuzac qu’elle est-elle ? Sortir du système pervers actuel qui fait de l’individu « tout puissant » le plus apte à concourir à la lutte pour le pouvoir. De l’affaire DSK à l’affaire Cahuzac, il y a un fil conducteur. Le suivre nous fait découvrir que contrairement aux préceptes libéraux qui veulent que « les vices privés font la vertu publique » et qu’il faut être « égoïste », la vie moderne, c’est à dire la mondialisation, le cosmopolitisme, la crise financière et écologique, appelle des politiques humbles et responsables, déterminés à l’exercice du pouvoir mais capables d’inhibés leurs pulsions individuelles, capables de se gouverner soi-même autant que de s’occuper des choses publiques. Des femmes et des hommes capables d’un certains courage pour la vérité.

Avec cette incroyable séquence ouverte en 2011 par l’arrestation du directeur général du FMI, jusqu’à l’aveu de l’ex ministre du budget, la république nationalisée a montré son vrai visage. L'affaiblisssement du collectif dans la vie publique est tel que le « pervers narcissique » est devenu le modèle de toute ambition. La règle commune s’affaiblissant, l’aventurier sans foi ni loi devient le plus adapté à s’emparer des rennes du pouvoir.

En France, réussir, c’est transgresser.

Ainsi va notre pauvre pays, celui des droits de l’homme et de la république universelle.

Mais il faut être optimiste. DSK (pour qui, je l’avoue, j’aurais voté au second tour s’il avait été jusque là) est tombé. Cahuzac, malgré son incroyable toupet,  n’est pas non plus très loin de la roche tarpéienne. Une limite s’est imposée au fur et à mesure de l’actualité sordide, du parjure, et de la cupidité. Il reste à nos dirigeants à comprendre que cette limite est fragile et que la prime donnée aux « tordus » est une tare indélébilement liée à la crise de l’état-nation devenu impuissant. C’est cette impuissance qui fait la part belle au pourrissement. C’est cette obsolescence qui fait la « joie » des démagogues, des croutards, des populistes et des bureaucrates. Nos arrivistes s’accrochent à ce « vieux cadavre à la renverse » qu’est l’état-nation par soucis de leur carrière, de leur ambition personnelle, de leur grand destin français.

Je suis de celles et de ceux qui pensent que les grands de la République française sont les humbles qui seront capables d’accepter de mêler leurs ambitions à toutes les ambitions européennes.

De l’air, ouvrons en grand les fenêtres. Le combat pour la démocratie européenne sauvera la démocratie française.

Pour l’heure, François Hollande à qui je fais, peut-être à tord, le crédit de l'humilité est dans la "mouise" et il faudra sans doute plus qu’une intervention télévisée pour combattre l’illégitimité dans laquelle l’affaire Cahuzac l’a fait choir.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.