Week end laborieux. J'ai, entre autre, parcouru le livre de Pierre Dardot et de Christian Laval "La nouvelle raison du Monde" dont la présentation par ses auteurs sur mediapart fut largement commentée. Quelque chose me trotte dans la tête qui relève à la fois de la pure méchanceté anti-pabliste (il faut bien être anti quelque chose) et en même temps d'une véritable interrogation. Entre passion et raison...
Un nouveau parti est né. C'est un anti-capitaliste de gauche. Il prend un peu la place du PC surtout pour son anti-socialisme. Il occupe cependant une position fort enviée en politique française: il est le plus puissant parti de protestation puisque le Modem est un parti de gouvernement et que le FN s'enfonce dans les sables mouvants de l'opinion publique. Attention, je ne dis pas que l'extrême gauche revendiquée par la LCR rejoint l'extrême droite. Pas plus que je ne pense que le NPA jouera pour Sarkozy ce que le FN joua comme rôle pour la gauche. Non, le NPA relève d'une vieille tradition qui, depuis la révolution française, a toujours représenté la contestation. En période de basses eaux intellectuelles et programmatiques la gauche se repli et l'extrême gauche se déploie. Rien de très anormal.
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Mais quelque chose d'autre me tracasse à travers ce choix fait par la ligue de la création d'un troisième parti "ouvrier". En marge de la lecture du livre de Dardot et Laval sur la société néolibérale, je me demandais si, au fond, nous-même, les militants de gauche et d'extrême gauche n'étions pas emportés par le paradigme de "l'homme-entreprise". Un nouveau parti, c'est un nouveau sujet qui refuse de se lier, de faire parti d'un collectif plus large, qui entend donc défendre et promouvoir sa singularité, son autofécondation.
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Dardot et Laval écrive page 410: "en un mot la nouveauté consiste à déclencher un “effet de chaîne” en produisant des “sujets entreprenants” qui à leur tour reproduiront, élargiront, renforceront les rapports de compétition entre eux, ce qui leur imposera, selon la logique d'un processus autoréalisateur, de s'adapter subjectivement toujours plus aux conditions toujours plus dures qu'ils auront eux-mêmes produites".
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Et si la gauche toute entière qui n'arrive pas à penser le néolibéralisme était à l'inverse pensée et organisée par lui. Le dernier avatar du parti-entreprise ou du parti-sujet-néolibéral étant le NPA lui-même qui rejoint la cohorte des compétiteurs entrepreneuriaux que sont le PS, Le PC, Le PG, Le PRG, Le MRC, etc... Est-ce qu'au fond toute cette division de la gauche n'est pas simplement le symptôme de notre appartenance militante inconsciente à la société néolibérale du fait de la perte de tout esprit critique au profit de la posture radicale protestataire qui mélange tout dans l'anticapitalisme ou l'antisarkozisme ?
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Les postures restent de gauche mais peut-on échapper à la raison néolibérale sans s'y colleter pratiquement?