À en lire le journal Le Monde,la France ne serait plus fille ainée de l'église. Son influence perdue auprès du Vatican signerait ainsi la rupture avec une tradition jusqu'alors tenace de liens privilégiés entre la terre de la laïcité et l'état sans peuple ou sans division comme aurait dit Staline.
Il reste que la France demeure la mère d'une religion autrement plus sécularisée que la très romaine église catholique. Oublieux de cette fille non reconnue, le 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin pourrait être l'occasion pour notre pays d'un retour de "la refoulée".Cette autre religion, c'est le communisme dont la révolution françaisea été le modèle. Lénine puis Staline sans oublier trotski du temps oùil présidait aux côtés du fondateur du parti bolchevique aux destinées de l'union soviétique, sont les petits enfants de la terreur Robespierriste.
Aumoment où nous parlons identité nationale peut-être est-il de bon ton de rappeler que la révolution française est la matrice de la révolution prolétarienne et que si 89 n'est pas 93, Marx et l'association internationale des travailleurs ne sont pas Lénine et la Troisième internationale.
C'est dans ce dédale de non-dits que 2009 et 2010 émergent comme années cruciales pour la gauche française. Nous sortons à peine du traumatisme de 2002 et encore plus péniblement de celui de l'effondrement du communisme réel. La France peut se plaindre d'avoir une gauche institutionnalisée, à la fois archaïque et capitularde, incapable de se présenter aux français avec une matrice de pensée renouvelée et un bilan critique de ses années "union de la gauche" et "gauche plurielle". Nous sommes l'un des rares pays au monde avec la Chine et quelques autres dictatures à fonder notre référentiel socialiste à partir du marxisme léninisme décomposé. Le PC, sorte de "sur-moi collectif" du mouvement ouvrier était jusqu'à ce jour encore la seuleforce fondée, grâce à l'union sacrée entre Staline, de Gaulle et Churchill, à dire qui était de droite ou de gauche. Le parti socialiste en pure réaction au congrès de tour de 1920, représentait la gauche justement dite non communiste, c'est-à-dire incapable de se mouvoir autrement que dans son rapport à l'appareil stalinien et absent des rapports de forces internationaux sauf quand il s'agissait, comme le fit Mitterrand lors du putsch contre Gorbatchev, de garantir l'ordre ancien. Tout ça est cul par dessus tête.
.
Depuis l'effondrement du mur de Berlin, les jours de ces deux gauches sont comptés.
.
Le congrès de Reims, congrès sans synthèse, signa la fin de l'appareil socialiste comme corps régulé et coordonné de la vie politique française. Ségolène Royal d'un côté, Aubry de l'autre et DSK d'un troisième symbolisent à eux trois l'explosion d'un parti de notables dont l'avenir politique pourrait bien se calquer sur celui du parti radical, version post-cinquième république.
.
La préparation des élections régionales est l'occasion d'une nouvelle vague de désaffections pour le PC. Le ralliement de personnalités comme Stéphane Gatignon en île de France à Europe écologie sans abdiquer son engagement communiste est symptomatique d'un mouvement de fond qui voit se déplacer le centre de gravité du combat pour l'intérêt général dont le PCF se considérait comme le dépositaire exclusif, vers l'écologie politique et sociale. Ce mouvement qui est amorcé de longue date trouve aujourd'hui un réceptacle crédible et, de fait, contradictoire à l'hégémonie sociale-libérale exercée par le parti socialiste. La rupture en cours avec le productivisme coupe le cordon ombilical entre les militants "libres" du PCF et sans doute ceux du PS pour aller être utiles à la société dans la mouvement écologiste actuel qui contribue à redéfinir les contours et le projet de la gauche. Militer reprend du sens.
Des pents de murs tombent donc en ce moment en France. Les murs que ne cesse, sans succès, de contreventer le clergé social-démocrate, anticommuniste par nature, anticlérical par habitude ou anticapitaliste faute de mieux. L'église socialiste s'effondre entraînée par l'effondrement du communisme et maintenant du capitalisme néo-libéral auquel elle était intimement liée. Sarkozy d'un côté et Cohn-Bendit de l'autre étouffe le vieux corps à la renverse.
Mais tout n'est pas perdu pour tout le monde et il faut bien voir du côté de chez DSK. La chute de la rue de Solférino et de son champion (si l'on peut dire) pour les élections régionales en IdF JP Huchon, pourrait bien lui être profitable. En effet une fois émancipé du PS qui lui barrera toujours la route de l'Elysée, DSK, chouchou des sondages et seul capable selon Opinion Way de battre le président sortant à cette étape, pourrait aller à la conquête de l'électorat de gauche à travers de véritables primaires à l'américaine. Europe écologie de son côté comme catalyseur de nouvelles énergies politiques serait l'alternative mouvementiste à un PS depuis longtemps féodalisé et ainsi partir à la conquête à la fois des troupes de gauche et des troupes centristes frustrées par un Bayrou beaucoup trop égotiste et caporalsite sans véritable projet politique.
Une recomposition de la gauche semble enfin possible mais la condition"siné qua non" de celle-ci est bien la perte de l'hégémonie électorale du PS et idéologique du PC ou de ses succursales. Nous pouvons peut-être voir la sortie du tunnel pour la gauche à partir de cette remise en cause de sa longue histoire et de ses fondements rosbespierristes qui furent puissamment ébranlés il y a 20 ans à Berlin. Tôt ou tard, le désenchantement du monde atteint les églises les mieux camouflées, mêmes celles qui professent un athéisme militant et un laïcisme dignes de la déférence envers les saints évangiles.