
La crise est d'abord une crise politique, une crise de la domination. C'est elle qui porte au pouvoir Obama contre le vieil appareil démocrate qui voulait Mm. Clinton.
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C’est, aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette crise de domination qui fait que les classes moyennes basses et la petite bourgeoisie américaine s’endettèrent alors que leur pouvoir d’achat s’amenuisait. La petite bourgeoisie par mimétisme voulait les symboles, mêmes atrophiés, de l’enrichissement sans limite des managers que sont la consommation et l’accession à la proprieté. Le pouvoir, c’est l’argent. Il faut de l’argent pour le pouvoir. Les classes moyennes voulurent le pouvoir. Elles eurent la spoliation et l’éloignement de la richesse comme modèle de domination. Effondrement du pouvoir argent par effet de masse. Effondrement de l’argent « crédit » comme critère de domination.
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C'est cette crise du mimétisme qui fait que le centre de gravite de la globalisation se déplace vers les pays émergeants et qui fait qu'aujourd'hui la Chine, la Russie, le Brésil, L’Inde sont en position de peser sur la reprise. C’est ce mimétisme de la domination par la puissance financière qui dilue la dite puissance et rend possible une modernité métissée pour reprendre l’expression de JC Guillebaud.
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C'est cette crise de la domination qui met en porte à faux les managers face à la société civile avec leurs rémunérations folles et y compris face à leurs actionnaires.
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Politiquement, la domination concurrentielle est effondrée. Elle n’a plus de représentation, rien que des accusés boucs émissaires coupables d’un système en perdition. Des représentants voués aux gémonies après avoir vécu l'hégémonie. Le mimétisme financier est condamné mais pas mort. La montée aux extrêmes de la spéculation boursière est dans le box des accusés mais pas décapitée.
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La crise mimétique a été ouverte par l’effondrement du mur de Berlin il y a vingt ans qui marqua la fin de la concurrence entre capitalisme et communisme. Puis par les attentats du 11 septembre et la défaite des Usa en Irak qui exprime l’abolition des frontières issues de la décolonisation et du partages des mondes. C’est une crise du pouvoir sur le monde, une crise d’unification civilisationnelle et une crise du modèle d’affrontement des nations et des classes sociales.
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La crise écologique est apparue en même temps que la perestroïka avec Tchernobyl et son nuage toxique. Le monde a explosé. La nature est revenue contre nous, dans les interstices, comme des herbes folles, de la fabrication de l’homme par l’homme.
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En trente ans les mélanges, les migrations, les effondrements, les ruptures, la catastrophe, nous ont transformés en même temps que la société.
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Vers 17h, un jeudi soir, asseyez-vous deux heures durant gare du Nord, au niveau de l’interconnexion RER, et vous verrez le monde nouveau. Celui qui, chaque jour, se malaxe, se sépare, se ressoude et se confronte aux chocs de l’incident, de l’accident, des disfonctionnements.
Il n’y a plus ni centre, ni polycentrisme au Nouveau Monde. Il y a métissage, réseaux, rhizomes, pôles, nœuds, constellations, multitudes… On a quitté le terrain des civilisations et des nations au profit du développement cosmopolite et des cultures. Les pouvoirs sont multidimensionnels et intriqués (le marché de la drogue en est un bon exemple).
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Les USA et l’Europe ne sont plus seuls à prétendre au pouvoir global d’où l’évolution de la position de la France par rapport à L’Otan. Les états, on le voit dans la crise, ne sont plus assez forts pour lutter. Ils doivent se regrouper ce qui empêche la guerre mais déstabilise leur légitimité et remet à l’ordre du jour la violence réciproque à travers la prolifération individualisée des armements lourds et légers.
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Nous sommes dans le cosmopolitisme a-politique, dans une combinaison, une myriade de pouvoirs locaux et globaux, publics et privés, individuelles et collectifs, livrés à eux mêmes et à leurs rencontres. La raison du monde est en vacances. Le sujet néolibéral est dépassé. La crise dans laquelle nous sommes est aussi cette crise de la raison dans laquelle il n’y a plus un modèle commun à défendre ou à combattre mais une impression de manque, de vacance.