Alexy Fortin (avatar)

Alexy Fortin

de temps à autres

Abonné·e de Mediapart

121 Billets

2 Éditions

Billet de blog 15 mars 2013

Alexy Fortin (avatar)

Alexy Fortin

de temps à autres

Abonné·e de Mediapart

Le temps des grues et des tuyaux

Un homme, deux hommes, trois hommes... Combien, encore, iront se réfugier sous la flèche, entre les barres de métal du grand corps verticale de la grue ?

Alexy Fortin (avatar)

Alexy Fortin

de temps à autres

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un homme, deux hommes, trois hommes... Combien, encore, iront se réfugier sous la flèche, entre les barres de métal du grand corps verticale de la grue ?

C'est étonnant cette manière sacrificielle de donner sa personne à sa cause, d'abandonner son corps aux intempéries pour dire au monde sa souffrance et sa folie. Une grue, deux grues... des milliers de chantiers et un homme seul dans le labyrinthe de son esprit. Au milieu des banches à béton, des gravas, des fers, des machines, des casques abandonnés, des plans de papier, du sable et de la boue, un homme exhibe son être obscène, son désir de tout pouvoir faire, de n'endurer aucune amputation. Son physique, sa matérialité paternelle se prolonge comme dans un film porno. Femme et enfant sont pris en otage par cette spectaculaire toute puissance. En haut de la grue, sous la flèche, il beugle.

Erection d’un rugissement moderne en cœur de ville, sur un tuyau, un autre mâle angoissé s’assoie au dessus de la foule. Encore et toujours l’enfant pris entre deux feux, tiraillé entre deux existences.

Qui sont ces hommes ? Où sont les hommes ? à qui voudra-t-on faire croire qu’au féminisme devrait répondre un soi-disant mouvement masculiniste ? 2013, la queue en bandoulière, on n’a pas peur du ridicule. On multiplie les images de la déchéance d’un conglomérat d’affectes machistes, stériles, égotistes, masturbatoires. Ce n’est pas le fils ou la fille à qui le message est adressé, ni même à la femme. C’est à la société du miroir et du droit à n’importe quoi ! C’est la blessure narcissique de perdre plus un statut de parent qu’un être cher qui le fait monter.  C’est à son avatar que ce héro perché, désespérément ridicule, s’adresse. Sur les écrans il veut que son image apparaisse comme un semblant d’éternité.

Sur son pic, il veut que l’on vénère son sexe perturbé, désolante victime d’une histoire de disparition de soi-même et de sa dignité.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.