Si vous vous endormez une demi heure après le début de la projection, c'est normal. C'est que vous êtes dans le film, dans ce cercle vicieux de film…
Une Ferrari qui tourne, un acteur qui tourne, une histoire d'amour qui tourne, une petite fille un peu comme la Maisy de Henry James qui se fait balader dans le monde des grands ronds et des petits verres, des suites, des piscines privées, des écrans qui nous renvoient nos propres illusions circulaires d'un égo tyrannique hypertrophié.
Ça c'est un film. Saloperie de film qui va vous remuer au fond, vous chercher dans les tripes le bovarysme qui s'y est planqué. Est-ce qu'il va se passer quelque chose qui de l'extérieur de ce putain d'acteur va bouleverser le film et ses personnages? La Ferrari reste désespérément une Ferrari. A un moment donné, le bovarysme espère. Une panne de bagnole survient. L'acteur appelle le dépanneur et puis, plus rien. Une porte s'ouvre. Une femme dans un lit, nue, attend.
La fatigue devient presque plaisante comme si elle abritait du "monde" et du vacarme fait par le désir fou qui circule entre des êtres ampoulés mais atrophiés d'un événement qui ne vient pas.
Le Père est avec sa fille.
Le temps de la fille n'est plus le temps des amours mornes, des femmes qui attendent que quelque chose se passe, une secousse, un mouvement brusque des reins…
Le bovarysme travaille encore au fond et à la surface d'une piscine luxueuse d'un hôtel luxueux, sous un soleil luxueux qui ne donne même plus de coup de soleil.
Et puis c'est la fin du film.
Vous n'étiez pas endormi.
Vous étiez dans le temps du film, circulaire, circulaire rompu?
Oui rompu!
Mais par quoi ou plutôt par qui?