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Billet de blog 20 décembre 2008

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Petit pont massacreur

On a évidemment envie de faire un lapsus, de remplacer le p par un c et de supprimer le t du mot pont quand on voit les résultats de ce jeu de cour de récréation. Traumatismes crâniens et psychologiques, plaintes et pétitions de parents, le collège continue d'aller mal pendant les manifestations lycéennes.

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On a évidemment envie de faire un lapsus, de remplacer le p par un c et de supprimer le t du mot pont quand on voit les résultats de ce jeu de cour de récréation. Traumatismes crâniens et psychologiques, plaintes et pétitions de parents, le collège continue d'aller mal pendant les manifestations lycéennes.

Mais on aurait tord de prendre cette histoire à la légère. Il y a plus que de la connerie dans ce jeu. Il y a plus que le jeu lui-même. Il y a de la violence archaïque, celle qui fabrique les boucs émissaires et fait d'un la victime expiatoire de tous.

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Ce qui tient lieu de balle passe entre les jambes d'un ou d'une collégienne joueur volontaire ou non. Puis, c'est la furie contre lui ou elle.

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Ce qui tient lieu de balle puisque les ballons sont interdits, ce sont des choses, des trucs, des machins qui représentent autre chose justement comme le ballon lui-même s'il était autorisé représenterait autre chose aussi. Par exemple une tête de supplicié qui n'aurait pas trouvé son panier dans lequel se réfugier après que la hache ou la guillotine l'est détachée de son corps. Chers bambins! La tête roule et le pied shoot dedans. Passe à ton voisin. Passe entre ses guiboles. Tape avec tes poings, avec ta batte de base ball, avec ton manche de pioche, tout ce qui te tombe sous la main. Tape. Jeu de massacre. Jeu de sacrifice.

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Et le Lycée ça va?

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Darcos s'occupe du lycée. Les lycéens, c'est à dire la crème des collégiens, s'occupent de Darcos. On va gloser sur le rite initiatique comme à chaque fois qu'un couillon veut changer quelque chose à l'immuable.

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On est dans le sacré rituel et sacrificiel.

Educ Nat ! ta jeunesse fout le camps.

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Les collégiens ont mal à la tête qui roule dans le caniveau. Mal à la violence qui leur bousille la récrée. Mal à la haine qui leur noue l'estomac. Comme si, puisque le sacré rôde, les collégiens pour reprendre les images chères à Michel Serres (Cf la guerre mondiale) étaient nos Horaces et nos Curiaces modernes, définitivement délégués à la chose guerrière pour que le velouté de jeunesse survive et s'épanouisse.

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Dans les collèges, c'est le petit pont massacreur, dans les quartiers au ban le jeu se poursuit pendant qu'en centre ville on s'entête contre une réforme gravement grave. A chacun son boulot. Aux uns la paix revendicative, aux autres la guerre ou plus exactement la fin de la guerre, c'est-à-dire la violence qui passe entre les jambes d'un teenager.

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Rue de grenelle, il ne se passe rien. Entrent et sortent les fonctionnaires.

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