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Billet de blog 22 juin 2012

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Une HLM de briques à coins de pierre

Un regard...un regard noir qui te dit que tu ne devrais pas être là. Tu sais que ça va se compliquer mais tu restes. Tu es scotché dans l'histoire dont tu connais parfaitement le déroulement. Histoire qui ne passe même pas par des mots. Tu devrais partir. Le regard noir te dit silencieusement "bâtard, tires-toi " !

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Un regard...un regard noir qui te dit que tu ne devrais pas être là. Tu sais que ça va se compliquer mais tu restes. Tu es scotché dans l'histoire dont tu connais parfaitement le déroulement. Histoire qui ne passe même pas par des mots. Tu devrais partir. Le regard noir te dit silencieusement "bâtard, tires-toi " !

C'est une jeune fille aux cheveux blonds et longs qui te met le couteau sous la gorge. C'est une cage d'escalier. Un coin de l'Île-de-France. C'est une arcade sourcilière qui saigne, une côte cassée. 

Depuis combien d'années tu n'as pas dit "ça, c'est mon pays" ? Les souvenirs d'enfance qui passent devant tes yeux. Tu es pour la ville monde, la multiculturalité et comme un con, tu te retrouves à l'hôpital à te demander pourquoi tu es là. Qu’est ce que tu trafiques dans cette salle d’attente à tenir ton pansement de fortune - un essuie tout en papier à fleurs jaunes et bleues – maculé de sang ?

Tu te mets à fredonner la marseillaise. Tu te ressaisis et tu chantes dans ta tête l’Internationale. Ça saigne fort ta tête. Tu sifflotes les cavaliers, le drapeau rouge, la jeune garde…Revient la Marseillaise comme une douleur lancinante. Tu te rappelles que tu as voté en avril et en mai dernier… En juin aussi.

C’est l’été. Tu es resté à Paris pour travailler tranquillement à l’avenir de tes enfants. Un boulot porte après porte qui doit te mettre du beurre dans les épinards. Tu t’es dit : « ma femme est partie, faut que je bosse ». Maintenant, c’est les urgences, là où tu ne pensais pas te retrouver à pisser le sang.

Mois de juillet pourri.  

« Puis une dame à sa haute fenêtre

Blonde aux yeux noirs en ses habits anciens

Que dans une autre existence, peut-être

J’ai déjà vue et dont je me souviens. »

(Gérard de Nerval, Fantaisie)

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