Nous sommes adossés à des morts. La nation et son hymne, ce sont des morts et encore des morts. On ne siffle pas un cimetière.
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On peut penser ce que l’on veut de la France et de son histoire, du nationalisme, de l’impérialisme, du colonialisme, de la mission civilisatrice, mais on ne siffle pas les morts.
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On peut penser ce que l’on veut de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la Chine, de la Georgie, de la Turquie, du Maroc, de l’Afrique du sud, des Etats unis, de la Côte d’Ivoire, de la Bolivie, de la Russie, de l’Inde etc. Mais on ne siffle pas un hymne national.
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Les vivants - ceux donc qui sont en capacité de siffler - sont juchés sur des tas de cadavres, des corps écartelés, des têtes décapitées, des mains arrachées, des femmes enceintes éventrées, des hommes émasculés, des enfants dévorés, de la poussière, de la cendre, de la violence et de la guerre.
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Les vivants marchent sur des œufs broyés.
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« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants ». (Karl Marx. Le18 brumaire de Louis Bonaparte)
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Les hymnes sont les pierres tombales des nations. Plus on leur crache dessus, plus les morts pèsent lourdement sur nos âmes de vivants.