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Billet de blog 25 septembre 2024

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ET C’EST AU FOND DE QUELLE IMPORTANCE ?

Ce billet est un des derniers que j'écris. Il arrive à la fin de mon abonnement à Mediapart, sans qu'il l'explique, ça n'est pas son objet. Il est inspiré d'un rien, d'un presque rien accidentel. J'ai rédigé quelques autres billets de petites audiences. Celui-ci n'a guère de chance d'être lu plus qu'eux. C'est au fond de peu d'importance.

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ET C’EST AU FOND DE QUELLE IMPORTANCE ?

 En rentrant de L......., guidé par le navigateur du téléphone mobile, mon attention est requise par la conduite elle-même, l’attention forcée au paysage, la conversation avec M........ souffrante à mes côtés, l’écran dudit navigateur et ses indications vocales. Nous n’utilisons pas, ce serait en rajouter, le bruit de fond d’une station radio, ni « l’écoute » d’un cd.

 Nous sommes des êtres devenus capables d’attentions multiples simultanées aux capacités désormais réduites d’en hiérarchiser une plutôt qu’une autre.

 C’est une des caractéristiques de l’époque : être bombardés ou noyés sous les flux permanents et diffus d’images et de sons de toutes sortes.

 Quelles places restent-ils à nos pensées intimes, spontanées, à celles résurgentes, après de longues sinuosités inconscientes, qu’un détail qui nous échappe même, font émerger ?

 Que me dit le navigateur qui m’inspire tout-à-coup un grand éclat de rire, une énonciation qui le prolonge, et en conséquence une certaine amertume ?

 Ceci : « Garder la voie de gauche pour rester à gauche ! »

 Rire !

 Rire ?

 Pourquoi rire ? Pourquoi rire à cette phrase bête d’évidence ? « Garder la voie de gauche pour rester à gauche ! »

 Tout-à-coup - « tout-par-un-coup » dit-on dans le parler stéphanois intra et extra-muros - si jamais il y eu des murs à Saint-Étienne méritant d’être comparés à des enceintes - je prolonge cette recommandation impérative du navigateur de la manière suivante :

 « Garder la voie de gauche pour aller à droite. »

 Pourquoi rire de ce prolongement tout aussi bête d’apparence et d’absurdité ?

 Parce qu’absurde il ne l’est pas. Ni bête ?

 Un écrivain[1] vient juste de faire paraître un ouvrage politico-historico-littéraire de gauche qui ne parle que d’hommes de droite. Ils ont cette particularité, ces hommes dits « politiques », de l’espèce des dominants, de s’affirmer ou se prétendre de gauche, depuis toujours et encore aujourd’hui.

Cet écrivain est poursuivi, habité, hanté par cette monstruosité, qu’il met en récit, après bien d’autres : on peut contre les évidences de ses actes, se dire de gauche et ne pas l’être.  

 Ces hommes dont il parle, qu’il met en scène dans leurs travers, trahisons, et impostures, depuis longtemps sinon depuis toujours, eux et leur Parti ensemble, tous complices, ont emprunté la voie de gauche pour aller à droite.

 Cet écrivain est mû par une déception et une colère à être déçu. Elles l’amènent, cette déception et cette colère, à exposer comment on peut être de droite en le déniant avec une assurance tranquille et cynique, et avec les bénédictions médiatiques dominantes coalisées.

 Pour ceux aveugles qui n’auraient pas vu, comme le GPS du téléphone mobile qui me sert de navigateur automobile, que pour rester à gauche, il faut garder la voie de gauche.

 À moins que lui, ce navigateur dit désormais GPS, comme moi, soyons dans l’erreur.

[1] Aurélien Bellanger – Les derniers jours du Parti socialiste – Seuil - 2024.

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