Agrandissement : Illustration 1
Agrandissement : Illustration 3
«M. Madiambal DIAGNE, écrivain journaliste, ami de l'ancien président Macky SALL, mis en cause dans un rapport à hauteur de 21 milliards de FCFA, s'est enfui à Paris. Plaidoirie pour une gouvernance sobre et vertueuse au Sénégal, une Justice indépendante, non instrumentalisée» par Amadou Bal BA
- Madiambal DIAGNE, journaliste, patron de presse et écrivain, proche de l'ancien président Macky SALL, débarqué d'abord de l'avion à l'aéroport Blaise DIAGNE, dans le cadre de la reddition des comptes, s'est enfui à Paris, en passant par la Gambie. «Je suis arrivé en France, ce 24 septembre 2025. J’ai tenu à me donner quelque temps pour préparer ma défense. Je reviendrai dans quelques jours pour faire face à mes responsabilités», écrit-il. Ses deux des fils et sa femme ont été interpellés. Son frère, Serigne Saliou, a quant à lui été appréhendé à Dakar. «Quand vous êtes un prisonnier politique, le premier devoir c’est de vous évader», dit Adrien HOUNGBEDJI, faisant référence au régime de Mathieu KEREKOU (1933-2015), président béninois de 1996 à 2006.
A ce stade, plusieurs questions surgissent. On se demande comment une personne recherchée par les services de police a pu échapper aux différents services de police du Sénégal, pourquoi seuls des lampistes ont été sanctionnés ? Apparemment, avant cette interpellation et refus d’embarquement dans Air Sénégal, Madiambal DIAGNE n’avait reçu aucune citation à comparaître. Comment, dans un pays censé être un Etat de droit, on arrête et emprisonne des personnes, en violation flagrante des règles du contradictoire, uniquement parce que l’intéressé figure sur une liste occulte dressée par le gouvernement ?
Le nouveau gouvernement du PASTEF, depuis mars 2024 exhibe un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), sous l'ancien régime, de rétrocessions de commissions, à hauteur de 21 milliards (3 206 107 €), qui l’éclabousse un contrat, au Ministère de la Justice, sans appel d’offres, d’un montant de 250 milliards de FCA, attribué Ellipse Projects. Les chiffres apparemment sont contestés, Madiambal DIAGNE avait un contrat avec la société Ellipse Projects, mais le chiffre avancé, est celui d’un milliard de FCFA, soit 1 526 718 €. Cette société ne fait l’objet d’aucune poursuite pénale. Finalement un mandat d’arrêt international a été émis à l’encontre de l’intéressé «Je prends note de l’annonce d’un mandat d’arrêt international émis contre moi. J’affirme qu’avant l’exécution d’un tel mandat, je me présenterai à la justice de mon pays», dit, le 27 septembre 2025, Madiambal DIAGNE.
Journaliste, éditorialiste, fondateur en 2004 du journal Le Quotidien, patron du Groupe Avenir Communication, Madiambal DIAGNE, un écrivain, un ancien greffier et salarié à l'USAID, était fortement engagé sur le plan politique auprès de l'ancien président Macky SALL.
L'origine de la fortune de Madiambal DIAGNE questionne. L'intéressé lui-même avait déjà, avant cette interpellation, esquissé une ligne de défense. Il avance qu'en 1990, alors qu'il était greffier depuis 1985, dans le cadre du départ volontaire au sein de l'État du Sénégal, il avait touché l'équivalent de 5 années de salaire, ainsi le remboursement de ses cotisations. D'autre part en 1996, son contrat à l'USAID avait été résilié, la justice américaine saisie a ou ordonné une transaction. En raison de ce pactole, il a acquis différents biens immobiliers qu'il a fait fructifier et qui ont maintenant pris une grande valeur.
Par ailleurs, M. Madiambal DIAGNE, à la tête d’un empire immobilier, prétend que l’origine de cette fortune proviendrait d’un bon investissement de ses gains exceptionnels, un jackpot, déjà évoqué. Il déclare posséder 59 000 mètres carrés de terres répartis entre Niaga Peulh, Bambilor, Toubab Dialaw, et Ouakam ; ce qui équivaut à dix maisons. Il possède aussi des propriétés aux Almadies et à Grand Dakar.
Madiambal DIAGNE est un journaliste, écrivain, mais aussi un militant très engagé et ami personnel de l’ancien président Macky SALL. «Tous les grands hommes ont été liés à des journalistes, avec qui ils ont régulièrement échangé. Pour ma part, je suis libre, de mes amitiés et de mes fréquentations», dit-il. C’est un opposant au régime du PASTEF « J’ai trouvé que ces dernières années, le Sénégal a été au bord du gouffre du fait d’une situation politique né de ce fait divers et il me semble à tout point de vue que ça interpelle et ça m’a interpellé. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai écrit ce livre», dit-il à propos de son livre, «Ousmane SONKO-Adji SARR». Il estime que Ousmane SONKO, dans la dissimulation a trompé tout le monde «« Dire que le président Macky Sall va vous tuer ou je vais le tuer. Dire qu’il faut aller attaquer les domiciles des personnalités politiques, je crois que ce n’est pas un acte démocratique. Insulter les marabouts, les chefs religieux, la presse, les magistrats, les gendarmes, les policiers, l’armée… C’est Ousmane Sonko qui l’a fait, je n’ai rien inventé», dit-il.
Madiambal DIAGNE avait été emprisonné, sous le régime de maître Abdoulaye WADE, pour ses écrits.
À certains égards, je partage le point de vue du Premier ministre, M. Ousmane SONKO, à savoir, une très bonne gestion de nos deniers publics, afin de les mobiliser vers des objectifs stratégiques de bien-être de tous. «L’argent, c’est le nerf de la guerre». dit-on. La question centrale posée, pour ma part, est quelle est la place en Afrique, et en particulier au Sénégal, de l’argent, aussi bien dans la sphère politique, l’administration, la société civile et même la sphère familiale. On peut tous se mettre d’accord sur un constat : l’argent a tout pourri.
Cependant, et tout dans la vie est placé dans le sceau de la «complexité», comme le dirait un de mes maîtres à penser, Edgar MORIN. La Vérité n’est ni noire ni blanche, elle est souvent grise. On a bien saisi la stratégie du PASTEF, dont l’ambition est de régner sur le Sénégal encore pour 50 ans. La reddition des comptes, qui part de sentiments nobles que nous validons, est cependant, inspirée d’un objectif de chasse aux sorcières, en vue de légitimer ou de justifier l’incapacité du PASTEF, à engager, même de manière modeste et graduée, des réformes profondes. Victimes hier d’embastillements injustes, la reddition des comptes est, en fait, une vaste opération de fumisterie, visant uniquement à emprisonner et casser les opposants, de façon très sélective. On arrête sans mandat, sur une liste noire. On ne l’apprend qu’au moment souvent de traverser les frontières. Le respect de droits de la défense est souvent bafouée. «Je me dirigeais naturellement vers le passage scanner, en vue d'entrer en zone d'embarquement, quand un agent de police se leva de son box pour interpeller un autre de ses collègues, lui demandant de vérifier davantage mon passeport. Ce policier confisqua mon passeport et mon téléphone portable, et m'intima l'ordre de le suivre dans des bureaux, jouxtant la zone de «Départ». Mon passeport et mon téléphone me furent restitués avec une convocation pour me présenter le 24 septembre 2025 à 12 heures à la DIC. Aucune notification d'une opposition de sortie ne m'a été faite» dit Madiambal DIAGNE.
Si Mansour FAYE, le maire de Saint-Louis et beau-frère, de Macky SALL a été libéré, en revanche, Maitre Moussa Bocar THIAM, de Ouro-Sogui, pourrait être inquiété dans les prochains jours. Ceux qui ont pactisé sont tolérés ou oubliés. C’est donc un procédé insidieux qui annonce une dictature. L’expert en la matière est Paul BIYA du Cameroun. Tout son ancien gouvernement est actuellement en prison, pour des faits de détournements de deniers publics, certains depuis plus de 20 ans. En effet, Paul BIYA, étant âgé de 92 ans, certains barons qui le soutenaient ont été imprudents de croire qu’il était fini politique. Le lion a mordu ses adversaires politiques.
Je comprends, sans le justifier, les difficultés du gouvernement actuel. La place de l’argent dans la société sénégalaise remonte de loin. Sous Abdou DIOUF, Ousmane Tanor DIENG, qui avait la caisse noire, avait prodigué, à l’alternance de 2000, des recommandations à Idrissa SECK. On a connu de vaste scandale des chantiers de Thiès, et le conflit avec maître WADE «Les grands bandits se battent au moment du partage du butin», a dit maître WADE. Un des grands points négatifs du bilan de maître Abdoulaye WADE, l’argent désacralisé coulait à flots. Son fils, Karim WADE était «Le Ministre du Ciel et de la terre» et condamné pour plus de 6 milliards d’euros de détournement. L’Etat étant patrimonialisé, des gens, parfois médiocres, devenaient subitement, en raison uniquement de leur obéissance politique ou de leur griotisme, des milliardaires. Le candidat en 2012, Macky SALL, qui a du sens avait lancé lors de sa première campagne électorale, un slogan, qu’il a par la suite oublié, et qui me paraît d’importance capitale, et encore d’une grande actualité, à savoir «une gouvernance sobre et vertueuse».
Par conséquent, l’Afrique qui n’est pas pauvre regorge de matières premières, mais n’a aucun début d’industrialisation, sans système agricole ou bancaire viable, avec de nombreux partis politiques et des militants politiques, affamés et parasitaires, à quelles conditions une démocratie peut-elle y être viable ?
À mon sens, il existe plusieurs pistes, que chacun pourrait enrichir. Chaque gouvernement, en place, devrait être exemplaire, pour être crédible. On pourrait lancer un audit des comptes du PASTEF depuis son arrivée au pouvoir, notamment en matière de déplacements à l’étranger. Le Président, comme le Premier ministre, sont constamment en voyage en Afrique et dans d’autres pays. Il y a eu de belles poignées de mains, des photos, aux Etats-Unis, en Chine et en Turquie. Quels coûts financiers, et surtout pour quels résultats, en relation avec les titres accrocheurs et pompeux de la presse d’Etat ? Finalement, le Premier ministre, après ses échanges, avec l’ennemi juré, le FMI, lance une cagnotte auprès de la diaspora. Tous voyages coûteux, en période de grande contrainte budgétaire, ont donc creusé davantage le déficit.
Dans l’exemplarité du gouvernement, le Premier ministre avait évoqué un compte à mille milliards, censé appartenir à l’ancien président Macky SALL, et donc un motif d’inculpation pénale. Par ailleurs, les valises d’argent pour les marabouts continuent toujours. La caisse noire, depuis l’alternance de mars 2024, n’a pas été supprimée. Si c’est du «riba», une consommation illicite, pourquoi l’avoir maintenue ?
Le financement des partis politiques, comme un début d’industrialisation, avec une classe moyenne, et surtout développer la valeur travail, contre l’assistanat et les parasites de toutes sortes, clarifier les subventions ou dons au clergé musulman, confisquer les biens des corrompus, avec une privation de droits civiques, au lieu de ces emprisonnements, renforcer une presse indépendante, actuellement largement corrompue.
L’administration indolente, reste une grande source de corruption. Un des points noirs du secteur public, est la gestion des hôpitaux, avec des médecins enseignants possédant ou de connivence avec les cliniques et les pharmaciens. Une grave question de conflits d’intérêts. Si la gendarmerie, un secteur militarisé, est globalement honnête, en revanche, des policiers ripoux rançonnent au vu et au su de tout le monde, les chauffeurs, sans permis, sans assurance valide, sans carte grise ou dont le contrôle technique n’est plus à jour. Je ne parle pas de ces colloques de complaisance à M’Bour, dans des hôtels de luxe ou ces voyages à l’étranger, dont l’utilité est parfois douteuse.
C’est dans la famille ou chez les militants de chaque parti, majorité, comme opposition, que l’argent a tout pourri. Un responsable politique n’a plus de vie privée, et il est constamment racketté par des parasites, censés être ses «amis».
Tout cela n’est pas forcément de la faute à Macky SALL, et un nouveau gouvernement est confronté à un passé lourd. Il sera difficile de changer les mentalités à coups de reddition de comptes, de mandats d’arrêt, de dépôt ou de bracelet électronique. C’est là probablement où la concertation nationale a échoué sur les règles fondamentales cohérentes, de gouvernance sobre et vertueuse que chacun devrait respecter.
Références bibliographiques
A – Les livres de Madiambal DIAGNE
DIAGNE (Madiambal), Ousmane SONKO-Adji SARR : l’histoire, les confidences inédites de la victime, Dakar, les éditions du Quotidien, 2023, 258 pages ;
DIAGNE (Madiambal), Macky SALL, derrière le masque, Côte-d’Ivoire, Prunn’Prod, 2023, 356 pages ;
DIAGNE (Madiambal), Amadou BA : la dernière chance, Dakar, les éditions du Quotidien, 2023, 186 pages ;
DIAGNE (Madiambal), Le dîner à la Maison-Blanche attendra. Roman, Dakar, les éditions du Quotidien, 2024, 287 pages ;
B – Autres références
BA (Amadou, Bal) «Pour une bonne gouvernance, contre la cupidité», Médiapart, 8 février 2024 ;
BA (Amadou, Bal), «Ousmane Sonko, son livre pétrole et gaz», Médiapart, 30 août 2023 ;
BA (Amadou, Bal), «Thierno Alassane SALL, pour une République des valeurs», Médiapart, 12 décembre 2023 ;
BA (Amadou, Bal), «Le Sénégal : bilan de 62 ans d’indépendance», Médiapart, 19 mars 2022 ;
BA (Amadou, Bal), «Léopold Sédar et son héritage», Médiapart, 9 octobre 2021.
Paris, le 26 septembre 2025, par Amadou Bal BA