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Billet de blog 1 novembre 2025

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"Ta-Nehisi COATES, son livre Message" Amadou Bal BA

L'écrivain et journaliste américain, TA-NEHISI COATES, face à la professeure Maboula SOUMAHORO et Mme Nacira GUENIF, le 12 novembre 2025 à 19h, au 1 rue Fleury, à Paris 18e, métro Barbès-Rochechouart, pour son nouveau livre «Le Message". Ta-Nehisi COATES est un digne héritier de James BALDWIN.

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«L'écrivain et journaliste américain, TA-NEHISI COATES, face à la professeure Maboula SOUMAHORO et Mme Nacira GUENIF, le 12 novembre 2025 à 19h, au 1 rue Fleury, à Paris 18e, métro Barbès-Rochechouart, autour de son nouveau livre «Le Message» par Amadou Bal BA

Dans son dernier essai, «Le Message», Ta-Nehisi COATES fait remarquer certaines forces dominant le monde veulent nous domestiquer à apprendre à faire le tri, dans les histoires qu’il faut raconter, et celles qu’il faudrait, de leur point de vue, taire. «Il s'agit des nationalismes de personnes à qui l'on dit qu'elles ne sont rien, qu'elles ne sont pas une nation, qu'elles ne sont pas un peuple que la seule place qui leur convienne dans le monde est celle de sous-classe, voire qu'elles n'ont pas leur place dans le monde du tout. Et ce sont les histoires que nous construisons pour lutter contre cela» dit l’auteur. Aussi, À Dakar, au Sénégal, Ta-Nehesi COATES explore la problématique de l’identité africaine et se réapproprie son histoire familiale ; à Columbia, en Caroline du Sud, il analyse les répercussions de la récente prise de conscience d’un pays marqué par l’héritage de la ségrégation ; en Palestine, enfin, il observe le contraste tragique entre l’histoire présentée par les récits nationalistes et la réalité du terrain. «Essai vibrant et incarné, «Le Message» interroge intimement le pouvoir de la littérature et met en évidence la nécessité impérative de nous défaire de l’emprise destructrice des mythes. Il nous rappelle que, face à la frénésie guerrière qui agite le monde, il est urgent d’embrasser le pouvoir libérateur des vérités, même les plus difficiles à entendre», écrit l’éditeur, Autrement.

Ta-Nehisi COATES, journaliste et écrivain, installé à Paris, l’un des intellectuels afro-américains les plus influents, connu pour sa plume incisive et sa conscience politique aiguë, a été désigné par Toni MORRISON comme le digne héritier de James BALDWIN, dont il occupe «le vide intellectuel» depuis sa mort. En effet, James BALDWIN, dans ses écrits, à dimension autobiographique, a traité des tensions communautaires, des injustices et discriminations subies, de la difficulté d’être Noir aux Etats-Unis. «L’histoire des Noirs en Amérique, c’est l’histoire de l’Amérique, et ce n’est pas une belle histoire», écrit-il en 1979.  En effet, James BALDWIN, en 1963, dans  «La prochaine fois, le feu», s’adresse de son neveu. Ta-Nehisi COATES a choisi, sous une forme épistolaire, d’interpeler la conscience son fils pour relater, qu’en dépit des luttes pour les droits civiques, de la popularité de nombreuses personnalités noires et de l’élection d’un président noir, Barack OBAMA, les violences contre les Noirs n’ont jamais cessé aux Etats-Unis. Comme son mentor, James BALDWIN, il s’insurge contre le racisme institutionnel et systémique à travers la violence raciste et les plaies, toujours vives, de l’esclavage. En tant que journaliste, il relate les émeutes provoquées par la relaxe de ceux qui assassinent des Noirs, l’impunité de policiers racistes, la politique du chiffre, l’incarcération de masse. Par conséquent, Ta-Nehisi COATES est bien un disciple de James BALDWIN «Je me suis demandée qui remplirait le vide intellectuel après la mort de James Baldwin. Sans aucun doute, c’est Ta-Nehisi Coates. Une lecture indispensable», écrit Toni MORRISON, Prix Nobel de littérature.

Les questions de race, d’identité, de violence faites aux minorités sont au cœur de la contribution littéraire de Ta-Nehisi COATES «L’Origine des Autres ne traite pas directement de l’ascension de Donald Trump. Mais il est impossible de lire les pensées de l’auteur sur l’appartenance, sur la question de savoir qui entre dans le cadre de la protection de la société et qui n’y entre pas, sans tenir compte de notre situation du moment. Cette Origine mène son enquête sur le terrain de l’Histoire américaine et s’adresse donc à la plus ancienne et la plus puissante forme de politique identitaire dans l’Histoire américaine : la politique identitaire du racisme. C’est un ouvrage sur la création des étrangers et la construction des barrières, un ouvrage qui recourt à la critique littéraire, à l’Histoire, à divers mémoires pour tenter de comprendre comment et pourquoi nous en sommes venus à associer ces barrières à la pigmentation de la peau.» écrit-il dans la postface de «l’origine des autres», un livre du «nature indélébile du racisme blanc».

Ta-Nehisi COATES a suivi les pas de prestigieux écrivains afro-américains, comme Richard WRIGHT ou Chester HIMES, venus à Paris, pour la liberté pour protester contre un ordre ségrégationniste. «Cher Ta-Nehisi Coates, Nous sommes semblables par la couleur de peau, mais éloignés par l’Histoire. Oui, vous êtes un Noir d’Amérique – ceux qu’on appelle maintenant «Africain-Américain» –, je suis un Africain, je suis aussi un «Noir de France» et je vis désormais en Amérique. Vous et moi avions de ce fait emprunté deux «directions» différentes, mais avec la même idée en tête : l’urgence de devenir des êtres libres. Pour mieux combattre la haine, cher Ta-Nehisi Coates, j’ai toujours utilisé les deux armes qui sont en ma possession, et ce sont elles qui nous unissent, pas notre couleur de peau : la création et la liberté de penser. Elles dépassent le crétinisme du raciste parce que le raciste est incapable de créer, de penser librement, trop préoccupé à détruire» écrit, le professeur Alain MABANCKOU, dans la préface de «Une colère noire».

J’ai découvert à Paris, cet écrivain afro-américain, notamment à travers son livre, «Une colère noire, lettre à mon fils», un essai, Ta-Nehisi COATES s’adresse à son fils, Samori, un guerrier mandingue, sur les violences policières qui détruisent le corps noir et sur le racisme qui sévit dans son propre pays : l’Amérique, chantre de la démocratie et des libertés. «Voilà ce qu'il faut que tu saches : en Amérique, la destruction du corps noir est une tradition - un héritage. Je ne voudrais pas que tu te couches dans un rêve. Je voudrais que tu sois un citoyen de ce monde beau et terrible à la fois, un citoyen conscient. J'ai décidé de ne rien te cacher», écrit-il. L’auteur explique à son fils, jeune adolescent, Samori, en référence au héros guinéen, , sans faux-semblants, la brutalité de son grand-père, sa jeunesse chaotique, les femmes qu’il a aimées, la condition des Noirs à Baltimore, sa vie à Howard University, et le meurtre de son ami Prince Carmen Jones, brillant étudiant, beau et élégant, un peu bourgeois. Prince a été tué parce qu’il était tout simplement noir. C’est le pillage du corps du Noir, qu’on veut remplacer par un autre «Je suis noir, et j'ai été pillé et j'ai perdu mon corps. Mais peut-être que j'allais m'emparer du corps d'un autre humain dans le seul but de m'affirmer dans ma communauté. Peut-être que je l'avais déjà fait. La haine donne une identité. Le nègre, la pédale, la salope illuminent la frontière, illuminent de manière ostensible ce que nous ne sommes pas [..]. Nous attribuons des noms aux étrangers que nous haïssons et nous nous trouvons dès lors confirmés dans notre appartenance à la tribu», écrit-il. Dans ces sociétés occidentales, presque toutes qui ont basculé dans le populisme, pour s’en prendre aux faibles, les Noirs, les musulmans, et les immigrés sont devenus, comme les Juifs, pendant la Seconde guerre mondiale, les boucs-émissaires «la sécurité (de la classe possédante) était une valeur supérieure à la Justice, peut-être même la valeur ultime.», écrit-il.

«Le Grand Combat, Huit ans au pouvoir» évoquant les deux mandats d’un président noir, Barack OBAMA, qui sont traduits non seulement par l’avènement et le retour au pouvoir d’un certain Donald TRUMP, un ressentiment des petits blancs, mais aussi et surtout une immense tragédie américaine, pour mieux comprendre les mécanismes de la destruction du corps noir dans cette Amérique qui a un président populiste, constamment dans l’outrance, la haine de l’autre et les vérités alternatives.

Ta-Nehesi COATES dans sa grande croisade contre le racisme et l’esclavage s’est toujours insurgé contre les grandes injustices de notre temps. Il a fait le procès de l’Amérique «C’est un réquisitoire implacable. Prononcé avec des mots sans arête. Oui, prononcé, car cette voix écrite s’entend. Les aigus en sont bannis. Elle est grave tout du long. Dans le choix narratif ici fait, le système pluriséculaire d’oppression et de spoliation est décrit à travers des trajectoires individuelles.  Ce mode démonstratif retenu par Ta-Nehisi Coates rend sa vérité et sa chair au traumatisme très singulier que les épreuves de la traite, de l’esclavage, de la ségrégation, ont infligé aux victimes de cette épouvantable entreprise de brigandage d’État. Le forfait est déconstruit. Porter ensemble, c’est savoir ce que nous avons d’infrangible : notre commune condition humaine. Et l’entendre bourgeonner sur toutes les terres» écrit Mme Christiane TAUBIRA, dans la préface «Le procès de l’Amérique, une croisade pour la réparation.».

Références bibliographiques

A – Contributions de Ta-Nehisi COATES

COATES (Ta-Nehisi), Le message, traduction de Karine Lalechère, Paris, Autrement, 2025, 256 pages ;

COATES (Ta-Nehisi), Entre le monde et moi : lettre à mon fils, traduction de Karine Lalechère, Paris, J’ai Lu, 2025, 187 pages ;

COATES (Ta-Nehisi), Huit ans au pouvoir, traduction de Diana Hochraich, Paris, Présence africaine, 2018, 303 pages ;

COATES (Ta-Nehisi), La danse de l’eau, traduction de Pierre Demarty, Paris, Librairie générale française, 2022, 603 pages ;

COATES (Ta-Nehisi), Le grand combat, traduction de Karine Lalechère, Paris, Autrement, 2017, 267 pages ;

COATES (Ta-Nehisi), Le procès de l’Amérique : plaidoyer pour une réparation, préface de Christiane Taubira, traduction de Karine Lalechère, Paris, Autrement, 2017, 122 pages ;

COATES (Ta-Nehisi), avant-propos in Toni MORRISON, L’origine des autres, traduction de Christine Laferrière, Paris, Christian Bourgois, et 10-18, 2025, 149 pages ;

COATES (Ta-Nehisi), Une colère noire ; lettre à mon fils, préface d’Alain Mabanckou, traduction de Thomas Chaumont, Paris, J’ai Lu, 2017, 186 pages.

B – Autres références

GROSS (Terry), «Ta-Nehisi Coates Explores how Oppression can Breed Oppression in «The Message», N.P.R., 1er octobre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «James BALDWIN, la prochaine fois le feu», Médiapart, 29 avril 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Chester HIMES (1909-1984) écrivain afro-américain de romans policiers», Médiapart, 12 novembre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «James BALDWIN (1924-1987) écrivain et ses colères contre l’injustice», Médiapart, 9 mai 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Richard WRIGHT (1908-1960), écrivain humaniste, antiraciste, anticolonialiste)», Médiapart, 2 juin 2022 ;

BA (Amadou, Bal), «Toni MORRISON (1931-2019), The Beloved, prix Nobel de littérature», Médiapart, 6 août 2019.

Paris, le 31 octobre 2025, par Amadou Bal BA

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