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Billet de blog 2 octobre 2022

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"Youssou N'DOUR, roi du M'Balax" par Amadou Bal BA

Youssou N'DOUR, roi du M'Balax, artiste engagé, homme d'affaires avisé, a choisi de vivre au Sénégal ; ce qui ne l'a pas empêché de conquérir le monde. Divertir et éduquer, valoriser l'image du Sénégal, ce Grand petit pays, en référence à mon ouvrage, telle la mission de cet artiste planétaire.

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«Youssou N’DOUR, musicien sénégalais, roi du M'Balax, artiste planétaire engagé et chef d’entreprise : Divertir et éduquer» par Amadou Bal BA

Youssou N’DOUR, un métis Ouolof, Sérère et Peul, artiste planétaire du Sénégal, est avant tout un gardien des valeurs traditionnelles et du bien-vivre ensemble. Ainsi, Youssou N’DOUR, au sommet de son art, avec sa voix d’or, du 20 au 23 septembre 2023, s’est produit au théâtre du Châtelet, à Paris, sur le thème de Birima, un conte musical, dans la transmission de la mémoire, en vue de renforcer le lien social. Le théâtre de la ville, forteresse au XIIème siècle détruite en 1802, remplacée par deux théâtres en 1860, par Gabriel DAVIOUD (1824-1881), architecte fétiche du baron Georges-Eugène HAUSSMANN (1824-1881), le rénovateur de Paris, théâtre incendié en 1871 par les communards, est dominé de 1899 à 1923, par l’artiste Sarah BERNHARDT (1844-123), actrice, peintre et sculptrice. Youssou N’DOUR, à travers notamment son spectacle «Birima» fait l’éloge de la parole sacrée, un contrat inaliénable, de la parole parlée, chantée et dansée, la parole d’hier, d’aujourd’hui et de demain, celle face à la discorde, qui rétablit l’allégresse, la concorde.  En effet, le Damel ou le roi du Cayor insiste sur un point majeur «Que personne ne fasse du tort à son prochain !». Sa parole a un sens cardinal dont découle dont découle, une bonne partie des valeurs traditionnelles du Sénégal, à savoir le «Foullah» ou la dignité, le «Fayida», le sens de l’honneur, le «Fit», le courage, le «Diom» ou le refus de toute humiliation et le «N’Gor», la loyauté. Le spectacle, «Birima», de Youssou N’DOUR relate une action se déroulant à la cour royale du Damel du Cayor, Birima N’Goné Latyr FALL, lors d’un «Géew», une veillée fastueuse, au cours de laquelle le souverain est entouré de ses guerriers, les Ceddo, des animistes hostiles à la colonisation, à l’islamisation et à la christianisation, sa sœur, une Linguère, ses griots et chanteurs. Cette assemblée, le «Géev» est surtout une instance traditionnelle, où le Damel du Cayor, ayant régné entre 1855 et 1859, en juge tranche les conflits, mais aussi échange avec les habitants de l’avenir de son royaume. Le spectacle Birima relate donc une partie de la mémoire de l’histoire du Sénégal, un conflit entre un Peul, Yoro, un «Torodo» ou noble, dont les vaches, pendant qu’il dormait, ont dévasté le champ d’un Sérère, Samba CORE menace la cohésion du Cayor. Les Peuls viennent d’Egypte et cohabitaient avec les Sérères, au Fouta-Toro, devenus leurs cousins à plaisanterie. «Au nom des symboles qui ne périssent pas, je vous salue ! Je réitère mes propos : Que personne ne porte préjudice à son prochain ! Ma cour ne doit être qu’une source d’allégresse, la source d’une joie exhaustive», dit le Damel du Cayor. Le lait du Peul comme le mil du Sérère sont nécessaires à l’harmonie du royaume.

En dépit de l’apparence du caractère festif, du rythme endiablé de la musique de Youssou N’DOUR, sa contribution artistique majeure traite de thèmes riches et d’une grande profondeur pour l’héritage culturel du Sénégal, de l’Afrique et de toutes diasporas, à savoir la philosophie africaine, à travers Kocc Barma, le bien-vivre ensemble, la tolérance dans un pays pluriethnique et ses valeurs traditionnelles, les arts culinaires, le sport, comme éléments de l’identité sénégalaise, les droits de l’Homme, la solidarité avec les exclus, la lutte contre l’Apartheid, la paix. Youssou N’DOUR, dans sa mission de divertissement et d’éducation, a profondément modernisé et popularisé la musique «M’Balax». Par conséquent, la musique de Youssou N’DOUR recèle de puissants messages. «Vous avez une voix, mais le contenu reste très important. Le rôle de la musique est de divertir, apporter un peu de joie, d’allégresse. Mais on sait aussi que c’est une force. On peut l’utiliser pour faire passer des messages. Le griot jouait ce rôle, et nous, nous le faisons, en tant que griots des temps modernes» dit Youssou N’DOUR.

Roi de la «World Music» et du «M'Balax», une musique sénégalaise ouolof mêlant tradition et modernité, sa voix magique et envoutante, Youssou N’DOUR est un artiste porteur d’une espérance pour la jeunesse, un homme d'affaires très avisé, un patron de presse ; il est particulièrement engagé dans différentes causes politiques et humanitaires. Une des marques de fabrique de Youssou N'DOUR, c'est son grand professionnalisme, sa rigueur et son ardeur au travail, pour se hisser au sommet et se donner les moyens de s'y maintenir durablement. Par ailleurs, alors que pour l'essentiel les artistes sénégalais sont établis à l'étranger, Youssou N'DOUR ramène tout au Sénégal ; il a choisi de créer son studio de musique et d'avoir comme base principale le territoire sénégalais, de vivre au Sénégal. Pour Youssou N’DOUR, «la plus belle voix» suivant Peter GABRIEL, croyant en l’Afrique, il est habité par une farouche détermination : résider dans son pays à Dakar, ne peut nullement être un obstacle insurmontable à la conquête du monde. «L'Afrique, ce n'est pas seulement la guerre, les maladies ou la famine, en Afrique, il y a des buildings, des belles voitures, des soirées, de la vie et du sourire» dit avec fierté, cet illustre sénégalais qu’est Youssou N’DOUR. En effet, pour lui, l’Afrique reste profondément maternelle «J’ai toujours eu besoin d’être auprès de ma mère. Je n’ai rien contre ceux qui sont partis de leur pays pour vivre ailleurs, certains ont ainsi réussi davantage, ils ont pris des raccourcis. Mais ma musique avait besoin du Sénégal. Et voir ma mère, ma famille, c’est le plus important. Dieu sait pourtant qu’il y a eu des tentations, des propositions. J’ai énormément voyagé, je fais toujours beaucoup d’allers et retours», dit Youssou N’DOURIl a donc «gravi la montagne raciale» en référence à un texte de Langston HUGHES (1902-1967, voit mon article), en restant au pays. Il est vrai aussi que ses rencontres avec Peter GABRIEL et en particulier, en 1994, avec Neneh Marianne KARLSONN, dite Neneh CHERRY, une artiste suédoise, notamment son tube «Seven Seconds» lui ont donné une visibilité et une notoriété internationales. «J’ai la chance de venir du Sénégal avec une musique populaire, presque traditionnelle, le mbalax, originaire du folklore, et que notre génération a modernisée, urbanisée. Et dès les années 1990, j’ai rencontré des artistes extraordinaires comme Peter Gabriel, Paul Simon, avec lesquels nous avons créé ce que l’on appelle la «world music». Il faut comprendre que celle-ci ne vient pas forcément d’Afrique. Elle est la jonction de beaucoup de musiques : africaines, anglo-saxonnes, asiatiques… J’ai donc mené deux carrières, avec ces deux courants, que je vis et crée avec la même passion» dit-il à Afrique Magazine.

Youssou N'DOUR, comme Baaba MAAL (voir mon article, Médiapart, 31 décembre 2019), sont à la base d'une nationalisation de la musique sénégalaise, avec une grande dose poétique. En effet, aux indépendances ce sont les musiques des Noirs américains, des Cubains, des Guinéens, des Congolais et des Maliens qui avaient monopolisé et «colonisé» la scène musicale sénégalaise. Laye M’BOUP (Voir mon article, Médiapart, 20 septembre 2021), un artiste nationaliste de l'ère senghorienne, disparu prématurément et tragiquement le 23 juin 1975, avait engagé de redonner, au riche folklore sénégalais, toutes ses lettres de noblesse. Youssou N'DOUR a donc repris ce flambeau de ce «Sénégal, un Grand petit pays», en référence au titre de mon troisième livre et l'a porté et maintenu encore très haut. Les principes et valeurs que défend Youssou N’DOUR, de modestie et d’humilité face au succès et au bien-être matériel, à bien des égards me conviennent parfaitement, notamment la dénonciation de l’argent, à travers sa chanson, «Xalis» ayant pourri fondamentalement la société sénégalaise, non seulement dans la sphère politique, mais aussi familiale ou religieuse. «L’argent c’est quelque chose d’agréable, mais cela ne m’empêcherait pas de dormir» chante-t-il.

«Qu'est-ce qu'une vie réussie ?» s'interroge le philosophe français, Luc FERRY. «Qu’est-ce qu’une bonne vie ?» tel est aussi le titre d’un ouvrage de Judith BUTLER. Une vie réussie serait donc l’anoblissement du temps en vivant ses rêves. Youssou N’DOUR, comme Baaba MAAL, très jeune a abandonné les études, pour devenir musiciens. Si le Sénégal est un «Grand Petit Pays», c'est après tout sa grande diversité et sa tolérance, l'exceptionnelle qualité de sa population. «Nous n'avons pas de pétrole, mais nous avons des idées», disait, fort malicieusement, le président Valéry GISCARD D'ESTAING. J'ai essayé de valoriser et de mettre en exergue, dans mon livre, «le Sénégal, un Grand petit pays», que la principale richesse d'une Nation, sa grande valeur ajoutée, c'est la qualité de sa population. Le Sénégal, c'est le premier député à l'assemblée nationale française, Blaise DIAGNE, ce sont Tirailleurs sénégalais qui ont porté le combat de l'égalité et l'émergence des idées d'indépendance, c’est Battling SIKKI, ou Amadou M’Barick FALL (Voir mon article, du 22 septembre 1987), le premier champion du monde de boxe en 1924, ce sont des académiciens, deux prix Goncourt, des champions d'Afrique, un président, Pharaon des temps modernes, Macky SALL, une démocratie exemplaire avec des élections libres et transparentes à échéances régulières ainsi que déjà deux grandes alternances, etc. C'est pour cela que je me révolte parfois contre la critique facile, devant parfois des sujets complexes. Or, on a tendance dès que quelqu'un émerge, au de l'encourager et de le soutenir, à le dénigrer par des critiques simplistes et sans aucun intérêt.

Né le 1er octobre 1959, à la Médina, un quartier populaire de Dakar, parfois stigmatisé, mais où ont vit le jour notamment Ousmane SOW, un sculpteur (Voir mon article, Médiapart, 11 décembre 2013), Boubacar Boris DIOP (Voir mon article, Médiapart, 16 octobre 2022), un éminent universitaire et écrivain et Sada KANE, journaliste, le Bernard PIVOT du Sénégal. «Très proche de ma grand-mère, qui m’a raconté beaucoup d’histoires, intéressé par la musique, très tôt, j’apprenais tout le temps. La vie c’est une école, et chaque jour, on apprend» dit Youssou N’DOUR. Habité par la passion constante de son art, à force de travail et d'abnégation, de rigueur, de professionnalisme, de constance, Youssou N’DOUR, un autodidacte, est un exemple pour la jeunesse ; il a réussi, tout en restant au Sénégal, à internationaliser, mondialiser, la musique de ce «Grand petit pays» en référence au titre d’un de mes ouvrages. «J’ai  étudié à l’école du monde» dit-il. Le talent est multiple, il n'y a pas que les diplômes ou l'exil qui permettent de s'en sortir et de réussir. Chaque dispose d'un potentiel et des capacités, à force de travail, de discipline et de rigueur, on peut s'en sortir. Mme Adja N'Dèye Sokhna M’BOUP, la mère de Youssou N’DOUR, une griotte métisse ouolofe et peule, lui a transmis le goût de la musique et la conservation des valeurs traditionnelles. Il a aussi apprécié sa cuisine et en a tiré en 2004, un livre. Le «Thiébou Dieun» du Sénégal, ou riz au poisson, est inscrit désormais par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité. Son père Elimane NDOUR, un ouvrier, d'origine Sérère, a l'esprit ouvert, après des hésitations, a bien fin par comprendre très tôt qu'il fallait encourager le jeune Youssou, dans sa vocation naissante de musicien, à l’âge de 13 ans. Après l’école primaire au camp militaire Samba Diéri Diallo et à Joal, décidant d'intégrer la troupe théâtrale «Sine Dramatique», Youssou est remarqué par Saliou DIEYE dit Pacheco, un musicien du «Dounia Orchestra», à Rufisque, dans la banlieue de Dakar qui le recommande auprès du «Diamono» de Charlie DIOP, à Dakar, les déplacements sont coûteux, pour un jeune musicien encore désargenté. Youssou attendra son heure de gloire ; le 28 avril 1975, à la suite de la disparition prématurée de Samba DIOP, dit «M’Ba», Youssou N’DOUR interprète une chanson, «M’Ba» en hommage à cet artiste du Star Band de Dakar ; sa voix éblouit, et il sort donc de l’anonymat. Alors qu’il est encore mineur, il rend à une tournée, en Gambie, avec le «Diamono», sans aviser ses parents. Sans le corriger, son père le sermonne sévèrement.

Finalement, Youssou N’DOUR, habité très jeune par les démons de la création artistique, a fini par vaincre les réticences de ses parents, très pieux, ne souhaitant pas que leur rejeton bascule dans une vie dissolue ou marginale d’un chanteur ; ils voulaient qu’il travaille dans un bureau, signe de prestige et de noblesse : «Je viens d’une famille griotte, du côté de ma mère. Les griots sont des conteurs, des chanteurs. Il y avait un conflit, mon père voulait que je continue mes études car ni lui ni ma mère n’avaient eu cette opportunité. Mais j’avais cette passion de chanter. Et quand après, ça devient votre métier, «You are a happy man ! ». Même si cet héritage ne suffit pas, il faut beaucoup travailler. Et j’ai fait des rencontres extraordinaires, vécu des expériences, j’ai voyagé un peu partout au niveau sonore. Cela a enrichi ma musique» dit-il à Afrique Magazine. De 1975 à 1979, Youssou N’DOUR démarre chez Ibra KASSE, au «Star Band». En 1979, avec El Hadji FAYE, ils montent le groupe «l’Etoile de Dakar» ; un de ses grands succès est «Xalis» ou l’argent. A la suite de dissensions, Youssou N’DOUR part en solo et créé le «Super Etoile» en référence à un compliment d’un animateur, Claude GUEYE, l’ayant qualifié de «Super Etoile».  Les succès distribués par les éditions Madingo,  s’enchaînent : «ventilateur», «Walo Walo», «Nadakaro», «Indépendance». Devenu homme d’affaires, il est propriétaire d’un Club, «le Thiossane». Sa venue en France a été tardive, en 1984, mais finalement fructueuse «La première fois que je suis venu en France, en 1984, j’étais invité par l’Association des chauffeurs de taxis sénégalais à Paris. Avec mon orchestre, nous avons donné un concert à la mairie du 14ème arrondissement. Je m’en souviens très bien ! Le lendemain, avec l’argent gagné, on a loué un studio d’enregistrement, et c’est là que j’ai enregistré mon premier album, "Immigrés". Beaucoup d’artistes comme Jacques Higelin, Peter Gabriel l’ont écouté et adoré. Ils m’ont alors invité, j’ai découvert ce monde, jusqu’à ce que la world se crée autour de nous» dit-il. C’est en 2000 qu’il entame à New York puis à Paris la série des «grands bals», cette sorte de concerts géants où l’on danse comme dans une boîte de nuit, dans son club à Dakar, «Thiossane».

Au lieu seulement de capitaliser individuellement son succès, Youssou N’DOUR a fait de sa musique une véritable entreprise nationale, au service de nombreuses initiatives humanitaires panafricaines. Le populaire, «Boy Dakar», Youssou Madjiguène, est fortement engagé dans différentes causes politiques, humanitaires et sociales. «La musique sert aussi à mener des combats», dit-il le 2 juillet 2022 au journal «Le Dauphiné libéré». Peu de gens ont prêté attention aux paroles de la chanson, «Seven Seconds» qui l’a rendu célèbre : «J'assume les raisons qui nous poussent de changer tout. J'aimerais qu'on oublie leur couleur pour qu'ils espèrent. Beaucoup de sentiments de races qui font qu'ils désespèrent. Je veux les deux mains ouvertes. Des amis pour parler de leur peine, de leur joie. Pour qu'ils leur filent des infos qui ne divisent pas. Changer. Que ce qui est en toi est en moi, ce qui est en moi est là pour les aider. Voyous et ignorance. Nous devrions nous bouger, loin de ceux qui pratiquent les mauvais sorts. Pour le soleil et la pierre. Mauvais jusqu'au sang. La bataille n'est pas finie. Même quand elle est gagnée. Et quand un enfant naît dans ce monde. Il n'a aucun concept. Que la couleur de la peau déterminera son destin» chante Youssou N’DOUR en duo avec Neneh CHERRY, dans «Seven Seconds».

«Le M’Balax, ça raconte notre société, ce que nous vivons» dit Youssou N’DOUR, évoquant dans ses chansons, les joies, les peines et les espérances d’un pays, d’un continent et ses diasporas. Artiste de renommée internationale, il ambitionne de faire passer, à l’Afrique et au monde, les messages qu’il juge essentiels et estime que sa culture n’est pas assez valorisée. En effet, «la musique c’est une force pour faire avancer les choses», dit-il à la Marseillaise. Aussi, dans sa chanson, «Set Setall», invitant chacun à balayer dans son cœur et sa rue, Youssou N’DOUR en appelle au civisme. Tous les Sénégalais sont embarqués dans la même pirogue, chacun devrait apporter sa pierre à l’édifice de la Nation. «Le Sénégal a besoin d’une Renaissance» dit-il. Dans sa chanson en peul, «Roku», vivre dans un même pays, «c’est prendre et donner». Abdourahmane NIANG, un de ses biographes, Youssou N’DOUR «est un patrimoine mondial qui a prêché par l’exemple en exerçant son leadership dans le domaine économique avec la création d’entreprises où de jeunes Sénégalais travaillent». Par ailleurs, tel un baobab, Youssou N’DOUE «s’enracine et fait montre de persévérance pour réussir tout ce qu’il entreprend ; il est un modèle, notamment de réussite sociale» dit M. NIANE. Youssou N’DOUR, dont le père est Sérère, valorisant ls cousinage à plaisanterie avec les Peuls, dans «Sama Gammu», a chanté la dignité et la fierté de cette ethnie, à travers sa chanson «Pullo Ardo» : «C’est selon moi l’ethnie la plus nombreuse et la plus ancienne de l’Afrique, et ils sont très présents dans le nord du Sénégal. Je leur rends hommage. Car ils vivent une vie saine et simple, ils se contentent de peu, n’ont pas toutes ces choses modernes. Tout ce dont ils ont besoin, ils le trouvent sur leur terroir. Il y a des gens qui ont besoin de peu pour être contents» dit-il à Afrik.com.

Youssou N’DOUR, dans son engagement, à la base du mouvement «Fekké Maci Boolé», ou «je suis engagé», s’était engagé dans la bataille des présidentielles de 2012, contre un troisième mandat de Abdoulaye WADE. N’ayant pas pu obtenir les parrainages nécessaires, l’artiste a rallié Macky SALL. Aussi, il a été Ministre de la culture et du tourisme, du 4 avril 2012 au 29 octobre 2012 et Ministre du Tourisme et des loisirs du 29 octobre 2012 au 2 septembre 2013. Youssou N’DOUR est également un patron de presse. Il est le propriétaire du groupe Futurs Médias contrôlant l’Observateur, Radios Futurs Médias, une chaîne de télévisions et une imprimerie.

Youssou N’DOUR, le 13 février 2005, a été récompensé d’un Grammy Award, pour son album, «Egypt», meilleure musique du monde et a eu deux disques d’Or. Il a produit plus de 55 albums de musique. En dépit de son immense talent artistique, sa réussite sur le plan des affaires, Youssou N’DOUR, est resté fondamentalement lui-même, un homme discret, «cultivant son jardin», pour reprendre un expression de Candide de Voltaire. Loin de l’image de certains Sénégalais vaniteux, qui se la pètent, Youssou N’DOUR est resté fort humble en faisant un bilan critique de sa vie d’artiste. Pour lui, sa plus grande fierté, a été l’accueil du public, lors d’un concert en 1989, en Inde, à New Delhi. Il est en compétition, dans un concert de 100 000 personnes, avec de grands artistes comme Tracy CHAPMAN, Sting, Peter GABRIEL et Bruce SPRINGSTEEN : «Je n’étais pas connu dans ce pays. Je devais ouvrir le show. J’ai été agréablement surpris par la réaction du public. Cela m’a donné des frissons. Le lendemain, à la Une des journaux, j’avais ravi la vedette à cette brochette de stars. L’inconnu est devenu une star» dit-il. Youssou N’DOUR avait travaillé avec Elton JOHN, un chanson sur le film, «le Roi lion». A Los Angeles, après trois d’audition, il n’a pas retenu ; on a préféré des chanteurs déjà célèbres. Il a donc très déçu. Mais le succès viendra avec la chanson du film «Kirikou», un succès planétaire «C’est pourquoi, je dis aux jeunes que la déception peut être une source de motivation» dit Youssou N’DOUR.

Youssou N’DOUR, chante aussi bien en ouolof, en anglais qu’en français et même en Peul avec «Roku Mi Roka», affirme, il dévoile sans complexe, ses convictions religieuses de musulman et mouride. Dans son album, «Egypte», commencé en 1998, et achevé en 2000, il est attaché à la diversité et à la tolérance religieuse : «Quand on parle de religion musulmane, les gens pensent aux Arabes, mais c’est une religion du monde entier, et elle est pratiquée, d’une manière tout à fait normale, chez nous au Sénégal. Je pense que l’Islam a besoin d’utiliser des créneaux, tels que la musique ou le cinéma, pour mieux se faire comprendre. Associer l’Islam au terrorisme, c’est injuste. Dans tout mouvement, il y a des extrémistes ; ces gens-là représentent une minorité» dit-il au «Courrier international». Il a été à l’école coranique ayant contribué à la mémorisation de ses chansons et à lui donner une voix de muezzin.

Youssou N’DOUR a eu deux enfants hors mariage, un garçon, Birane et une fille, Thioro. De son premier mariage, avec Manacoro dite Mamy CAMARA, ils ont eu quatre enfants (N’Dèye, Elimane, Saint-Louis et Vénus), avant de divorcer en 2007, après 17 ans de vie commune. En effet, Youssou N’DOUR avait une seconde épouse, depuis 2006, une franco-sénégalaise, Aïda COULIBALY qui lui a donné deux filles.

Youssou N’DOUR, un passionné du football, en dehors de certaines périodes de répétitions, reste le week-end, aux Almadies, un quartier huppé de Dakar, avec ses amis, sa famille et notamment ses enfants à qui il veut transmettre certaines valeurs «Des valeurs comme l’humilité, très importante. Le rôle d’un parent est de ne pas démissionner. De veiller, et rectifier ce qui ne fonctionne pas. D’abord par l’éducation à la maison, avec bien sûr le rôle primordial de leur maman. Après, il faut qu’ils aillent à l’école, acquièrent des connaissances, on s’assure qu’ils aillent le plus loin possible dans les études. Car moi, j’ai arrêté assez tôt. Il faut aussi savoir les écouter, échanger avec eux» dit-il.

 I – Contributions de Youssou N’DOUR

 A -  Entretiens ou interviews

N’DOUR (Youssou), Sénégal : la cuisine de ma mère, photographies de Isabelle Rosenbaum, Paris, Minerva, 2004, 187 pages ;

N’DOUR (Youssou), «Interview, Youssou N’Dour», Courrier international, 2 juin 2004 ;

N’DOUR (Youssou), «Youssou N’Dour je suis un homme libre», entretien avec Astrid Krivian, Afrique, Magazine, août 2019 ;

N’DOUR (Youssou), «Youssou N’Dour parle de sa plus grande joie et de ses déceptions dans sa carrière», entretien avec le journal Le Soleil, relayé par Kaolack Infos, 3 janvier 2022 ;

N’DOUR (Youssou), «Youssou N’Dour, la musique sert aussi à mener des combats», propos recueillis par Pascal Arvin-Bérod, Le Dauphiné Libéré du 2 juillet 2022 ;

N’DOUR (Youssou), «Youssou N’Dour, retour à l’essentiel», RFI Musique, 22 novembre 2021.

 B - Discographie très sélective

 Seven Seconds

Africa Rek

Badou

Ban La

Be Careful

Birima

Cadizfornia

Dakar – Kingston

Djamil.

Don’t Look Back

Egypt

Eyes Open

Food for All

History

I Bring What I Love

Immigrés

Joko, From Village to Town

L’enfant nu, l’enfant noir

Le Grand Bal

M’Balax

Marley

Respect

Rokku Mi Rokka

Save the Dream

Sénégal Rekk

Sénégal Super Star

Serigne Fallou

Set,

Thalassa Cap-Vert Sénégal

The Guide

The Lion

Xalis

 II – Critiques littéraires

ARNAUD (Gérald), Youssou N’Dour, un griot planétaire, Paris, éditions Demi-Lune, 2008, 160 pages ;

BADIANE (Saliou), Youssou N’DOUR : élogieux parcours, Dakar, Nouvelles éditions africaines, 2018, 115 pages ;

BADIANE (Saliou), Youssou N’DOUR : un parcours à la fois épique et épineux, Dakar, Nouvelles éditions africaines, Amazon Digital Services, 2020, 90 pages ;

BORGEAUD (Pierre-Yves),  «Youssou N’Dour, Returns to Gorée», Film documentaire, 2006, 108 minutes ;

CAMARA (Samba),  «Youssou N’Dour, I Bring What I Love, as a Window to the Frictions Between Islam et Popular Music in Sénégal», Journal of African Studies, 27 septembre 2019 ;

CATHCART (Jenny), Notes from Africa : A Musical Journey with Youssou N’Dour, London, Unbound, 2019, 339 pages ;

CATHCART (Jenny), Hey You ! A Portrait of Youssou N’Dour, London, Fine Line Books, 1989,  134 pages ;

KHOURI-DAGHER (Nadia), «Youssou N’Dour, prendre et donner», Afrik.com, 30 octobre 2007 ;

LAHANA (Michelle), Youssou N’Dour : La voix de la Médina, Paris, Télémaque éditions, Patrick Robin collection, 2005, 213 pages ;

LOUPIAS (Bernard),  «Youssou N’Dour, le nouveau magicien de Dakar», Le Nouvel Observateur, 2 juillet 1992 ;

NIANG (Abdoulaye), Youssou N’DOUR : le baobab chantant, Thiès, Fama éditions, 2021, 180 pages ;

RFI Musique «Biographie de Youssou N’Dour», RFI Musique, mars 2020 ;

SANKARE (Oumar), Youssou N’DOUR : artiste et artisan du développement, Dakar, l’édition du livre universel, 2002, 72 pages.

SANKARE (Oumar), Youssou N’DOUR : le poète, Dakar, Nouvelles éditions africaines, 1998, 125 pages ;

SECK (Mamarame), Youssou N’DOUR A Cultural Icon and a Leader in Social Advocacy, New York, Peter Lang Publishing 2020,  158 pages ;

SENE (Majib), KOUE (Mamadou), THIAM (M’Baye), Youssou N’DOUR : le génie éternel, Dakar, Senesport, 2012, 98 pages.

Paris, le 1er octobre 2022, actualisé le 24 septembre 2023 par Amadou Bal BA -

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