amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

1131 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 septembre 2025

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

"Président Abdou DIOUF, 90e anniversaire" Amadou Bal BA

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Illustration 2
Illustration 3

«Bon anniversaire au président Abdou DIOUF 90 ans, Homme d'Etat, un extraordinaire démocrate qui a posé de hauts faits pour le Sénégal et l'Afrique» par Amadou Bal BA

Bon anniversaire, longue vie et bonne santé au président Abdou DIOUF. L’Afrique et le Sénégal ont une énorme dette à son égard. En effet, le président Abdou DIOUF, qui n'est pas seulement grand que par la taille (1m99), a posé de hauts faits et gestes majeurs pour le Sénégal, ce «Grand petit pays», pour l'Afrique et ses diasporas. «À 90 ans, mon père reste un modèle de continuité et de la République. L’âge est un poids, certes, mais un poids lumineux», dit, son fils et mon cher ami, Makhtar Pédro DIOUF. Suscitant le respect et l’admiration de tous, le président Abdou DIOUF incarne le patriotisme, le sens aigu de l’État et le savoir-vivre, la rigueur, la loyauté, la générosité, «l’humanité et la générosité d’un dirigeant qui a marqué toute une génération de Sénégalais  Ne vous demandez pas ce que votre pays peut vous apporter, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le Sénégal.» dit Mme Aminata M’Bengue NDIAYE, du parti socialiste. Le président Abdou DIOUF est «un géant de l’histoire, un héros d’une démocratie intégrale et consensuelle, un démocrate visionnaire symbolisant la vérité, la bonté et l’utilité. Par son humanisme et sa tolérance, son action a transformé le Sénégal en capitale mondiale des droits de l’homme, accueillant Mandela et des figures emblématiques de la lutte pour la liberté et la justice, faisant rayonner l’engagement sénégalais à l’international», dit Sidiki KABA, ancien premier ministre. «La vertu, c’est la droiture dans l’action, le courage de choisir l’intégrité en tout temps, même quand la facilité invite au compromis», dit Moustapha TALL. 

Le président Abdou DIOUF, né le 7 septembre 1935, à Louga, son père, Ndiaye DIOUF, un agent de la Poste, est un métis sérère et peul. Sa mère, Adja Coumba DEME (1912-2002), est une descendante d’Ousmane DAN FODIO (1754-1817), le fondateur de l'empire du Sokoto, dont le patronyme est DEME, et ses ancêtres sont originaires de Horé Fondé, du Fouta-Toro. Ayant grandi entre Louga, Mbacké et Linguère, après l’école Brière-de-l’Isle et le lycée, en 1955, après son baccalauréat, Abdou DIOUF entame des études de droit à l’Institut des Hautes Études, devenu, en 1957, l’université de Dakar. Diplômé de l’école nationale de la France d’Outre-mer, promotion 1958 à 1960, initialement un partisan de Mamadou DIA, président du conseil, Abdou DIOUF devient l’adjoint de Jean COLLIN, au secrétariat général du gouvernement, puis brièvement secrétaire général au ministère de la Défense. Après la crise de 1962, rangé aux côtés du président Léopold Sédar SENGHOR, et il l’évoque dans ses mémoires, Abdou DIOUF est promu directeur de cabinet à la présidence, puis secrétaire général de la présidence à partir de février 1964. Il s’occupe notamment des questions diplomatiques et des relations avec les chefs religieux, et prend une part importante à l’organisation du Festival mondial des arts nègres en 1966. Après la crise de 1968 et la contestation estudiantine, il est nommé Ministre du Plan et de l’Industrie, Premier ministre de 1970 à 1980. Après le départ volontaire du président SENGHOR, il devient le deuxième président du Sénégal, de 1981 à 2000.

 Après l’alternance, Abdou DIOUF devient Secrétaire général de la Francophonie de 2003 à 2015. «J'ai été mis aux affaires pendant que j'étais jeune : à 26 ans, gouverneur de l'une des régions les plus importantes du Sénégal, à 27 ans, secrétaire général de la présidence de la République, à 32 ans, ministre de Senghor, à 34 ans, Premier ministre, et à 45 ans, président de la République du Sénégal», écrit Abdou DIOUF, dans ses mémoires. 

Le président Abdou DIOUF avait grandement facilité l'alternance de 2000, en reconnaissant, promptement, sa défaite et en facilitant la prise de fonction, avec Maître Abdoulaye WADE. «Je suis maintenant dans l’ombre, c’est lui (WADE), qui doit être en pleine lumière», dit le président Abdou DIOUF. Ce geste républicain est à la base de la consolidation de la démocratie sénégalaise, ce «Grand petit pays». Il n'y a pas de bonne démocratie, il n'y a que de bons démocrates. En R.C.I., à la suite d'une contestation électorale, en 2010, Laurent GBAGO est arrêté et mis en prison pendant 10 ans, Alassane Dramane KEITA proclamé président ; la RCI avait été plongée dans une guerre civile de plus de 10 ans, avec de nombreux morts et des déplacés. Au Sénégal, le précédent posé par le président Abdou DIOUF est devenu une règle constitutionnelle coutumière, en 2012, quand Macky SALL a vaincu Me Abdoulaye WADE et en 2024, le président Macky SALL a accepté le verdict et fait visiter les dirigeants du PASTEF, le palais présidentiel avant la passation de pouvoirs.

Le président Abdou DIOUF est à la base de la création du Conseil constitutionnel. Jeune assistant à la faculté de droit de Dakar, je lui avais adressé de nombreuses préconisations en pleine montée du SOPI. Le président Abdou DIOUF a notamment retenu parmi celles-ci la création d'un conseil constitutionnel. On sait que le rôle de ce juge électoral a été déterminant contre le coup d'État électoral de Macky SALL mais aussi cette juridiction a retoqué un projet de règlement intérieur liberticide du PASTEF.

Dans d'autres pays comme le Cameroun, l'opposant Maurice KAMTO a été éliminé par une justice aux ordres. En R.C.I. il faudrait être attentif au sort des candidatures de Laurent GBAGBO et Tidjane THIAM, à partir du 10 septembre 2025 concernant la présidentielle en octobre prochain.

Un autre rôle décisif du président Abdou DIOUF, dans la consolidation de la démocratie sénégalaise, est passé inaperçu de l'attention des observateurs de la vie politique : les médias diffusent en direct les résultats de chaque bureau de vote. Dans ces conditions, il est difficile de tripatouiller le résultat du vote. En effet, non seulement sous le président Abdou DIOUF, la presse est libre, mais c'est lui qui est à la base du multipartisme illimité. Le Sénégal, avec cinq chefs d’Etat entre 1960 et 2024, et trois grandes alternances (2000, 2012 et 2024), est une grande exception en Afrique. En Guinée-Bissau, entre 1975 et 2023, 17 chefs d’Etat se sont succédés ; au Togo et au Gabon, les dynasties EYADEMA et BONGO y ont régné, respe. Au Cameroun, Paul BIYA, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, se représente à un 8e mandat présidentiel. Les autres (RCI, RCA) ont tripatouillé la Constitution pour un 3ème mandat. Au Mali, le général Assimi GOITA, devenu président à vie, a suspendu la Constitution, dissout tous les partis politiques, et mit l’ancien Premier ministre, M. Choguel MAIGA en prison. Seul pour l’instant, au Togo, Patrice TALON, a renoncé à un troisième mandat, pour les présidentielles de 2026.

Un des points sombres de la démocratie sénégalaise ce sont ces bavardages, ces invectives, insultes ou calomnies qui nuisent gravement à la qualité du débat politique. Ce sont souvent des stratégies personnelles pour être à la lumière. Or, ceux qui connaissent le président Abdou DIOUF, savent en raison de ses origines aristocratiques qu’il a été à la bonne école, celle du premier président du Sénégal de 1960 à 1980. En effet, le président Abdou DIOUF est un homme d'Etat avenant, particulièrement cérémonieux et respectueux des autres. Par ailleurs, et en sa qualité d'ancien président, il a inauguré cette règle constitutionnelle que les autres anciens chefs d'État sénégalais ont également suivie : à savoir ne pas interférer dans les débats de politique politicienne, en prenant de la hauteur. «Il n'y a pas de bonne démocratie, il n'y a que de bons démocrates», je l'ai déjà dit.

L'Afrique et le Sénégal sont confrontés à de graves conflits des enjeux politiques, économiques et sociaux. À ce propos, le président Abdou DIOUF, un grand sage, désintéressé, pourrait être une personne-ressource, pour apaiser, intercéder, orienter et aider à s'orienter vers la paix, la démocratie et le bien-être de tous.

 Le président Abdou DIOUF, un musulman, est marié, depuis 1963 avec Mme Elisabeth DIOUF, rencontrée à Paris et de confession catholique, avec qui il a eu quatre enfants : Pedro, Habib, Fabienne et Yacine. Le président Abdou DIOUF relate, dans ses mémoires, qu’au cours d’une séance de travail au Sénégal, l'œil du prédateur insatiable Mouammar KADHAFI (1942-2011), président de Libye, tomba sur sa fille, Yacine, alors âgée de 16 ans, et l’a demanda, vainement, en mariage.

Longue vie et bonne santé au président Abdou DIOUF.

 Références bibliographiques

DIOUF (Abdou), Les mémoires, Paris, Seuil, 2014, 384 pages ;

BA (Amadou, Bal), «Le président Abdou DIOUF et ses mémoires», Médiapart, 2 août 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Ousmane Dan FODIO, Dème, fondateur de l’empire peul du Gobir, du Sokoto», Médiapart, 14 juin 2023 ;

DIAGNE (Assane), Abdou DIOUF : le maître du jeu, Dakar, Agence LESS Com, 1996, 142 pages ;

DIOP (Momar Coumba), DIOUF (Mamadou), Le Sénégal sous Abdou DIOUF : Etat et société, Paris, Karthala, 1990, 436 pages ;

NIANG (Mody), Abdou DIOUF : 40 ans au cœur de l’Etat socialiste, Paris, l’Harmattan, 2009, 1991, 199 pages ;

Parti Socialiste du Sénégal, Groupes d’Études et de Recherches, Le Parti Socialiste du Sénégal : de SENGHOR à Abdou DIOUF, Paris, N.E.A., 1988, 176 pages ;

SAMB (Djibril), Comprendre Abdou DIOUF : (chroniques politiques), Paris, Horizon, 2000, 1999, 191 pages ;

SENE (Majib), Abdou DIOUF : le destin d’un homme, Paris, F. Borelli, 1996, 214 pages

TIRERA (Lamine), Abdou DIOUF : biographie politique et style de gouvernement, Paris, l’Harmattan, 2006, 312 pages ;

TIRERA (Lamine), Abdou DIOUF et l’OIF : discours, allocutions, conférences, Paris, l’Harmattan, 2006, 404 pages.

Paris, le 2 septembre 2025, par Amadou Bal BA

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.