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Billet de blog 4 avril 2023

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"Assassinat Martin Luther KING" par Amadou Bal BA

Le 4 avril 1968 l'assassinat de Martin Luther KING (1929-1968) entre colère et immense rêve d'une société plus fraternelle et plus juste. Son sacrifice qui n'a pas été vain, nous interpelle, plus que jamais, pour un monde de paix, meilleur.

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«Le 4 avril 1968 l'assassinat de Martin Luther KING (1929-1968) entre colère et immense rêve d'une société plus fraternelle et plus juste» par Amadou Bal BA

Le 4 avril 1960 c'est la date d'accession du Sénégal à l'indépendance. Le 4 avril 1807 c'est le jour de l'assassinat d'Abdelkader Kader KANE, Almamy du Fouta-Toro, dans le Nord du Sénégal. Aux États-Unis, le 4 avril 1968 c'est le jour de l'assassinat de Martin Luther KING (1929-1968). Le leader des droits civiques était venu à Memphis soutenir une grève d'éboueurs noirs scandant «I Am a Man !», ou «Je suis un homme !». Martin Luther KING a été assassiné, le 4 avril 1968, à 18H01, alors qu’il prononçait un discours au balcon du Lorraine Motel, à Memphis (Tennessee) par James Earl RAY (1928-1998), un militant ségrégation qui sera condamné à 99 ans de prison. James RAY avoue d’abord son crime, puis se rétracte trois après. Jusqu'ici, personne ne sait encore qui a été le vrai commanditaire de ce lâche assassinat. Les forces conservatrices, dans leur haine incommensurable, n’ont jamais hésité de tuer ceux qui se levaient pour réclamer justice ; ce fut les cas d’Abraham LINCOLN (1809-1965), celui avait osé abolir l’esclavage, de John KENNEDY (1917-1963, voir mon article) s’apprêtant à démanteler le ségrégationniste, de Malcolm X (1925-1965) qui le dénonçait avec virulence «Ma voix n'est qu'une voix parmi d'autres. Mais notre but a toujours été le même. Certes, mes méthodes sont radicalement opposées à celles du Dr King, apôtre de la non-violence, doctrine qui a le mérite de mettre en relief la brutalité du Blanc à l'égard des Noirs. Mais dans l'atmosphère qui règne actuellement en Amérique, je me demande lequel de ces deux extrémistes : le «violent» Malcolm X ou le «non-violent» Dr King sera mort le premier» disait Malcolm X (voir mon article). Le rêve de Martin Luther KING n'est pas mort, comme le dit le président Lyndon JOHNSON, «avec lui» mais avant lui, et c'est bien cela qui l'a tué. Entre août 1963 et avril 1968, entre une «marche sur Washington», qui a eu lieu, et une «marche sur Washington», qui devait avoir lieu, cinq années importantes se sont écoulées. Cinq années que marque l'itinéraire tragique d'un Noir qui, dans ses efforts désespérés pour combler sans cesse le fossé qui se creuse obstinément entre les ghettos et le pouvoir blanc, s'écartèle. Échec lent, graduel, souvent imperceptible, échec émouvant.

En tout cas, l'assassinat de Martin Luther KING, le 4 avril 1968, crée un profond ressentiment dans la population, particulièrement au sein de la communauté noire, et des émeutes éclatent dans plusieurs grandes villes, et la communauté blanche prend peur se terre dans ses maison. Témoin de cette période tragique Miriam MAKEBA (voir mon article) note dans ses mémoires «L’Amérique est au bord de la folie. On dirait que la moitié des gens est dans la rue à protester ou à faire des émeutes et que l’autre moitié barricadée chez elle, terrorisée» écrit-elle. En effet, ce crime est celui de la haine, contre un homme qui prêchait l'amour et la fraternité «Cette fois l'insolite est une tragédie avec mort d'homme. Pourquoi s'étonner que le pillage et le massacre, la violence bestiale, la brutalité inconsciente roulent comme un torrent et se heurtent dans un choc affreux aux puissances de l'ordre ? La fatalité pour l'Américain n'a jamais le même visage : depuis longtemps elle porte celui de la guerre; elle emprunta le masque de Midas alors que la crise de l'or inquiétait la nation la plus puissante de la terre. Depuis quelques heures la fatalité porte un masque hideux, celui de la haine. L'œuvre de Luther King, sa mission tenace, ses convictions nobles et sa foi dans la possibilité de bannir la haine...tout a croulé en une seconde. Tout est à refaire. Abattre un homme c'est facile, surtout quand les armes les plus perfectionnées traînent à la portée de la main. Le difficile sera de ranimer la flamme tragiquement soufflée et de reprendre avec l'homme de couleur un dialogue de concorde, de franchise, de paix. Les États-Unis sont à l'heure présente au creux de la honte. Dallas était un crime stupéfiant. Memphis est plus qu'un crime, c'est une faute dont les conséquences vont atteindre chaque homme américain» écrit l'Express.

Le 6 avril, le président Lyndon B. JOHNSON proclame une journée nationale de deuil. Des milliers de personnes participent à une marche dans les rues de Memphis le 8 avril et assistent à l'enterrement de King qui a lieu le lendemain à Atlanta. La mort de Martin Luther King survient au cours d'une des périodes les plus turbulentes de l'histoire récente des États-Unis. L'année 1968 est en effet marquée par la contestation contre l'engagement armé du pays au Vietnam, l'assassinat du candidat à l'investiture démocrate Robert F. Kennedy et la tenue d'un congrès démocrate houleux à Chicago.

La veille, le 3 avril 1968, Martin Luther KING avait prononcé un discours prémonitoire, «I have been to the Mountain Top». En effet, il disait «Je ne sais pas ce qui va arriver maintenant. Nous avons devant nous des jours difficiles. Mais peu m'importe ce qui va m'arriver maintenant, car je suis allé au sommet de la montagne. Je ne m'inquiète plus». A la fin de sa vie, Martin Luther KING, fondamentalement révolté contre les injustices, la pauvreté et la guerre au Vietnam, s’était radicalisé et devenait dangereux pour l’Administration américaine «Je ne compte pas rester les bras croisés à regarder l’escalade de la guerre sans rien dire. Il ne sert à rien de parler d’intégration s’il n’y a pas de monde à intégrer. La guerre du Vietnam doit cesser.» dit-il en 1965. Il ajoutera «Je crois que la vérité désarmée et l'amour désintéressé auront le dernier mot dans le monde des réalités. Je m'oppose à cette guerre parce que je suis déçu de l'Amérique. Je suis déçu de constater notre incapacité à nous attaquer positivement et avec franchise aux trois maux que sont le racisme, l'exploitation économique et le militarisme.», disait-il, le 30 avril 1967 à New York. Cet assassinat a rendu Martin Luther KING Immortel, et habite désormais, et pour toujours, dans le cœur des humanistes. Son sacrifice ne sera pas vain : «Martin Luther King et Kennedy d'un côté, Martin Luther King et Gandhi de l'autre, ne sont pas des rapprochements débilitants. Ils sont représentatifs non pas parce que ces hommes sont morts, mais parce qu'ils ont vécu. Tout le monde connaît le nom des martyrs, personne ne connaît celui des bourreaux, ce qui prouve qu'ils ne sont que des objets, représentants dérisoires d'un fléau qui ne connaît pas de frontières (...) Aucun marché n'a été conclu «homme pour homme», aucune opposition ne s'est même brutalement manifestée entre deux communautés. Une énorme force mauvaise s'est concentrée sur un seul homme pour l'abattre. Le coup fait, les coupables se terrent comme des rats, ils se cachent et fuient. Est-ce là posture de vainqueur ? Ils ne pouvaient donner une image plus éclatante de leur défaite qu'en commettant un banal assassinat sur un homme pour qui les mots de victoire et de défaite étaient dépassés, parvenu qu'il était à un niveau de fraternité d'où son attirance s'exercera tant qu'il restera sur terre un homme pour en profiter. Désormais, Martin Luther King est davantage en chacun de nous» écrit la Revue Esprit.

Martin Luther KING était habité par un rêve de Fraternité et d'Egalité, ses frères qui avaient été maintenus pendant quatre siècles en esclavage. Les Noirs ayant enrichi l'Amérique, libéré la France après les Première et Seconde mondiales, étaient maintenus dans les fers, dans un régime strict de ségrégation raciale ; mais il prêchait la paix et l'amour des autres «Je fais le rêve que mes quatre enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés selon la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais ce rêve aujourd'hui» disait-il le 28 août 1963, à Washington. Prix Nobel de la paix en 1964, pour sa Révolution non-violente inspirée de Mahatma GANDHI (voir mon article) Martin Luther KING a déclaré : «Il me semble que ce prix m’a été donné pour quelque chose qui n’est pas encore atteint. Je le prends comme un encouragement à poursuivre avec encore plus de courage l’objectif dans lequel nous croyons» dit-il. En été 1965, le «Civil Rights Acts and Voting Rights Acts» sera signé par le président Lyndon Baines JOHNSON (1908-1973), puis John Fitzgerald KENNEDY (1917-1963) avait été assassiné à Dallas.

Martin Luther KING a indiqué le sens de son engagement pour les autres : «La vie d’un individu commence quand il peut s’élever au-dessus du cadre étroit de ses soucis personnels pour atteindre le cadre plus large des soucis de toute l’humanité. Tout homme doit faire un choix : marcher dans la lumière d’un altruisme créatif, ou dans les ténèbres d’un égoïsme destructeur. Tel est le jugement. La question la plus urgente et incessante de l’existence est : que faites-vous pour les autres ?» s’interroge Martin Luther KING, dans son discours sur «la communauté humaine». Ces combats et sacrifices de Martin de Luther KING n'ont pas été vains. «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; s'il meurt il porte beaucoup de fruit» dit la Bible. «Mon mari, Martin Luther King Jr, pensait que sa vie serait celle d’un simple pasteur baptiste dans une grande congrégation urbaine du Sud. Au lieu de quoi, à sa mort, en 1968, il avait amené des millions de personnes à faire voler en éclats le système sudiste de ségrégation raciale. Sous son influence, une immense partie de l’électorat noir a éliminé le racisme patent des campagnes politiques et a gagné un pouvoir dépassant tout ce que les Noirs avaient jamais connu aux États-Unis. Avant tout, il a été l’artisan d’une dignité inédite dans la vie des Noirs de ce pays» écrit Coretta SCOTT KING (1927-2006), dans la préface des «Mots de Martin Luther King». En effet, si Barack OBAMA a été le premier président noir des Etats-Unis, de 2009 à 2017, c'est auparavant, il y avait eu des combats importants pour la dignité de l'Homme de noir, encore largement bafouée dans le monde. Mme Kamala HARRIS est devenue, depuis le 20 janvier 2021, sous le président Joe BIDEN, première vice-présidente noire aux Etats-Unis, et pourrait devenir la première femme présidente de ce pays.

Par conséquent, le sacrifice de Martin Luther KING n’a pas été vain, et reste d’une grande actualité, dans ce temps présent. En effet, il existe encore de nombreuses raisons de se révolter pour un monde de paix, de justice, d'amour et de coopération mutuellement avantageuse. «Un homme meurt lorsqu’il refuse de défendre ce qui est juste. Un homme meurt lorsqu’il refuse de se battre pour la justice. Un homme meurt lorsqu’il refuse de prendre position sur ce qui est vrai. Un homme qui ne veut pas mourir pour quelque chose de juste, ne mérite pas de vivre», disait en mars 1965, à Selma, Martin Luther KING.

Cette guerre en Ukraine, comme d'ailleurs auparavant les guerres locales injustes menées par les Occidentaux auparavant (Afghanistan, Libye, Syrie, Irak, etc) ont mené au désastre humain et financier. En particulier, la guerre en Ukraine, est celle du leadership américain, une résurgence de la Guerre froide et ne nous concerne pas. Dans ces démocraties ethniques, fondées sur un contrat racial, avec des indignations sélectives, les Occidentaux qui parlent de liberté n'ont pas osé faire adhérer l'Ukraine ni à l'OTAN, ni à l'Union européenne. Ils ont également refusé d'intégrer la Russie dans le camp occidental notamment à l'Union européenne ; ce qui aurait la solution la mieux avisée, le communisme étant devenu une anomalie de notre temps. L'Amérique, qui est derrière tout cela, dans croisade pour le leadership mondial, rechigne souvent à s'engager sur les terrains de combat.

Pendant les première et seconde guerres mondiales, l'Amérique n'a intervenu que vers la fin de ces conflits. En revanche, la Russie a perdu plus 21 millions de soldats.

Dans cette guerre en Ukraine, provoquée depuis le 24 février 2022, avec déjà ses 50 000 morts, l'Amérique et l'Union européenne qui n'avaient réussi à vaincre les Talibans et ont déguerpi honteusement à leur approche, refusent de s'engager sur le terrain, mais envoient des armes, de l'argent et font du renseignement, jusqu'au jour où l'humanité basculera vers une troisième guerre mondiale à l'ère nucléaire.

En attendant cette possible catastrophe, ce sont les faibles qui paient le prix fort de ces conneries des dirigeants du monde dit «libre». Les prix ne cessent de monter, le pouvoir d'achat est en berne, mais les gens du château, profitant de la crise s'en mettent plein les poches. Tout est prétexte de la guerre en Ukraine pour faire flamber les prix. Les profits augmentent, mais le pouvoir d'achat est en berne et on ne cesse de demander des sacrifices, toujours aux mêmes les gens faibles. Cette réforme des retraites à coup de 49-3 cristallise à seule toutes les colères des vaincus.

Il est urgent que les racisés se réveillent et se battent pour leurs droits comme l'avait fait Martin Luther KING, contre ce contrat racial, cette démocratie ethnique, pour une société de justice et d'égalité, dans laquelle ils pourront accéder à tous les lieux de décisions politiques, culturels et économiques. Une démocratie, sans partage du pouvoir, reléguant les racisés au balai et à la serpillière ou au fouet, est une escroquerie.

Face à cette montée des forces du Chaos, j'appelle à la fin de la Françafrique, notamment la disparition de cette monnaie de singe qu'est le F.C.F.A., et pour des relations équitables, mutuellement avantageuses entre la France et l'Afrique, et dans lesquelles, la diaspora, au lieu d'être ravalée au rang «d'immigrés», retrouve sa pleine citoyenneté et dignité, pour devenir une tête de pont entre l'Europe et l'Afrique, pour un bien-vivre ensemble, dans le respect.

Par conséquent, ce 4 avril 1968, n'est pas seulement qu'un jour de colère, mais c'est aussi et surtout, une puissante invocation de l'Espérance de Martin Luther KING, pour un monde de Justice, d'Egalité et de Fraternité. La blessure de la mort de Martin Luther KING «est encore une source de douleur et d'anxiété. Vous enlevez la croûte et la plaie est encore ouverte. On tombe, on se relève, les champions n'ont pas leur place au sol. Martin Luther King représentait la guérison, l'espoir, il n'est pas mort en vain», a affirmé le révérend Jesse JACKSON. Le 15 janvier (1929) date anniversaire de la naissance de Martin Luther KING est devenu un jour férié aux Etats-Unis, et Stevie WONDER (voir mon article), s’y est engagé, fortement. «La façon la plus authentique d'honorer mon père est de s'engager pour créer un monde plus juste, pacifique et humain. Que les déclarations coïncident avec des efforts délibérés pour éradiquer la pauvreté, le militarisme et le racisme», a affirmé, en 2018, Bernice KING, le fils du Révérend KING.

 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

KING (Martin, Luther), Les mots de Martin Luther King, traduit par Maryline Beury, préface de Coretta Scott King, Paris, Presses du Châtelet, 2018, 68 pages ;

KING SCOTT (Coretta), Ma vie avec Martin Luther King, Paris, Stock, 1970, 360 pages ;

CHAMPOUX (Roger), «Un crime de la haine», L'Express, 15 au 21 avril 1968, page 16 ;

DYSON (Michael, Eric), 4 April 1968 : Martin Luther King’s Jr Death and How it Changed America, 2008, Basic Civitas Books, 304 pages ;

GUIKOVATY (Emile), «Le vertige de l'Amérique», Revue Esprit, mai 1968, pages 893-894 ;

JULIA (Hervé), «De quoi est mort Martin Luther King», Le Monde, 10 avril 1968 ;

WALKER (Ida), The Assassination of Dr Martin Luther King Jr, Edina, Abdo, 2008, 112 pages ;

WEISBERG (Harold), Martin Luther King Assassination, New York, Caroll and Graf, 1971, 529 pages.

 Paris, le 4 avril 2023, par Amadou Bal BA -

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