amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

1170 Billets

0 Édition

Billet de blog 4 avril 2025

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

"Mamadou DIA, réhabiliter tous les héros du Sénégal" Amadou Bal BA

Réhabiliter Mamadou DIA, honorer tous les vrais héros du Sénégal, ainsi que tous les grands humanistes solidaires à la cause de l’Afrique. Bonne fête nationale du Sénégal en ce 4 avril 2025. 65 ans d'indépendance, un Sénégal uni, souverain, en paix avec lui-même et avec les autres, dans le bien-être de tous !

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Illustration 2
Illustration 3

«Réhabiliter Mamadou DIA, et honorer tous les vrais héros du Sénégal, ainsi que tous les grands humanistes solidaires à la cause de l’Afrique» Amadou Bal BA

 Le gouvernement sénégalais a débaptisé le boulevard Général de GAULLE devenu boulevard Mamadou DIA. Réhabiliter et honorer tous les héros authentiques du Sénégal. Il est impensable en France que les Champs-Élysées, la Place Concorde ou le boulevard Saint-Germain, soient rebaptisés Camp de Thiaroye. On est stupéfait de constater, avec grand regret, qu’il a fallu attendre 65 ans après l’indépendance que le nom du général de GAULLE, sans doute un grand héros pour la France, mais il reste pour les Africains, avec Jacques FOCCART, celui a mis en place un système de la Françafrique, une indépendance dans la dépendance, perdurant encore, avec plus jamais dans l’arrogance et le mépris. Mamadou DIA révèle dans ses mémoires que je me suis procurés chez Amazon, et donc non réédités, que Léopold Sédar SENGHOR ne voulait pas de l’indépendance du Sénégal en 1960, mais pour 20 ans plus tard. Il estimait que le Sénégal n’était pas encore prés.

Mamadou DIA, alors qu'il était l'homme fort du Sénégal, le président du Conseil, a été jeté avec ses amis, par la Françafrique, en prison de 1962 à 1974. Il en est ressorti aveugle. En effet, double erreur de Mamadou DIA, après une visite dans les pays socialistes, est d’une part de ne pas être repassé à Paris, en rendre compte au Maître, Charles de GAULLE, et d’autre part, il combattait la corruption et les détournements de deniers publics par les élites de l’UPS. «La décolonisation, imparfaite et douloureuse, a été marquée par une double falsification de l’histoire. Les anciens maîtres tout comme les nouveaux se sont souvent attachés à travestir, voire détruire, les traces des événements et des acteurs qui pourraient porter atteinte à des légitimités usurpées ou contestables, au passé comme au présent», écrit Roland COLIN, son Directeur de cabinet et biographe.

La crise de 1962, n’est pas que constitutionnelle, Mamadou DIA avait l’essentiel du pouvoir, mais deux visions de la politique du Sénégal indépendant se sont affrontées. D’une part, SENGHOR défendait des relations privilégiées avec la France et composait avec les intérêts en place notamment l’économie arachidière (bourgeoisie nationale, lobby des marabouts). D’autre part, Mamadou DIA prônait une diversification de la production, l’autogestion à partir des communautés de base, en voulant, à travers les coopératives, libérer les paysans de ce système de la traite arachidière au cœur du système colonial. Mamadou DIA, qui avait voulu privilégier le monde rural a été un grand visionnaire. En effet, Mamadou DIA envisage de diversifier l’économie sénégalaise en vue d’améliorer le sort des paysans producteurs d’arachides. Il veut supplanter l’économie de traite en lui enlevant son monopole extérieur et intérieur sur la commercialisation de l’arachide et des produits vivriers essentiels que sont au Sénégal le riz et le mil. Il a créé un Office de commercialisation agricole et installe l’animation rurale ; ce qui n’était du goût des marabouts mourides qui vivaient de la traite arachidière, ni du colonisateur, qui ne voulait pas d’une indépendance alimentaire du Sénégal. «SENGHOR lui-même ne disait rien sur ces réformes ; il n’exprimait pas son hostilité, mais je sentais qu’il n’était point enthousiaste : il restait froid. Cependant, il se faisait de temps en temps l’écho d’amis qui se plaignaient que ma politique était en train d’apeurer les capitaux et qu’à la limite elle les ferait fuir», écrit Mamadou DIA. Ce problème de l’agriculture reste d’une grande actualité. En effet, au Sénégal, de nos jours, si la vie est de plus en plus horriblement chère ; ce que nous consommons vient de l’étranger, comme le riz brisé. Alors qu’on dispose d’une main-d’œuvre jeune, mais ne cherchant qu’à prendre la pirogue, et des terres cultivables sont pourtant disponibles. Plus grave, les zones rurales se dépeuplent, et la région Dakar concentre à elle seule, le tiers de la population sénégalaise.

Si le Sénégal est un «Grand petit pays», c’est depuis des siècles, bien avant l’esclavage et la colonisation, des hommes et des femmes ont constamment affirmé la dignité et l’honneur d’être Sénégalais. Leurs combats, pour notre honneur et liberté, ne devraient jamais rester vains. En effet, j'ai toujours demandé que Mamadou DIA soit réhabilité ainsi que ses compagnons, mais aussi tous les grands nationalistes sénégalais dont on a peur, jusqu’ici, de prononcer le nom, considérés comme islamistes ou jihadistes : Thierno Sileymane BAL et sa révolution de 1776, avec un Code de bonne gouvernance, Coly Tenguella BA, dont la dynastie, pendant quatre siècles, s’est opposée à la pénétration coloniale, négociant d’égal à égal avec les comptoirs français, El Hadji Omar TALL Foutiyou qui a donné sa vie, Moussa Mollo BALDE, exilé en Gambie, Alboury N’DIAYE, Maba Diakhou BA et Mamadou Lamine DRAME, morts pour la République et le Sénégal. Certains de ces héros comme Thierno Sileymane BAL, reposant toujours en Mauritanie ou Alboury N’DIAYE au Niger, ou sont restés sans sépulture ou monument en leur honneur.

De grands intellectuels sénégalais sont restés jusqu’ici dans l’ombre. Je songe naturellement à Abdoulaye SADJI, l’auteur de Maïmouna et Nini, dans la carrière a été compromise, parce que considéré comme étant de la gauche radicale. Personne ne peut oublier le poète David DIOP, par ailleurs mort dans un accident d’avion, au large de Dakar. Les présences, dans les rues ou les différents établissements, d’Ousmane SEMBENE, de Lamine GUEYE, celui qui a fait abroger le Code de l’indigénat, et l’avocat des insurgés de Madagascar, mais aussi de Cheikh Hamallah, de Birago DIOP, ou de Cheikh Hamidou KANE, à honorer de son vivant, d’Abdoulaye Bara DIOP, Djibril SAMB, Amar SAMB ou Pathé DIAGNE, sont restées discrètes, à la marge, voire incongrues. La liste est indicative, non exhaustive.

Naturellement les programmes scolaires ne les connaissent pas. «Si on ne sait pas qui on est on ne saura jamais où on va», dit en substance un dicton africain. La question de la mémoire est donc un combat central. Loin d’une démarche victimaire ou belliciste du ressentiment, nous sommes en paix avec nous-mêmes et avec les autres. C'est un «rdv du donner et du recevoir», comme le disait à juste titre, le président-poète Léopold Sédar SENGHOR. Le colon qui avait boudé ses funérailles ne lui avait jamais pardonné sa Négritude.

Je crois aussi qu’il serait bienséant et équitable d’honorer les étrangers humanistes qui ont été solidaires avec la cause de l’Afrique et du Sénégal. Je songe naturellement et notamment à Léo FROBENIUS, le premier, en pleine ascension de la colonisation, avait osé parler de civilisation africaine et j’avais eu du mal à me procurer son livre, à Jean SURET-CANALE (1921-2007) expulsé du Sénégal, Dakar étant alors occupé par les vichystes, à deux extraordinaires Directeurs de l’IFAN, Théodore MONOD (1902-2000), naturaliste et à Vincent Mansour MONTEIL (1913-2005), islamologue, mais aussi à Emmanuel MOUNIER, écrivain humaniste, venu au Sénégal en et qui a identifié le talent de notre Mariama BA, à premiers écrivains sénégalais, à Van Vollen HOVEN, mort en héros à la guerre. Je pense en particulier aux grands intellectuels ou artistes, restés très attachés au Sénégal et à l’Afrique : Aimé CESAIRE, qui disait que sa grand-mère est casamançaise, Maryse CONDE, la plus africaine des écrivains antillais, France GALL qui vivait à l’Ile de N’Gor et sa fameuse chanson, «Babacar», Jean-Paul SARTRE, très solidaire avec la négritude et les mouvements de libération nationale en Afrique, ou Lylian KESTELOOT, restée attachée au Sénégal, jusqu’au dernier souffle. Il est vivant mon ami, Alain MILLION, et a décidé, à travers son association, «La vie en Marche » de venir en aide aux enfants du Sénégal en situation de handicap.

En ce cas 4 avril 2025, jour de l’indépendance, bonne fête nationale du «Grand petit pays» qu’est le Sénégal. Dans ce grand coup de balai du printemps, de réhabilitation de Mamadou DIA et je l’espère de tous les autres vrais héros, nous devons garder à l’esprit sa déclaration lors du 4 avril 1961. Le Président du Conseil indiquait le vrai sens de l’engagement politique. Un testament hautement politique, en répondant aux besoins essentiels de la population. «Je voudrais vous dire qu'il nous faut véritablement être à la hauteur de ces responsabilités écrasantes. M'adressant à vous en homme politique et en homme de gouvernement, je ressens de plus en plus le besoin de faire coïncider ces deux missions en moi, et je pense qu'il est nécessaire de réaliser cette synthèse à tous les niveaux de la nation. Nous pensons qu'il faut politiser la vie de la nation entière, mais par le même mouvement restituer à la politique son sens véritable. Il est temps que nous cessions de faire de la politique selon les termes d'une histoire parlementaire d'Occident qui n'est pas la nôtre. Il ne faut plus analyser selon des données prétendues classiques qui ne sont pour nous qu'exotiques, et donc artificielles, les termes d'opposition, de majorité, de mandat électoral. La politique dans une nation en voie de se faire c'est la technique engagée qui doit permettre de rassembler un peuple pour faire face à l'ensemble de ses problèmes de survie et de croissance. C'est la méthode humaine pour promouvoir le développement de la communauté des hommes en harmonie avec le développement de chaque citoyen. C'est donc pour nous la science socialiste au sens noble par excellence. C'est cet engagement qui est le lien, celui de notre parti qui est un parti national, et c'est celui de notre peuple. Nous avons le devoir d'y faire face ensemble» dit-il.

Références bibliographiques

I – Références sur Mamadou DIA

BA (Amadou, Bal), «Mamadou DIA, un nationaliste intransigeant», Médiapart, 13 août 2020 ;

DIA (Mamadou), Contribution à l’étude du mouvement coopératif en Afrique noire, Paris, P.U.F., 1952, 62 pages ;

DIA (Mamadou), Déclaration devant l’Assemblée nationale et les délégations invitées à la Fête nationale, Dakar, le 4 avril 1961, Imprimerie du Sénégal pages, document inédit, un grand merci à mon ami Adama Aly PAM, archiviste ;

DIA (Mamadou), Réflexions sur l’économie de l’Afrique noire, Paris, Présence africaine, 1960, 222 pages ;

DIA (Mamadou), Mémoires d’un militant du tiers-monde, si mémoire ne ment, Paris, Publisud, 1985, 245 pages ;

COLIN (Roland), Sénégal, notre pirogue, au Soleil de la liberté, journal de bord 1955-1980, préface d’Elikia M’Bokolo, Paris, Présence Africaine, 2007, 408 pages.

II – Autres références

BA (Amadou, Bal), «Abdoulaye SADJI (1910-1961), écrivain sénégalais», Médiapart, 2 avril 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Alain MILLION et son association au Sénégal, «La Vie en Marche » en aide aux enfants porteurs de handicap», Médiapart, 24 décembre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Charles de GAULLE et l’Afrique», Médiapart, 27 juillet 2023 ; 

BA (Amadou, Bal), «Cheikh Alioune NDAO, un excellent dramaturge sénégalais», Médiapart, 25 février 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Coly Tenguella BA, le denyanké, unificateur du Fouta-Toro», Médiapart, 11 novembre 2020 ;

BA (Amadou, Bal), «David DIOP, poète sénégalais», Médiapart, 20 octobre 2018 et 11 août 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «El Hadj Omar TALL Foutiyou, un géant de l’histoire», Médiapart, 28 mars 2019 ;

BA (Amadou, Bal), «Emmanuel MOUNIER et sa revue Esprit», Médiapart, 20 octobre 2022 ;

BA (Amadou, Bal), «France GALL (1947-2017)», Thiey Dakar, 9 janvier 2018 ;

BA (Amadou, Bal), «Jean-Paul SARTRE, un philosophe anticolonialiste», Médiapart, 27 mai 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Léo FROBENIUS, histoire de la civilisation africaine», Médiapart, 17 juillet 2022 ;

BA (Amadou, Bal), «Lylian KESTELOOT, universitaire de la négritude», Médiapart, 28 août 2022 ;

BA (Amadou, Bal), «Maba Diakou BA, héros national du Sénégal», Médiapart, 22 décembre 2019 ;

BA (Amadou, Bal), «Maryse CONDE, la plus africaine des écrivains antillais», Médiapart, 2 avril 2024 et 10 avril 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Me Lamine GUEYE, avocat des grandes causes», Médiapart, 17 juillet 2022 ;

BA (Amadou, Bal), «Pathé DIAGNE (1934-2023), un linguiste», Médiapart, 27 août 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Thierno Sileymane BAL et sa Révolution des Torodos en 1776», Médiapart, 5 avril 2020.

Paris, le 4 avril 2025 par Amadou Bal BA

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.