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Billet de blog 4 juin 2025

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"Ousmane SONKO : Le Parricide contre Diomaye FAYE ?" Amadou Bal BA

Le PM du Sénégal, Ousmane SONKO s'investit en chef de l’État, éclipse le pdt Bassirou Diomaye FAYE sur la scène internationale. Un parricide en politique au Sénégal. La crise est ouverte, Ousmane SONKO s'en prend publiquement au président élu Bassirou Diomaye FAYE et aux médias.

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«Le Premier ministre du Sénégal, Ousmane SONKO s'investit en chef de l’État et éclipse le président Bassirou Diomaye FAYE sur la scène internationale. Un nouveau parricide en politique au Sénégal. La crise est ouverte, Ousmane SONKO, devant le Conseil national du PASTEF, s'en prend publiquement au président élu Bassirou Diomaye FAYE après sa visite aux États-Unis» par Amadou Bal BA

Jusqu'ici la crise au sommet de l’État du Sénégal était feutrée. En effet, il y a de cela plusieurs mois, certaines langues malveillantes avaient relaté une bagarre au palais présidentiel entre Bassirou Diomaye FAYE président élu et son encombrant premier ministre Ousmane SONKO, des rumeurs vite démenties. On nous a dit que tout allait bien au PASTEF : «circulez, il n'y a rien à voir !». Quand j’ai écrit, dans ce présent article, «un parricide du Premier ministre dans la scène internationale», certains de mes amis m'ont dit que j'exagérais un peu.

Désormais, c’est un fait incontestable, entre le Président de la République et son puissant Premier ministre, président du PASTEF, la crise est béante ; elle est exposée sur la place publique, au Conseil national du Parti, un discours à la Sékou TOURé. Agacé par les attaques de ses opposants, le Premier ministre sermonne à son allié, le président élu, Bassirou Diomaye FAYE, comme s’il était son mentor. «On ne peut tolérer qu’un homme, père de famille et chef d’institution, soit traîné quotidiennement dans la boue, sous couvert de liberté d’expression J’interpelle le président Bassirou Diomaye Faye pour qu’il prenne ses responsabilités, sinon qu’il me laisse faire», dit  Ousmane SONKO.En effet, au Conseil national du PASTEF du 10 juillet 2025, Ousmane SONKO, président du PASTEF et Premier ministre, s’en est pris directement au président élu, Bassirou Diomaye FAYE «Le Sénégal n’a pas une crise politique classique. Ce dont souffre le pays, c’est d’un problème d’autorité. Si nous continuons comme ça, nous ne ferons même pas un mandat», dit-il. Bassirou Diomaye FAYE, un homme pondéré et conciliant est accusé par son Premier ministre de mener un double jeu, de discréditer, par sa posture apaisante, son Premier ministre. En effet, Ousmane SONKO revendique, publiquement, sa posture combattive et offensive. «Je suis le mieux placé pour dire quelle a été la ligne du parti. Ce qui se passe actuellement est inadmissible. Je suis allé le voir, car il a le pouvoir d’arrêter cela s’il le souhaite. La vraie question est : pourquoi n’a-t-il pas encore pris de décision ? Si j’étais à sa place, les choses ne se passeraient pas ainsi», dit le Premier ministre. «Ceux qui veulent me faire passer pour le méchant et lui pour le bon se trompent. Diomaye est mon frère, mon ami. Je ne convoite pas sa place», précise-t-il. En filigrane, le Premier ministre dénonce un complot au sein de son parti visant à l’évincer du pouvoir «Ousmane Sonko, amer, vindicatif, qui, comme à son habitude, s’en est pris violemment à la magistrature, aux médias, à l’administration, à la société civile. La nouvelle cible qu’il a attaquée cette fois sans gants, c’est le président de la République et certains responsables du parti qu’il accuse de comploter contre lui» dit le journal l’Enqête.

Par conséquent, c'est l'incendie dans la case du PASTEF, le parti au pouvoir au Sénégal depuis mars 2024. «À défaut d’ennemis extérieurs, voilà Pastef dévoré par un gatsa-gatsa au cœur de la République. La chimère Diomaye mooy Sonko n’aura tenu que le temps d’un hivernage. Comme si le sombre tableau que présente le Sénégal ne suffisait pas, Ousmane Sonko veut ajouter une crise à la crise. Le plus indécent dans la déclaration du leader de Pastef devant son Conseil national, c’est qu’il réclame plus de pouvoirs, lui qui en a tant. Il réclame le pouvoir pour solder des comptes personnels», dit Thierno Alassane SALL. En effet, désormais, comme en 1962 entre Léopold SENGHOR et Mamadou DIA, cette crise au sommet de l’État, après le Conseil national du PASTEF et le voyage aux États-Unis de Bassirou Diomaye FAYE, est sur la place publique. Après avoir insulté les magistrats, dénoncé le passif de Macky SALL, mis en prison de centaines d'opposants, sanctionné les candidats à l'immigration, le Premier ministre Ousmane SONKO s'en prend cette fois-ci, directement, à son «fidèle allié», le président élu Bassirou Diomaye FAYE.

Par conséquent, un parricide est en cours : celui qui est élu, c’est Bassirou Diomaye FAYE, mais l’homme fort, c’est Ousmane SONKO. La double dramaturgie au Sénégal réside d’une part, à ce que le Président élu, Bassirou Diomaye FAYE ne contrôle pas le parti au pouvoir et ses députés, restés pour l’instant, sous la coupe du Premier ministre, Ousmane SONKO, et d’autre part, de ce que Ousmane SONKO, après la décision du 1er juillet 2025 de la Cour suprême, reste condamné pour diffamation et donc privé de ses droits civiques. À ce stade, et sauf révision de sa condamnation, il est donc à jour, hors-jeu pour la présidentielle de 2029.

Le parricide est doté d’un éminent, parfois noble et salvateur rôle en politique. Un vrai homme politique n'est pas un enfant de chœur, c'est un tueur du père, pour prendre la place du père. Comme en 1962, le Sénégal est de nouveau marqué par une dyarchie au sommet de l’État, deux caïmans dans le même marigot. Léopold Sédar SENGHOR dans un régime parlementaire n'avait que des pouvoirs symboliques, il a fini par mettre en prison, pendant 12 ans, le président du Conseil, Mamadou DIA (Voir mes articles Médiapart, 13 août 2020, 4 avril 2025) l'homme fort du pays, «pour complot». On se souvient que Léopold Sédar SENGHOR, après 32 années d’absence au Sénégal, était revenu au pays dans les valises de Lamine GUEYE qu’il avait battu aux législatives de 1951. SENGHOR a eu l’intelligence de s’attacher les services de Mamadou DIA, un enseignant qui connaissait bien plusieurs langues du pays, le Ouolof et le Peul, ainsi que surtout le monde paysan. Macky SALL, qui était à la bonne école de maître Abdoulaye WADE, dit Laye Diombor, a su en 2012, face à la dévolution monarchique, renverser la table, et «tuer le père». Charles de GAULLE était le disciple du maréchal Philippe PETAIN, vainqueur de Verdun, et celui qui avait maté la première grande révolte anticoloniale du 20e du Rif d’Abdelkrim (Voir mon article, Médiapart, 6 août 2020). François MITTERRAND avait liquidé Guy MOLLET, en temps opportun, pour reconstruire un nouveau Parti socialiste, en 1971, et provoquer l’alternance de 1981. Jacques CHIRAC a eu l’audace de quitter Valéry GISCARD D’ESTAING. En 2007, Ségolène ROYAL s’était portée candidate à la présidentielle pour couper l’herbe sous les pieds à François HOLLANDE en raison de ses infidélités avec Valérie TRIERWEILLER. L’artiste, en la matière, a été Emmanuel MACRON, personne, même François HOLLANDE, un grand professionnel de la politique n’a pas pu voir le coup arriver. Il y aura eu des «coups d’État manqués», comme celui de Kalifa SALL dans ses attaques du siège du PS, les différents assauts, avec des couteaux aiguisés, contre Jean-Luc MELENCHON de la France insoumise.

À l'alternance dite de rupture de mars 2024, Bassirou Diomaye FAYE a été élu 5e président, mais les Sénégalais, en votant pour lui, pensaient au leader emblématique de l’opposition, Ousmane SONKO déchut de ses droits, pour diffamation. Par conséquent le président clandestin et sans-papiers du Sénégal, c'est bien le Premier ministre du Sénégal, Ousmane SONKO.

Cependant, tout au début de l'alternance, les formes légales, les apparences avaient été sauvegardées. En effet, on voyait régulièrement le président Bassirou Diomaye FAYE, bien sapé, dans ses tournées internationales, et escorté de l'une de ses élégantes épouses. Il a pu bien incarner la fonction présidentielle, y compris dans cette représentation symbolique de l’État, dans laquelle les fastes ont du sens politique.

Je constate, avec vous, depuis quelque temps, que les rôles sont inversés. Le parricide est probablement en mouvement. En effet, le Premier ministre Ousmane SONKO a déchiré ses habits de chef de l’administration ; il s’est investi en chef de l’État. Tout cela ressemble que ce Sigmund FREUD ou Fiodor DOSTOEVSKI (Voir mon article, Médiapart, 23 juillet 2024) ont qualifié de parricide, dans le roman «Les Frères Karamazov. En politique, il faut tuer le père. «Qui ne désire pas la mort de son père ?» dit le fils cadet, de Fiodor Pavlovitch Karamazov. Amadou BA, le bien nommé, qui est resté sage face aux manigances du président Macky SALL, qui l’avait soutenu, comme la corde soutient le pendu, en continuant à le remercier, a perdu une élection imperdable. Il a manqué de résolution et d’audace.

Très forte personnalité clivante, revendiquant la lumière, ce n’est pas dans l’ADN d’Ousmane SONKO, que de rester dans la pénombre. Il est en demande de lumière. En effet, on a constaté une inversion des rôles, c'est le Premier ministre Ousmane SONKO qui a été au Burkina Faso, en RCI, en Sierra Leone et en Guinée. Au passage, chef d'une alternance dite de rupture, le Premier ministre Ousmane SONKO a gratifié le président Alassane OUATTARA, qui a éliminé tous ses concurrents à la présidentielle du 25 octobre 2025 par une justice aux ordres (Tidjane THIAM, Laurent GBAGBO, Guy SORO, Blé Goudé), du titre révérencieux et très respectueux de «mon père». Que se passe-t-il donc quand le premier du Sénégal flatte ainsi le président Alassane OUATTARA, d'un autre bord politique ?

Au Sénégal, le PASTEF avait combattu, le troisième mandat de Macky SALL, mais en RCI, le quatrième mandat du président Alassane OUATTARA est accueilli avec déférence. La visite en Guinée de Sékou TOURé, coïncide avec l'accentuation de l’embastillement ou la disparition d’opposants (Aliou BAH, prdt du mouvement démocratique libéral, écroué le 30 déc 2024, pour offense au chef de l’État, 2 ans de prison ferme, arrestation d'Abdou SAKHO, Oumar SYLLA, etc. 50 personnes ont déjà perdu la vie, dans des violences policières.) Et le refus des militaires de remettre le pouvoir au civil comme au Mali, jadis pris en exemple de résistance à la Françafrique.

Théoriquement, le président élu, Bassirou Diomaye FAYE peut prendre un décret présidentiel révoquant son Premier ministre Ousmane SONKO, mais le PASTEF le suivra-t-il ?

En raison de ces deux caïmans dans le même marigot, on s'attendait tous à un parricide, mais à la veille des présidentielles de 2029. Cette irruption accentuée du Premier ministre sur la scène internationale a-t-elle une profonde signification politique et laquelle ?

La limite d'âge pour la fonction présidentielle au Sénégal est de 75 ans, avec une limitation à deux mandats successifs de 5 ans. Aussi, le président Bassirou Diomaye FAYE (45 ans) comme le Premier ministre Ousmane SONKO (50 ans), étant très jeunes, le PASTEF ambitionne de conserver encore le pouvoir politique pendant 50 ans. Mais faudrait-il encore un minimum d'harmonie et de concertation au sommet de l'État et j'ajouterais un bon bilan.

Je reprends à mon compte les expressions de Thierno Alassane SALL qualifiant le président du PASTEF de «gourou», à la tête d’une «secte». Quoiqu’il arrive, dans ce bras de fer au sommet, les militants du PASTEF, très disciplinés, comme à l’image du Parti communiste ou du Rassemblement national, vont suivre leur chef, le Premier ministre Ousmane SONKO, dans sa chasse aux ennemis de l’intérieur. Ainsi, le Premier ministre s’est attaqué au TFM, une chaine de télévision du chanteur Youssou N’DOUR, qui avait soutenu Macky SALL et qui serait financé par des investisseurs juifs, censés être hostiles à l’alternance dite de rupture au Sénégal «La presse n’a aucun pouvoir, sinon nous ne serions pas au pouvoir. Ils ont tous fait pour nous détruire. Je vais les combattre avec fougue, tout comme ils nous combattent. Que les militants du Pastef boycottent cette télévision (TFM de Youssou N’Dour) où des chroniqueurs passent leur temps à nous insulter», dit Ousmane SONKO à ses militants du PASTEF. «La démocratie n’est pas un alignement de têtes obéissantes», réplique le Groupe Futurs Médias. Dans l’opposition, au nom du droit de résistance à l’oppression, le PASTEF avait légitimé l’invective, l’insulte, la menace, la violence, Samuel Doe, y compris en justifiant l’incendie des archives de l’université. Certains opposants utilisent les mêmes méthodes.

Le Premier ministre, Ousmane SONKO, à condition de lever l’hypothèque de sa condamnation pénale le privant de ses droits civiques, est légitime à avoir des ambitions présidentielles pour 2029. Cependant, à l’alternance dite de «rupture» du 24 mars 2024, le PASTEF avait fait de belles et mirifiques promesses ; plus d’une année après, son bilan me semble désastreux (Voir mon article, Médiapart, 16 avril 2025). En effet, la montagne a accouché d’une souris : un débat public violent et futile en marge des préoccupations de la population, des mandats de dépôt se succédant, le Sénégal étant devenu une prison à ciel ouvert, la vie chère et des jeunes, fer de lance du PASTEF, désespérés ne cherchant qu’à prendre la pirogue pour quitter le pays. Il reste encore moins de quatre années au PASTEF pour convaincre ; et avant cela, il y aura des élections locales en 2027, un moment majeur de vérité. Est-ce toujours la faute à Macky, de certains juges qualifiés de «véreux», des insulteurs, de la presse de Youssou N’DOUR, ou à Diomaye FAYE accusé de double jeu, ou d’être un Président tiède, conciliant ?

Il est grand temps et urgent de se mettre au travail !

Paris, le 4 juin 2025, actualisé le 11 juillet 2025, par Amadou Bal BA

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