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«Giorgio ARMANI (1934-2025) un puissant symbole de la créativité et de la dimension artistique de l'Italie et du monde entier, un Empire des sens, de l’excellence et de la créativité» par Amadou Bal BA
Styliste, homme d'affaires, né à Piacenza ou Plaisance, en Italie, le 11 juillet 1934, d'origine arménienne et amant de Sergio GALEOTTI (1945-1985). Cette relation, entre hommes célèbres, a participé, dans son livre, «la tyrannie du plaisir» de Jean-Claude GUILLEBAUD à dynamiter les interdits sexuels, dans notre époque contemporaine, notamment une certaine morale conservatrice. Giorgio ARMANI n’a pas seulement connu que des hommes, il a eu des aventures avec les femmes «J’ai eu des femmes dans ma vie. Et parfois des hommes. Pour ce travail, il faut avoir l’esprit libre. Souvent tu n’as pas le temps de te soucier des autres. Une femme a besoin de beaucoup d’attention», dit-il. A la mort de Sergio GALLEOTTI, il a vécu avec Léo DELL’ORCO. Spécialiste du dressing masculin-féminin, son style minimaliste et sophistiqué, fluide a conquis le monde entier.
Giorgio ARMANI est mort à Milan, le 4 septembre 2025. Magicien de l’empire des sens, «Ma philosophie a toujours été d'aider les femmes et les hommes à se sentir à l'aise et confiants à travers leurs vêtements, et non de faire de la décoration pour faire de la décoration» disait-il. Designer, styliste, il a donné au costume et au tailleur, une valeur statutaire. Créateur de génie, Giorgio ARMANI, de sa célèbre veste «déstructurée», a révolutionné le costume aux silhouettes devenues intemporelles ; il a renouvelé et transformé la mode masculine et féminine. Son influence, amplifiée par «American Gigolo» et couronnée par une couverture du Time en 1982, continue d’inspirer des générations. «Faire de la mode n’a rien de divin ou de sensationnel. C’est élaborer une idée cohérente de la beauté et la partager avec son public» dit-il à Madame Figaro.
Giorgio ARMANI, qui a régné durant plus de cinquante ans, sur un véritable empire présent dans le monde entier, est mort jeudi 4 septembre 2025, à l’âge de 91 ans, à Milan «J’ai vécu dans plusieurs endroits différents à Milan, mais ce n’est que lorsque j’ai trouvé cette maison de la Via Borgonuovo que j’ai su que c’était la bonne. Cet édifice imposant du XVIIe siècle n’a pas vocation à être une salle de réception, il s’agit davantage d’un lieu paisible où recevoir mes amis les plus proches», disait-il. Georgio ARMANI, un créateur de génie, son héritage restera éternel. «Bâtisseur visionnaire et légende de la mode, Giorgio Armani s’est éteint. Pendant plus d’un demi-siècle, en réinventant le costume et en faisant de l’élégance sobre un langage universel, il a façonné une esthétique qui a ébloui Paris comme le monde entier», dit Mme Rachida DATI, ministre de la culture.
Georgio ARMANI, styliste légendaire, travailleur infatigable, maître de la mode, un amoureux de la France, symbolise l’excellence. «Il a donné à l'élégance italienne une portée et une envergure mondiales. Il a créé un style unique, fait d'ombre et de lumière, qu'il a su transformer en une aventure entrepreneuriale couronnée d'un large succès. Il était également un véritable ami et admirateur de la France» dit Bernard ARNAULT, PDG de LVMH. En effet, Gorgio ARMANI avait de nombreuses maisons en France, dont un appartement, acheté en 2014, à Saint-Germain-des-Prés, près du café Le Flore. «Ma vie à Paris, une rupture complète avec mon quotidien à Milan. C’est comme si je plongeais dans un autre monde. Le souvenir de ma première visite est encore vivace. J’étais très timide, et dans ce monde merveilleux et si particulier où la population se déplaçait complètement différemment, je me sentais tout petit. Mais je suis tombé amoureux de la joie de vivre parisienne, cette élégance électrique, qui allie le formel et la fantaisie», dit Giorgio ARMANI. L’artiste avait également une maison à Saint-Tropez «J’aime Saint-Tropez, car c’est un lieu comme la Provence en général, qui s’insère entre terre et mer. Pour moi, ce paysage a toujours eu quelque chose de familier. Ici, je peux me détendre profondément. Et la liberté qu’évoque la mer, à perte de vue, éprouver ces deux sentiments réunis est très grisant», dit le styliste.
Figure de génie, symbolisant l’excellence de l’Italie, les hommages affluent de par le monde. «Le monde a perdu un géant ; il a fait l’histoire et on s’en souviendra pour toujours», dit Donatella VERSACE, l’autre grande maison de marque italienne. «Avec Giorgio Armani, c'est une figure emblématique de la culture italienne qui disparaît, lui qui a su transformer l'élégance en un langage universel. Son style sobre et innovant a redéfini la relation entre la mode, le cinéma et la société, laissant une empreinte indélébile dans les mœurs contemporaines», a déclaré, Alessandro GIULI, ministre italien de la Culture. «Avec son élégance, sa sobriété et sa créativité, il a apporté du prestige à la mode italienne et inspiré le monde entier. Une icône, un travailleur infatigable, un symbole du meilleur de l'Italie», rajoute Mme Georgia MELONI, Première ministre d’Italie. «Mon style reflète clairement la culture italienne. Mais il découle avant tout du design et de la technique, de la recherche active d’un assouplissement des codes vestimentaires. Créer des vêtements à la fois chics, élégants et confortables, ce n’est certes pas facile, mais tel est l’objectif que j’ai toujours poursuivi. Je cherche à mettre en valeur l’apparence et le caractère de la personne qui le porte, sans jamais l’envahir ou la déguiser. La mode doit être complémentaire. C’est vous qui portez les vêtements et non l’inverse» disait-il à Marie Claire.
Issu d’une famille modeste et d’une fratrie de trois enfants, son père est Ugo ARMANI, et sa mère est Maria RAIMONDI. «Ma mère, en robe noire. C'était une femme belle et élégante, douce et forte à la fois. Rigueur et dignité ont marqué toute sa vie. Elle disait que pour créer de la beauté, il ne faut faire que le nécessaire, pas plus. Cette idée du « moins, c'est plus » est une doctrine que j'ai faite mienne. Elle me nourrit toujours. Aujourd'hui, elle me paraît plus pertinente que jamais.» dit-il au Guardian du 19 septembre 2020. Le jeune Giorgio avait entamé des études en médecine, vite abandonnées, après deux ans, pour la photographie. Il va devenir, en 1957, acheteur à «La Rinascente», un grand magasin milanais. En effet, chez Nino CERRUTI entre 1957 et 1970, il créé la mode masculine. Il travaille avec Sergio GALEOTI jusqu’en 1974. Styliste des collections hommes, il commence par le freelance pour d’autres maisons et affine son style «Made in Italy». Le 24 juillet 1975, il fonde avec Sergio GALEOTTI, son compagnon, «Giorgio Armani S.p.A».
Des femmes de renom, puissantes et célèbres, comme Katoucha NIANE, Tina TURNER, la princesse de Monaco Charlène, Julia ROBERTS ou Victoria BECKHAM, s'habillent en Giorgio ARMANI. Le cinéma a apporté à Giorgio ARMANI une plus grande visibilité internationale, notamment les costumes du film, en 1908, «American Gigolo» avec Richard GERE, «Goodfellas », Pulp Fiction», Le Loup de Wall Street, ou le Dark Knight. En 1981, il a lancé sa marque de jeans.
Dans son style attentif aux bruits du monde, Giorgio ARMANI flatte l’ego du consommateur «Le vêtement peut vous rendre unique, il autorise à être plus sincère envers soi» dit-il à «Vanity Fair». Aussi, en 2019, Gorgio ARMANI a reçu une récompense, courant toute cette belle carrière artistique. La contribution des grands artistes, comme Giorgio ARMANI, est déterminante dans l’essor du capitalisme financiarisé de notre temps. «Il ne suffit plus de lancer des produits de qualité technique, il faut être «tendance», spectaculariser l’offre marchande, lancer régulièrement de nouvelles lignes présentées comme des collections de mode», écrivent, en 2013, Gilles LIPOVETSKY et Jean SERROY, dans «l’esthétisation du monde». En effet, le capitalisme artistique, de l’hyperconsommation s’est imposé dans le style, la beauté, la mobilisation des goûts et des sensibilités, chaque jour davantage comme des impératifs stratégiques des marques richesse du monde, au-delà du triomphe du plaisir, de l’appauvrissement des existences ; c’est celui de la haute, et son modèle de consommation. «Aujourd’hui, la mode s’est étendue jusqu’à englober notre style de vie, et pas seulement la façon dont nous nous habillons, mais aussi celle dont nous concevons l’intérieur de nos maisons, les hôtels où nous descendons, les voitures que nous conduisons et la technologie que nous achetons», dit Giorgio ARMANI, cité par Jean-Jacques URVOY et Sophie SANCHEZ, dans «Le Designer».
Giorgio ARMANI, dans sa marque de grande fabrique d’un professionnel, perfectionniste, dans le souci du détail pour ses collections, veillait au moindre détail qu’il supervisait, personnellement, même à distance, aussi bien pour les vêtements, le maquillage, la logistique que le décor. Si grandement impliqué et dévoré par son travail, Giorgio ARMANI n’avait pas une vie familiale intense «Si je devais recommençais ma vie, je ferai en sorte de passer beaucoup plus de temps avec ma famille et mes amis», disait-il, le 19 septembre 2020, au Guardian. Dans son héritage, l’artiste italien incarnera une énorme légende de la mode, un cocktail détonnant de la beauté, de la rigueur, et de la passion pour son art. «Je suis une personne qui brise les codes dans le domaine du design, mais je n'ai jamais cherché consciemment à créer une révolution. J'ai simplement suivi mon instinct. J'ai libéré les gens des coupes inconfortables tout en brouillant les frontières entre ce qui était considéré comme un vêtement et un style «masculin» et «féminin», dit-il au Guardian.
Références bibliographiques
ARMANI (Giorgio), «I am a Rule Breaker », interview, The Guardian, 19 septembre 2020 ;
ARMANI (Giorgio), interview, Financial Times, 29 août 2025 ;
GUILLEBAUD (Jean-Claude), La tyrannie du plaisir, Paris, Seuil, 1998, 396 pages ;
LAMBERT (Kévin), Que notre joie demeure, Paris, Attila, 2023, 368 pages ;
LIPOVETSKY (Gilles) ROUX (Elyette), Le luxe éternel, l’âge sacré au grand temps des grandes marques, Paris, Gallimard, 2015, 256 pages ;
LIPOVETSKY (Gilles) SERROY (Jean), L’esthétisation du monde, Paris, Gallimard, 2013, 496 pages ;
MARCHATTY (Simone), «Armani, le vêtement pour vous rendre unique», Vanity Fair, 4 septembre 2025 ;
POTVIN (John), Giorgio Armani, the Empire of the Sense, Fanham, Taylor and Francis, 2017, 410 pages ;
URVOY (Jean-Jacques) SANCHEZ (Sophie), Le Designer : la conception de la mise en place d’un projet, Paris, Eyrolles, 2009, 322 pages ;
WHITE (Nicolas), Giorgio Armani, Londres, Carlton Books, 2000, 79 pages.
Paris, le 4 septembre 2025, par Amadou Bal BA