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Billet de blog 7 octobre 2025

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"Mansa, Maison des Mondes Africains, Paris 10e" Amadou Bal BA

Mansa : Maison des Mondes Africains, ouverture du 4 octobre 2025 à Paris 10e. Métro Goncourt. Une structure à vocation culturelle, pour le Bien-vivre ensemble. Cette Maison pour une diaspora éclatée et divisée aurait pu accompagner les racisés pour les sortir des marges afin d'être au centre du jeu les meilleurs.

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«Mansa : Maison des Mondes Africains, ouverture du 4 octobre 2025 à Paris 10e. Métro Goncourt. Une structure à vocation culturelle, pour le Bien-vivre ensemble.» par Amadou Bal BA

Une maison, «Mansa : Maison des Mondes Africains» a été ouverte, le samedi 4 octobre 2025, au 26 rue Jacques-Louvel Teissier, métro Goncourt, chez notre amie, Mme Alexandra CORDEBARD, maire du Xe arrondissement. Cette Maison Mansa est un clin d’œil à l’empereur du Mali, Mansa Moussa (1312-1337) converti à l’Islam, après son pèlerinage, en 1324, à la Mecque, couvert d’or, ce qui avait déclenché une course de la colonisation sur l’Afrique. Mansa Moussa ramena avec lui des savants de La Mecque, pour ouvrir une université à Tombouctou et construire des mosquées, maintenant classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dès qu’on réclame une Maison d’Afrique à Paris, pour la promotion du bien-vivre ensemble, cela soulève des réactions épidermiques et polémiques d’un autre temps. Cette Maison d’Afrique qui devait être hébergée à l’hôtel de la Monnaie, après des batailles fratricides, a fini donc par atterrir dans le Xe arrondissement. Le RN a accusé le gouvernement d’entreprendre «une destruction culturelle de la France, en cédant aux sirènes de la repentance». Et pourtant, Paris est la capitale culturelle de l’Afrique, depuis les années 20, notamment avec Joséphine BAKER, première artiste noire de dimension planétaire, mais aussi de grands écrivains afro-américains fuyant la ségrégation raciale (Les sœurs NARDAL, Maryse CONDé, James BALDWIN, Richard WRIGHT, Chester HIMES, Ta-Nehesi COATES). Paris où cohabitent plus de 116 nationalités, est largement «un Paris Noir» et le Centre Pompidou s’en est fait l’écho.

Ce n’est pas donc la gauche, au pouvoir à la mairie de Paris depuis 2001, qui est à la base de cette Maison des Mondes Africains, que j’ai réclamée, vainement, depuis de nombreuses années, sans être entendu. En fait, l’initiative vient du savant philosophe et ami, le professeur Achille MBEMBE, un proche du Chef de l’Etat qui lui avait soufflé cette idée d’abord, en 2017, au sommet de Ouagadougou, en puis, en 2021, en maître des cérémonies, au sommet Afrique-France, de Montpellier. «L’idée est de redonner une chance à la France à un moment où elle est chahutée en Afrique et paie les errements des gouvernements successifs», dit le professeur Achille M’BEMBé.

Si la Fondation de la Mémoire de l’esclavage est dirigée par Jean-Marc AYRAULT, ancien premier ministre et maire de Nantes, et curieusement l’Institut du Monde arabe, par Jacques LANG, en revanche, c’est Liz GOMIS une Française Afrodescendante, originaire de la Guinée-Bissau, journaliste, réalisatrice, intervenante à Sciences politiques, une proche du président Emmanuel MACRON, à travers le Commissariat général de la Saison Africa 20é qui dirige «Mansa : Maison des Mondes Africains» depuis le 4 octobre 2025, un projet culturel, la recherche de «l’Africanité française». En effet, pour elle, «Des voix plurielles méritent de se plonger dans les archives de l’INA, pour raconter des récits différents, loin de ce que nous racontent les médias», dit Liz GOMIS. «Il est essentiel d’avoir à Paris un lieu pour parler des mondes africains au sens large, notamment via les diasporas, et contrer l’angle mort qui existe actuellement en France sur la création contemporaine africaine, qui foisonne partout ailleurs.», dit Liz GOMIS, Directrice générale.

Quelles orientations et marges de manœuvre données à cette Mansa, Maison des Mondes Africains ?

C’est une structure orientée vers le bien-vivre ensemble «Cette volonté était aussi liée à une conviction : la culture doit jouer un rôle central dans ce renouvellement, à la fois par sa capacité à porter un regard neuf et apaisé sur le passé ; et par sa capacité à nous projeter ensemble vers l’invention d’un avenir commun», dit Mme Rachida DATI, le 4 octobre 2025, dans son discours d’inauguration de la Mansa, Maison des Mondes Africains. En particulier, c’est une structure culturelle avec trois objectifs qui lui sont assignés. «C’est d’abord un lieu : hybride et pluridisciplinaire, ouvert à toutes et tous. Un espace où les disciplines se croisent, où la diversité des regards nourrit la création et le débat. C’est ensuite un média : qui informe, diffuse et partage. Un média qui met en lumière la richesse des cultures africaines et afrodescendantes, qui en accompagne la visibilité et la reconnaissance dans l’espace public et dans les imaginaires collectifs. C’est enfin un réseau, à travers un écosystème mondial de partenaires, de passeurs et de créateurs, qui donne toute son ampleur au projet. Je veux saluer les musées et institutions qui sont nos partenaires naturels dans cette ambition : le Quai Branly, le musée de l’Homme, le Palais de la porte Dorée, le Théâtre MC-93» dit Mme Rachida DATI.

Conçu comme laboratoire vivant, où artistes et chercheurs inventent ensemble de nouvelles formes de création et de compréhension ; une maison ouverte à toutes les disciplines, toutes les générations, c’est l’artiste, Roxane MBANGA, qui a ouvert le bal, avec une exposition du 4 au 26 octobre 2025.

Quelles brèves remarques ?

A l'entrée de Mansa Maison d'Afrique, il y a deux valises symboliques. Pour ma part, les personnes aux idées courtes pensent que les immigrés devraient repartir chez eux, en construisant des foyers de travailleurs vivant seuls sans leur famille. Pour une bonne part, de ces immigrés il y a un mythe du retour en Afrique. Ils n'ont jamais posé leurs valises. Résultats ces personnes n'ont aucun projet de vie durable en France pour elles-mêmes en achetant des maisons et en éduquant leurs enfants pour une ascension sociale. Habitant des HLM de relégation mendiant de petits avantages, même après plus de 50 ans, ils vivent en marge de la société française sans en saisir les vraies opportunités. Une Maison d'Afrique à Paris pour une diaspora éclatée et divisée aurait pu accompagner les racisés pour les sortir des marges afin d'être au centre du jeu les meilleurs.

Une maison d'Afrique peut également accompagner les racisés pour conquérir les lieux de décision économiques et politiques. Très souvent le racisme est une question économique. Ce que j'appelle le bien-vivre ensemble, ce n'est d'autre que le partage du gâteau. Très souvent les racisés s'abstiennent massivement lors des consultations électorales et se contentent de postes d'élus marginaux dans les mairies. Or la conquête des mairies est fondamentale dans l'ascension sociale, notamment en termes de débouchés pour les entreprises de services à la personne de gardiennage ou de bâtiment. Certaines villes ont été conquises (Trappes, Saint-Ouen l'Ile Saint-Denis), mais d'autres ont pris des couleurs et sont gagnables comme Henin Beaumont ou Perpignan.

Par ailleurs, de nombreux très cadres français issus de l'immigration ont bien commencé à émerger (médecins avocats banquiers), mais ils sont isolés et ne sont pas interconnectés entre eux pour accompagner les jeunes dans des stages de l'apprentissage ou à préparer des concours. On a tendance à tendre la main sans rien donner en retour. Je parle d’avantages mutuels. Nous sommes toujours dans la consommation et la mendicité. Ce réseau de compétences peut être utile pour les entreprises françaises travaillant en Afrique, mais pour les gouvernants africains.

En définitive, une Maison d'Afrique serait très utile si elle accompagnait les racisés à mieux comprendre les règles du jeu, afin de réussir, pleinement, leur vie en France. Mais comme le bien-vivre ensemble c'est le partage du gâteau, certains vont-ils pousser dans ce sens ?

C’est avant tout aux racisés, riches de leur culture afrodescendante, de prendre le meilleur des autres communautés en France, de ne pas toujours attendre des autres, de se prendre en charge, de quitter la serpillière et le balai, pour être au «Sunny Side of the Street», pour une place au soleil.

Références bibliographiques

DATI (Rachida), «Discours d’inauguration de Mansa, Maison des Mondes Africains» Paris 10e, 4 octobre 2025, site Ministère de la Culture ;

BA (Amadou, Bal), «L’empire médiéval du Mali, sa splendeur», Médiapart, 28 décembre 2024 ;

BA (Amadou, Bal) «Paris Noir, luttes anticoloniales. Centre Pompidou», Médiapart, 4 avril 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Le bilan très contrasté du président Emmanuel MACRON. Un 3e mandat compromis», Médiapart, 13 juillet 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Le président Emmanuel MACRON chahuté au sommet France-Afrique de Montpellier», Médiapart, 10 octobre 2021 ;

BA (Amadou, Bal), «Paulette NARDAL (1896-1985) marraine de la Négritude», Médiapart, 15 août 2021 ;

BA (Amadou, Bal), «Maryse CONDé, (1937-2024) prix Nobel de littérature. Hommage national», Médiapart, 10 avril 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Salon du livre africain à Paris», Médiapart, 6 mars 2023, 14 mars 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Le professeur Souleymane Bachir DIAGNE, chez Présence africaine, Paris 5e, Universalier. Ubuntu», Médiapart, 29 septembre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Le professeur Felwine SARR, invité du Salon d’Automne à Paris, autour du thème, la vie commune», Médiapart, 2 octobre 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Sara MALDORO, une cinéaste décoloniale au Centre Pompidou», Médiapart, 4 avril 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Alain MABANCKOU, triomphe au Collège de France», Médiapart, 23 avril 2023 ;

BA (Amadou, Bal), «Mohamed M’Bour SARR, Prix Goncourt 2021», Médiapart, 8 octobre 2021 ;

BA (Amadou, Bal), «Présence Africaine (1949-2019) d’Alioune DIOP, fête à la Colonie ses 70 ans», Médiapart, 25 octobre 2019 ;

BA (Amadou, Bal), «La rencontre au Sénat du 4 octobre 2025 organisée par la députée LFI, Mme Danièle OBONO sur la dématérialisation et la dégradation des services publics.», Médiapart, 28 septembre 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Joséphine BAKER (1906-1975) artiste afro-américaine panthéonisée», Médiapart, 25 août 2021 ;

BA (Amadou, Bal), «James BALDWIN (1924-1987) et ses colères contre l’injustice», Médiapart, 9 mai 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Richard WRIGHT (1908-1960) écrivain tiers-mondiste, humaniste et anticolonialiste», Médiapart, 2 juin 2022 ;

BA (Amadou, Bal), «Chester HIMES (1909-1984), un Afro-Américain, ses romans policiers», Médiapart, 12 novembre 2024.

Paris, le 5 octobre 2025, par Amadou Bal BA

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