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«Le premier ministre et président du PASTEF, Ousmane SONKO organise le samedi 8 novembre 2025, à 17 heures, au stade Léopold Sédar SENGHOR, à Dakar, un grand meeting. Vers une crise politique majeure au sommet de l'Etat entre deux crocodiles dans le même marigot ? Parricide ou suicide politique du Premier ministre Ousmane SONKO ?» par Amadou Bal BA
Ousmane SONKO a déjà dit qu'il y aurait un «avant et un après» ce meeting du 8 novembre 2025. Il aurait donc d’importantes déclarations publiques à faire, pour crever l’abcès, lors de cette rencontre avec les militants, dans un grand stade à Dakar. Ce meeting se tient dans un contexte où le PASTEF, parti au pouvoir depuis mars 2024, négocie avec le FMI, un plan de financement qui vient justement d'être refusé. C'est aussi un contexte de tension très forte au sein du binôme entre le Chef de l'État et son Premier ministre. En effet, Ousmane SONKO avait dénoncé «un manque d'autorité» de la part du chef de l'État Bassirou Diomaye FAYE, jugé trop complaisant avec les dignitaires de l'ancien régime de Macky SALL et proche des Occidentaux. Guy Marius SAGNA a dit tout récemment ; brut de décoffrage, la pensée d'Ousmane SONKO, à savoir que le Chef de l'État qui doit tout au PASTEF et qui n'est rien sans ce parti, en dépit de l'onction du suffrage universel, aurait dû démissionner six mois après sa prise de pouvoir.
Avant ce meeting, Ousmane SONKO, le Premier ministre a pris soin de dire ostensiblement et publiquement qu'il se «mettait en congé». On sait auparavant qu’il s’était absenté d’un conseil de ministre, dans explications, et il dira que c’est pour «des raisons de santé». Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce une rupture ou une crise ouverte avec le chef de l’Etat ?
Au Sénégal, cette crise politique majeure, comme celle entre Mamadou DIA président du conseil et Léopold Sédar SENGHOR, président de la République en décembre 1962, paraît insoluble à brève échéance. Celui qui a été élu, même par défaut, et qui a le pouvoir légal de destituer le Premier ministre, c'est le président Bassirou Diomaye FAYE. En revanche, il ne fait aucun doute que l'homme fort du régime, qui tient le PASTEF et donc l'écrasante majorité parlementaire à l'Assemblée nationale, c'est bien Ousmane SONKO. Cependant le Premier ministre Ousmane SONKO, qui s’est battu pour sa vie pour être président de la République et qui a vaincu son redoutable adversaire Macky SALL, maintenant exilé au Maroc, est victime d'une double castration en politique. D'une part, il reste privé de ses droits civiques, à la suite de sa condamnation pour diffamation et la Cour suprême l'a confirmé, et d'autre part, en dehors de ses menaces publiques en conseil national du PASTEF ou à l'occasion de ce meeting d'intimidation du 8 novembre 2025, le Premier ministre n'a pas de moyens légaux pour destituer le président élu Bassirou Diomaye FAYE.
Très clivant, souvent mal avisé et au peu fait des choses de l’Etat et des règles de la diplomatie, fonçant la tête baissée, dans cette grande contrainte budgétaire, après la Chine, la Turquie et la France, le F.M.I. vient de retoquer la demande de financement de Sénégal d'Ousmane SONKO, à hauteur de 316 milliards. Quelle idée saugrenue et imprudente, quand on va emprunter sur le marché international d'agiter le chiffon rouge en mettant en avant une dette cachée ! «Quand on crache en l’air, cela finit par vous retomber à la figure», dit un dicton.
Excellent tribun dans ses jouxtes oratoires, le Gourou, continue d’envoûter les disciples de sa secte, enfermés dans une logique de la théorie du complot, de l’aveuglement. Les ennemis de l’intérieur ou de l’extérieur, doivent être écrasés pour que l’alternance dite de rupture puisse réussir. Ils sont nombreux et tapis partout, ce sont naturellement les partisans de l’ancien régime, la Françafrique, les juges véreux, la presse indépendante, dont celle de Youssou NDOUR, les insulteurs, mais aussi apparemment, l’allié d’hier le président Bassirou Diomaye FAYE.
Le président du PASTEF et Premier ministre, va-t-il continuer de foncer, dans ce meeting, du 8 novembre 2025, dans l’arène politique, non pas comme un gouvernant, mais toujours revêtu encore de ses habits d’opposant, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine ?
Références bibliographiques
A – Décisions de justice
Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, première chambre correctionnelle, audience spéciale du 30 mars 2023, Ousmane SONKO, déclaré coupable du délit de diffamation, deux mois de prison avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts à verser à Mame Mbaye KANE NIANG ;
Cour suprême, chambre correctionnelle, arrêt n°137, du 8 mai 2023, confirmation de la culpabilité d’Ousmane SONKO de diffamation et injures publiques, ainsi que les dommages et intérêts à verser à Mame Mbaye KANE NIANG, 6 mois d’emprisonnement avec sursis ; ordonne la publication de l’arrêt dans Walfadjiri et le Sud Quotidien ;
Cour suprême, chambres réunies, 1er juillet 2025, rejet de la requête en rabat de Ousmane SONKO, de l’arrêt n°1, du 4 janvier 2024 de la Cour suprême.
B – Autres références
BA (Amadou, Bal), «Ousmane SONKO, Ministre de la parole, parle pour annoncer un autre meeting du 8 novembre 2025», Médiapart, 26 octobre 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Bassirou Domaye FAYE, Plan B d’Ousmane SONKO», Médiapart, 22 novembre 2023 ;
BA (Amadou, Bal) «Ousmane SONKO : parricide contre Bassirou Diomaye FAYE», Médiapart, 4 juin 2025 ;
BA (Amadou, Bal) «Le président Bassirou Diomaye FAYE recadre son Premier ministre, tout en finesse.», Médiapart, 15 juillet 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Sénégal : une colère populaire «SONKO dégage !»», Médiapart, 22 septembre 2025.
Paris, le 8 novembre 2025, par Amadou Bal BA