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«Calendrier de la présidentielle au Cameroun du 12 octobre 2025. Le président Paul BIYA, candidat à sa propre succession. Rupture ou continuité : L’opposition tente de s’organiser ; quelle place de Maurice KAMTO ?» par Amadou Bal BA
La présidentielle du Cameroun a été fixée au 12 octobre 2025. La précédente élection présidentielle remontait au 7 octobre 2018. Les candidatures doivent être déposées avant le 21 juillet 2025. La liste définitive des candidatures sera fixée au plus tard le 11 août 2025. La campagne électorale se déroulera du 27 septembre au 11 octobre 2025.
Après un très long faux suspens, le président Paul BIYA du Cameroun, a finalement sa candidature, vient d’annoncer sa candidature. «J’ai donc décidé de répondre favorablement aux appels pressants qui montent de dix régions de notre pays et de la diaspora. Je suis candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025», dit le président camerounais. Paul BIYA, un dinosaure de la politique, a battu tous les records de longévité au pouvoir en Afrique. Né le 13 février 1933, père de trois enfants, c’est Louis-Paul AUJOULAT (1910-1973), un pied noir, un médecin et homosexuel français, fondateur du BDS, qui l’avait recommandé en octobre 1962, au premier président du Cameroun, un Peul, Ahmadou AHIDJO (1924-1989). Au pouvoir depuis 63 ans, Paul BIYA a gravi tous les échelons, pour devenir Premier ministre de 1975 à 1982, et Président à partir de cette date. Les services secrets français avaient convaincu Ahmadou AHDJO qu’il serait atteint d’une grave maladie, de prévoir qu’en cas de vacance temporaire du pouvoir, c’est le Premier ministre, Paul BIYA, qui assurerait la suppléance. Quand Ahmadou AHIDJO arrive à Nice pour se soigner, le médecin lui déclare qu’il se porte à merveille. Aussi, le premier président camerounais réalise, très tardivement, que c’est un coup d’État. Redoutant de retourner dans son pays, Ahmadou AHIDJO s’exile à alors au Sénégal, où il va mourir en exil.
Par conséquent, Paul BIYA, 92 ans, président depuis 43 ans, se présentera à sa propre succession. «Un chef baoulé ne démissionne pas, mais meurt en fonction», disait jadis, l’ivoirien, Félix HOUPHOUET-BOIGNY. Aussi, certains évoquaient un «coup d’État Hallal», comme le cas du Gabon, des militaires qui ont organisé, après leur putsch, des élections pour légitimer leur pouvoir. Mais le Cameroun n’est pas le Gabon. Les Camerounais, friands de rumeurs, avaient annoncé sa mort, et puis un jour, Paul BIYA est revenu au pays, faire taire les mauvaises langues. Si Paul BIYA, en dépit de son grand âge, a survécu, il est probable qu’il a du sens politique et connaît bien la classe politique de son pays. Le président Paul BIYA réside en Suisse, une bonne partie de l’année. Sur six années consécutives, soit depuis le 16 janvier 2019, selon un de ses ministres, le président Paul BIYA n’a pas tenu de conseil de ministres, et 4 ministres n’ont pas été remplacés.
En raison de l’âge du capitaine, n’ayant plus peur de «l’odeur du père», du côté de la majorité présidentielle, les appétits du pouvoir s’aiguisent ; le monolithisme, a cédé le pas à la polyphonie, voire aux dissentiments. Dans ce bal des égos, Brenda BIYA, la fille cadette du Président, avait annoncé sur Snapchat, sa «quandidature» à la présidentielle de 2025 ; ce qui lui avait valu des quolibets. Certains ministres «frondeurs», espérant succéder prochainement à Paul BIYA, ont donc pris le risque d’exprimer leur dissentiment. Chantal BIYA, l’épouse du chef de l’État a une grande influence, mais secrète, sur la vie politique au Cameroun. Ainsi, Célestine Ketcha COURTES, Ministre de l’Habitat et du Développement urbain, a publiquement dénoncé le manque de transparence dans l’attribution des marchés publics et plaidé pour une réforme profonde de la gouvernance urbaine. M. Joseph Dion NGUTE, Premier ministre, a tenté d’initier un dialogue avec la partie anglophone. M. Paul Atanga NJI, Ministre de l’Administration territoriale), connu pour ses prises de position tranchées sur la sécurité, a critiqué la gestion centralisée des fonds d’urgence. Les clans intensifient leur agitation, avec des concurrences ou des rivalités au sommet, comme le positionnement de M. Ferdinand Ngoh Ngoh, originaire de la Haute-Sanaga comme Chantal BIYA, ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence depuis le 9 décembre 2011, M. Cavaye Yéguié DJIBRIL, président de l’Assemblée nationale et M. Marcel Niat NJIFENJI, président du Sénat. Le Nord réclame sa part du gâteau, estimant en raison du précédent créé par Amadou AHIDJO, un mentor de Paul BIYA, que son tour est venu de prendre le pouvoir. Marafat Hamidou YAYA, ancien ministre d’Etat chargé de l’administration territoriale et ancien Secrétaire général, écrivain, n’a pas dit son dernier mot. Cependant, il a été condamné à 25 ans de prison, «pour complicité intellectuelle de détournement d’argent public». Incarcéré depuis 2012, Marafat Hamidou YAYA, dans ses écrits, n’a jamais renoncé à ses ambitions présidentielles.
S’agissant de l’opposition, le Cameroun compte 369 partis politiques, mais seuls 18 d’entre eux remplissent le critère imposé par le Code électoral, à savoir disposer d’un représentant à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les Conseils municipaux ou dans les conseils régionaux. Aussi, l’opposition camerounaise (Maurice KAMTO, Issa Tchiroma BAKARY, Bello Bouba MAIGARI, Joshua OSIH, Akere MUNA, Serge Espoir MATOMBA, Cabral LIBII, etc.) tente de s’organiser afin de s’organiser et de s’unir face à Paul BIYA, secrétaire général puis Premier ministre de Amadou AHIJO, et président depuis 1982. Le professeur Maurice KAMTO me semble sortir du lot, au sein de l’opposition.
Seules une explosion du prix de la bière ou une rupture de son approvisionnement pourraient provoquer la grande alternance au Cameroun. En effet, un confrère avocat, originaire du Cameroun, me disait, sous forme de boutade, que le pays est une sorte de grande boite de nuit, avec un esprit festif avancé ; une rupture de stock de la bière avait soulevé une grève dans le pays. La bière étant l’opium du peuple, une menace de grève avait plané dans le pays en octobre 2023. Les sociétés brassicoles demandent depuis 2022 de faire une nouvelle augmentation des prix de la bière en vue de compenser l’augmentation des prix du gaz naturel dans la loi des finances 2023, des matières premières sur le marché international et du fret maritime. Dans cet esprit hédoniste, il a évoqué le concept de «cameruineuses» que je découvre.
Pourtant, le Cameroun, confronté à un immobilisme et encore à des troubles dans une partie du pays, c’est la patrie de Um NIOBE, de grands auteurs comme Mongo BETI d’Achille M’BEMBé, Mgr Engelbert MVENG, Martial ZE BELINGA, Calixthe BEYALA, Hemley BOUM, Badiadji HORRETOWDO ou du footballeur Albert Roger MILLA est une population qui aspire à la dignité, à la liberté, à la démocratie, à la paix et au bien-être.
À suivre …
Paris, le 12 juillet 2025, par Amadou Bal BA