amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

1131 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 juillet 2025

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

"Thierry ARDISSON (1949-2025), animateur très conservateur" Amadou Bal BA

Thierry ARDISSON (1949-2025) disparition le 14 juillet fête nationale de France d'un royaliste fasciné par le conservatisme. Un homme en noir.

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Illustration 2
Illustration 3

«Thierry ARDISSON (1949-2025) disparition le 14 juillet fête nationale de France d'un royaliste fasciné par l'extrême droite» par Amadou Bal BA

Célèbre animateur, écrivain, producteur de télévision et de cinéma français, Thierry ARDISSON nous a quittés le lundi 14 juillet 2025. "Thierry est parti comme il a vécu, en homme courageux et libre", dit sa famille. Provocateur, royaliste, incarnant l’extrême droitisation des télévisions, Thierry ARDISSON a complètement transformé l'art de l'interview en imposant un style direct, une façon impitoyable et parfois cruelle de cuisiner les célébrités.

Thierry, Pierre, Clément ARDISSON est né le 6 janvier 1949, à Bourganeuf, dans la Creuse, un jour des Rois et mort un 14 juillet 2025, jour de la Fête nationale de France. Frondeur sans pudeur, cet appétit de vivre, de détruire lui vient de ses origines de Babyboomer «C’est la génération bénie, née Après-guerre et qui a profité des Trente Glorieuses, celle de la parenthèse enchantée, après la pilule et avant le Sida. C’est la génération de Mai 68. Nous sommes à la fois les auteurs et les héritiers. Pour le meilleur et pour le pire. On voulait changer le monde, c’est le monde qui nous a changés. Famille, boulot, style de vie, musique, sexualité : on a tout dynamité, sans se demander ce qui adviendra.», dit-il.

S’il est devenu dans sa vie, un homme public connu et reconnu, en revanche, son enfance est marquée par un climat familial, très lourd. Sa mère, Juliette GASTINEL (1930-2022) née à Nice, dans une rue populaire, rue Gioffredo, est une fille abandonnée qui a dû s’occuper de son père, Clément GASTINEL, un expert-comptable, d’obédience communiste, et de ses deux sœurs aînées. Son père, Victor ARDISSON (1925-2004) est originaire de Saint-Laurent-du-Var, et son grand-père paternel, Marius ARDISSON de Juan-les-Pins. Quand ses parents se sont rencontrés, à Golfe-Juan, son père avait 20 ans et sa mère 15 ans. N'étant pas encore mariés, quand sa mère fut enceinte, il fallait aille accoucher loin à Bourganeuf, dans la Creuse, loin des indiscrétions.

Ses différents déménagements ont fini par le rapprocher de la communauté des Pieds-noirs, rejetée en France métropolitaine, mais aussi très conservatrice. En effet, le jeune Thierry a vécu en Algérie, non loin d’Oran, quand il avait 6 ans, son père y a été envoyé pour la reconstruction d’une base militaire. A 8 ans, il revient en Savoie, près d’Albertville, le ski, le cinéma et les lectures de Marcel PAGNOL. Thierry ARDISSON étudie au collège Saint-Michel à Annecy Mais, à la maison on ne parle pas de sexe «Je me fais chier à mort. J’ai passé la semaine chez les curés. J’ai la tête farcie de mots en trois langues, de latin, de prières. Je rêve de toutes les salopes qui se font enculer dans les gares d’Albertville», dit-il. Le salut, c’est le festival d’été à Antibes-Juan-les-Pins où il découvre le Jazz, Ella FITGERALD et Louis ARMSTRONG. Son père, ingénieur, déménage souvent, et en 1963, à Milly-La-Forêt. A Salon de Provence, il retrouve la communauté des Pieds-noirs, les partisans de l’Algérie française, juste après les Accords d’Evian, marquant la fin de la Guerre d’Algérie. «La réalité des Pieds-noirs, c’est des centaines de familles débarquées là, des gens paumés, devenus des parias. Personne n’en voulait. Ils incarnaient la défaite. Ils avaient un lourd accent. Ils n’étaient pas comme tout le monde. Quand j’ai vu ce désastre de près, je me suis senti comme eux. A force de changer d’école, on était des déracinés.», dit-il. Le jeune Thierry fait par la suite des études de Lettres à l’université Paul Valéry, à Montpellier. Il débute sa carrière d’abord dans la publicité, puis dans l’audiovisuel.

D’un goût prononcé pour les provocations ou violences verbales, Thierry ARDISSON a toujours assumé ses idées royalistes et d'extrême droite. Aussi, admirateur de Napoléon, dans ses écrits, il a ressuscité le Palais des Tuileries, jadis situé entre le Pavillon de Marsan et celui de Flore, incendié par la Commune de Paris en 1871, avant d’être rasé par la République en 1883. Il y convoque les fantômes de ses héros, Louis XVII, Louis XVI et naturellement Napoléon.

Dans «Pondichéry», anticonformiste et conservateur, il fait l’apologie du colonialisme. «Et si la colonisation était une idée d'avenir ?» dit-il. Thierry ARDISSON, dans ce roman, relate l’aventure coloniale française en Pondichéry. Le 1er novembre 1954, à Pondichéry, la France abandonne ses Comptoirs. Au cœur de la Ville Blanche, dans un petit palais XVIIIe rongé par la mousson, un homme voit s'engloutir ses rêves. Du destin fastueux et démesuré de Dupleix, véritable vice-roi des Indes deux cents ans plus tôt, à celui, exemplaire et tragique, du premier administrateur colonial à avoir abaissé le drapeau tricolore sur un morceau de l'Empire.

Dans livre «Louis XX», une étude sur les vies de Louis XVIe, sa mort, Louis XVIIe, Louis XIX ou Henri, Thierry ARDISSON, dans son apologie du monarchisme, tente de nous persuader qu’il ne faudrait pas détester la Royauté, un régime musclé, le moyen encore de nous gouverner, de façon majestueuse. «Un régime est d'autant plus fort qu'il peut supporter et, mieux encore, nourrir en son sein ce qui parle contre lui», écrit-il.

I – Contributions de Thierry ARDISSON

ARDISSON (Thierry) COCQUEBERT (Vincent), Tout le monde en a parlé, Paris, Flammarion, 2012,  357 pages ;

ARDISSON (Thierry), Cinémoi, Paris, Seuil, 1973,  200 pages ;

ARDISSON (Thierry), Confession d’un Babyboomer, prologue et entretien avec Philippe Kieffer, Paris, J’ai Lu, 2006, 352 pages ;

ARDISSON (Thierry), Dictionnaire des provocateurs, Paris, Plon, 2010,  571 pages ;

ARDISSON (Thierry), L’homme en noir, Paris, Plon, 2025, 215 pages ;

ARDISSON (Thierry), La Bilbe, Paris, Seuil, 1975, 176 pages ;

ARDISSON (Thierry), Les années provoc, Paris, Flammarion, 1998, 347 pages ;

ARDISSON (Thierry), Les fantômes des Tuileries, Paris, Flammarion, 2016, 138 pages ;

ARDISSON (Thierry), Louis XX, Paris, Olivier Orban, 1986, 256 pages ;

ARDISSON (Thierry), Paris Dernière, Paris, Papier cadeau, 2016, 160 pages ;

ARDISSON (Thierry), Pondichéry. roman, Paris, Albin Michel,  331 pages ;

ARDISSON (Thierry), Salut les Terriens. Les meilleures vannes, Paris, Kero, 2016, 160 pages ;

ARDISSON (Thierry), Rive Droite, Paris, Albin Michel, 1983, 224 pages.

II – Autres références

ANTOINE (Dominique), Thierry 1er, toutes les vies d’Ardisson, Paris, Plon, 2018, 276 pages ;

BIRNEBAUM (Jean), La face visible de l’homme en noir, Thierry Ardisson, Paris, Stock, 2006, pages.

Paris, le 14 juillet 2025, par Amadou Bal BA

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.