Agrandissement : Illustration 1
Agrandissement : Illustration 2
Agrandissement : Illustration 3
«Sénégal : le président Bassirou Diomaye FAYE recadre son Premier ministre Ousmane SONKO président du PASTEF tout en finesse. Ca merdouille gravement le PASTEF ! Au boulot !» par Amadou Bal BA
Face au parricide en politique engagé par le premier ministre, Ousmane SONKO, au lynchage violent et public du président élu devant le Conseil national du PASTEF, parti au pouvoir, comme un Sérère devenu Peul, plein d'honneur et de dignité, habitant pleinement sa fonction présidentielle, Bassirou Diomaye FAYE a réagi, après un certain recul, mais tout en douceur et en finesse. La grande brutalité de la méthode du Premier ministre, qui a manqué à tous les sens de la convenance et aux usages de la bienséance, a surpris et choqué tous. C'est un suicide politique, très contre-productif, du PASTEF qui se tirer une balle dans le pied, que d'exposer sur la place publique ses divergences internes. Dans le protocole de Cap manuel, il était prévu, qu’une fois élu que le président Bassirou Diomaye FAYE démission et à la suite d’élections anticipées que Ousmane SONKO devienne Président de la République. Mais rien n’a fonctionné suivant ce plan.
Loin des invectives, des remontées de bretelles et de l'agitation, le président élu Bassirou Diomaye FAYE a pris de la hauteur ; il a recadré son Premier ministre, avec une grande subtilité, en rappelant les principes essentiels devant gouverner l'action de l'Etat, à savoir, notamment la souveraineté, la démocratie et la défense de l'Etat de droit. «J’ai l’intention de continuer à travailler sur les attentes des Sénégalais. Le seul combat qui vaille, c’est le combat contre les difficultés que les Sénégalais endurent, que nous-mêmes endurons en tant que gouvernants, confrontés à un héritage difficile. J’en appelle à tout un chacun. Nous devons tenir nos promesses.», dit le chef de l’Etat.
Bassirou Diomaye FAYE, président de tous les Sénégalais, symbolisant l’unité de l’Etat, pense que la démocratie n’est pas un pugilat. Or, dans sa rhétorique, avec des allures d’une dictature, le PASTEF pense que sa mission de rupture serait de «détruire» ou de «nettoyer» les vestiges de l’Ancien régime, celui de Macky SALL, et que le président Diomaye FAYE, à défaut d’être complice avec les puissances occidentales, serait trop mou ou peu résolu, à défendre cette ligne dure du PASTEF. Le rôle d’un parti victorieux aux élections, une démocratie n’étant pas une guerre civile, n’est de considérer les opposants, comme des «ennemis», mais des interlocuteurs projet contre-projet, sous l’arbitrage du peuple. Cette conception dévoyée et inquiétante de la démocratie me conduit à dire que ça merdouille, gravement, au PASTEF. Comme un enfant gâté qui a cassé son jouet, le Premier ministre allume chaque jour des feux de la Discorde. En effet, le Premier ministre qui se bat contre les moulins à vent, comme ce personnage su roman de Miguel CERVANTES, et se retourne maintenant contre son fidèle allié et «ami», Bassirou Diomaye FAYE, resté jusqu'ici d'une grande noblesse d'esprit. C'est donc une tragédie-comédie à laquelle on assiste de la part des théoriciens d'une alternance dite de «rupture». Le changement est bien arrivé, mais pas celui que les Sénégalais attendaient, un caquetage permanent, des menaces et des embastillements.
Bien que meurtri par ces attentes publiques et violentes, en conseil national de son parti, d'une grande noblesse d'esprit, Bassirou Diomaye FAYE, le chef de l’État, a réaffirmé, ostentatoirement : «Ousmane SONKO est mon ami. Il n'a pas de conflit entre lui et moi». Le dire, c'est aussi nommer, avec élégance, cette crise béante au sommet de l’État du Sénégal, que je compare à ce conflit entre Mamadou DIA et Léopold Sédar SENGHOR. Comme je l'ai rappelé dans mes précédents articles, le conflit était déjà latent quand, sur le plan international, alors que la diplomatie n'est pas de son ressort, le Premier ministre avait entrepris de nombreux voyages en Afrique et en Chine, se positionnant ainsi comme un chef d'Etat, pour doubler le chef de l’Etat. Un vrai parricide en politique !
Cependant, en dépit de toutes précautions oratoires, ce conseil national du PASTEF laissera des traces profondes, des plaies béantes entre le Président élu et son encombrant Premier ministre. Il n'est pas banal de mettre à témoin l'opinion publique nationale et internationale d'un conflit interne de leadership, et surtout d'assister à une remontée de bretelles du Premier ministre de son chef de l’État. C'est non seulement le monde à l'envers, mais c'est surtout une image dévastatrice qui laissera du ressentiment. Comme l'avait dit Mahatma GANDHI, l'humiliation peut pousser un homme politique à réagir et à se dépasser. Le président Bassirou Diomaye FAYE est blessé dans son honneur et sa dignité devant les militants de son parti, mais il n'a réagi, que maintenant, après recul et très dignement.
C'est une situation ubuesque le président Bassirou Diomaye FAYE, légalement, peut révoquer son Premier ministre. Ce qui naturellement ouvrirait une grave crise. Elu pour 5 ans, une démission du chef de l’Etat provoquerait des élections présidentielles anticipées. Dans un moment où le PASTEF, loin de convaincre, s'attaquer tous azimuts à l'Ancien régime, aux opposants, aux médias, à la société civile et aux juges, n'a pas de sens. Cependant, une écrasante majorité de militants du PASTEF pensent que le président élu, Bassirou Diomaye FAYE doit tout à son Premier ministre, qu’il devrait s’écraser et être plus obéissant. Il n’a pas échappé aux observateurs qu’en 2024, que Ousmane SONKO, privé de ses droits civiques, avaient longuement hésité, avant de choisir son plan B. C’est donc finalement Bassirou Diomaye FAYE qui s’est dévoué pour la bonne cause.
Pour ma part, militant de la cause du Sénégal, il faudrait respecter les échéances électorales laisser le président Bassirou Diomaye FAYE terminer son mandat. Il est bien entendu que le premier ministre Ousmane SONKO est l'homme fort du pays, disposant de l'essentiel du pouvoir. D'ici cette échéance, le PASTEF ayant gagné les législatives de novembre 2017, devrait s'attacher à appliquer méthodiquement son programme politique. C'est le bon sens qui le commande et les Sénégalais trancheront en 2029.
La question est maintenant posée. Le premier ministre Ousmane SONKO a été un formidable opposant ; il a pu congédier le président Macky SALL, c'est un extraordinaire exploit, mais est-il maintenant, en tant que gouvernant, à la hauteur de ses fonctions de ses responsabilités et des attentes placées en lui ?
Condamné pour diffamation en raison de son imprévoyance, donc victime d'une castration politique, le Premier ministre s'attaque à tous, sauf aux problèmes fondamentaux des Sénégalais. Alors que le Premier ministre dispose d'une majorité parlementaire écrasante, il cogne sur tout le monde, y compris sur son fidèle allié Bassirou Diomaye FAYE. C'est toujours de la faute aux autres. «Responsable mais pas coupable», disait Georgina DUFOIX, dans l'affaire du sang contaminé.
Je crois, fondamentalement, que notre Premier ministre, qui n'est plus un opposant, s'égare dans des colères ou polémique stériles, s'éparpille dans des chemins boueux. Dans un pays qui vote depuis 1848, vouloir museler les opposants et les juges, c’est peine perdue. Il faudrait tout simplement, dans l'intérêt du Sénégal, mais aussi de l'Afrique ayant placé de grandes espérances sur l'exemplaire démocratie de ce «grand petit pays», qu'il revienne à son projet politique et l’applique. Ses ambitions présidentielles sont nobles, mais chaque chose en son temps.
Face à ce spectacle désolant du débat public au Sénégal, très contre-productif, il faudrait siffler la fin de la récréation. En effet, il est grand temps, pour tous ces ministres de la parole et en particulier, M. le Premier ministre, qui devrait rester exemplaire d'arrêter ses meetings, ses invectives, ses injonctions ou insultes, mises en cause ou menaces. Monsieur le Premier ministre, Macky a perdu ; vous avez gagné les élections ! Plus d'un an après l'alternance, c'est le moment de l'action, le temps passe vite !
Au boulot Monsieur le Premier ministre ! Plein succès pour cette noble mission !
A suivre...
Références bibliographiques
BA (Amadou, Bal), «Ousmane Sonko, Premier ministre : un Parricide contre le président élu, Bassirou Diomaye FAYE ?», Médiapart, 4 juin 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Sénégal : bilan d’un an d’alternance dite de rupture.», Médiapart, 16 avril 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Bassirou Diomaye FAYE, 5e président du Sénégal», Médiapart, 25 mars 2024 ;
BA (Amadou, Bal), «Bassirou Domaye FAYE, Plan B d’Ousmane SONKO», Médiapart, 22 novembre 2023 ;
BA (Amadou, Bal), «Mamadou Dia, un nationaliste intransigeant», Médiapart, 13 août 2020.
Paris, le 15 juillet 2025, par Amadou Bal BA