amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

1151 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 octobre 2025

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

"Madagascar révolte populaire. Destitution. Militaires" Amadou Bal BA

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Illustration 2
Illustration 3

«Madagascar : Coup d’Etat militaire. Destitution par le Parlement du président Andry RAJOELINA en fuite. Concurrence entre les Militaires et l’Assemblée nationale» par Amadou Bal BA

Que se passe-t-il à Madagascar ? Quelle est la nature de cette insurrection depuis 1947 ?

Le président malgache, Andry RAJOELINA, arrivé au pouvoir en 2009, réfugié d'abord à l'ambassade de France, il a été évacué par le président Emmanuel Macron. Avant de partir le président Malgache a prononcé la dissolution du Parlement malgache.

Depuis le 25 septembre 2025, la population malgache confrontée à une misère noire de très longue date alors que d'autres vivent dans l'opulence, protestait, à travers le mouvement Gen Z, contre les coupures d'eau et d'électricité, un système de santé défaillant et une corruption endémique.

Le président malgache au lieu de prendre en compte les doléances légitimes de son peuple sa grande souffrance a préféré tirer sur les manifestants. Ils réclamaient la démission de leur président pour son manque d'empathie et sa grande brutalité. En effet, on estime qu'il y aurait au moins 22 morts et de nombreux blessés.

Le vendredi 13 octobre 2025 la situation a basculé, l'armée refusant de tirer sur la population civile désarmée et en grande souffrance, l’Armée s'est révoltée et a donc pris le pouvoir.

Cette chute du régime malgache, et probablement la prise de pouvoir par les militaires, à qui je ne fais pas confiance non plus, est aussi une sévère condamnation de la politique africaine du président Emmanuel MACRON. En effet, notre président se caractérise, aussi bien sur le plan intérieur, que sur le plan africain, par un mépris souverain de la réalité, une grande arrogance, un aveuglément et un entêtement qui a fait perdre la France sa place dans le continent noir.

Le Madagascar est un pays au passé colonial très lourd. En 1897, le massacre d’Ambiky, est resté dans les mémoires. La France du président Emmanuel MACRON, a restitué, en août 2025, les trois restes humains conservés jusqu’à présent dans les collections nationales françaises et affectés au Muséum national d’histoire naturelle, ont été rendus aux autorités malgaches, dont le crâne du roi Toera. Aimé CESAIRE fait référence à ce crime d’Ambiky, un massacre contre l’humanité, dans son «Discours sur le colonialisme». En effet, le 30 août 1897. Le commandant Augustin, Gérard GERARD (1857-1926), un des adjoints du gouverneur de Madagascar Joseph GALLIENI (1849-1916), qu’il a suivi depuis le Tonkin, commet ce jour-là un massacre d’une ampleur comparable aux exactions de la colonne Voulet-Chanoine, en Haute-Volta. Après ces massacres, le commandant GERARD est promu, en 1912, général de division et en 1917, il est décoré du Grand-Croix de la légion d’honneur.

Lors de la révolte du peuple malgache, contre le colonisateur français, en mars 1947, durement réprimée, avec plus de 100 000 morts, un crime contre l’Humanité, des parlementaires, dont Jacques RABEMANJARA, avaient appelé à l’insurrection. Pour cela que Rabé est condamné aux travaux forcés à perpétuité, peine qu'il subit au bagne de Nosy Lava jusqu'en 1955, puis à la prison de Marseille. Amnistié le 27 mars 1956, Rabé regagne Paris où il retrouve son ami Alioune DIOP.

Dans la crise actuelle qui secoue en octobre 2025 le Madagascar, les militaires ont pris fait et cause pour la population. En effet, les militaires du CAPSAT ont annoncé le 14 octobre 2025, le pouvoir. Une «commission spéciale» pilotée par militaires et gendarmes sera nommée et, par la suite, un gouvernement sera composé.

Je l'ai toujours dit que je ne fais pas confiance aux militaires qui, une fois au pouvoir ne le lâchent plus ; le cycle de répression et de souffrance continue. C'est le cas du précédent emblématique du Mali. Le premier ministre Choguel MAIGA, à la base du mouvement pacifique de désobéissance civile au Mali, qui avait fait voter une Constitution par référendum et prévu la fin de la période transitoire, a été embastillé par ses alliés les militaires. Devenu général Assimi GOITA, président à vie, il a dissout tous les Partis politiques. C'est donc aux Malgaches de prendre, directement en charge leur destin en main, en refusant de basculer vers une nouvelle dictature, celle des militaires, en choisissant un régime civil et démocratique.

La situation au plan constitutionnelle est confuse, avec un tiraillement entre le régime militaire et les autorités civiles. D’une part, les militaires ont pris en charge les rennes du pouvoir, et le Colonel Michaël RANDRIANIRINA s’est investi en chef de l’Etat. Placé en résidence surveillé en 2023, pour atteinte à la sûreté de l’Etat, il sera libéré en 2024. Il envisage de nommer un nouveau Premier ministre, qui sera chargé de former un gouvernement civil. D’autre part, parallèlement à cela, réfutant la validité de cette dissolution par le chef de l’Etat en fuite, Andry RAJOELINA, les députés ont tout de même procédé au vote de sa destitution, par 130 voix sur les 163 députés de l'Assemblée nationale.

Sur le plan juridique, la Constitution malgache prévoit, qu'en cas de démission ou destitution d'un Président, cette fonction est assurée par le Président du Sénat.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BA (Amadou, Bal), «Paul VIGNIER-D’OCTON (1859-1943) un écrivain anticolonialiste», Médiapart, 16 août 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Sylvie LAPORTE, Nom de Code, Jacques RABEMANANJARA», Médiapart, 20 mars 2025 ;

BENOT (Yves), Massacres coloniaux (1944-1950). La République et la mise au pas des colonies, Paris, La Découverte, 2005, 202 pages ;

RABEMANANJARA (Jacques), Nationalisme et problème malgache, préface d’Alioune Diop, Paris, Présence africaine, 1959, 246 pages ;

RABEMANANJARA (Jacques), Témoignage malgache et colonialisme, Présence africaine, 1956, 46 pages ;

THEOLLEYRE (Jean-Marc), Ces procès qui ébranlèrent la France, Paris, Calmann-Lévy, Paris, 1956 et 1966, 342 pages.

Paris, le 15 octobre 2025, par Amadou Bal BA

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.