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«Meeting de Tidjane THIAM à Paris, candidat à la présidentielle ivoirienne du 25 octobre 2025. La Côte-d’Ivoire, amie de tous les pays, doit rester maîtresse de son destin. Tidjane THIAM veut redonner la dignité aux Africains, en provoquant la première Grande alternance en RCI» par Amadou Bal BA
C'est la première fois que je rencontrais, de visu, M. Tidjane THIAM, un homme d’État ivoirien, candidat à la présidentielle du 25 octobre 2025. La grande salle des conférences internationales, en dépit du mois de Ramadan, avait refusé du monde. «Quand je vois des assemblées, comme la nôtre, cela me redonne de l’énergie, du courage ; cela me montre ce dont nous sommes capables. Je suis surpris par votre détermination.», dit-il, le samedi 15 mars 2025, à son meeting, à Paris. Tidjane THIAM, surnommé affectueusement, TT, est recherche, martèle-t-il, du bonheur et de la dignité pour les Africains. Je suis très agréablement surpris par son humour dévastateur, So British, sa distanciation, son humilité et surtout sa grande fraîcheur dans sa façon d'aborder la politique peu conventionnelle, plaisante, mais rigoureuse, convaincante et très sérieuse. «Il faut éviter des gouvernants qui ne savent pas vous faire rire. Méfiez-vous des gens qui n’ont pas le sens de l’humour. À éviter, très dangereux. À éviter», dit-il. En effet, l’humour, dans ce monde de brutes, une arme en politique qui n’est pas à la portée de tous, bien maniée à bon escient, permet de mieux exposer son ambition, pour gagner l’adhésion des rieurs. «Le rire est le soleil qui chasse l’hiver du visage humain», dit Victor HUGO (1802-1885).
Tidjane THIAM a commencé par conquérir le PDCI-RDA, dont il est devenu le président, le 22 décembre 2024, avec un score soviétique de 96,50%. Les forces réelles du PDCI sont «une implantation ancienne sur l’ensemble du territoire, un vivier de compétences pour la nation, qui a fourni de nombreux cadres et dirigeants à la Côte-d’Ivoire, et un profond attachement à la paix et au dialogue» dit-il, à Marine JEANNIN, du journal Le Monde. Son parti, le PDCI-RDA, fondé par Félix HOUPHOUET-BOIGNY (1905-1993), a été premier président ivoirien, après l’indépendance. Député et ministre sous la Ive République, initialement proche des communistes, Félix HOUPHOUET-BOIGNY est le fondateur, en 1946, à Bamako, du premier parti africain, le RDA. Durement réprimé à travers les massacres du 30 janvier 1950 à Dimbokro, plus de 10 000 morts, Félix HOUPHOUET-BOIGNY, s’il s’est rallié à la France, père de la nation ivoirienne construite l’unité dans la diversité, la paix et le bien-être de tous. Un des adjuvants de son orientation politique «c’est la confiance en soi, et la décentralisation. On ne doit jamais accepter qu’on vous impose des limites à ce que vous pouvez faire. Ceux qui connaissent le pays (la RCI) savent que c’est un État de la diversité et de la complexité, mais dans l’unité de cette belle nation. La seule manière de faire des choses qui ont un sens, c’est d’être décentralisé. Si vous voulez tout régler d’Abidjan, vous avez tout faux. Aussi, le PDCI est décentralisé en 15 sections, dont une représente la diaspora», dit-il, Tidjane THIAM veut prendre les décisions au plus près des besoins de la population. C’est ce qu’il a déjà été fait pour son parti politique, le PDCI, et déjà mal copié par le camp d’en face. La copie n’est jamais aussi bonne que l’originale : «Les Anglais disent «l’imitation est la forme la plus accomplie de la flatterie» ou «imitation is the sincerest form of flattery» dit Tidjane THIAM. Le camp d’en face risque d’être pris à son piège de manque d’imagination. «C’est comme un chien qui suit le lièvre. Le livre court et passe à côté d’un arbre et plus en plus il zigzague entre plusieurs arbres ; et le chien le suit, jusqu’au moment où le chien se prend le tronc d’un gros arbre.».
Par conséquent, Tidjane THIAM, ancien ministre du Plan, est le successeur de Henri KONAN-BEDIE (1934-2023), président ivoirien, de 1993 à 1999. «On a fonctionné sans subvention, mais on a pu faire des obsèques dignes pour Henri KONAN-BEDIE. On peut être fier de ce qui a été fait. 100 000 personnes et l’après-midi, 100 000 autres personnes de plus. 789 motos pour faire les navettes.», dit Tidjane THIAM. Le PDCI a été modernisé, avec une dématérialisation orientée vers une plus grande adhésion des jeunes représentant l’avenir. Des thématiques de campagne électorale et de projet pour une société nouvelle, avec plus de 400 cadres mobilisés depuis plus d’un an, ont été élaborées sur des sujets variés et stratégiques (Paix et sécurité, capital humain, santé, éducation, économie, équité, société, droits de l’Homme, justice, développement durable). Ce travail sera présenté, le moment venu.
La RCI, un pays riche, est une démocratie sans alternance, plombée par les questions d’ethnicité et la précédente guerre civile. Aussi, une des grandes revendications de Tidjane THIAM est la révision des listes électorales ne reflétant nullement la réalité démographique de la RCI, un pays de 31 millions d’habitants, mais seulement avec un corps électoral de 7 millions inscrits. «Quand je suis revenu au pays, j’ai souligné cette grave anomalie. Le Ghana a 30 millions d’habitants et 17 millions d’inscrits. La RCI, avec la même population, ne compte que 7,8 millions inscrits sur les listes électorales. C’est le cœur du problème, du combat pour des élections libres et transparentes en RCI. Si vous avez 35% de participation, 2 millions de votants, et donc avec 1,1 million, vous obtenez la majorité. Par conséquent, si vous êtes minoritaires, et que vous voulez vous maintenir au pouvoir, le vrai corps électoral ne compte plus. C’est aussi simple que cela. S vous êtes dans un village, et que vous n’avez pas beaucoup de partisans, est-ce que vous allez favorisez que tout le monde vote ? Non, évidemment. Par conséquent, 4 à 5 millions de personnes ont été privées, illégalement et injustement, du droit de vote. Ce chiffre a été repris par la CEI.», dit Tidjane THIAM. Combatif et pugnace, jusqu’au bout, Tidjiane THIAM continuera, jusqu’à la dernière limite, de mobiliser les adhésions au PDCI, passées de 500 000 à 1 million, en vue d’une participation de tous au scrutin, dans la transparence : «Même quand l’arbitre siffle la fin du match, il faut continuer de jouer, l’arbitre attendant la fin de l’action, si cela rentre ; cela peut compter et vous avez gagné le match de foot», dit-il.
Tidjane THIAM, né le 29 juillet 1962, à Abidjan en RCI, est un authentique Ivoirien, un pays hautement multiculturel, une nation d’immigrants originaires du Burkina Faso, du Ghana, du Mali, de la Guinée ou du Sénégal. Le concept d’Ivoirité, lancé par Henri KONAN-BEDIE, une dimension purement culturelle, a été détourné de son noble objectif initial de fierté nationale. Son père, Amadou THIAM (1923-2009), journaliste né à Dagana, au Sénégal, diplômé de l'Institut international de journalisme de Strasbourg, émigré en Côte-d'Ivoire en 1947, jouissait de la nationalité française en vertu des lois coloniales avant de s'installer en Côte-d'Ivoire. Il est donc le neveu de Habib THIAM (1933-2017), Premier ministre d’Abdou DIOUF, de 1991 à 1997 et de 1981 à 1983. Son père Amadou THIAM, un fidèle compagnon de Félix HOUPHOUET-BOIGNY, a été Directeur de la radio de RCI et plusieurs fois ministre ivoirien. Produit pur de la méritocratie, de son éducation, Tidjane THIAM a réussi dans la vie, grâce à son travail acharné «Les postes que j'ai eues dans ma carrière, je les ai eus au mérite pas par filiation», dit-il. Faudrait-il, le rappeler, Tidjane THIAM est le premier polytechnicien ivoirien, «Le 14 juillet 1983, ma mère (Mariétou) est là, profondément émue de voir le plus jeune de ses sept enfants porter cet uniforme si symbolique de l’idée qu’elle se fait de la France. Ce que ma mère ressentit ce jour-là, elle l’Africaine que son père refusa d’envoyer a ‘l’école des blancs’ et qui dut apprendre à lire une fois adulte, à plus de trente ans. Ma mère si africaine, si fière de son héritage et de sa culture et pourtant si déterminée à donner toutes leurs chances à ses enfants dans un monde si différent de celui dans lequel elle grandit», dit, le 9 octobre 2009, Tidjiane THIAM, à l’Institut Montaigne. En effet, sa mère Mariétou SOW, née en 1931, en RCI, fille de Thérèse AKA AMOIN, une cousine de Félix HOUPHOUET-BOIGNY, et de Pape SOW, est une descendante de la reine, reine Yamousso ou «Yaa Kan», d’où le nom de la ville Yamoussoukro.
«Je crois que la petite expérience que j'ai peut être utile en Côte-d'Ivoire», dit fort modestement, Tidjane THIAM. En effet, Tidjane THIAM est doté d’un impressionnant curriculum vitae : premier Ivoirien, diplômé en 1984, de l’école Polytechnique de Paris, ingénieur civil des Mines, de l’École nationale supérieure des Mines de Paris, titulaire en 1988 et d’un MBA, INSEAD. En raison de sa solide formation, Tidjane THIAM dispose d’une solide expérience internationale de consultant à New York à Londres, entre 1986 et 1994, le premier Africain à être nommé Chief Executive Officer le patron, en quelque sorte d'une très grande société européenne, Directeur général des assureurs Aviva et Prudential, et de l’Institution helvétique Crédit Suisse, et patron d’un fonds d’investissement nommé Freedom Acquisition Corporation et émissaire africain chargé de la riposte contre le Covid-19. «Je veux être le président pour changer tout ce qui doit changer», dit Tidjane THIAM.
«Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où est-ce qu'il va», dit Sénèque. Par conséquent, organisé, méthodique, rigoureux et ayant le sens de la stratégie, armé d’une très haute expertise, Tidjane THIAM a pour ambition de sortir de la RCI de 15 ans de marasme économique de la gouvernance d’Alassane OUATTARA. Tidjane THIAM veut provoquer le 25 octobre 2025, la première grande alternance de la Côte-d’Ivoire, depuis l’indépendance, en 1960. Pour cela, Tidjane THIAM a déjà réussi de former, le 10 mars 2025, une grande coalition de l’opposition, notamment entre le PDCI et le Mouvement des Générations Capables (MGC) de Simone GBAGBO, l’ex-première dame, et le Congrès des jeunes pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) de Charles Blé GOUDé, l’ancien chef d’orchestre des jeunes patriotes sous le régime de Laurent GBAGBO. «Mme GBAGBO pourra-t-elle faire un jour un discours à la maison du PDCI ? C’est la magie de l’union ; symboliquement, c’est très important. On est capable, il suffit de le vouloir. Je suis un déçu du pouvoir politique. J’ai toujours été conciliant, respectueux, conciliant, poli, au point que certains disaient que j’étais trop mou. C’est délibéré. On n’est pas payé pour ; tout ce que j’ai c’est des injures, des calomnies. On me traîne dans la boue. C’est malheureux. On a des gens qui ne savent se comporter que cela. Si on ne les agresse pas, eux ils vous agressent. C’est une machine qui n’a qu’un seul mode de fonctionnement. Le contexte a changé, mais ils ne se comportent pas différemment. Il ne faudrait pas qu’on dévie. Ils nous ont envoyé des nervis pour nous empêcher la tenue du congrès du 15 décembre 2023 du PDCI. Si on ne peut contrôler les évènements, c’est toujours, comment on réagit à ceux-ci. Je poursuivrais en justice, pour diffamation, ceux qui ont affirmé que je ne payais les impôts en Suisse. Toutes mes rémunérations sont publiques. Je ne peux pas échapper au fisc. À un moment donné il faut siffler la fin de récréation et dire que ces mensonges ou calomnies, ça suffit.», dit Tidjane THIAM. Loin des invectives stériles, Tidjane THIAM a pris de la hauteur, drapé dans les valeurs positives de la République. La RCI mérite mieux. «On ne peut pas passer son temps à régler des comptes. On ne peut pas passer son temps à se venger. Ce pays est un grand pays. Il faut qu’il soit gouverné par des valeurs», dit Tidjane THIAM.
«J’ai un rêve, celui de transformer notre pays, de bâtir une nation où nous sommes fiers de l’éducation donnée à nos enfants, fiers de nos libertés, fiers d’être les artisans d’une société où ni la violence, ni la peur n’ont leur place», dit Tidjane THIAM. Quand le PDCI a été chassé du pouvoir, en 1999, le pays était classé 125 au monde. 25 ans après, la RCI d’Alassane OUATTARA est maintenant au 166e rang. La pauvreté s’est aggravée, la santé et l’éducation sont en mauvais état. Il y a des points communs pour les pays qui réussissent économiquement «Je n’ai jamais vu un pays réussir économiquement en négligeant d’investir dans l’éducation. Investir dans l’éducation n’est pas seulement qu’une question de moyens, mais de volonté politique. La transition démographique est avant tout une question d’éducation. La démographie africaine, ce n’est pas une fatalité. La démographie est un faux symptôme si on n’investit pas dans l’éducation», dit-il, le 3 décembre 2021, à RFI. «Dans la vie, on doit avancer, et nous, on a reculé. Que les notes soient meilleures qu’avant, la RCI a reculé. Des vies humaines sont en jeu, en raison de la pauvreté ou du déficit sanitaire. La pauvreté est de 22% en ville et 52% à la campagne. 52% c’est une moyenne, mais dans certaines contrées reculées, le taux de pauvreté est en 60 et 70%. Avec de telles contreperformances, le gouvernement actuel ne peut pas trop élever la voix. En matière de santé, avec plus de moyens, la RCI est classée 13e sur 14 des pays les moins avancés. Le PBI ivoirien par tête est supérieur 60% de plus que le Sénégal, mais les enseignants sénégalais sont mieux payés et l’éducation y est de meilleure qualité. Aucune université ivoirienne n’est dans les 30 meilleures d’Afrique. Alassane OUATTARA est au pouvoir depuis 15 ans, la seule question pertinente, ce n’est pas ma nationalité, mais est-ce qu’ils mériteraient un mandat de 5 ans de plus ?», dit Tidjane THIAM. La santé en RCI reste préoccupante. Si les fortunés se soignent dans des cliniques privées ou à l’étranger, une bonne partie de la population est laissée pour compte.
Loin du ressentiment ou de la soumission, Tidjane THIAM, n’est pas l’homme des Français. Il a une vision claire pour l’avenir, une RCI souveraine, en paix avec elle-même et avec les autres nations, dans le cadre d’une coopération mutuellement avantageuse : «La Côte-d’Ivoire, maîtresse de son destin, n’est ennemie de personne, mais l’amie de tous. Je suis un homme libre. Après deux ans, à Londres, il y a une chose que mon patron m’a apprise, j’étais encore locataire, pensant que je pouvais échouer dans son projet professionnel, il m’a dit que tu dois toujours t’inscrire dans un projet de victoire, de succès, et non d’échec, et donc la victoire viendra», dit Tidjane THIAM.
Références bibliographiques
BA (Amadou, Bal), «RCI, présidentielles du 25 octobre 2025. Une démocratie sans alternance», Médiapart, 14 mars 2025 ;
Eco d’Ici, Eco d’ailleurs, «Tidjane Thiam. Ecoutons les Africains», RFI, 3 décembre 2021, durée 53minutes27 secondes ;
D’ARBOUSSIER (Gabriel) HOUPHOUET-BOIGNY (Félix), Le RDA est toujours anticolonialiste. Lettre ouverte à Félix Houphouët-Boigny, 1952, 65 pages ;
GRAH MEL (Frédéric), Rencontre avec Félix Houphouët-Boigny, Frat-Mat éditions, 2005, 424 pages ;
HOUPHOUET-BOIGNY (Félix), Félix Houphouët-Boigny et la nation ivoirienne, Nouvelles éditions africaines, 1975, 328 pages ;
SILOUE (Océane), Alassane Ouattara, contre la nation ivoirienne, Paris, Harmattan, 2023, 209 pages ;
SILOUE (Océane), Côte-d’Ivoire : le rattrapage ethnique, sous Alassane Ouattara : fondements, pratiques et conséquences, Paris, Harmattan, 2012, 193 pages ;
SORO (Yéfoungnigui), Côte-d’Ivoire : Alassane Ouattara, l’étoile. L’homme et ses œuvres, Paris, Harmattan, 2023, 66 pages ;
TOURE (Abdou), Alassane Ouattara, destin et liberté, Paris, Sépia, 2008, 126 pages.
Paris, le 15 mars 2025, par Amadou Bal BA