"Fati Abass DIALLO, ses 3 livres, apprentissage du Peul" Amadou Bal BA

«Mme Fati Abass DIALLO, écrivaine des Mureaux (Yvelines) et  ses trois nouveaux livres sur l'abécédaire, le corps et les salutations en Peul» par Amadou Bal BA

Ma cousine des Mureaux, dans les Yvelines, Mme Fati Abass DIALLO, vient de publier, d’un coup, trois livre sur l'abécédaire, le corps et les salutations en Peul. Fati Abass, que ma mère avait surnommée «Samoura», a accompagné, chacun de ses livres, d'une aimable dédicace. Je disais l'autre jour à un contact sur Facebook l'enseignant, poète et philosophe, Ousmane NDIADE, que je suis en profonde admiration des maximes peules qu'il agrémente de ses posts. Une véritable sagesse africaine venant de loin, du fond des âges de cette culture peule aussi ancienne que celle de l'Égypte pharaonique.

Les assemblées générales de l’association des ressortissants de Danthiady, si ce n’est pas à Val-de-Reuil, se tiennent aussi Yvelines, des villes quand j'y vais j'entends ces jeunes parler le Peul, comme si j'étais retourné à mon village natal Danthiady. C’est aux Mureaux, place forte de la communauté peule, que tiennent aussi de grandes manifestations politiques, comme ce meeting historique du 2 décembre 2023 de MTM de maître Malick SALL ou cette grande et historique réunion organisée par Abass DIALLO, du 12 avril 2012, j’y avais accompagné Me Aïssata TALL SALL.

À travers ces trois livres, de Mme Fati Abass DIALLO, apparaît une injonction honorable : Être bien dans sa double culture riche de sa diversité, en paix avec soi-même, mais aussi et surtout avec les autres. C’est donc «Un rendez-vous du donner et du recevoir», comme le dirait Léopold Sédar SENGHOR. Les Peuls, qui viennent d’Égypte, suivant Cheikh Anta DIOP, une culture millénaire, habitent dans 27 pays africains. Ils ont introduit l’Islam au Sénégal et tous les grands marabouts de ce pays, sont d’ascendance peule.

De nos jours, à travers l’immigration, les Peuls, un peuple né avec une valise sur la terre, sont présents partout dans le monde, en Europe, en Amérique, au Canada, en Asie, et en particulier en France. Ce ne sont plus des travailleurs ouvriers résidant dans les foyers et travaillant dans les usines de fabrication automobiles ; ceux qu’on appelle encore, avec dédain, des «immigrés», nés dans ce pays, sont des citoyens français.

Par conséquent, à travers ces livres de Fati Abass DIALLO, nous refusons violemment le terme d’assimilation, un concept colonial, de hiérarchisation des cultures. Une partie de la France, celle des forces du Chaos, est dans le plus déni du passé colonial de ce pays, et donc des injonctions aux autres, sur ce qu’ils doivent dire ou ne pas dire. Un racisé doit comprendre la société française dans laquelle il vit et bien saisir sa culture, ses codes, pour se donner les meilleures chances dans la vie.

En revanche, le racisé ne devrait pas non plus gommer son héritage culturel africain. Dans ce multiculturalisme apaisé, respectueux des autres, sans confrontation, les racisés ont apporté beaucoup à la France, notamment par leur travail, mais aussi dans le domaine du sport et des arts. C’est ainsi que la chanteuse franco-malienne, la plus populaire des chanteuses de notre temps, a introduit la langue des banlieues dans son répertoire musical. Non seulement Aya NAKAMURA a chanté aux JO de Paris de 2024 et l’audimat a explosé, mais aussi et surtout, elle vient de remplir trois fois le stade de France. Par conséquent, la créolisation du monde et de la France est déjà présente dans la société française. «J’appelle créolisation un phénomène de mélange, non seulement des individus, mais de cultures dont les conséquences sont imprévisibles, imprédictibles. La créolisation n’est pas un trou «bouillon-sac» dans lequel tout se mélange ; la créolisation garantit et conserve les éléments distincts qui la composent, mais n’établit pas de hiérarchie entre ces éléments», écrit Edouard GLISSANT, en 2009, en collaboration avec Patrick CHAMOISEAU.

Par conséquent, le multiculturalisme, loin de l’assimilation coloniale, est bien en marche, et il faudrait accueillir ce mélange des cultures, avec joie et espérance. «La dilution est une perte ; mélanger sans renoncer à soi-même, un mélange qui prolifère dans tuer les différences ; être en relation sans s’éteindre, ni se diluer, un ensemble de cultures. L’objectif ce n’est pas d’être plus noir que noir, mais c’est du métissage», dit Edouard GLISSANT.

Fati Abass DIALLO, à travers sa belle plume, qui n'est pas celle de YouTube ou de Tik Tok., vient de publier. Certains jeunes issus peuls, nés en France, ont tendance à considérer que leurs parents seraient des blédards, et donc se détournent de l’apprentissage du Peul «Apprendre le Pulaar facilement, en toute bienveillance et de manière ludique. Aussi pour les petits que les grands. Mon papa (Abass DIALLO) étant mon premier professeur, je vous transmets ce qu’il m’a appris», écrit, Fati Abass DIALLO à propos de «Mon abécédaire peul». Mais il y est question également des sept valeurs traditionnelles et fondamentales peules : l’honnêteté, le rapport à la vérité, à la confiance, la solidarité, le respect de la parole donnée, mais aussi le partage. Le second ouvrage apprend les parties corps.

Lors du concert de l’Orchestra Baobab, en date du 6 novembre 2025, à l’Olympia, à Paris, j’ai croisé cette association, Miri, dont l’ambition est d’enseigner le Ouolof aux enfants de parents sénégalais vivant en France.

Références bibliographiques

A – Les livres de Fati Abass DIALLO

DIALLO (Fati, Abass), Mon Abécédaire Peul, autoédition, collection «Abass et Haby», 5 octobre 2025, 140  pages ;

DIALLO (Fati, Abass), Mon corps en Peul, autoédition, collection «Abass et Haby», octobre 2025, 82 pages ;

DIALLO (Fati, Abass), Je salue en Peul, autoédition, collection «Abass et Haby», octobre 2025, 104 pages.

B – Les autres références

BA (Amadou, Bal), «La saga des Danthiadynabé de France», Médiapart, 11 mai 2018 ;

BA (Amadou, Bal), «Aissata Demba DIALLO au Canada. Le village de Danthiady est un véritable Quartier Latin du Fouta-Toro», Médiapart, 6 septembre 2025 ;

 BA (Amadou, Bal), «Le livre de Valérie La Meslée Marin, le diamant d’Edouard Glissant», Médiapart, 28 février 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Universalisme républicain en danger», Médiapart, 6 avril 2022 ;

MIRI, «Transmets le Wolof. Préserve ta culture. Des histoires audio en Wolof pour les enfants qui grandissent loin du Sénégal», site en ligne.

Paris, le 16 novembre 2025, par Amadou Bal BA