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Billet de blog 18 août 2025

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"Sénégal, graves inondations : quelle issue ?" Amadou Bal BA

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«Inondations au Sénégal : quelle politique efficace de sécurité au sens large, d'entretien des édifices et de prévention de risques majeurs ? Quels moyens à dégager pour des plans d’ampleur, pouvant générer des emplois ?» par Amadou Bal BA

Au Sénégal, à la suite de fortes pluies diluviennes avec d’impressionnantes inondations, des 15 et 16 août 2025, quelles réponses adéquates et durables, pour le bien-être des Sénégalais ?

Jusqu'ici l'hivernage ou la saison des pluies qui avait démarré était localisée dans le Nord du Sénégal au Fouta-Toro, au Sénégal oriental et en Casamance. Subitement dans la région de Dakar, 77 millimètres se sont abattus dans la capitale. A Touba, la capitale religieuse des Mourides, pendant le Magal, le plus grand rassemblement du monde avec ses 5 millions de pèlerins, les rues étaient inondées et le bassin de rétention a cédé. Touba, comme les grandes villes du Sénégal, n'ont pas vraiment de canalisations à la hauteur de ces fortes tornades. Quand il pleut, tout est paralysé, c'est un jour férié.

«Gouverner, c'est prévoir», dit-on. En effet, devant ces catastrophes naturelles de longue date, et très récurrentes, est-ce la faute à l'ancien président Macky SALL, l'incompétence l'amateurisme ou l’imprévoyance du PASTEF, le parti au pouvoir depuis 2024 ?

À mon sens, on n'a rien à «péter» de ces polémiques stériles. «Il y a le feu au lac», comme le diraient les Suisses, les Sénégalais devraient apprendre, devant certains enjeux majeurs, à dépasser ces gamineries politiciennes, à prendre de la hauteur pour certains sujets nous dépassant et donc nous rassembler, autour de l'essentiel, d'un intérêt national majeur. C'est là où probablement toutes les rencontres politiques, jusqu’ici baptisées «dialogue national», ont gravement merdouillé. Leur objectif est en fait le partage ou la conservation du pouvoir.

On sait que la population, comme les gouvernants, s'intéressent que peu, sauf en temps de crise, aux questions de sécurité, de santé et d'environnement. Le PASTEF estimait que les inondations de 2024 seraient à mettre au bilan de Macky SALL, mais que pour 2025, le gouvernement, le gouvernement aurait des «solutions». C'est un prétentieux, puisque déjà sous  la colonisation, les inondations étaient récurrentes et ont été recensées en 1827, 1841, 1843 et 1853. Déjà en 1638 le fleuve avait débordé, contraignant les colons en 1659 à venir s’installer à N’Dar ou Saint-Louis. La crue de 1890 envahit Saint-Louis et celle de  1951 s’est étendue jusqu’en Mauritanie. Les crues de 1903, 1924, 1935, 1936, 1950, et surtout celle de septembre 1958, avait contraint le président Mamadou DIA à aller rendre visite aux populations de Matam, Podor et Saint-Louis, gravement sinistrées. Les inondations étaient tellement d’ampleur que Mamadou DIA avait fait évacuer 2000 personnes sur Ouro-Sogui, avec des tentes, approvisionnements et médicaments.

A Dakar, et sa région, après la période de sécheresse des années 70, depuis 2009, les inondations sont monnaie courante. L'urbanisme reste un des points noirs ; on construit dans des zones inondables, des immeubles s'effondrent souvent, faisant des morts, parce que le propriétaire cupide a rajouté des étages supplémentaires pour les louer, sans canalisations tout déborde rapidement.

Ces questions d’inondations, de santé publique, de sécurité pouvent générer des travaux majeurs pouvant créer de nombreux emplois, notamment pour les jeunes.

Le système de santé, éloigné des populations rurales, est l'un des points sombres du Sénégal. Les gouvernants comme les personnes aisées n'ayant pas confiance dans leur système de santé vont se soigner à l'étranger et y meurent souvent. On sait que l'hôpital public au Sénégal est parasité par des mandarins en lien avec des cliniques privées, avec leur système de facturation opaque ou crapuleux, un problème grave de conflits d'intérêts, se bornent à délivrer des ordonnances et expertises, ainsi que des rdv médicaux incessants. La médecine préventive est absente et le mode de consommation basé sur du riz et du couscous alimente le diabète et le cancer. Bien des spécialistes ont déjà dénoncé ce vaste réseau de trafic de médicaments dangereux et coûteux.

Un modèle de consommation locale endogène, très sain, paraît être un objectif stratégique majeur pour remettre le monde rural, comme l'avait tenté de le faire Mamadou DIA, au centre du jeu et stopper cet exode rural. Mais pour cela la redistribution des terres, comme l'accès à l'eau et à l'énergie, douze mois sur douze, sont des questions centrales. Ces inondations s'il y avait des bassins de rétention d'eau peuvent alimenter les nappes phréatiques et faire bien fonctionner les forages. L'énergie solaire à la place de l'électricité peut participer à l'édification d'une chaîne du froid pour la bonne conservation des denrées alimentaires, mais aussi soulager les populations rurales non seulement de la fracture numérique, mais aussi des fortes chaleurs notamment pendant le mois de Ramadan.

La sécurité routière, jadis comme maintenant, est l'un des points sombres au Sénégal. Entre 700 000 et 900 000 Sénégalais perdent leur vie, chaque année, leurs vies, dans des accidents de la route. Les véhicules impliqués dans ces crimes routiers, outre le fait que le Code de la route n'a pas été respecté par le véhicule concerné, surchargé, un tombeau roulant est rarement doté d'une assurance valide. On sait qu'il suffit de préparer une liasse de billets de banque, même le conducteur n'est pas en règle les forces de l'ordre ferment les yeux. Le naufrage du bateau, le Joola, qui reliait Dakar à Ziguinchor, une tragédie pire que le Titanic, est resté gravé dans nos mémoires. L'entretien des ouvrages publics, des bâtiments comme des véhicules ne fait pas partie de notre culture politique. Les cars rapides à Dakar datant de l'indépendance continuent depuis 65 ans à circuler.

La violence crapuleuse, une atteinte aux biens et aux personnes, a pris de l'ampleur au Sénégal. Jadis, on avait ces voleurs artistes qui vous subtilisaient votre portefeuille sans même que vous en rendre compte. Une partie des dommages sur les personnes et les biens lors des troubles de 2021 n'était pas seulement que politique. On a vu des voyous armés attaquer des essenceries des banques et de grands magasins. Depuis lors, quand je consulte la rubrique des faits divers, je suis effaré de déplorer des assassinats ou agressions graves par arme blanche ou à feu. On accuse souvent facilement les Nigérians. Osons le dire, la société sénégalaise est devenue violente. Certains voyous profitent de la sortie de la foule des stades pour les détrousser.

Tous ces secteurs sont des gisements d'emplois. Chaque centime devrait être mobilisé pour le bien-être de tous. En particulier, il existe d’importantes mages financières, notamment la caisse noire, Tous ces secteurs sont des gisements d'emplois. L'État devrait mobiliser des moyens financiers à travers la caisse noire. Tous ces voyages au sommet de l'Etat, à l'étranger sont très coûteux. En effet, désormais, le Sénégal a maintenant deux présidents de la République : l'élu, Bassirou Diomaye FAYE et l'officieux, Ousmane SONKO, le premier ministre et président du PASTEF, devenu, par parricide, le vrai chef de l’Etat. Il va falloir une reddition des comptes sur ces voyages répétitifs à l'étranger. C'est la crise financière, mais pas pour certains. Combien coûtent et rapportent ces voyages, en ces temps de contrainte budgétaire et d'inondations ? J’y ajoute ces fonctionnaires, à travers leurs ateliers de «réflexion», répétitifs, dans des hôtels luxueux à M’Bour, un moyen légal de détournement et de gaspillage des deniers publics.

Pour ces mobilisations de ressources, je songe à la lutte contre la corruption ou les biens mal acquis. L'argent a tout pourri au Sénégal dans la sphère familiale, comme chez le clergé musulman très cupide et vorace. Je l'avais écrit dans l'affaire Farba NGOM, que le gouvernement devrait privilégier, non pas l'emprisonnement, mais la configuration de tous les biens mal acquis, dont l'intéressé n'est pas à même de prouver l'origine légale. En France le juge confisque les scellés des biens mal acquis, immédiatement.

Par ailleurs je pense qu'une clause devrait être souscrite dans tous les marchés publics internationaux d'importance, non seulement de transfert de technologie, mais d'emploi massif de Sénégalais de l'intérieur comme de la diaspora. L'Inde, la Chine comme Israël ont bien compris que la seule grande et inestimable valeur ajoutée d'un pays, c'est sa population. Les Occidentaux n'ont pas de matières premières, mais ils ont travaillé sur la qualité de leur population. «Nous n'avons pas de pétrole, mais nous avons des idées», disait le président Valery GISCARD D'ESTAING.

Au boulot, cessons les diatribes, les insultes et les caquetages !

Références bibliographiques

BA (Amadou, Bal), «Audit des comptes publis : quelle bonne gouvernance au Sénégal ?», Médiapart, 20 avril 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Le député-maire, Farba N’GOM a droit à un procès équitable», Médiapart, 26 janvier 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Pour une bonne gouvernance, contre la cupidité», Médiapart, 8 février 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Sénégal : religion, politique, argent et alternance», Médiapart, 29 avril 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Graves inondations au barrage de Manantali», Médiapart, 14 octobre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Ousmane SONKO, Premier ministre, le parricide contre le président élu, Bassirou Diomaye FAYE», Médiapart, 29 avril 2024 ;

CISSE (Oumar), sous la direction de, Les inondations à Dakar, gestion des risques et adaptations locales, Paris, Karthala, IFAN, 2019, 135 pages ;

KANE (Alioune), «Crues et inondations dans la basse vallée du Sénégal», in Gestion intégrée des zones inondables tropicales, pages 197-208 ;

KANE (Alioune), «Crues et inondations dans la basse vallée du Sénégal», in Didier ORANGE, Robert ARFI, Marcel KUPER, Pierre MORAND et Yveline PONCET, Gestion intégrée des ressources naturelles en zones inondables tropicales, Paris, IRD, 2002, 746 pages, spéc pages 197-208 ;

Paris, le 17 juillet 2025, par Amadou Bal BA

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