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«Lisbonne, Lisboa, capitale du Portugal, ville multiculturelle, aux allures brésilienne et californienne» par Amadou Bal BA -
Lisboa ou Lisbonne une ville ensoleillée, lumineuse, multiculturelle aux allures du Golden Gates de San-Francisco par le pont de 17 km traversant le Tage, et son Corcovado, rappelant le Brésil, n'est qu'à 2H30 de Paris. «Pour le voyageur arrivant par la mer, la ville s'élève, même de loin, comme une belle vision de rêve, se découpant nettement contre un ciel bleu vif que le soleil réchauffe de ses ors. Et les dômes, les monuments, les vieux châteaux surplombent la masse des maisons, tels les lointains hérauts de ce délicieux séjour, de cette région bénie des dieux» écrit Fernando PESSOA. J'ai traîné un peu partout dans le monde mes vieilles guêtres, mais c'est la première fois que je viens au Portugal, et j’ai été agréablement surpris par l’originalité de l’architecture, des rues pavées, et de l’accueil chaleureux des habitants de Lisbonne.
Pays le plus occidental de l’Union européenne, avec 825 km de côtes, le Portugal s’est construit sur un brassage de populations réussies, à la suite d’invasion des Phéniciens, Grecs, Romains, Huns, Carthaginois, Berbères et Arabes, Suaves, Wisigoths, et en raison de sa proximité avec l’Espagne : «On ne peut parler d’une unité du territoire portugais fondée sur les conditions naturelles, ni d’une individualité du Portugal, dans l’ensemble de la péninsule ibérique. La province du Minho est la suite de la Galicie. Le Tras-Os-Montes et le Nord de la Beira prolongent le plateau castillan. La Beira Baxia et l’Alentejo présentent les mêmes traits que l’Estamadure espagnole. L’Algarve ne diffère guère de l’Andalousie côtière» écrit A-H OLIVEIRA MARQUES. En France, après la débâcle de 1940, Lisbonne offre la dernière porte de sortie à une Europe en guerre. Réfugiés politiques de toutes origines, apatrides, anonymes, intellectuels et artistes tels Man RAY, Julien GREEN et Hannah ARENDT, se trouvent au Portugal. «Avec Istanbul, Marrakech ou Le Caire, Lisbonne est une de ces villes à l'exotisme facile aux marges de l'espace européen. Le passager en rupture d'Europe y trouve une transition avant un ailleurs résolument différent. Cette image date du rôle important que joua la capitale portugaise durant la seconde guerre mondiale comme port d'embarquement vers l'Amérique pour ceux qui fuyaient le nazisme» écrit Dominique CROZAT.
L'épopée portugaise sur les océans pendant près de deux siècles n'aura pas été seulement un moment privilégié de la métamorphose des connaissances, mais également une somme d'exploits individuels, d'aventures collectives et de drames à peu près uniques dans l'histoire de l'humanité. Au cours du XVe siècle, les Portugais transformeront et perfectionneront toutes les techniques de construction navale et de navigation connues jusqu'à ce jour. L'exploration maritime connaîtra alors un essor jamais atteint. S'il a fallu soixante-dix ans pour atteindre le cap de Bonne-Espérance, les trente années qui suivirent mèneront les Portugais, et avec eux les peuples européens, sur tous les océans d'un globe plus vaste que jamais. Vers 1496, ils atteignent le Groenland ; en 1498, ils sont aux Indes ; en 1500, à Terre-Neuve et au Brésil ; en 1509, ils sont à Malacca, en 1511, aux Moluques et en Chine ; en 1542, ils seront les premiers Européens au Japon où, en introduisant les armes à feu, ils bouleversent l'équilibre politique du pays. Le premier tour du monde est accompli de 1519 à 1522 par les quelques survivants des navires de Fernand de MAGELLAN (1480-1521). Le Portugal a été rattaché à l’Espagne de 1580 à 1640.
Principal acteur des conquêtes coloniales des XVème et XVIème, les Portugais ont colonisé une partie de l’Afrique (Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Mozambique, Saint-Thomas et Prince) et d’autres parties du monde (Goa en Inde, Timor, Macao, les Açores) et le Brésil. L’une des plus vieilles et stables nation européenne, ce grand petit pays et ses caravelles est le premier à la suite de l'odeur de l'or résultant du pèlerinage à la Mecque de Kankan Moussa, empereur malien, à se rendre sur le continent noir. Vasco de GAMA (1469-1524) a «découvert», en 1498, les Indes en passant par le Cap de Bon espérance (Cap des tempêtes), une percée en 1488, de Bartolomeu DIAS (1450-1500). Le commerce des épices et l'enclave de Gao ont été source d'enrichissement du pays. A cette époque, les Européens avaient peur de la mer croyant que l'océan serait habité par des esprits maléfiques. Pédro ALVAREZ CABRAL (1467-1520) atteint en l’an 1500, le Brésil. En raison de cette audace et du génie de ce peuple de grands navigateurs, ce sont les Portugais qui sont les premiers à se rendre au Sénégal. Même s'ils ont été supplantés par la suite par les Anglais et les Français, des villes comme Saly Portugal, la Côte d'Azur du Sénégal et Rufisque ont des noms à consonances portugaise. Le Portugal a été marqué, par un certain immobilisme, pour finir par l’obsession du régime salazariste à s’agripper à son empire colonial en Afrique. Les guerres d'indépendance de la Guinée Bissau, des Îles du Cap Vert, de l'Angola et du Mozambique avaient un certain temps envenimé les relations avec l'Afrique. Mais depuis la chute de Salazar, le 25 avril 1974, tout est rentré dans l'ordre. Macao, a été rendu à la Chine en 1999, le Brésil, sans violence, a accédé à l’indépendance en 1822. Cependant, le Portugal a conservé Madère et les Açores.
Ville de 600 000 habitants, très propre sécurisée et très accueillante, Lisbonne est une cité en hauteur : «Sur sept collines qui sont autant de point d’observation d’où on peut contempler de magnifiques panoramas, s’éparpille, vaste, régulière et multicolore, la masse des maisons qui constitue Lisbonne» écrit Fernando PESSOA dans «Lisbonne, ce que le touriste doit voir». Lisbonne avait été ravagée le 1er novembre 1755 par un puissant tremblement de terre, suivi d’un raz de marée et d’un incendie, faisant entre 50 000 et 70 000 morts. En raison de son renouveau économique et culturel de nombreuses maisons anciennes ont restaurées. Voltaire a réussi à inscrire ce désastre dans la mémoire collective occidentale de ce désastre qui avait ébranlé, en son temps l’Occident des Lumières. Le XVIIIème siècle est agité par la secousse de l’optimisme, mais si «Tout est bien» pourquoi Dieu a-t-il permis une telle catastrophe ? En sens inverse, LEIBNIZ défendait l’idée que «ce monde est le meilleur des possibles». Les religieux estimaient que ce tremblement de terre serait un signe de la colère de Dieu, notamment l’excessive permissivité accordée aux Anglais vivant à Lisbonne. Pour les Protestants, les horreurs de l’Inquisition seraient la cause de cette catastrophe.
Saint Antoine de Padoue, né à Lisbonne (1195-13 juin 2131n près de Padoue), est devenu le patron protecteur de cette ville. Lisbonne, capitale du Portugal, depuis 1260, sa vieille ville appelée Alfama, était le quartier arabe et juif ; ce nom ferait référence à une appellation arabe de fuite d’eau ou de bains douches qui étaient installés les Hammam. Les traces de ces anciennes populations arabes à Lisbonne sont également dans la céramique omniprésente sur les anciens immeubles et venant du Maroc, un royaume de 14 siècles. Cependant l'inquisition a forcé les communautés juive et musulmane à abjurer de leurs religions ou à s'exiler.
Le Portugal une royauté à partir de 1823 est indépendant depuis 1910. Pendant et en raison d'une situation économique difficile les Portugais étaient des immigrants. Les femmes occupaient traditionnellement les fonctions de gardiennes d'immeubles et les hommes le bâtiment ou la restauration.
Par conséquent, le Portugal a entrepris de recouvrer pleinement son identité, sa souveraineté et sa culture. Ainsi le Portugal dispose d'un Panthéon national et célèbre le Fado, puisque Amalia RODRIGUES (1920-1999) repose dans ce monument et sa maison est devenue un musée. Il faut préciser aussi, c'est la cap-verdienne, Césaria EVORA (1941-2011) surnommée la Comtesse aux pieds nus qui a rendu mondialement célèbre le Fado, cette musique langoureuse et mélancolique chantée d'abord par les marins, caporalisée par les classes aisées et maintenant chantée dans les bars de Lisboa. «Les Portugais sont tellement habités par le sentiment de la saudade qu’ils ont renoncé à la définir. Au contraire, c’est sur elle qu’ils font reposer leur secret, ou l’essence de leur sentiment de l’existence, au point d’en avoir fait un «mythe». Au fond, c’est cette mythification d’un sentiment universel qui donne à cette étrange mélancolie sans tragédie son vrai contenu culturel, et fait de la saudade le blason de la sensibilité portugaise. Les Portugais sont tellement habités par le sentiment de la saudade qu'ils ont renoncé à la définir» écrit Eduardo LOURENCO.
Le football, à travers le Benfica, le talent de Ronaldo, triple ballon d'or maintenant exilé en Arabie Saoudite pour 200 millions d'euros par an, est une vraie religion à Lisbonne. Le footballeur Eusébio (1942-2014), originaire de Maputo, au Mozambique, repose au Panthéon national. Le Portugal a entrepris sur le plan culturel d'honorer ses artistes. En effet dans Lisbonne, en pleine rénovation et réhabilitation d'anciens immeubles, des noms d'artistes et d'écrivains Portugais surgissent. Si l'écrivain Fernando PESSOA (1888-1935) n'est pas au Panthéon national, mais au monastère des Hiéronymites, comme d’ailleurs Vasco de GAMA ; en revanche Jose SARAMAGO (1922-2010), le seul prix Nobel de littérature lusophone en 1098, y repose.
I – Le Lisbonne de Fernando PESSOA
Fernando PESSOA, un solitaire, alcoolique et fou, un aristocrate avec ses délires impérialistes, un représentant littéraire de l’avant-garde historique, élitaire et antibourgeois, passionné d’occultisme et d’astrologie, est celui a le mieux chanté la gloire du Portugal et sa capitale Lisbonne. «Pour le voyageur qui arrive par la mer, Lisbonne, même loin, s’élève comme une vaste vision de rêve, et se développe clairement contre le bleu vif du ciel que le soleil réchauffe de son or. Les dômes, les monuments, les vieux châteaux font saillie au-dessus du fouillis de maisons et semblent être les lointains hérauts de ce séjour délicieux, de cette région bénie» écrit Fernando PESSOA dans «Lisbonne, ce que le touriste doit voir». «La ville de Lisbonne est entrée en force dans la littérature de notre siècle. Elle y entre avec le statut particulier de ville-symbole, comme la Prague de Kafka, le Dublin de Joyce et le Buenos Aires de Borges. C’est une ville chargée de mystères, parce que dans sa géométrie son romancier (Pessoa) a déposé le mystère de l’existence. Avec Lisbonne, c’est une rue aussi qui entre dans la rue littérature, la Rua dos Douradores, la rue des Doreurs, le centre artisanal et commercial de la ville. Avec Lisbonne, la rue et le bureau, c’est aussi une boutique qui s’introduit dans la littérature, un cagibi mal éclairé où Bernardo Soares est assis» écrit Antonio TABUCCHI. Par conséquent, son livre, «Lisbonne», a immortalisé la capitale portugaise «L’homme qui a utilisé tant de pseudonymes nous a laissé un qu’il ignorait lui-même : c’est celui qui se trouve dans les mots du livre que voici, celui qui vit caché dans ces passages où il a su mettre Lisbonne, ses dieux lares, lui-même. C’est, en définitive, le Pessoa qui vivra aussi longtemps que vivra Lisbonne» écrit Rogelio ORDONEZ BLANCO dans préface de «Lisbonne, ce que le touriste doit voir».
Méconnu de son vivant, Fernando PESSOA (1888-1935), génie littéraire, critique littéraire, auteur d’un journal et de nombreux récits, est devenu un écrivain universel, un des plus célèbre du Portugal. «Pessoa», qui signifie, en portugais «une autre personne» ou «personnage de théâtre». Né le 13 juin 1888, au 16 rua Coelho da Rocha, à Lisbonne, il a vécu est mort, le 30 novembre 1935, dans la capitale portugaise. Son père, Joaquim De SEABRA PESSOA (1850-1893) est mort d’une tuberculose, alors qu’il n’avait que cinq ans. Son frère, George, la figure du chevalier le Pas, meurt en 1894 et sa grand-mère est placée dans un asile. Sa mère, Maria Madalena PINHEIRO NOGUEIRA (1861-1950), se remaria au commandant Jao Miguel ROSA (1857-1919), consul du Portugal, à Durban, en Afrique du Sud, pour un séjour de 1896 à 1905. Par conséquent, l’enfance de Fernando, est faite de solitude, de deuil et de déracinement. Aussi, en Afrique du Sud, le jeune Fernando, devenu allophone, appris et parla couramment l’anglais. Fernando, à Durban, subit une éducation puritaine, une pédagogie sévère et répressive, avec des mœurs victoriennes rigides. Dans sa vie privée, il n’était pas marié, et avait eu une seule relation amoureuse, de 1920 à 1930, avec Ophélia SOARES QUEIROZ (1900-1991), issue de la bourgeoisie lisboète, une collègue de bureau, croyante et pieuse, avec un important échange épistolaire, que les éditions Rivages ont publié.
De retour au Portugal, en 1905, Fernando PESSOA fut employé comme un traducteur et agent commercial. Il s’inscrit à la faculté des lettres de Lisbonne et abandonne ses études, après un leg de sa grand-mère paternelle, pour se lancer dans l’imprimerie, une entreprise dénommée Ibis, une initiative malheureuse ayant échoué. Il aspire à un poste d’archiviste dans une bibliothèque, mais sa candidature n’est pas retenue. Redevenu traducteur de lettres commerciales en anglais et en français, dans des sociétés d’import-export, après une série d’articles dans des journaux, il publie son premier livre en 1918, suivi d’un recueil de poèmes, d’abord en anglais, puis en portugais. Dans sa production littéraire en 1910 et 1930, Fernando PESSOA a été inspiré de Luis CAMOES (1525-1580), le poète épique des Lusiades, qui a fait des exploits de Vasco de GAMA, en 1497, son passage vers l'Inde par le sud de l’Afrique, le mythe fondateur de la nation portugaise. Lecteur omnivore et anarchique d’Arthur SCHOPENHAUER et de Friedrich NIETZSCHE, il appréciait Charles BAUDELAIRE, mais aussi ses histoires policières s’inspire d’Arthur Conan DOYLE et d’Edgar Allan POE. Le personnage de William BYNG dénouant les intrigues policières, sans bouger de son fauteuil, est un psychologue, un rêveur, philosophe, bon vivant et métaphysicien.
Fernando PESSOA, qui a marqué la vie culturelle du Portugal, est un écrivain symboliste, un païen, hors du champ politique «J’appartiens à une génération qui naquit sans foi dans le christianisme et qui cessa d’en avoir dans toutes les autres croyances ; nous ne fûmes pas des défenseurs enthousiastes de l’égalité sociale, de la beauté ou du progrès ; nous sommes abstenus de la chose publique» écrit-il. Avec Mario de SA-CARNEIRO (1890-1916), qui se suicidera à Paris, et d’autres, en 1915, il publie une revue futuriste, pauliste et cubiste, «Orpheu» qui ne sortira que trois numéros. En 1934, en nationaliste, il publie son seul volume de vers en portugais, «Mensagem» ou «Message», un livre ésotérique, à la gloire du Portugal, une glorification des grandes conquêtes coloniales du Portugal, avec des personnages historiques et légendaires. Dans ses livres, écrit d’abord en anglais, comme Samuel BECKETT qui écrivait en français (voir mon article, Médiapart, 7 mars 2023), il ne parle presque jamais l’Afrique du Sud. Ses livres, évoquant ses souvenirs d’enfance, sont une cathédrale à la gloire de Lisbonne et des hauts faits de son pays «Encore une fois, je te revois, ville de mon enfance effroyablement perdue, ville triste et joyeuse, encore une fois, je rêve, et c’est ici. Moi ? Mais suis-je le même que moi qui ai vécu ici, et qui y suis revenu» écrit-il dans son œuvre poétique. «Le véritable désert est le moi, non seulement parce qu’il nous enferme en nous-mêmes, et ainsi nous condamne à vivre avec un fantôme. Le moi n’est pas un obstacle, c’est l’obstacle» dit Fernando PESSOA.
Le livre de l’intranquillité, largement autobiographique, a été écrit, initialement, sous le pseudonyme de Bernardo SOARES, l’hétéronymie étant pour lui, une loge de théâtre métaphorique où l’auteur se cache pour s’affubler de déguisements littéraires et stylistiques. «Je suis les faubourgs d’une ville qui n’existe pas, le commentaire prolixe d’un livre que nul n’a jamais écrit. Je ne suis personne, personne. Je suis le personnage d’un roman qui reste à écrire, et je flotte, aérien, dispersé, sans avoir été, parmi les rêves d’un être qui n’a pas pu m’achever» écrit Fernando PESSOA. En effet, le personnage de Bernardo SOARES, dans le livre de l’intranquillité, un comptable, un homme âgé, taciturne, solitaire, debout derrière sa fenêtre, mène une vie recluse et inventée ; les fenêtres de son appartement peuvent s’ouvrir de l’intérieur, comme de l’extérieur. Evoquant ce personnage, «si sa personnalité n’est pas la mienne, elle n’en diffère pas, ou plutôt elle en est une simple mutilation : c’est moi, moins le raisonnement et l’affectivité » dit Fernando PESSOA. Dans sa solitude énigmatique, sa vie monotone d’employé de bureau à Lisbonne, sans compagnie humaine, Fernando PESSOA reconstruit son monde, à travers son génie exceptionnel, la folie traverse sa création littéraire, autour de l’ésotérisme, l’hermétisme, et des personnages dotés d’une grande autonomie. «Je me suis multiplié pour me sentir, pour me sentir, je n’ai rien fait que m’extravaser. Je me suis déshabillé, je me suis donné, et il se trouve en chaque coin de mon âme un autel pour un Dieu différent» écrit-il en 1917, dans l’un des poèmes d’Alvaro de Campos. Mélancolique écrivain, il est resté attaché à sa ville natale «Je me suis créé écho et abîme, en pensant. Je n’existe plus qu’extérieurement. Je suis la scène vivante où passent divers acteurs, jouant diverses pièces, cette scène, c’est Lisbonne, ville de l’intranquillité» écrit Fernando PESSOA.
En définitive, le projet littéraire de Fernando PESSOA, est resté mystérieux et ambigu, voire inabouti «Pessoa est moins un poète qu’un dramaturge qui a recours à la poésie ; il est moins un dramaturge qu’un poète qui utilise le drame ; il est moins un romancier qu’un poète et dramaturge qui s’empare du roman. Son œuvre se présente comme une utopie littéraire» écrit Antonio TABUCCHI, dans «une malle pleine de gens, essais de Fernando Pessoa». Comme Rainer Maria RILKE (voir mon article, 1er novembre 2015), sa contribution littéraire renvoie au rapport entre l’individu et la réalité, entre le Moi et le monde intérieur, l’être et l’être-là, une vie réelle, une vie simulée, une vie préexistante et éternelle. «Les poètes n’ont pas de biographie. C’est leur œuvre qui est leur biographie. Masque, personnage de fiction, personne : Pessoa. Son histoire pourrait se résumer par le passage entre l’irréalité de sa vie quotidienne et la réalité de ses fictions. Cette fiction ont pour noms les poètes Alberto Caeiro, Alvaro Campos, Ricardo Reis et, surtout, Fernando Pessoa, lui-même» écrit Octavio PAZ. En effet, voulant devenir autre que soi tout en tant que lui-même, il s’est caché à travers d’autres personnages. «Avec Pessoa, l’un des grands soucis de la littérature de notre temps, le Moi, entre en scène et commence à parler de lui, à réfléchir sort» écrit Antonio TABUCCHI. Sa vérité est difficile à saisir «Reconnaître la vérité comme vérité, et en même temps comme erreur ; vivre les contraires, sans les accepter ; tout sentir de toutes les manières, et n'être à la fin rien d'autre que l'intelligence de tout - quand l'homme s'élève à un tel sommet, il est libre comme sur tous les sommets, seul comme sur tous les sommets, uni au ciel, auquel il n'est jamais uni, comme sur tous les sommets» écrit Fernando PESSOA, dans «le chemin du serpent».
La vraie identité de Fernando PESSOA ne sera dévoilée qu’en 1982. «Lisbonne, ville de l'intranquillité, après la Prague de Kafka et le Dublin de Joyce, fait son entrée dans la littérature, et son «passant intégral», Fernando Pessoa, en est l'introuvable et mélancolique fantôme» écrit Antoine de GAUDEMAR, dans sa postface, «Lisbonne, ce que le touriste doit voir» de Fernando PESSOA. En 1993, la maison de Fernando PESSOA fut transformée en musée, avec une collection de plus de 1200 et diverses expositions conférences, expositions et rendez-vous littéraires. Lisbonne, la ville de Fernando PESSOA, sa patrie, qu'il appelait aussi «sa maison», lieu suprême de son inspiration et au centre de sa contribution littéraire, est désormais indissociable de son nom. En effet, il avait vécu dans le quartier du Chiado, avec ses théâtres, ses grandes librairies, ses cafés et ses boutiques prestigieuses. C’est le Quartier Latin de Lisbonne et sa gloire est dans le nom de Lisbonne. Eminent Lisboète Fernando PESSO avait conçu le projet d'un ensemble de guides sur le Portugal, intitulé «Tout sur le Portugal» dont seul ce guide fut écrit. Nos pères détruisirent joyeusement, parce qu'ils vivaient à une époque qui conservait quelques vestiges de la solidité du passé. C'était cela même qu'ils détruisaient qui donnait assez de force à la société pour qu'ils puissent détruire sans sentir l'édifice se disjoindre. «Nous héritons de la destruction et de ses résultats. De nos jours, le monde appartient aux imbéciles, aux cœurs secs et aux agités. Le droit de vivre et de triompher s'acquiert aujourd'hui par les mêmes moyens que s'obtient un internement à l'asile : l'incapacité de penser, l'amoralité et l'hyper excitation» écrit Fernando PESSOA son livre sur «l’intranquillité».
Écrit autour de 1925, le livre sur Lisbonne est surprenant par son actualité et sa modernité. Le poète, utilisant une langue simple et chaleureuse, invite les curieux à se rapprocher de ce Portugal méconnu et oublié. L'idée d'Empire domine l'œuvre diverse de Fernando PESSOA. Le désir d'embrasser la multiplicité, de ressaisir les innombrables aspects de l'âme, d'être, enfin soi-même, le masque de toute vie et de toute chose, de s'en approprier l'essence par les communions et les ruses de ses personnages. De l'Alchimie et, d'une manière plus générale, de la tradition hermétique et néoplatonicienne occultée par le triomphe des théories matérialistes, les poètes demeurent, en Europe, les ultimes ambassadeurs. L'œuvre de PESSOA ne fait pas exception à cette règle méconnue qui associe la grandeur poétique, l'audace visionnaire et la fidélité à la plus lointaine tradition. Les poèmes d’Alvaro Campos, dans leur modernité, un mensonge sublimé de l’expérience humaine, sont la marque de son génie, «Campos est le vingtième siècle. Ses angoisses, ses névroses, ses cynisme, sa disponibilité pour la contradiction, le fait qu’il essentielle ment un perdant, son regard halluciné et métaphysique sont ses insignes. Et, vus à l’envers, sa grandeur» écrit Antonio TABUCCHI.
II – Le Portugal et le Lisbonne de José SARAMAGO
José SARAMAGO a rendu hommage, en 1984, à Lisbonne et à son écrivain fétiche, à travers son roman «L’année de la mort Ricardo Reis», un hétéronyme de Fernando PESSOA. Dans une Lisbonne, en pleine mutation, que les reflets du Tage font parfois paraître comme irréelle, Ricardo Reis est en quête de son identité, avec un mélange de fiction et de réalité ; les disparus côtoient les vivants, les sages, les fous, un mystérieux jeux de miroirs. En effet, c’est un jour de pluie que Ricardo Reis débarque dans le port d’Alcantara, revenant pour la première fois à Lisbonne après 16 ans passés au Brésil. «Si l’on me dit qu’il est absurde de parler ainsi de quelqu’un qui n’a jamais existé, je réponds que je n’ai aucune preuve de ce que Lisbonne ait existé elle aussi, ou moi qui écris, ou n’importe quoi d’autre, n’importe où» disait Fernando PESSOA. Dans ce thème du double, de la fuite du temps, l’épicurisme, la sérénité crispée, de l’amour et de la vie, avec une difficulté à établir les frontières des identités, Fernando Reis erre, donc, figure de l’exil, en raison de son identité problématique, ne sachant plus où il appartient : «Je suis le personnage d’un roman qui reste à écrire» dit le personnage de Fernando Reis. En effet, c’est évidemment une expérience extraordinaire de errer avec lui dans des lieux qu’on a sous les yeux : la rua do Alecrim, le Chiado et la Baixa, le quai du Sodré, la place Camoes et le Rossio, la statue d’Eça de Queiroz et le terreiro do Paço, Martinho da Arcada et le Brasileira. On est en 1936, Fernando PESSOA vient de mourir, et son hétéronyme erre dans la ville en quête de son identité. Brillant hommage au poète symboliste PESSOA, ce roman labyrinthique tissé d’extraits de poèmes repose sur un jeu de miroir intertextuel : tout dans la ville fait signe vers la littérature et vers le poète portugais, dont l’étrange fantôme fait ça et là son apparition, sortant de son tombeau aux Prazeres, où il n’est plus, pour rendre visite à son double. Empreint de réalisme magique, le roman de SARAMAGO fustige aussi une Europe chaotique et troublée où monte le fascisme, un Portugal au début de la dictature de SALAZAR et qui ne sait pas bien où il va, lui non plus. C’est donc la fin d’un monde que nous montre José SARAMAGO, dans ce roman finalement assez triste et nostalgique, où la mort rôde. «L’Année de la mort de Ricardo Reis», nous fait accepter comme plausible l’idée d’une autre vie, qui est mensonge, et par voie de conséquence, une autre vérité, un autre masque. Il y a du vertige dans ce jeu» disait en 1985, José SARAMAGO.
Prix Camoes en 1995, premier et encore unique Prix Nobel de littérature lusophone en 1998, José de SOUSA SARAMAGO est né le 16 novembre 1922 à Azinhaga, dans la province de Santarém, au Portugal : «Le village s’appelle Azinhaga, il se trouve là pour ainsi dire depuis la naissance de la nation (il était déjà doté d’une charte au treizième siècle), mais de cette étonnante ancienneté il n’est rien resté hormis la rivière qui coule à côté (depuis la création du monde, j’imagine) et qui n’a jamais dévié de son cours, que je sache, bien qu’elle soit sortie de ses berges un nombre incalculable de fois. Ce fut dans ces lieux que je vins au monde, ce fut de là, quand je n’avais pas encore deux ans, que mes parents, migrants poussés par le besoin, m’emmenèrent à Lisbonne, vers d’autres manières de sentir, de penser et de vivre, comme si le fait d’être né-là était la conséquence d’une erreur du hasard, d’une distraction fortuite du destin qu’il était encore en-leur pouvoir de corriger» écrit-il dans ses «Menus souvenirs». Le nom de son village, Azinhaga, vient d’un mot arabe, «As-Zinaik» ou «rue étroite» ; Lisbonne, comme la province, ont bien subie une influence maure. Son village est une terre de culture de l’oliveraie et ses parents étant des employés pauvres de grands propriétaires latifundistes. Arrivé en 1924 avec ses parents, recherchant une meilleure vie à Lisbonne, il abandonne très tôt les études et a appris le métier de mécanicien-serrurier dans les hôpitaux de Lisbonne. Employé d’une caisse d’allocations familiales, puis d’une compagnie d’assurance, fréquentant assidument les bibliothèques, autodidacte, il se passionne pour l’écriture.
José SARAMAGO, dont l’essentiel des livres a été traduit par un éditeur militant en France, Seuil, s’est longtemps battu avec sa plume pour réveiller les esprits, résister à l’oppression et essayer de transformer le monde «Nous sommes l’histoire que nous vivons, et c’est cette histoire que nous racontons » dit-il. En effet, il est un fils de paysans analphabètes et pauvres, José de SOUSA (1896-1964) et Maria da PIEDADE (1898-1982). Inspiré moral, pour la Justice, son pays, le Portugal, occupe une place centrale dans son univers romanesque, où l'histoire et la fable, le mythe et le reportage, le réalisme et la fantaisie ne cessent de s'entremêler. «La chose la plus importante au monde est de savoir dire non à l'injustice» dit José SARAMAGO. En effet, voulant venger sa race, solidaire avec les démunis, notamment la paysannerie, Jose SARAMANGO, de la gauche radicale, membre du parti communiste portugais depuis 1959, s’est opposé, frontalement au régime dictatorial de SALAZAR. «J’étais le seul à savoir, sans en avoir conscience, que dans les feuillets illisibles du destin et dans les méandres aveugles du hasard il était écrit que je devrais encore retourner à Azinhaga pour finir de naître» écrit-il dans «ses souvenirs». Parfois empreint d’humour et de sarcasme (Le voyage de l’éléphant), dans sa création littéraire (Tous les noms, La caverne, L’autre comme moi, la lucidité), SARAMAGO, un indigné, s’attèle, à coups de hache, de dénoncer du capitalisme sauvage et réfléchit sur le devenir de l’individu dans une société où les valeurs humaines de respect, de dignité et de solidarité sont gravement menacés. «L’aveuglement», une allégorie, se déclare une épidémie foudroyante de cécité. Les premières victimes sont mises en quarantaine sur une base gardée par l'armée mais, en l'absence de remède, la mesure prophylactique ne suffit pas : en l'espace de quelques mois, l'humanité entière est aveugle, à l'exception d'un des personnages principaux ; la société cesse de fonctionner. Le roman suit un ensemble de protagonistes au départ parqués sur la base puis vagabondant dans une ville aveugle en proie à l'anarchie. «L’aveuglement» construit autour d’une épidémie de cécité qui atteint une société devenue abjecte, dominée par la loi du plus fort, où l’on découvre cependant au milieu de la catastrophe la générosité d’une femmes salvatrice et l’humanité déroutante d’un chien qui pleure la détresse des hommes. L’engagement du romancier y fait clairement appel à la responsabilité du lecteur sollicité depuis l’épigraphe par une injonction l’invitant à agir : «Si tu peux regarder, vois. Si tu peux voir, observe» dit-il. Dans ce roman-essai, un aveugle conduit d’autres aveugles vers la perte, l’objectif étant de mettre en question l’ordre social et politique d’un monde qui marche de toute évidence vers la barbarie la plus primitive.
Après la chute de ce pouvoir, le 25 avril 1974, il est nommé à la tête du quotidien «Diário de Notícias» dont il est renvoyé un an plus tard, en 1975, un licenciement salutaire, car il marque le début, certes tardif, mais riche, d’une carrière littéraire. Ses premiers écrits, des poèmes, des nouvelles, des chroniques, n’ont pas connu de succès. En effet, «Terre du péché» en 1947, son premier roman, évoque le monde rural de sa province natale. «L'Année 1993 » un recueil poétique paru en 1975 et «Relevé du sol» en 1980, une narration sans ponctuation ni pause syntaxique, relate la saga d'une famille de travailleurs agricoles. En 1982, c’est son roman, «Le Dieu manchot» qui va le faire sortir du Purgatoire. Le roman est une fresque picaresque et baroque du règne du roi João V, dans la première moitié du XVIIIème siècle, avant le tremblement de terre du 1er novembre 1755. Autour du chantier du faramineux monastère de Mafra, édifié en accomplissement d'un vœu fait par le roi pour la naissance d'un héritier, grouillent des personnages hauts en couleur, parmi lesquels se détachent le soldat mutilé Balthazar Sept-Soleils, la voyante Blimunda Sept-Lunes, le Père Bartolomeu Lourenço de Gusmão, inventeur de la Passarole, extravagant aérostat qui prit son vol le 5 août 1709. La cour, l'armée et le clergé ne sont pas épargnés dans cette dérisoire et cocasse vision de l'histoire glorieuse, que la fable, mieux que les archives ou les manuels scolaires, reconstitue dans sa vérité sordide ou tragique.
«Le Radeau de pierre», paru en 1986, ne désigne rien de moins que la péninsule Ibérique, détachée du continent européen et qui, telle une embarcation à la dérive, va se fixer quelque part sur la mer, entre l'Afrique et l'Amérique du Sud. La parabole ne se veut pas tant un sursaut exacerbé de nationalisme qu'une critique du projet européen qui risque de laisser à l'écart les pays du sud. Mais l'écriture, parsemée de proverbes, à la fois poétique et philosophique, ainsi que les personnages errant en quête de leur destin, suggèrent de bien plus amples perspectives. «Histoire du siège de Lisbonne » en 1989, a pour protagoniste un correcteur d'épreuves qui, en changeant simplement un mot, transforme à la fois l'histoire du siège de Lisbonne, alors sous domination arabe, par Afonso HENRIQUES ou Alphonse 1er (1109-1185), premier roi du Portugal, au XIIème siècle, de 1139 à sa mort, et tout le cours de sa propre vie. En effet, en pleine Reconquista, l’aristocratie militaire ne s’intéressant qu’aux Croisades, la royauté portugaise fait appel à la noblesse française, pour bouter les Maures occupant son territoire depuis le VIIème siècle. Alphonse 1er avait épousé Mathilde de Savoie (1146-1157). En 2003, dans ses «pérégrinations portugaises», il estime que connaître un pays signifie comprendre son paysage, sa culture et le peuple qui l'habite. De Trás-os-Montes à l'Algarve, de Lisbonne à l'Alentejo, la sensibilité du voyageur, toujours attentif à ce que voient ses yeux, recueille les multiples impressions que lui offrent la nature, l'art, l'histoire et les hommes. Découvreur émerveillé, il invite le lecteur à parcourir un Portugal multiple, baroque et mystérieux, sublimé par la magie de l'écriture.
En 1993, dans «L’Evangile selon Jésus-Christ», José SARAMAGO retrace le parcours de Jésus tout en étant sarcastique, ironique, à l'instar de Voltaire, qui s'amusait déjà comme tant d'autres à reprendre les passages de la Bible pour les déconstruire par la réécriture. José SARAMAGO dénonce Dieu le présentant comme un dieu de carnage, un dieu violent, sacrificateur, un dieu se délectant du goût du sang, se complaisant au massacre d'innocents, satisfaisant un désir insatiable, le présentant comme un dieu “païen” finalement. Jésus est en désaccord avec Dieu, il est la figure de celui qui se dresse contre le modèle parental, de celui qui ne nie pas, non, mais qui interroge, toujours, amenant ses interlocuteurs, comme Socrate, à rendre compte de leurs contradictions. L’auteur reprend quelques passages clé du Nouveau Testament pour nous amener à une relecture des phrases les plus énigmatiques du texte fondateur, recréant ainsi du sens là où le sens se perd parce que les voies (voix) du Seigneur (Saigneur) sont impénétrables. Connu pour ses provocations, ses positions tranchées, notamment dans le domaine politique, pour ses engagements idéologiques forts, SARAMAGO insiste sur l’asservissement de l’homme aux religions qu’il a lui-même conçues. Par conséquent, son livre fut censuré au Portugal, alors que SALAZAR est vaincu depuis 1974 ; ce qui contraignit SARAMAGO à l’exil.
Marié deux fois, d’abord à Ilda REIS (1923-1998), de 1944 à 1970, puis à Pilar Del RIO, de 1988 à 2010, il a eu une fille unique, Violante Dos REIS SARAMAGO, née le 11 août 1947, qui lui a donné deux petits-enfants (Ana, présidente de sa fondation et Tiago). José SARAMAGO meurt, le vendredi 18 juin 2010, en exil, à Lanzarote, aux Canaries où il était exilé depuis 1993. Depuis 2011, son corps a été rapatrié à Lisbonne. «S’il y a une épitaphe qui me conviendrait, ce serait : «Ci-gît M. Untel, un homme indigné» Indigné non seulement par la mort, mais aussi par le fait que, depuis que je suis venu au monde en 1922, rien n’a changé» écrit José SARAMAGO dans «Un regard sur le monde».
N.B Le meilleur guide de Lisbonne et son took-took, s’exprimant en cinq langues, M. Khalid KRATI Watshapp 00-351-969-158-327.
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Lisbonne, 4-10 mai 2023, par Amadou Bal BA -