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Billet de blog 20 avril 2025

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"Mody GADIAGA (1955-2025), universitaire UCAD. In Memoriam" Amadou Bal BA

Mody GADIAGA (1955-2025), universitaire, enseignant à la faculté de droit de l'université Cheikh Anta DIOP. Un ami, un militant, syndicaliste et socialiste. In Memoriam»

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«Mody GADIAGA (1955-2025), universitaire, enseignant à la faculté de droit de l'université Cheikh Anta DIOP. Un ami, un militant et syndicaliste et socialiste. In Memoriam» Amadou Bal BA

Mody GADIAGA, un privatiste, enseignant pendant 32 ans à l’université de Cheikh Anta DIOP, membre de l’ARTP depuis 2014, vient de nous quitter à l’âge de 70 ans. Dans les débats télévisés, tout en étant privatiste, en juriste rigoureux, il donnait souvent ses avis motivés en droit constitutionnel. Cette disparition soudaine nous a plongés dans une stupeur et une tristesse infinie. Mon ami, Mamoudou Ibra KANE, a bien voulu me communiquer la dernière émission de Mody, au jury du dimanche, chez ITV, le 20 mars 2025 «La justice est sujette à dispute ; on considérer une décision comme juste ou injuste, mais cela n’autorise pas à s’improviser en technicien de la règle du droit. Nous recherchons une justice indépendante, équitable et impartiale. Le juge la rend la justice, en fonction du dossier entre ses mains», dit-il à Mamoudou Ibra KANE.

Je connaissais de très longue date le professeur Mody GADIAGA, par l'intermédiaire d’un ami et condisciple, le professeur d’économie, Mamadou DANSHOKO, maintenant enseignant retraité de l'UCAD. Nous étions tous étudiants à Paris. Un jour, Mamadou DANSOKHO me dit : «Mody a un appartement dans les Hauts-de-Seine, est-ce que tu peux m'accompagner à une fête qu'il organise ce week-end ?». Nous étions de pauvres étudiants, sans le sou, et je découvre Mody, dont le père Malaw GADIAGA, président des Laobé du Sénégal, de Kédougou, du Sénégal oriental, est un homme d'affaires aisé ; il a une entreprise de transport. Sa mère est Fanta Souko Malaw, originaire de Ndondol, au Baol, mais est résidente à Kédougou.

Mody, comme nous tous, tremblait à l’approche des examens ; il a travaillé très dur, jusqu’à se hisser au rang d’enseignant à l’université de Dakar. Il incarne donc la méritocratie par l’éducation. D'emblée, ce qui m'a plus frappé, chez Mody, un fils à papa, au lieu de nous snober, c'est sa grande simplicité, sa générosité, son humanisme, son sens des convenances, toujours dans le partage et la solidarité. Je me rappelle, revenant de chez Mody, un fils d’un ministre que je nommerai pas, je l’avais photographié devant un arrêt de bus, avec Mody. Il m’a sommé de tout de suite de supprimer la photo : un fils de Ministre, ne doit pas être vu au Sénégal, prendre un bus à Paris ; ce serait dégrader son statut. Mody, lui toujours chaleureux et modeste, particulièrement fidèle en amitié, était loin de ces vaines vanités terrestres.

On s'est perdu de vue, pendant quelques années après nos études, Mody et Mamadou sont rentrés au pays, moi je suis resté à Paris. J'avais commencé à enseigner en capacité en droit, sous l’égide du professeur Bernard BRACHET, à être son assistant en droit public. Un jour, le professeur Babacar KANTE, venu à Paris, me recrute comme assistant en droit public à l'université de Dakar.

C'est donc à partir de 1987 que je retrouve Mody GADIAGA, enseignant à la faculté de droit. Sur le plan syndical, il était le responsable des enseignants socialistes, du temps du président Abdou DIOUF, en pleine ascension des idées du Sopi de maître Abdoulaye WADE. C'est une époque troublée où Djibo Laty KA (1948-2012) était ministre de l'éducation nationale et on le rencontrait fréquemment. Nous avions un mentor en politique, c’est le grand manitou, le professeur Moustapha KASSE, un professeur d’économie.

Mody, toujours disponible, venait souvent chez moi à Fann-Hock, même tard dans la soirée, pour échanger sur la stratégie syndicale ou politique. Un homme avenant, bienveillant, très tolérant, dans l’humilité, et refusant de se mettre constamment en avant, toujours à l’écoute de l’avis des autres. Cette modestie et cette sérénité de Mody, sont des signes de grandeur, en période de tension, surtout en ces années sont à la fois inquiétantes, mais aussi pleine d’espérance. L’année 1988, avec les bombes lâchées par le PDS, est celle d’une année blanche ; et presque, depuis lors, l’université n’a jamais connu de paix. Il y aura eu 1989, l’année des graves massacres entre le Sénégal et la Mauritanie, avec ses 70 000 réfugiés mauritaniens, avec leur bétail, au Fouta-Toro, qui ne sont jamais repartis. Mais 1989, c’est aussi le majestueux colloque organisé par l’UCAD sur le bicentenaire de la Révolution française, avec Alain DECAUX (1925-2016), en invité d’honneur. Le doyen Moustapha SOURANG (1949-2020, voir mon article, Médiapart, 4 août 2020) m’avait confié la direction de l’organisation des cérémonies. Tous ces troubles présageaient de la première grande alternance au Sénégal, celle de 2000, consolidant la démocratie sénégalaise.

A la communauté universitaire, au monde syndical, au Parti socialiste du Sénégal, aux parents et amis de Mody GADIAGA, nous adressons nos sincères condoléances.

Mody GADIAGA était marié à Khady SOW et à Aïda NDIAYE, et avait cinq enfants : Djiby, Tidiane, Abdoulaye, Awa et Fatou Bintou. Il avait une sœur et un frère : Fatou FAYE et Aldiouma GADIAGA.

Je voudrais exprimer ma profonde gratitude, à mon ami et frère, Chérif DANSOKHO, pour les précisions précieuses fournies sur la vie de Mody GADIAGA et son entourage familial.

Paris, le 20 avril 2025 par Amadou Bal BA

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