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Billet de blog 20 octobre 2022

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"Emmanuel MOUNIER, sa Revue ESPRIT" par Amadou Bal BA

Emmanuel MOUNIER (1905-1950), fondateur de la Revue Esprit, un engagement dans la défense de la cause des désespérés. En ce 20 octobre 2022, la revue Esprit fête ses 90 ans et les combats d'Emmanuel MOUNIER sont plus que jamais d'actualité. Une vie brève, mais glorieuse.

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«Emmanuel MOUNIER (1905-1950), fondateur de la Revue Esprit, un engagement dans la défense de la cause des désespérés» par Amadou Bal BA

Emmanuel MOUNIER «est plus qu'un philosophe  et son œuvre ne s'adresse pas à notre seule intelligence, mais à notre personne tout entière qu'elle veut réveiller de l'intérieur, éduquer et former en toutes ses dimensions, disposer au choix et à l'engagement» écrit Jean CONILH, un de ses biographes. Homme de la génération de Jean-Paul SARTRE, fondateur du concept «d’engagement», Emmanuel MOUNIER, inspiré par le christianisme et la démarche anarcho-socialiste de Charles PEGUY (1873-1914) est le fondateur, en 1932, la Revue Esprit. Tout en célébrant, Charles PEGUY, il a innové dans sa démarche intellectuelle, dans la continuité et la rupture : «Il n’est pas un disciple qui n’ait, de quelque manière, trahi son Maître. Il n’en est pas un qui, ne nous apporte sur lui, quelque clarté nouvelle» écrit Emmanuel MOUNIER. Renonçant à l’apostolat, Emmanuel MOUNIER, en chrétien de gauche, a pour ambition de rechristianiser la société française en se fondant sur les vraies valeurs de l’Eglise. Il est «un chrétien fortement enraciné dans son temps, et dont la vie spirituelle se nourrit, non pas dans le rêve et la fuite, mais dans l’attention à la vie concrète, personnelle et collective : un style de sainteté qu’attend la modernité» écrit Guy COQ dans «Emmanuel Mounier et sa génération». Il a appris de Charles PEGUY, le refus de la «pensée toute faite» et des «âmes habituées» ainsi l’indignation devant la misère, exclusion scandaleuse qui détruit le pacte civil, la revendication de la justice sans laquelle la charité ne vaut rien, la réprobation de l’homme bourgeois asservi à l’argent et du «monde moderne» destructeur des anciennes vertus populaires, et l’idéal d’une révolution sociale «morale». Ce chrétien de gauche, loin d’être sectaire, travaillait avec tous, y compris avec des athées : «Chrétien, ancré dans la foi et la vie spirituelle qui gouvernaient sa vie, il choisit de travailler à la marge du milieu catholique qui l’avait formé, parmi des hommes qui n’étaient pas unis par l’appartenance religieuse et qui s’interdisaient mutuellement tout prosélytisme» écrit Bernard COMTE, dans «Le Maîtron». Sa philosophie dite du «personnalisme» était devenue un courant de pensée majeur, face à l’existentialisme de Jean-Paul SARTRE et d’Albert CAMUS et au Communisme triomphant après la Libération. Emmanuel MOUNIER, un défenseur ardent de la cause des désespérés, voulait soulever un mouvement révolutionnaire, porteur de l’espoir des pauvres et des exploités. Sa Revue Esprit «C’est le cri que vous écouterez puisque la parole ne déchire plus les cieux et les cœurs […]. Entendez ces mille voix en déroute. Leur appel à l’esprit […] est plus âpre que l’angoisse. Il sort de la faim et de la soif, de la colère du sang, de la détresse du cœur : voilà le calme que nous vous apportons» écrit-il en octobre 1932. Visionnaire, il avait condamné le stalinisme ; ce qui lui avait valu les foudres de Roger GARAUDY.

Penseur et homme d’action, il fustigeait le temps où les «intellectuels donnent l’exemple de l’aveuglement et les consciencieux de la lâcheté» et où l’esprit conservateur prétend chercher la sécurité et porte en ses flancs «la fureur de la mort» dit-il. Emmanuel MOUNIER appelait à l’engagement de tous : «Il faut d’abord que chacun apprenne à se tenir debout tout seul. La personne, c’est la puissance d’affronter le monde, l’opinion, la lâcheté collective. C’est la capacité de faire silence, de se recueillir, d’alterner la vie intérieure et la vie exposée ; c’est le goût du risque, le courage intellectuel, l’irréductible assurance de celui qui sait pour quoi, éventuellement, mourir» dit-il en 1949. En effet,  «Emmanuel Mounier veut à la fois s’écarter des lâches et des aveugles, des inhumains et des prétendus libéraux, afin de travailler à une compréhension meilleure entre les hommes et une cité meilleure» écrit Jean WAHL, dans le journal «Le Monde». Le nom d’Emmanuel MOUNIER est inséparable de sa revue Esprit qu’il a fondée en 1932, qui existe toujours, et fête, en 2022, ses 90 ans. Mort à l’âge de 45 ans, si les nouvelles générations le connaissent, les idées qu’il avaient agitées restent d’une très actualité. «Malgré sa mort prématurée, Emmanuel Mounier n’a pas fini d’être l’un des plus écoutés, des plus étudiés, des plus aimés parmi les écrivains pouvant aider l’Homme à se situer dans le monde moderne, à déchiffrer l’évènement. Mounier a clairement posé certaines morales, spirituelles, certaines valeurs qui nous importent» écrit Jacques CHARPENTREAU dans «l’esthétique personnaliste d’Emmanuel Mounier».

Dans sa contribution intellectuelle très riche, et plus que jamais d’actualité interpellant nos consciences, Emmanuel MOUNIER, l’eau dans ce lac de la montagne, a vécu dans la moitié du XXème siècle confrontée à divers désordres notamment aux guerres, à la paix, à la montée du fascisme, au colonialisme et ses guerres, à la crise de 1929 et son chômage, et déjà  aux signes annonciateurs du déclin du christianisme, le triomphe de l’individualisme et l’égoïsme. Chef de file de la philosophie du personnalisme, «soucieux de restaurer la primauté de la personne humaine broyée à la fois par le libéralisme et le totalitarisme, Mounier s’interrogea prophétiquement sur notre modèle de développement. Aujourd’hui, en de temps si comparables à la crise de civilisation qu’il diagnostiquait dans l’entre-deux-guerres, son appel à une «révolution spirituelle» comme alternative radicale retrouve toute sa pertinence» écrit Jean-Marie DOMENACH, son ami, disciple et biographe.

 Qui est Emmanuel MOUNIER ?

Contemporain de Raymond ARON et de Jean-Paul SARTRE, Emmanuel MOUNIER est né le 1er avril 1905 d’une famille modeste dont les ancêtres sont des paysans et il en gardé les stigmates «Je suis un intellectuel. Mais souvent, je me retourne avec reconnaissance vers mes quatre grands-parents paysans, de vrais tous quatre, avec de la terre à leurs souliers, le lever à trois heures et la tranche de saucisson dans les doigts» écrit-il le 30 avril 1933. Son père, Paul MOUNIER, pharmacien-chimiste, n’avait pas assez d’argent pour acheter une pharmacie et il est d’une santé fragile. L’insécurité du lendemain est une hantise de sa famille : «Sa famille n’a pas de quoi lui offrir distractions, voyages et vacances, sinon dans les fermes des parents» écrit Jean-Marie DOMENACH. Sa seule prétention est de «rester fidèle à l’enfant que je fus» suivant une formule de Georges BERNANOS. Jeune, il perd un œil, suite à un accident à l’école, et une altération de l’audition le rend sourd d’une oreille. Il se consacre intensément à la lecture : «Ce qui va amplifier son fort penchant pour la vie intérieure et la méditation religieuse» écrit Jacques LE GOFF. Intellectuel, il a besoin d’un retour aux sources «Je suis montagnard» dit-il. Ses parents avaient envisagé qu’il devienne médecin. Mais il estime qu’il n’en a pas la vocation et estime que les années 1924-1927, à la faculté de Lettres sont perdues. En effet, il estime que ces «années sont fécondes», mais trop éloignées de la «géographie de son esprit». Emmanuel MOUNIER s’engage alors dans des études de philosophie à l’université de Grenoble, de 1924 à 1927, et devient l’élève de Jacques CHEVALIER (1882-1962 qui lui recommande Blaise PASCAL, René DESCARTES de Henri BERGSON (1859-1941. Il voulait s’engager dans l’apostolat, et obtient un diplôme d’études supérieures, avec un mémoire sur «Le conflit de l’anthropocentrisme et du théocentrisme dans la philosophie de Descartes».

Emmanuel MOUNIER débarque à Paris le 29 octobre 1927, et s’inscrit à la Sorbonne, et non à l’Ecole normale supérieure ; ses professeurs sont notamment BREHIER et BRUNSCHWIG. Cependant, mais il rejette l’idolâtrerie du système universitaire fait de gens assis sur leur fauteuil, «suffisants» et manquant de générosité. En 1928, il est reçu à l’agrégation, derrière Raymond ARON, Jean-Paul SARTRE ayant été recalé cette année-là. Après son étude en 1931 sur Charles PEGUY, en 1932, il va fonder sa revue Esprit. Il commence l’enseignement à Saint-Omer, à Versailles et au lycée français à Bruxelles de 1933 à 1939 ; il rencontre Paulette LECLERCQ dite Elsa (Bruxelles 4 mai 1905 – Paris 14ème, 13 mars 1991), qui deviendra sa femme le 20 juillet 1935 ; elle lui donnera trois filles.

Il s’insurge contre la guerre civile en Espagne et condamne l’attaque de l’Ethiopie par l’Italie. En 1941, sa revue Esprit est interdite ; il est arrêté le 15 janvier 1942 et emprisonné, parce que suspecté d’être l’intellectuel organique de la Résistance. Après une grève de la faim, il est libéré. Après la guerre, il réside à Paris 15ème à l’avenue Emile Zola, puis à partir de 1944 Châtenay-Malabry, jusqu’à sa mort. Il vivait en communauté, notamment avec Jean-Marie DOMENACH et Paul RICOEUR.

 I – Emmanuel MOUNIER, l’actualité de ses principes et valeurs

A l’aube du 3ème millénaire, une des questions majeures que s’était posée Emmanuel MOUNIER, ce n’est pas «comment», mais «vers quoi» et «pour qui» devons-nous orienter le développement économique social, politique et économique d’un Nation ?

Emmanuel MOUNIER est le théoricien d’une philosophie du personnalisme. «La visée du personnalisme, c’est la visée d’une civilisation», écrit Paul RICOEUR, un de ses disciples, qui avait vécu à la communauté de Chatenay-Malabry.

 1 – Le combat contre les puissances d’argent et l’égoïsme

Artisan de la Deuxième Gauche, Emmanuel MOUNIER ne voulait ni du communisme ni de la Droite. Il voulait rassembler des catholiques, des protestants, des orthodoxes, des juifs et des athées et construire une synthèse de civilisation. Dans sa radicalité, il appelait à une «révision générale des nos valeurs et une volonté de liquider la faillite du monde moderne et réaliser un ordre nouveau fondé sur des valeurs spirituelles. La moisissure du monde moderne est si pourrie, si essentielle, qu’un écroulement préalable de tout le système est nécessaire, dans la perspective d’une reconstruction par la base de l’édifice social» dit-il.

S’agissant de l’économie, l’originalité d’Emmanuel MOUNIER, face à la crise de 1929, d’aller à ses causes les moins visibles, de descendre jusqu’à ce niveau infrastructurel de réalité où le «primat de l’argent» et du profit trouve sa clé explicative. Il dénonce l’injustice et l’oppression. C’est une «crise de civilisation». Emmanuel MOUNIER a donc dénoncé ce conservatrice ayant bâti une «démocratie d’esclaves en liberté». La crise de 1929 est avant tout celle de la folie des Hommes, dans leur égoïsme et leur cupidité sans limites, générant de graves injustices et des guerres.  Toutes ces richesses avilissent la personne humaine «Pendant des siècles, de domination bourgeoise, le rationalisme, l’individualisme et l’argent ont abîmé l’Homme, l’ont dissocié de la Nature, de la communauté de lui-même. Il n’a pas de solution partielle, il faut tout recommencer dans une neuve» écrit-il.

Il voulait "refaire la Renaissance", en soustrayant la personne humaine de la tyrannie du profit et la frénésie de la consommation. La société d’abondance ne signifie nullement le bonheur. «La disparition de l’angoisse primitive, l’accès à de meilleures conditions de vie n’entrainent nullement pas infailliblement la libération de l’homme, mais plus communément, peut-être son embourgeoisement et sa dégradation spirituelle» écrit-il. Emmanuel MOUNIER voulait instituer une communauté universelle où personne ne sera négligé, et où les «besoins essentiels» sont pourvus. Emmanuel MOUNIER appelle à de valeurs nouvelles, ne signifiant pas le mépris de la Politique, au sens noble, mais la négation de tout ce qui est inconsistant, mensonges et une volonté de répondre aux besoins fondamentaux. L’Etat est un arbitre afin de pouvoir au Bien commun. Il veut réunir ce qui est séparé et a fondé sa propre communauté, à Châtenay-Malabry, dans la banlieue parisienne. Comme Friedrich NIETZSCHE, il ne croit pas qu’on puisse danser avoir appris à marcher.

Face à la primauté de l’argent, pour certains, il a voulu exhorter la charité fraternelle, appeler à l’espérance et placer la personne humaine au-dessus de tout. Pour lui, le personnalisme est l’homme, niant son individualité et en s’ouvrant à la communauté. «On ne se trouve qu’en perdant ; on ne possède que ce qu’on aime. On ne possède que ce qu’on donne» dit-il. Emmanuel MOUNIER voulait donc dynamiter l’édifice bourgeois. «L’amour fait exister chacun en particulier et tous ensemble» écrit-il. Se battant pour les opprimés, les pauvres et les écrasés, il a une conviction profonde de porter un nouveau projet de civilisation, ranimer le miracle par la primauté du spirituelle : «l’économique ne peut se résoudre séparément du politique et du spirituel auxquels il est intrinsèquement subordonné et, dans l’état normal des choses, il n’est qu’un ensemble de basses-œuvres à leur service».

Notre époque montre, avec éclat, qu’Emmanuel MOUNIER avait bien raison de dénoncer l’argent, et de faire l’éloge d’un «idéal de dépossession». Le capitalisme financier et prédateur, avec une délocalisation des entreprises, crée des guerres locales artificielles, pour s’accaparer des matières premières des pays du tiers-monde ou imposer le diktat américain sur le monde. Ces guerres ou ces courses aux superprofits provoquent une hausse des prix, mais sans aucun partage du gâteau. Et on veut imposer aux faibles des réformes injustes (retraites, chômage, loi sur l’immigration) et pour les défavorisés on ne propose que des miettes, la théorie du «ruissellement».

2 – Emmanuel MOUNIER un Républicain Antifasciste

Il est le premier, en 1933, à s’inquiéter de l’arrivée d’Adolphe HITLER au pouvoir. En septembre 1938, la capitulation de Munich a été un événement majeur. Le 6 février 1934, les ligues factieuses ont failli renverser la République (Croix de Feu, Action française). Emmanuel MOUNIER s’insurge contre la politique du mensonge, de corruption et d’impuissance. «Le caractère de notre vie exige l’engagement d’une condition d’humanisation» écrit-il. Lors de la guerre civile en Espagne, un moment dramatique opposant le Bien au Mal, il s’indigne de la décision de non-intervention du Front Populaire et les complicités d’une partie de l’Eglise.

Pour combattre le Nazisme, il fallait à travers son combat d’intellectuel redresser les cœurs et nourrir les esprits. Il entre dans la Résistance. Le journal «Esprit» est interdit en août 1941. Une partie de l’Eglise ayant collaboré avec les Nazis ou est restée neutre, il estime, face ce monde pourri, que le christianisme a été «dévirilisé. On ne peut être totalement chrétien aujourd’hui, si mal le soit-on, sans être révolté» dit-il. L’Italie avait connu Bénito MUSSOLINI (1883-1945), l’Espagne, Francisco FRANCO (1892-1975) et sa guerre civile, le Portugal, le régime de Antonio de OLIVEIRA SALAZAR (1889-1970), en Allemagne, Adolphe HITLER avait expérimenté la solution finale et la Grèce, avec sa prétention de berceau de la civilisation avait connu la «Dictature du 21 avril», appelée le régime des Colonels du 21 avril 1967 au 24 juillet 1974.

Jadis, la revue Esprit d’Emmanuel MOUNIER dénonçait la montée du fascisme : «Un beau matin, à leur réveil, les gens s’apercevaient tout à coup qu’ils puaient. Mais non pas des pieds ou des aisselles ou de tout autre endroit où ce phénomène se produit fréquemment ; non en un point déterminé entre la nuque et le crâne» ainsi dénonçait, en 1944, Alberto MORAVIA le fascisme italien, dans la revue Esprit de mars 1947.  De nos jours, l’Europe démocratique, dite libre, dénonçant maintenant et à juste titre, l’autocratie du Tsar des Russies, est en train de renouer avec ses vieux démons de la peste brune. En effet, en Italie, Mme Giorgia MELONI, la dirigeante de Fratelli d’Italia, un parti fasciste, avec 27% des voix, s’est imposée aux législatives comme la principale force d’opposition. Cette «épidémie» de la peste brune, qui se banalise, victorieuse en Hongrie, s’est étendue en Suède, un pays traditionnellement accueillant avec les étrangers. En France, l’extrême-droite ne représentait en 1983 que moins de 1%, est arrivée, par trois au 2ème tour, et s’est retrouvée avec 89 députés au Parlement. L’extrême-droite, cultivant la respectabilité, évite de s’attaquer à certaines communautés et ne s’en prenant qu’aux plus faibles et les moins organisés : les racisés, avance donc masquée.

Le point de commun de cette montée du fascisme est la montée du racisme, le rejet de l’arrivée des immigrants et des réfugiés du tiers-monde. Le BREXIT est ouvertement une réaction anti-immigrés, au moment où l’Europe accueille 6 millions d’Ukrainiens, avec leurs chiens et leurs chats. Pourtant ces racisés et pour l’essentiel soit leurs pays ont ravagés par des guerres locales injustes ou les ressources naturelles pillées depuis les temps de l’esclavage, le bonheur de certains étant fondé sur le malheur des autres. Ils ont le droit de venir chez nous, mais nous n’avons pas le droit d’aller chez eux.

«Vivre, c’est résister» disait le philosophe italien, Antonio GRAMSCI (1891-1937, voir mon article), emprisonné par les fascistes et mort en détention. Cette montée de la xénophobie vise, pour les gouvernements, à mieux occulter les enjeux internes d’industrialisation, de relocalisation des entreprises installées en Chine, de justice sociale. Cependant, pour certaines rien d’inquiétant ; c'est comme le nuage de Tchernobyl, le fascisme passera peut-être ailleurs, mais plus jamais au pays des droits de l’Homme avec son message universel. «Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom. Il rampe. Il flotte. Quand il montre du bout du nez, on dit "c'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et, un jour, on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser» écrit Françoise GIROUD.

 II – Emmanuel MOUNIER, son multiculturalisme et son attachement à l’Afrique

Emmanuel MOUNIER, dans une démarche de «Nouvelle gauche» est un intellectuel engagé sur les problèmes coloniaux : Madagascar, la Corée, l’Indochine, l’Union française, et le Maghreb avec notamment un dossier spécial dans sa Revue Esprit, d’avril 1947, «Prévenons la guerre d’Afrique du Nord». Le numéro du 1er avril 1950 de la revue Esprit s’intitule «Humanisme contre guerres coloniales» En effet, Emmanuel MOUNIER combattait l’aveuglement de la classe politique voulant pérenniser l’empire français il considérait que «les colonies ne sont pas la France».  Un numéro spécial de décembre 1935 porte un titre évocateur «la colonisation, son avenir, sa liquidation ». Pour Joseph FOLLIET, «le contact avec des «peuples supérieurs» jouissant d’une liberté supérieure, fait désirer cette liberté à ceux qui ne la possèdent pas» écrit-il. En particulier, pour Emmanuel MOUNIER, une civilisation eura-africaine est en train de naître écrit-il dans «l’éveil de l’Afrique noire».

Par ailleurs, en 1947, il s’est rendu pendant deux mois au Sénégal et en tiré, en 1948, un livre, «L’éveil de l’Afrique noire». Ami d’Alioune DIOP, un musulman converti au christianisme, Emmanuel MOUNIER fait partie, en 1947, du comité de soutien de Présence Africaine. «Un ami noir (Alioune DIOP) me conduit chez quelques camarades. Cela existe, en Afrique, six intellectuels noirs, qui cohabitent en camarades, parlent un français impeccable, pétillant, nuancé, et sont voués cependant à l'avenir de leur pays, joyeusement, sans airs farouches, sans haine, résolus. Ils s'apprêtent à éditer la première revue littéraire noire, Présence Africaine. Il leur semble que l'histoire commence un peu avec elle. Autour du punch, ils essayent de m'expliquer l'âme noire » écrit-il à propos du projet de Présence Africaine» écrit-il, en mars 1947. Emmanuel MOUNIER est, avec Maurice GENEVOIX, le parrain de Mariame BA (Voir mon article) qui sera par la suite l’auteure de «Une si longue lettre». Emmanuel MOUNIER s’est le 12 mars 1947, à Rufisque, une école normale de jeunes filles, formant de futures enseignantes et dirigée par Mme PAQUET, une connaissance de Romain ROLLAND : «Mariama Bâ est élève à l'École Normale de filles de Rufisque. On lui avait demandé, comme à ses camarades, de commenter, à l'aide de souvenirs personnels : «Combien j'ai douce souvenance - Du joli lieu de ma naissance.» Dans cette petite cour, trop petite, elles sont une centaine de tulipes noires, robes claires à carreaux bleus et blancs avec de larges épaulettes formant corolle autour des têtes crépues. Elles viennent de tous les points de la Fédération. Celles du Sud sont plus épaisses. Celles du Nord et les Dahoméennes ont les traits fins et de petits bustes menus. La plupart, comme Mariama, pilaient le mil dans leur enfance. Il n'est pas commode de dompter cette force sauvage. Il a fallu leur apprendre, un à un, chaque geste de la civilité» écrit-il.

Dans ce livre, en anticolonialiste radical, l’analyse d’Emmanuel MOUNIER sur l’Afrique reste d’une grande actualité. Il a très vite décelé, avec une étonnante capacité de discernement, voire d'anticipation en exprimant son inquiétude devant une Afrique qui ne saurait concilier modernité et richesses ancestrales, et déjà a dénoncé une élite tentée de n'être ni vraiment africaine ni vraiment européenne.

En grand sociologue et observateur attentif, Emmanuel MOUNIER fait une description étonnante du Sénégal en 1947 : «Pour Dakar, il faut encore traverser Médina, la ville indigène, il faut quand même faire le détour de deux siècles en arrière, longer ces rues sans lumière et ces masures sans espoir, être saisi à la gorge par une inoubliable odeur de crasse, de misère et de marée mêlées, et sitôt après les prouesses du colonisateur, sentir d'abord, pour ne pas l'oublier, l'odeur de son péché» écrit sur un quartier populaire de Dakar. Il décrit les Sénégalais comme «Un peuple gai. Un peuple matinal. Quel est pour eux le goût quotidien de la vie ? Nul d'entre nous ne le sait. Moins que personne, les Blancs, sûrs de leur supériorité, qui les croisent chaque jour, sans jamais les voir. À la Médina, l'odeur universelle de la misère.» écrit-il.

Partisan du personnalisme, Emmanuel MOUNIER est fasciné par les traditions africaines fondées sur la solidarité et la vie en communauté : «La clé du Noir c'est son absence totale d'individualisme. Il ne se sent jamais comme un moi seul devant les autres, seul devant soi. C'est à la fois sa supériorité et son infériorité. L'intimité, l'intériorité ne lui sont pas connues. Il est à chaque instant et dans chaque geste lié à toute une tradition, à toute une solidarité collective qui exige, de chacun de ses mouvements, un hommage. Jamais il ne cherche à courir une aventure personnelle, à se distinguer, à dépasser les autres : c'est pourquoi l'esprit bourgeois d'un côté, l'esprit d'aventure politique strictement individuel de l'autre lui sont étrangers. Le Noir cherche toujours à être en égalité avec l'égal, en réciprocité rigoureuse avec le prochain» écrit-il. Les coloniaux s’estimant des tuteurs généreux et vertueux, en revanche, n’hésitent pas de dénigrer et rabaisser les Africains qui mèneraient une vie stérile, parasite et contemplative  : «Le Noir enfin n'a pas de buts. La passion de découvrir, de forcer, de modifier la nature, la passion cartésienne et industrieuse de l'Occident blanc lui est étrangère. Il suit, par contrainte ou entraînement» lui dit Richard MOLLARD de l’IFAN. Emmanuel MOUNIER reste focalisé contre la pauvreté des Africains : «Le premier drame de l'Afrique, c'est le décalage des lignes de départ dans la lutte mondiale contre la misère. Il est probable, avec sa pauvreté naturelle, que la tâche titanesque de son équipement ne deviendra possible que le jour où le reste du monde cessera de s'épuiser en guerres et en budgets de guerre» écrit-il.

Après Sébikhotane, Emmanuel MOUNIER se rend du 16 au 17 mars 1947 à Saint-Louis, une ville différente du quartier populaire de la Médina de Dakar : «Saint-Louis s'allonge sur une île entre le fleuve Sénégal et la mer. On l'aborde par un pont de fer, destiné à l'Indochine, détourné parce qu'il était trop court pour son premier usage. La vieille ville historique dépérit lentement sur ses richesses passées. Mais que de charme, à côté de l'administrative Dakar ! Un air de Portugal passe sur les grands balcons de bois qui font le tour des maisons sous les toits débordants. À Saint-Louis, les siècles restent en place, à peine bousculés par les siècles qui suivent» écrit-il. A l’époque, le gouverneur du Sénégal est un martiniquais, Laurent Marcel VILCORD, en poste de 1947 à 1950. A Saint-Louis, Emmanuel MOUNIER fait le bilan d’étape, à savoir les rapports entre les coloniaux et les Africains «Les Africains ont vécu un équilibre de vie avant de connaître les Blancs. Ils en découvriront un autre le jour où se sera formée, par des voies encore imprévisibles, la civilisation eurafricaine. Le drame des générations intermédiaires qui vivent sous nos yeux est que, déjà déprises de l'Afrique historique, inadaptées à l'Europe blanche, attirées par elle et repoussées par ses mépris, elles restent irrémédiablement des générations déchirées. Les colons parlent très vite de l'orgueil du Noir, de sa suffisance, de son racisme à rebours. Ce qu'ils ne voient pas, c'est que cet orgueil, ce racisme, nous les avons cultivés, comme l'orgueil et le racisme juifs, par notre propre vanité raciale. Derrière ces réactions de supériorité puérile, frémit et implore un profond complexe d'infériorité. La plupart des Noirs ont honte d'être noirs, une honte secrète qu'ils ne font pas leur, mais qui hante jusqu'à leur fierté. Nous leur avons donné cette honte. Nous avons le devoir de la leur enlever. Mais elle existe. Le grand orgueil des Peuhls, c'est d'avoir des ancêtres «aux oreilles rouges» écrit-il.

Après cette étape du Sénégal, Emmanuel MOUNIER se rendra à Freetown, en Sierra-Léone, à Abidjan, en Côte-d’Ivoire, décrié comme le haut lieu du travail forcé dans les plantations, à Cotonou, au Dahomey (Bénin), à Monrovia, au Libéria, à Bamako, au Mali. Il reviendra au Sénégal, et ce pose cette question : L’Afrique devient-elle majeure ? «Le fait nouveau, c'est que l'Afrique noire commence à produire des cadres indigènes. Ce n'est en aucune façon un mouvement massif. On ne compte encore les «évolués» que par centaines, mais chaque année ils seront plus nombreux, meilleurs» écrit-il. Mais jusque-là, le colon avait refusé de créer une université africaine, ne désirant avoir que des cadres subalternes. «La capacité politique, technique ou intellectuelle de l'Afrique est encore basse. Rien ne nous autorise à parler d'une infériorité de race. Mais l'Africain subit encore les effets d'une nature exceptionnellement inhumaine. Cette génération est née africaine, elle le reste par de larges et vivantes attaches intérieures. En même temps, on lui donne la substance de l'Europe. Tirée de deux côtés à la fois, ce n'est pas-elle encore qui fera l'unité. Elle ne fera même pas son unité. Sa grandeur est une grandeur tragique et sacrifiée. Faire la démocratie en Afrique, c'est donner à partager aux Africains, progressivement et selon les capacités réelles, le pouvoir effectif, et non pas exporter la démagogie, la concussion, le mandarinat électoral, le bavardage de l'impuissance» précise-t-il.

À la veille d’être emporté par une crise cardiaque, victime d’un surmenage intensif, il confiait à son ami l’abbé André PIERRE, dans une lettre du 20 mars 1950, son intention de prendre de la distance avec les combats intellectuels pour se rendre plus proche des pauvres et porter plus directement témoignage, par son style de vie, de ses convictions et de ses intentions les plus profondes. En août 1949, Emmanuel MOUNIER, qui n’avait jamais été malade de sa vie, fut obligé de s’aliter. Son médecin diagnostiqua une anomalie cardiaque. Mais, Emmanuel MOUNIER refusa de se reposer continua son travail acharné. Le 22 mars 1950, dans son sommeil, il mourut, brusquement, d’une myocardite, due sans doute, à un surmenage. «Ce cœur qui avait tant aimé et tant souffert, s’est arrêté de battre. Une part de lui-même demeure, impérissable, dont il reste à nous inspirer. L’autre part appartient à nous tous, elle dépend de nous tous. Fidélité, la voie est tracée» écrit Jean-Marie DOMENACH, dans la revue Esprit du 1er avril 1950.

Ses obsèques, célébrées par l’abbé André DEPIERRE, son ami, eurent lieu le 24 mars 1950 à Châtenay-Malabry, notamment en présence de François MAURIAC. Il a été inhumé à Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine, en banlieue parisienne. Un «témoin persévérant de Dieu» comme l’a qualifié le père André DEPIERRE, une «puissance d’accueil» comme le souligne Paul FRAISSE, membre de sa communauté à Chatenay-Malabry, un «éducateur» pour Jean LACROIX. Suivant Paul RICOEUR, Emmanuel MOUNIER est un «philosophe personnaliste». Les témoignages de ses amis, numéro spécial d’Esprit du 1er décembre 1950 font 1079 pages.

  Références bibliographiques

 I – Contributions d’Emmanuel MOUNIER

MOUNIER (Emmanuel), «Pacifistes» ou «bellicistes» ? : le chrétien devant le problème de la paix, Paris, Les éditions du Cerf, 1940, 63 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Carnets de route, tome 1, Feu, la chrétienté, Paris, Seuil, 1950, 275 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Carnets de route, tome 2, Les certitudes difficiles, Paris, Seuil, 1951, 427 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Communisme anarchie et personnalisme, Paris, Seuil, 1966, 191, pages ;

MOUNIER (Emmanuel), De la propriété capitaliste à la propriété humaine, Paris, Desclée de Brouwer, 137 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Faut-il refaire la déclaration des droits de l’Homme ?, Paris, 1944, 11 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Introduction aux existentialismes, Paris, Gallimard, 1962, 189 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), L’affrontement chrétien, Paris, éditions du Seuil, La Baconnière, 1945, 101 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), L’éveil de l’Afrique noire, Paris, éditions du Seuil, 1948, 219 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), La pensée de Charles Péguy, Paris, Plon, Roseau d’Or, 1931, 311 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), La petite peur du XXème siècle, Paris, Seuil, 1948, 160 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), La révolution personnaliste et communautaire, Paris, Seuil, 1961, 334 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Liberté sous conditions, Paris, Seuil, 1946, 271 pages ; 

MOUNIER (Emmanuel), Manifeste au service du personnalisme, Paris, éditions Montaigne, 1936, pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Montalembert : choix de textes et préface, Paris, Egloff, 1945, 229 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Emmanuel Mounier et sa génération : lettres, paroles et carnets inédits, préface de Guy Coq, préambule de Paulette Mounier-Leclerc, Paris, éditions Paroles et Silence, 2000, 425 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), Qu’est-ce que le personnalisme ?, Paris, Seuil, 1947, 105 pages ;

MOUNIER (Emmanuel), «Refaire la Renaissance», Revue Esprit, octobre 1932, pages 5-47 ;  

MOUNIER (Emmanuel), Traité du caractère, Paris, Seuil, 1945, 771 pages.

 II – Critiques d’Emmanuel MOUNIER

AMATO (Joseph, A.), Mounier and Maritain : a French Catholic Understanding of the Modern World, University of Alabama Press, 1975, 215 pages ;

Association des amis d’Emmanuel Mounier, sous la direction de Guy Coq, Emmanuel Mounier, l’actualité d’un grand témoin, Paris, Unesco, colloque du 5-6 octobre 2000, sous la présidence de Paul Ricoeur et Jacques Delors, Paris, Ean, Vol I, 2003, 274 pages, Vol II, 2006, 641 pages ;

BARLOW (Michel), Le socialisme d’Emmanuel Mounier, Paris, Privat, 1971, 174 pages ;

BEGUIN (Albert), «Emmanuel Mounier, missionnaire du personnalisme», Gazette de Lausanne du 11 avril 1950 ;

CHARPENTREAU (Jacques), ROCHER (Louis), L’esthétique personnaliste d’Emmanuel Mounier, Paris, les éditions ouvrières, 1966, 174 pages ;

CHEIGNE (Hervé), Emmanuel Mounier et le combat du juste, Bordeaux, Guy Ducros, 1968, 244 pages ;

COMPTE (Bernard), «Emmanuel Mounier, Hyppolite Henri», Maîtron, 4 avril 2013 actualisé le 6 janvier 2028 ;

CONILH (Jean), Emmanuel Mounier, sa vie, son œuvre avec un exposé de sa philosophie, Paris, Presses universitaires de France, 1966, 120 pages ;

COQ (Guy), Mounier, l’engagement politique, Paris, Michalon, Le Bien commun, 2008, 122 pages ;

GUISSARD (Lucien), Mounier, Paris, éditions universitaires, 1962, 123 pages ;

HANI (Daniel), La notion d’engagement dans le personnalisme communautaire d’Emmanuel Mounier. Les racines philosophiques de l’engagement de la personne humaine, thèse sous la direction de Michael Sherwin, Université de Fribourg (Suisse), 2012, 291 pages ;

LACROIX (Jean) DOMENACH (Jean-Marie), Emmanuel Mounier (1905-1950), Paris, Seuil, 1969, 19 pages et 2014, 189 pages ;

LE GOFF (Jacques), Emmanuel Mounier d’hier à aujourd’hui. L’actualité d’une pensée, entretiens avec Jean-Yves Boudehen, Presses universitaires de Rennes, 2021, 220 pages ;

LE GOFF (Jacques), Penser la crise avec Mounier, Presses universitaires de Rennes, 2011, 204 pages ;

LE GOFF (Jacques), «Emmanuel Mounier, notre contemporain», Revue Esprit, avril 2020, ;

LEBEL (Marie-Paule), Mounier ou l’audace d’une civilisation nouvelle, maîtrise en philosophie, Trois-Rivières, Université du Québec, novembre 1987, 322 pages ;

LESTAVEL (Jean), Introduction aux personnalismes, Paris, La vie nouvelle, 1961 55 pages ;

MOIX (Candide), Emmanuel Mounier : le penseur chrétien dans un monde moderne, Paris, Seuil, 1960, 352 pages ;

MOIX (Candide), La passion d’Emmanuel Mounier,  Paris, Seuil, 1960, 342 pages ;

MONGIN (Olivier), «Emmanuel Mounier et la Revue Esprit», Revue des revues, 2021, Vol 2, n°66, pages 98-113 ;

MOUNIER (Paulette, E.), Emmanuel Mounier : l’engagement de la foi, introduction de Guy Coq, avant-propos de Pierre Ganne, Paris,  Les Plans-sur-Bex, Parole et silence, 2005, 262 pages ;

SOLONKO (Nelli), «Sauver la dignité humaine : Péguy entre le Bergsonisme et le personnalisme», Etudes romanes de BRNO, 2020, Vol 41, n°1, pages 1-16 ;

 MARITIN (Jacques), Emmanuel Mounier, Jacques Petit, Paris, Desclée de Brouwer, 1973, 203 pages ;

 WAHL (Jean), «Le personnalisme d’Emmanuel», Le Monde du 18 avril 1950.

 Paris, le 20 octobre 2022 par Amadou Bal BA -

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