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«Cameroun : le résultat, sans surprise, déjà contesté, de la présidentielle du 12 octobre 2025, à 54% revendiqué par Paul BIYA, contre 36% pour Issa BAKARY» par Amadou Bal BA
Suivant la Commission électorale, le résultat de la présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025, sans surprise et déjà contesté, est de 54% des suffrages pour Paul BIYA, président sortant. D’après les chiffres officiels de cette commission, son principal concurrent Issa Tchiroma BAKARY, le Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), un Peul de Garoua, obtiendrait environ 36 %, suivi de Cabral Libii LI NGUE entre 3 à 4 % et Maigari Bello BOUBA, moins de 3 %.
Le Conseil constitutionnel proclamera les résultats officiels le jeudi 23 octobre 2025. Par conséquent, Paul BIYA, à 92 ans, au pouvoir depuis 43 ans, sera réélu pour un huitième mandat. La messe semble dite. «Nous ne reconnaissons pas ces chiffres. C’est un hold-up électoral ! Monsieur le Président Biya, vous avez dirigé ce pays pendant 43 ans. Sortez par la grande porte. Respectez la volonté du peuple» dit Issa Tchiroma BAKARY, le principal opposant à Paul BIYA.
Issa BAKARY, un ancien ministre, originaire du Nord, un ingénieur ferroviaire formé en France, est le seul, 36%, après John FRU NDI, le 11 octobre 1992, dans un contexte de multipartisme, à 35,97%, avoir déstabilisé le président Paul BIYA, réélu à 39,98%. Paul BIYA avait obtenu, en 2018, 71,28% contre 14,23% pour le professeur Maurice KAMTO. M. BAKARY, né en 1946, à Garoua, avait été emprisonné en 1984, suspecté d’avoir voulu fomenter un coup d’Etat. Libéré en 1990, après six années de détention, il est sorti endurci et déterminé et a réclamé avec l’avocat, Yondo BLACK, plus de liberté et de justice au Cameroun. Il est donc à la base de l’émergence du multipartisme au Cameroun.
Il faut dire au départ, lors de cette présidentielle de 2025, avec une justice aux ordres, Maurice KAMTO étant injustement écarté, mais resté discret, est congénitalement viciée à la base. Il a fallu attendre 11 jours pour avoir les chiffres de la Commission électorale. En effet, le fait de publier des résultats partiels ou officieux d'élections au Cameroun est passible d'une peine de prison. En France, cette difficulté, passible d'une forte amende, est contournée à travers la presse belge. Au Sénégal, en raison d'une presse libre, les résultats partiels sont instantanément publiés sur les réseaux sociaux.
Pour moi, le Cameroun est un grand mystère. C’est le pays de l’UPC de la résistance de UM NYOBé, de grands intellectuels, mais qui sombre dans la dictature et le ridicule. Cependant, au Cameroun, et en raison probablement d'une grande couardise, lâcheté ou esprit de la fête, le gouvernement, depuis 42 ans, a toute l'attitude, pendant 15 jours, de tout tripatouiller, et inverser ainsi la tendance en sa faveur. «Le Cameroun, une gigantesque fête foraine», ne bouge que si les débits de boissons ne sont plus alimentés en bière" me dit, en plaisantant, un ami et confrère. En effet, la bière étant divinisée dans ce pays, une rupture des stocks avait provoqué une grève générale.
Je sais que le ridicule ne tue pas. L'Afrique en général avec ses discours pompeux et décalés est en règle générale fâchée avec la démocratie et l'État de droit. Le président, un chef de BA (Amadou, Bal), «Décès de Marie, veuve de Ruben Um Niobé», Médiapart, 14 septembre 2023 ;
disait Félix HOUPHOUET-BOIGNY (1903-1993), président ivoirien gravement malade et mourant. Une fois qu'il est au pouvoir, il tripatouille la Constitution et élimine ses adversaires les plus dangereux par des méthodes particulièrement déloyales, sans aucun moyen de recours efficace, compte tenu d'une justice aux ordres.
Le cas du Cameroun est emblématique à ce sujet. Le président Paul BIYA, 92 ans, sans conseil des ministres, vivant une bonne partie de l'année dans un hôtel en Suisse, sans faire campagne électorale, au pouvoir depuis 1982, s’est donc présenté le 12 octobre 2025, à un 8e mandat. «Je ne me résignerai jamais jusqu'au dernier souffle» a-t-il dit lors de son unique discours de campagne électorale.
L'Afrique, en dehors de l'exception sénégalaise, est fâchée avec l'État de droit et la démocratie. Et ce n'est pas seulement que de la faute à la FrançAfrique qui cautionne les régimes monarchiques et dynastiques.
Références bibliographiques
BA (Amadou, Bal), «Cameroun, présidentielle du 12 octobre 2025», Médiapart, 12 juillet 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Djaili Amadou Amal, auteure féministe peule du Cameroun», Médiapart, 18 juin 2023 ;
BA (Amadou, Bal), «Hemley BOUM. Prix des Cinq Continents 2025», Médiapart, 21 mars 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Les écrivains camerounais à l’honneur du Salon du livre africain de Paris 14-16 mars 2025», Médiapart, 14 décembre 2024 ;
BA (Amadou, Bal), «Mongo BETI (1932-2001), écrivain camerounais anticolonialiste, pourfendeur de la Françafrique», Médiapart, 31 mars 2024 ;
BOUM (Hemley), Les maquisards, Ciboure, La Cheminante, 2016, 383 pages ;
M’BEMBE (Achille), présentation et note, Ruben Um Nyobe : Le problème national Kamerounais, Paris, Harmattan, 1985, 444 pages ;
MBEMBE (Achille), «La palabre de l’indépendance, les ordres du discours nationaliste au Cameroun : 1948-1958», Revue française de science politique, 1985, n°3, pages 459-487 ;
MOUMIE (Marthe), BURTIN (Patrice), Victime du colonialisme français, mon mari, Félix Moumié, préface d’Ahmed Ben Bella, Paris, éditions Duboiris, 2006, 175 pages ;
RAMONDI (Karine), La France au Cameroun (1945-1971). Le rôle de l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun de 1945 à 1971, Paris, Hermann, 2025, 1026 pages ;
RAMONDY (Karine), Leaders assassinés en Afrique centrale : 1958-1961 : entre construction nationale et régulation des relations internationales, préface de Elikia M’Bokolo, Paris, Harmattan, 2020, 537 pages.
Paris, le 21 octobre 2025, par Amadou Bal BA