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Billet de blog 23 mars 2025

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"Défis du financement de l'Afrique" Amadou Bal BA

XVIIe conférence des ambassadeurs africains sur les nouveaux défis du financement de l’Afrique, à Paris, sous la présidence de son excellence, Emile N’GOY KASONGO, ambassadeur à Paris, de la R.D.C.

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«XVIIe conférence des ambassadeurs africains sur les nouveaux défis du financement de l’Afrique, à Paris, sous la présidence de son excellence, Emile N’GOY KASONGO, ambassadeur à Paris, de la R.D.C.» par Amadou Bal BA

Sur recommandation de Mme Lise-Marie RANNER-LUXIN, rédactrice en chef du magazine Divas, je me suis rendu le 19 mars 2025 à la conférence des ambassadeurs africains sur les nouveaux défis du financement de l’Afrique. C’est l’occasion d’adresser ma gratitude à M. Alfred MIGNOT, Directeur de Africa Press, à Paris, pour l’aimable invitation qu’il m’a adressée. Lors de cette rencontre, j’ai eu l’insigne honneur de faire connaissance de Mme Rebecca AYOKO, une mannequin, égérie d’Yves SAINT-LAURENT (1936-2008). Cette XVIIe conférence des ambassadeurs africains s’est tenue au Conseil supérieur du Notariat, dans le chic quartier parisien du 7e arrondissement, au boulevard de la Tour-Maubourg, en face des Invalides. Ces différentes rencontres, comme un voyageur immobile, me font découvrir un Paris secret et riche en histoire. En effet, les études notariales, peu accessibles au grand public, sont ancrées dans l’histoire du droit français. Au IIIe siècle, durant le Bas-Empire romain, des fonctionnaires dont le rôle s'apparentait à celui des notaires authentifiaient déjà des contrats au nom de l'État. Il existait des systèmes de conservation des actes. La colonisation introduisit l'institution en Gaule et les «notaires gallo-romains» rédigeaient des actes, notamment en vue de recenser les terres pour déterminer l'assiette de l'impôt foncier. L'institution disparaîtra avec les invasions barbares et fera sa réapparition au IXème siècle en vertu d'un capitulaire de Charlemagne. Saint Louis, peu avant sa dernière croisade, en 1270, et Philippe le Bel, en 1302, contribuèrent à développer le rôle du notaire. En 1539, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, François Ier préfigure ce que sera l'organisation de la profession de notaire : les actes devront être rédigés en français, la conservation devra en être assurée et leur existence devra être consignée dans un répertoire. En 1597, Henri IV fait du notaire le détenteur du Sceau de l'État. La Révolution n’ayant remis en cause la fonction de notaire, un Conseil supérieur notariat, créé en 1941, a été refondé par une ordonnance du 2 novembre 1945.

Lors de cette rencontre du 19 mars 2025, sept panélistes experts ont donc échangé le financement de l’Afrique. Son excellence, Emile NGOY KASONGO, ambassadeur du Congo, RDC, présidant la séance, un homme avenant et accessible, a présenté un rapport clair, sans langue de bois et lumineux. J’ai été impressionné par sa simplicité, dans une grande profondeur, avec une vision stratégique, de l’ambassadeur Emile NGOY KASONGO, en fait un écrivain, universitaire et ancien doyen d’une faculté des sciences économiques et de gestion. Dans son propos liminaire, son excellence Emile NGOY KASONGO s’est ému de la situation de guerre en RDC et a appelé à une paix rapide, source de développement et de bien-être pour tous. Le financement en Afrique, «c’est un thème récurrent. Nombre de pays africains se sont retrouvés avec des déficits commerciaux et budgétaires, et donc la grande difficulté à faire face aux dépenses publiques. La dégradation des termes de l’échange concernant l’Afrique est l’une des causes de cette crise financière» dit-il. La situation de l’Afrique est paradoxale. C’est un continent riche de ses matières et ses populations ne parvient pas à satisfaire aux besoins essentiels de sa population. Aux insuffisances de développement, s'ajoute une situation politique instable. «La situation de l’Afrique, un continent riche en ressources naturelles est depuis plusieurs années confrontée à de nouveaux défis, essentiellement des défis de développement, de chômage, de dégradation de la situation économique. Parmi ceux de ces défis essentiels, il y a celui du financement. Pour obtenir de la croissance, il faut de l’investissement ; ce qui impacte le développement économique et social de l’Afrique depuis les indépendances», dit son excellence Emile NGOY KASONGO. L'Afrique est un continent en marge des principaux échanges internationaux. La pauvreté, un niveau de santé bas et des carences en éducation, le manque d’infrastructures sont autant de freins au développement de l'Afrique. «Ces défis sont très variés, nécessitant des approches innovantes pour mobiliser les ressources nécessaires», dit son excellence Emile NGOY KASONGO.

Par la suite, d’autres panélistes se sont succédé, en indiquant les domaines de leurs compétences, et des recommandations ont été formulées. Mme Joly ANDRES est Directrice-adjointe, chez Engie, «Je travaille chez Engie, un leader de la transition énergétique. On est présent à l’international sur quatre principaux métiers : l’énergie, les infrastructures, le réseau, et tout ce qui est électricité. C’est une société présente dans 70 pays, avec 100 000 collaborateurs», dit-elle.

M. Zied LOUKIL est partenaire associé chez Forvis Mazars, Responsable Afrique. «Un état des lieux, un enjeu démocratique important, la population africaine devrait doubler d’ici 2050, avec un nombre massif de jeunes arrivant sur le marché du travail, en termes d’éducation ou d’infrastructures, de santé ou de culture. C’est aussi un enjeu considérable en matière de défis de développement économique, en termes de financement du secteur public, mais aussi du secteur privé. En termes d’accès au financement, l’Afrique a connu une amorce structurelle de financement, en dépit de l’amélioration des conditions du marché et de l’émergence de groupes bancaires panafricains, l’un des handicaps, le tissu économique africain est constitué de PME et de TPE, 80%, dans l’informel, et donc sans accès efficace au financement, faute de garanties, au secteur bancaire traditionnel. Les Africains devraient créer un climat de confiance, de gouvernance et de transparence, mais aussi la mobilisation des ressources locales, qui existent mais ne sont ni recensées ou intégrées dans le système économique, mobiliser les ressources de la diaspora africaine, la diversification des sources de financement, notamment à travers la microfinance, travailler avec les bailleurs de fonds internationaux, par la mise en place, pas nécessairement par le capital, mais la bonification, les réflexes de garantie, le renforcement des capacités techniques en se faisant accompagner par les banques, dans certains dossiers trop techniques ou par la formation et l’intégration dans le système économique et bancaire.», dit-il.

Mme Siby DIABIRA, de l’IFC-Banque mondiale, Responsable Ouest-Europe, «La Banque mondiale, c’est 189 actionnaires dont le premier reste les Etats-Unis. On a l’impression d’être une pieuvre, avec un secteur public, un autre orienté vers le secteur privé. On nous demande de nous focaliser sur la dette et les ressources nouvelles ; ce qui est fait depuis longtemps. La banque mondiale peut investir dans le secteur privé et soutenir ses clients, notamment en Afrique. La Banque mondiale continuera d’accompagner l’Europe de l’Ouest en l’encourageant d’aller vers les pays émergents. La Banque mondiale compte s’étendre davantage sur le continent africain. En juin 2024 le portefeuille d’investissement en Afrique est de 17 milliards, réparti sur 30 pays», dit-elle.

M. Samuel GOLDSTEIN, chez Méridiam, Directeur du Développement Afrique «Depuis 20 ans en Europe et en Afrique, Méridiam a développé des financements, deux milliards d’euros, en matière d’infrastructures, d’énergie ou structures sociales, en faisant recours à 80% de bailleurs privés, notamment les assureurs et fonds de pension», dit-il.

M. Philippe BOZIER, partenaire Forvis Mazars, Responsable du financement de projets, a centré son intervention sur les besoins en Afrique de financement des infrastructures, en matière d’eau et d’énergie. «Le désengagement arrive à un mauvais moment, avec un paysage des infrastructures sinistrées. Mon métier, c’est le financement des projets, d’aider les acteurs publics et privés a essayé de structurer les projets d’infrastructures, d’énergie, en matière sociale, de traitement de l’eau ou des déchets. Ce sont de grands projets coûteux à l’intersection du public et du privé. Mon métier est d’accompagner afin que ces projets puissent se structurer, en mobilisant au besoin des fonds privés. Forvis Mazars actifs sur le marché africains depuis une quinzaine d’années en RCI au Maroc. L’Afrique est un continent sur lequel, il y a plus de besoins. Le financement des infrastructures en Afrique, j’enfonce des portes ouvertes, il manque de l’argent. Mais on a du mal à chiffrer, de manière fiable, les besoins de l’Afrique en la matière, puisque ce sont des situations variables concernant 54 pays. On estime entre 80 et 120 milliards d’euros de besoins en matière d’infrastructures. Probablement, il ne faudrait pas beaucoup plus», dit-il.

M. Foulo BASSE, Directeur général de la Fondation Brazzaville s’est intéressé au financement de la santé. «C’est important de s’intéresser aux sans-voie ou sans-voix. Le financement de la santé est piloté par la Fondation dite «Brazzaville», de droit anglais, et en Suisse, celui qui l’a mise en place a contribué à pacifier cette zone de l’Afrique de l’Est et du Sud, pour mettre fin à l’Apartheid, un accord signé à Brazzaville et ayant permis de libérer Nelson Mandela. La Fondation Brazzaville est bâtie sur trois piliers, la santé» dit Foulo BASSE.

M. Etienne GIROS, Président du CIAN, a présenté et dédicacé son nouveau livre, «54 nuances d’Afrique». En effet, «oui, on peut investir en Afrique ! Oui, les entreprises françaises réussissent en Afrique ! Non, l'exploitation des matières premières n'est pas un obstacle au développement ! Non, il ne faut pas mettre fin à l'aide publique au développement !», écrit Etienne GROS, dans son livre, «54 nuances d’Afrique». Le livre d’Etienne GROS est enthousiaste et combat l’afro pessimisme. Pour cet auteur dénonçant les préjugés, l’Afrique est diverse à travers ses 54 pays : autant de clichés et d'idées reçues qui ont la vie dure. À l'heure où, plus que jamais, l'Afrique est le continent de la croissance, de la vitalité démographique et économique, il est urgent pour la France et ses entrepreneurs de ne pas céder au découragement.

Tous les intervenants ont déploré que le montage des projets de financement en Afrique est imparfait. En effet, 90% des projets de financement africains, avec un certain amateurisme, sont abandonnés en cours de route. Par conséquent, les Africains seraient bien avisés de faire accompagner dans leurs projets de financement.

Les intervenants sont unanimes de considérer que certains secteurs identifiés peuvent être des sources de financement, notamment les infrastructures, l’énergie, l’eau, la santé et l’éducation. En raison du dynamisme du secteur informel, des PME et des TPE, il serait utile, en raison de faible accès au crédit, par manque de garantie, de les intégrer progressivement dans le système économique.

Les bailleurs de fonds, attachés à la sécurité des transactions, attendent des pays africains un système politique stable, de démocratie, une transparence et une gestion rigoureuse des finances publiques, dans la probité et transparence.

Références bibliographiques

I – Le livre optimiste sur l’Afrique d’Etienne GIROS

GIROS (Etienne), 54 nuances d’Afrique : essai enthousiaste pour déconstruire les préjugés, Paris, éditions Télémaque, 2025, 228 pages ;

NGOY KASONGO (Emile), La clé de l’émergence de l’économie congolaise : analyse critique et nouvelles orientations de la politique économique, Paris, Harmattan, 2018, 224 pages.

II – Les autres références

AFRODAD, La charte de l’emprunt africain, Hararé, Zimbabwe, 2018, 26 pages ;

Banque européenne d’investissement, La finance en Afrique : débloquer l’investissement, à l’ère de la transformation numérique et de la transition climatique, Luxembourg, 2024, 169 pages ;

Banque européenne d’investissement, Temps incertains, banques résilientes : le secteur financier africain à la croisée des chemins, Barbara Marchitto et Debora Revoltella, coordinatrices, Luxembourg, 2023, 164 pages ;

BERTHO (Fabien), «Renforcer les systèmes financiers des pays d’Afrique subsaharienne pour financer le futur agenda pour le développement durable», Revue d’économie financière, 2014, Vol 4, n°116, pages 81-96 ;

CABRI, Les défis du financement des secteurs de la santé en Afrique. Document de référence, Prétoria, conférence du 30 novembre au 1er décembre 2015, à Dar Es Salam, 8 pages ;

Déclaration de l’Élysée, «Sommet sur le financement des économies africaines», Paris, 18 mai 2021, pages ;

France-Invest, Guide du développement sur le continent africain, Paris, mars 2023, 52 pages ;

GROS (Etienne), 54 nuances d’Afrique : essai enthousiaste pour déconstruire les préjugés, éditions Télémaque, 2025, 228 pages ;

GULDE (Anne-Marie) PATILLO (Catherine), «Financiarisation de l’Afrique : l’Afrique pourrait-elle encore croître plus, si elle réformait son secteur financier ?», Finance et développement, juin 2006, pages 44-47 ;

HIDA (Clarisse), RUET (Joël), Financement de l’économie africaine : accompagner la modernisation des économies, HAL, 2022, 12 pages ;

Institut Montaigne, Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui ? Paris, rapport septembre 2017, 121 pages ;

Nations Unies, Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui ?, Addis-Abeba, Commission économique pour l’Afrique, février 2017, 84 pages ;

Organisation mondiale du commerce, Le financement du commerce en Afrique de l’Ouest. Étude sur la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Sénégal, avant-propos de Makhtar Diop, Ngozi Okonjo-Iweala, IFCE, octobre 2022, 64 pages ;

PATEL (Sejal) STEELE (Paul) KELLY (Laura), ADAM (Jean-Paul), Financement innovant pour l’Afrique. Exploiter la dette en faveur du climat et de la nature, International Institute for Environnement and Development, Canada, Rapport, octobre 2021, 47 pages ;

TCHOUASSI (Gérard), «L’argent de la diaspora et le financement des infrastructures sociales urbaines et périurbaines de base en Afrique», in Repenser les économies africaines pour le développement, spéc pages 211-229 ;

UNESCO, Le financement de l’éducation en Afrique. Relever les défis de l’expansion, de l’équité et de la qualité, Paris, Institut et statistiques de l’UNESCO, 2011, 128 pages.

Paris, le 19 mars 2025, par Amadou Bal BA

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