amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

1158 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 octobre 2025

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

"Bouna et Zied, 20 ans après. Au Panthéon !" Amadou Bal BA

amadouba19@gmail.com (avatar)

amadouba19@gmail.com

Le bien-vivre ensemble Littérature et Politique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Illustration 2
Illustration 3

«Vérité et justice : Les violences urbaines du 27 octobre 2005 : Remember Bouna et Zied. 20 ans après quels enseignements pour le bien-vivre ensemble ? Transfert de leurs cendres au Panthéon !» par M. Amadou Bal BA -

J'ai été profondément traumatisé par la mort de Bouna TRAORE (15 ans), et Ziyed BENNA (17 ans) le 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois, deux jeunes poursuivis par des forces brutales, dont le devoir est pourtant de nous protéger, et ces jeunes sont décédés cramés dans un transformateur électrique. On avait alors prétendu que s'ils se sont sauvés, c'est qu’ils auraient quelque chose à se reprocher. Les banlieues avaient brûlé et la contestation étendue à tout le pays.  L'état d’urgence, comme au temps colonial, avait été déclaré le 8 novembre, puis prolongé pour une durée de trois mois. Le 17 novembre 2005, la situation étant revenue à la normale, on a comptabilisé 2 921 personnes interpellées et trois morts parmi la population, mais aussi des dégâts matériels sans précédent, à travers toute la France. 

Si le combat judiciaire pour Bouna et Zied est terminé, la question de la mémoire est centrale. Nous exigeons le transfert de leurs restes au Panthéon ! Le Panthéon, ce n’est pas uniquement pour les autres.

À la suite de ces révoltes, le congrès du Parti socialiste se tenait au Mans du 18 au 20 novembre 2005. François HOLLANDE élu à cette rencontre Laurent FABIUS avait été d’une redoutable démagogie. Il a placé la République, l’antiracisme et la rénovation urbaine au cœur de ses interventions. Élu président de la République en 2012, alors que la Gauche avait, pour la première fois, une majorité même au Sénat, un fait sans précédent dans l’histoire de France, il est venu dans ses bagages avec Manuel VALLS et un certain Emmanuel MACRON, en oubliant Louis Mohamed SEYE qui avait sa campagne électorale dans toute l’Ile-de-France, j’en ai été témoin et acteur. Non seulement François HOLLANDE a oublié sa promesse de droit des étrangers aux élections locales, mais, en plus, il a été le promoteur d’un projet sur la déchéance de la nationalité. De nos jours, les gouvernements de François BAYROU, théoricien de la submersion migratoire, et Sébastien LECORNU, qui ont diminué les subventions des associations humanitaires, ont été soutenus par François HOLLANDE, lui qui parlait au Mans de la République.

En 2017, l'affaire Théo LUHAKA violé avec un tonfa, avait soulevé la révolte des banlieues. On comprend mieux pourquoi Bouna et Zied s'enfuyaient, lors de ces contrôles au faciès. Il y aura eu non seulement l’assassinat de Naël, mais aussi cette cagnotte scandaleuse pour soutenir ce policier qui l’avait abattu à bout portant. 112 jeunes sont déjà morts, souvent étouffés par les forces de l'ordre (Amadou KOUME, Adama TRAORÉ, etc.). À chaque fois, le scénario est le même : ce sont des jeunes qu'on accuse d'avoir un casier judiciaire. Comme si les antécédents judiciaires, à eux seuls, sont devenus, dans ce pays, une permission suffisante de tuer nos enfants, lors d'une banale promenade. Pourtant, il y a des jeunes issus des quartiers, comme Kyllian MBAPPÉ, qui représentent l'honneur et la fierté de ce pays. Le fait d’être jeune de banlieue n'est, en soi, ni un délit, ni un crime.

L’affaire Nahel, 17 ans, nous est encore restée à travers la gorge. Nahel a été abattu, à bout portant, à Nanterre, le 27 juin 2023 ; ce policier qui sera jugé pour meurtre en 2026. Ce qui nous a aussi profondément révoltés et révulsés, c’est cette cagnotte, pour soutenir le tueur. 1,600 000 € ont été récoltés. Une véritable apologie et incitation au crime !

On connaît aussi, les calomnies permanentes à l'encontre des personnes habitant dans ces zones de relégation : «ces quartiers où la police n'ose plus aller» ou «avant on vivait mieux». Dans cette stratégie colonialiste, au lieu de renforcer l'offre de l'éducation nationale, il est même envisagé de mettre des policiers dans les salles de classe ou de créer de nouveaux centres de détention pour nos enfants. C'est une logique permanente de stigmatisation, d'instrumentalisation, de calomnie, de prédation et de violence. Le sentiment de la peur de l'autre et la répression ont pris le pas sur la nécessaire prévention. Pour les racisés, il n’y a que la politique du bâton, parfois du meurtre : «Surveiller et punir» comme le dirait Michel FOUCAULT, telle est devenue la logique colonialiste d'un Etat qui affirme encore son caractère républicain.

Jadis, des incendies, à Paris entre 1976 et 2015, ont tué, par un bidon d’essence, dans des squat occupés par des immigrés, plus d’une centaine de personnes, sans enquête sérieuse et dont plus personne ne veut se souvenir, comme si notre vie n’avait aucune valeur et il faut, pour se faire bien vouloir, ne parler d’autres victimes. Quand nos jeunes meurent, c’est le déni de justice. Ainsi, aucun des flics qui avaient provoqué la mort de Bouna et de Zied, ainsi que ces graves violences urbaines n’ont pas été sanctionnées. En revanche, la famille d'Adama TRAORÉ, qui réclamait la justice pour leur frère étouffé à mort par les forces de l'ordre, a été condamnée pour rébellion. Théo, victime d'un viol au tonfa, fait l'objet de plusieurs menaces (enquête sur son association, pour détournement de fonds), pour l'intimider. Les familles des victimes, réclamant justice, sont souvent pourchassées et condamnées pour «rébellion». Par ailleurs, ces familles n'ont jamais reçu, de la part des autorités étatiques, une visite, un soutien ou une réponse à leurs correspondances, comme c'est le cas d'autres ethnies, où l’on s’empresse de faire des communiqués.

Dans ce qu’on appelle encore les démocraties occidentales, les gouvernements populistes, racistes et xénophobes, sont devenus respectables. Dans un Etat de droit, officiellement, le racisme n’est pas une opinion, mais un délit punissable de sanctions pénales. Cependant, devenu un fonds de commerce pour les populistes, le racisme est de nos jours une valeur positive rapportant des voix aux élections. En raison de ces traitements différenciés, on s’achemine en Europe vers un système de ségrégation raciale, comme aux États-Unis après la Guerre de Sécession, par un système d’Apartheid, organisant «un privilège de l’homme blanc», pour reprendre une expression de Jean-Paul SARTRE, et dépouillant le racisé de ses droits fondamentaux, qui ne sont pas liés à sa nationalité, mais à sa qualité d’Homme. Les racisés sont devenus les Juifs d’Europe, des indigènes de la République. «Et si c’était un Homme ?» s’était exclamé Primo LEVI (1919-1987).

Aussi, nous continuerons à réclamer Vérité et Justice pour Bouna et Zied, Théo, Adama TRAORÉ, mais pour ces sans-papiers morts à Paris dans des incendies criminels. En dépit, de cette indignation particulièrement sélective, de cette hiérarchisation de la valeur de chaque vie, je continuerai de crier à la face du monde, par rapport aux valeurs républicaines d'égalité : UN égale UN, à moins que je ne sache plus compter.

Vérité et Justice, on ne lâche RIEN ! Face à l’avancée du fascisme : No Pasaran !

 Paris, le 27 octobre 2018, actualisé le 27 octobre 2025, par Amadou Bal BA,

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.