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                    «Le Premier ministre et Préside«Le Premier ministre et Président du PASTEF, parti au pouvoir au Sénégal, a fait un discours télévisé du 25 octobre 2025 pour annoncer, par la suite, un grand meeting du 8 novembre 2025, sans doute d’intimidation ou de démonstration de force au sein de l’exécutif. Depuis 2 ans au pouvoir, le doute commence à s’installer : où sont les «Solutions ?». Dire n’est pas faire. Le ressentiment n’est pas une option viable. Macky SALL, l’ancien président, de l’étranger, est revenu en force sur la scène politique sénégalais et désarçonne le PASTEF dans ses certitudes.» par Amadou Bal BA
Ousmane SONKO avait, lui-même annoncé «une déclaration de grande importance», qu’il allait parler le samedi 25 octobre 2025, à 20h30. Bien des Sénégalais spéculaient sur cette déclaration politique. Finalement, la montagne a accouché d’une souris. Ministre de la Parole, avec ses «Solutions» dites de rupture, le président du PASTEF s’est exprimé, comme à l’habitude, pour ne rien dire de substantiel. Du moins, le Premier ministre annonce encore qu’il va encore parler le samedi 8 novembre 2025, au grand stade de Léopold Sédar SENGHOR. Pour ce «Téra meeting», le président du PASTEF. «Ce sera un rendez-vous comme il n’y en a jamais eu au Sénégal. Aussi bien dans l’organisation, dans la mobilisation que dans le contenu. J’appelle donc tous les patriotes et sympathisants à se mobilise. Il y aura un avant 8 novembre 2025, il y aura le 8 novembre 2025 et un après 8 novembre 2025», dit le président du PASTEF.
Après son absence au dernier Conseil des ministre, officiellement pour des raisons de santé, les supputations sont encore allées de bon train sur les tensions au sein de l’exécutif, entre Ousmane SONKO, premier ministre et président du PASTEF, homme fort du Sénégal, et sa relation très dégradée avec le président élu, Bassirou Diomaye FAYE, très populaire au sein de l’opposition, de la population et incarnant, de façon apaisée, l’unité de la Nation, mais suspecté par les Pastéfiens de manquer d’autorité ou d’un double jeu. Par conséquent, ce meeting du 8 novembre 2025 pourrait être bien une «démonstration de force», une sorte d’intimidation attestant que le seul patron incontestable, au sein de l’exécutif, c’est bien Ousmane SONKO, premier ministre et président du PASTEF, contrôlant la majorité parlementaire. Comme en 1962, cette dyarchie de l'État entre Mamadou DIA et Léopold Sédar SENGHOR, le PASTEF, après l'alternance de mars 2024, a deux caïmans dans le même marigot, «un mortal Kombat», comme le dirait Ousmane SONKO.
Le PASTEF, soupçonné «d’incompétence» par les opposants, est dans le dire, les incantations puériles et futiles, empreintes de mensonges. Rappelez-vous de ces belles photos, tout d’abord, cette poignée de main du Premier ministre, du 27 juin 2025, avec le président chinois, Xi JIN PING, l’annonce d’un engagement d’accompagner le Sénégal, dans la mise en œuvre de la «Vision Sénégal 2050». Ensuite, cette rencontre du 7 août 2025, avec Recep Tayyip ERDOGAN de la Turquie, avec un objectif d’un milliard de dollars d’échanges commerciaux. Enfin, cette visite du chef de l’Etat, à Paris, en date du 27 août 2025, reçu par le président Emmanuel MACRON, et cette entrevue avec les bailleurs de fonds français, pour «renforcer l’investissement». Après toutes ces annonces tonitruante, et une tournée dans les pays arabes, lors de sa visite en Italie, à Milan, le Premier ministre a fini par demander, le samedi 13 septembre 2025, à la diaspora de souscrire aux bons du trésor, «des diasporas Bond, des titres patriotes et citoyens», pour sortir de l’impasse budgétaire. «Le Sénégal est confronté à des soucis budgétaires. Aujourd’hui, l’État veut innover pour trouver davantage de ressources afin de prendre en charge ses obligations. Et nous comptons sur vous, la diaspora», dit le président du PASTEF.
Combien ont coûté ces voyages à l’étranger, fondés sur le mensonge, la propagande et la dissimulation ? Il faudrait arrêter de se mentir à soi-même, tel un Pinocchio, dont le nez ne cesse de s’allonger. Une reddition des comptes, en ces temps de contrainte budgétaire, s’impose, pour ces nombreux voyages de tourisme, finalement contreproductifs.
Jadis, après le livre sur «Pétrole et gaz», et celui des «Solutions», on nous avait annoncé, aux présidentielles de mars 2024, la «rupture», notamment la souveraineté, la renégociation des contrats, le panafricanisme, la sortie du CFA, l’emploi des jeunes, le pouvoir d’achat, une justice indépendante. La rupture est bien arrivée, mais pas celle qu’on attendait, le FMI, ennemi juré du PASTEF, un parti souverainiste et panafricaniste, est devenu son allié. Je croyais qu’on ne mangeait pas avec le diable, même avec une longue cuillère.
Par conséquent, Ministre de la parole, et croyant que tout est communication, menaçant ses opposants, par des embastillements, bracelets électroniques ou mandats d’arrêts internationaux. Pourtant, devenu Premier ministre, jadis victime d’une séquestration arbitraire, avec désormais une confortable majorité parlementaire pour agir, toujours dans son costume d’opposant, Ousmane SONKO ne cesse de marteler, que depuis deux ans, tout est à la faute de Macky. «Je me sens tout à fait responsable ; pour autant, je ne me sens pas coupable, parce que vraiment, à l'époque, on a pris des décisions dans un certain contexte, qui étaient pour nous des décisions qui nous paraissaient justes», disait le 4 novembre 1991, Georgina DUFOIX, sur TF1, à propos du scandale du sang contaminé.
Finalement, bunkérise dans son Etat PASTEF, le «gourou», pour reprendre un terme de Thierno Alassane SALL, dans sa théorie du complot, avait, jusqu’ici mobilisé, ses séides et les avait soudé autour de lui. Cependant, Ministre de la parole, chahuté de toutes parts, et adversaire de lui-même, en s’attaquant à tous aux médias, aux insulteurs, aux magistrats qualifiés de «véreux», et surtout en commettant un parricide sur son fidèle allié, le président Bassirou Diomaye FAYE, lynché de façon publique, dans les instances du parti, Ousmane SONKO a fini par semer un grand doute parmi ses fidèles partisans. Les militants, désorientés, se posent légitimement la question, après deux ans au pouvoir, est-il vraiment à la hauteur des immenses espoirs placés en lui ?
Par ailleurs, dans sa politique du bâton et de la peur, une méthode dictatoriale, certains opposants, injustement mis en cause ont été «blanchis». Par ailleurs et surtout, l’ancien président, Macky SALL, est de retour, aussi bien sur la scène internationale que nationale. Loin de museler tous, le débat politique, après le chaos de l’alternance de mars 2024, est devenu, au Sénégal, contradictoire. C’est donc la fin du monolithisme politique, de cette chape de plomb, telle une dictature ; le pluralisme politique a pris ses droits. C’est cela, en fait, qui perturbe gravement, le jeune président du PASTEF, avec son plan de confisquer le pouvoir jusqu’en 2050. Mais pour l’instant, victime d’une double castration en politique, c’est Bassirou Diomaye FAYE qui a été élu président du Sénégal en mars 2024 et Ousmane SONKO n’a pas encore retrouvé ses droits civiques pour la prochaine présidentielle.
Par conséquent, le premier ministre et président du PASTEF, devant les doutes de ses militants et la contradiction de ses opposants, pensent la conservation du pouvoir se limiterait à la communication, au Ministère de la parole, à ses «Solutions» foireuses que l’on attend depuis deux ans. Aussi, il va encore parler, pour se rassurer. Il veut discuter de la gestion de l’Etat, dont justement il a la charge depuis deux ans, avec une majorité parlementaire soviétique, pour discuter de politique. «Nous dirigeons depuis un an et demi. Et beaucoup de choses se sont passées. Je parlerai de beaucoup de choses sur l’Etat. Ce qui marche, ce qui ne marche pas, les entraves, ce que nous avons fait, ce qu’on doit faire, on parlera de tout. Ce sera une discussion de vérité de transparence, sans cache-cache. Et au terme de la rencontre, chacun saura à quoi s’en tenir et tout changera dans les perspectives» dit le 25 octobre 2025, le président du PASTEF.
Comme vous le savez, «j’ai deux amours» comme le dirait Joséphine BAKER, le Sénégal et la France républicaine, contre le fascisme, le racisme et la xénophobie, pour le bien-vivre ensemble, dans le respect mutuel. Le PASTEF n’a pas mes faveurs politiques, pour autant, et inguérissable républicain, je ne souhaiterais jamais l’échec de Ousmane SONKO. Le PASTEF a gagné haut la main les élections, ce que j’ai toujours demandé, ce n’est pas un gros mot, c’est d’abandonner cette politique du ressentiment, ces discours à la Sékou TOURé, ou à la Thomas SANKARA, et de commencer, après deux ans au pouvoir, enfin d’appliquer son projet politique. J’ai toujours pensé aussi difficile que soit une situation, une porte étroite existe. Les défis sont immenses en matière d’agriculture, de pêche, de santé, d’éducation et surtout de mobilisation de cette immense force de travail qu’est la jeunesse. Un sou est un souci, et tout devrait être mobilisé au service de ces grands projets, au lieu de voyager et de déblatérer, en permanence, dans les médias.
Après léché, en raison des promesses mirobolantes du PASTEF, la population engluée dans diverses difficultés, commence à lyncher le gouvernement. Des slogans, «SONKO dégage !», commencent à fleurir. «Les promesses n’engagent que ceux qui y croient», écrit Machiavel, dans son livre, «Le Prince». Pour le PASTEF, la fidélité à ses engagements ne serait pas une vertu politique. Je le dis souvent, dire n’est pas faire. Ousmane SONKO a écrit de nombreux livres, avec ses «Solutions». Il a maintenant les médias officiels à sa disposition, mais le discours ne suffit pas. En effet, le Sénégal, immobilisé par des procès en sorcellerie des opposants, a déjà perdu deux ans. Il ne reste au PASTEF que trois ans. Ceux qui ont détourné, et ne pouvant pas justifier de l’origine de leurs ressources, leurs biens devraient être confisqués, avec une déchéance des droits civiques à vie. Les embastillements d’opposants, il faudrait les laisser aux régimes soviétiques ou militaires. «Il vaut mieux être craint qu'aimé, si l'on ne peut être les deux. Les fins justifient les moyens», disait Machiavel. En fait, il faudrait abandonner cette conception machiavélique de la conservation du pouvoir. Le Sénégal est un «Grand petit pays», doit réussir son alternance, et à échéances régulières, le peuple souverain, tout calme et déterminé arbitrera. Je suis attristé par le spectacle affligeant des élections, en cette année 2025, dans d’autres pays africains, et je vous en rend compte régulièrement (Cameroun, RCI, Guinée Bissau, RCA).
Au Sénégal, aucun parti, s’il n’a pas bien travaillé, ne pourra diriger le Sénégal jusqu’en 2050, par la peur et l’emprisonnement des opposants. Le Sénégal n’appartient pas au PASTEF, mais à tous les Sénégalais. Ce que j’ai écrit sur le livre de mon ami, Papa Wally DANFAKHA, le premier ministre et président du PASTEF ne sera un «homme providentiel», à l’issue de son mandat de cinq ans, que s’il a réussi de faire bouger les lignes, dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais. Après la Seconde guerre mondiale, la France était par terre, puis ont succédé les Trente glorieuses. L’Angola avait connu 23 années de guerre civile, mais ce pays devenu prospère, maintenant, achète de nombreux biens immobiliers, l’ancienne puissance colonisatrice. Nous, en Afrique, on aime parler, s’invectiver, s’insulter, sans agir. Quel sera donc le bilan du PASTEF après les 5 ans au pouvoir ?
Références bibliographiques
A – Les solutions du PASTEF
FAYE (Bassirou, Diomaye), Le projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère, Dakar, Pastef, 2024, 83 pages ;
SONKO (Ousmane), Les solutions numériques du Pastef, Dakar, Pastef, 2019, 16 pages ;
SONKO (Ousmane), Pétrole et gaz au Sénégal : chronique d’une spoliation, Paris, Fauves, 2017, 253 pages ;
SONKO (Ousmane), Solutions pour un Sénégal nouveau, lieu et éditeurs non indiqués, 2018, 233 pages.
B – Les autres références
BA (Amadou, Bal) «Ousmane SONKO : parricide contre Bassirou Diomaye FAYE», Médiapart, 4 juin 2025 ;
BA (Amadou, Bal) «Le président Bassirou Diomaye FAYE recadre son Premier ministre, tout en finesse.», Médiapart, 15 juillet 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Bassirou Domaye FAYE, Plan B d’Ousmane SONKO», Médiapart, 22 novembre 2023 ;
BA (Amadou, Bal), «Sénégal : une colère populaire «SONKO dégage !»», Médiapart, 22 septembre 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Sénégal : Bilan d’alternance du PASTEF, après un an», Médiapart, 16 avril 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Madjambal DIAGNE, patron de presse exilé en France. Quelle reddition des comptes ?», Médiapart, 1er octobre 2025 ;
BA (Amadou, Bal) «Pour une bonne gouvernance, contre la cupidité», Médiapart, 8 février 2024 et 20 avril 2024 ;
BA (Amadou, Bal), «Ousmane Sonko, son livre pétrole et gaz», Médiapart, 30 août 2023 ;
BA (Amadou, Bal) «Farba NGOM, député-maire de Agnam, sous mandat de dépôt. Pour un procès équitable», Médiapart, 26 janvier 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Papa Wally DANFAKHA et son livre, «Ousmane Sonko, l’homme providentiel», Médiapart, 4 août 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Sénégal : religion, politique, argent et alternance», Médiapart, 29 avril 2024 ;
BA (Amadou, Bal), «Nicolas MACHIAVEL et son livre, Le Prince», Médiapart, 4 février 2024.
Paris, le 26 octobre 2025, par Amadou Bal BA
 
                 
            