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«Assassinat cruel de 40 coups de couteaux de Aboubacar CISSé, un Malien par Olivier H, un Français d'origine lyonnaise, un acte terroriste, raciste et islamophobe. Vers une grande manifestation, le 11 mai 2025 contre l’islamophobie. Face aux Fachos, No Passaran !» Amadou Bal BA
Ce dimanche 27 avril 2025, il y avait à la Place de la République une manifestation de soutien à la famille d’Aboubacar CISSé, tué par un acte sauvage et terroriste. En effet, le vendredi 25 avril 2025, jour de grande prière musulmane à la mosquée de la Grande-Colombe, dans le Gard, Aboubacar CISSé a été assassiné de 40 coups de couteau. Aboubacar GRINI, un Malien d’une vingtaine d’années, un bénévole, après avoir nettoyé la mosquée, a été sauvagement tué. Olivier H, a filmé son crime avec son portable, sa victime agonisante, en insultant le Dieu des musulmans, «Je l’ai fait ; ton Allah de merde, je lui ai planté les fesses.», Mais il était également filmé par la vidéosurveillance de la mosquée. Le meurtrier a pris la fuite, mais l’enquête est en cours.
A chaque fois que quelqu’un est assassiné, tous les médias, et à juste titre parlent de terrorisme et vont même enquêter sur la famille du tueur jusqu’au Maghreb et publient rapidement son nom et prénom. Les autorités publiques, sans se rendre au domicile de la famille de la victime, Aboubacar GRINI, ont publié des communiqués. «Je voudrais dire à la communauté de nos compatriotes français musulmans qu’être Français, être membre de la communauté nationale, ce n’est pas une question de couleur de peau, ce n’est pas une question de religion, ce n’est pas une question de condition sociale. On est Français, un point c’est tout. Je voudrais leur dire vraiment la plus totale solidarité de l’ensemble du gouvernement», dit le chef de l’État, Emmanuel MACRON. «La piste d’un acte antimusulman est privilégiée», mais elle n’est pas seule, dit Bruno RETAILLEA, ministre de l’Intérieur. Il a demandé à ce que les mosquées soient mieux protégées.
Le Ministre de l’Intérieur a été mis en difficulté par Olivier DUHAMEL sur BFMTV, il a attendu deux jours avant de se rendre dans le Gard ; il a continué de vaquer à d’autres occupations, en dépit de la gravité des faits. On voit bien que Bruno RETAILLEAU, ne s’agissant pas d’un attentat dans une synagogue ou une église, il y a bien pour lui, deux poids deux mesures. Il est à la pointe de l’instrumentalisation de l’instrumentalisation de l’islamophobie, de la négrophobie et du racisme en France.
Si j’ai trouvé la déclaration du président Emmanuel MACRON, très touchante, rappelant, fermement et clairement, les principes de cette France républicaine du bien-vivre ensemble, nous lui en savons pleinement gré ; en revanche, le ministre de l’Intérieur, Bruno RETAILLEAU, égale à lui-même, incarne bien et assume le visage d’une certaine France hideuse, islamophobe, négrophobe et profondément raciste, contraire aux valeurs républicaines d’égalité, de fraternité et de liberté. C’est lui, en permanence, qui remue de la merde dans ce pays des Lumières et des droits de l’Homme et attise, sans complexe, la haine, depuis sa candidature avortée à la tête des Républicains dont la présidence avait été remportée par Eric CIOTTI. Qu’un Ministre de l’Intérieur maintienne un ordre public juste, il est dans son rôle ; mais plein de vomissures et relents nauséabonds exhalant des odeurs fétides, Bruno RETAILLEAU, un digne représentant d’Arthur de GOBINEAU (1816-1882), un adepte l’inégalité des races, doit savoir qu’il y a des mots qui tuent, des mots jadis qui avaient dépouillé les Juifs, les homosexuels et les communistes de leur humanité jusqu’aux chambres à gaz. Depuis son projet de loi sur l’immigration retoqué heureusement par le Conseil constitutionnel, en passant par sa circulaire du 23 janvier 2025, abrogeant celle de Manul VALLS sur la régularisation, avec des expulsions massives, et maintenant par son intrusion constante dans la crise algérienne, alors que ce n’est pas son domaine de compétence, Bruno RETAILLEAU veut rétablir le Code de l’indigénat abrogé en 1946 par le député sénégalais, Me Lamine GUEYE. Son agenda caché, à travers les tests de français renforcé, même le renouvellement de titres de séjour, comme l’interdiction des sans-papiers de se marier ou de leur ôter l’aide médicale, des droits attachés, non pas à la nationalité, mais à la qualité de personne humaine ; c’est de priver le racisé de ses droits fondamentaux, comme jadis la ségrégation raciale aux États, et donc, une permission de tuer le racisé, ainsi dépouillé ses droits élémentaires d’être humain, réifié comme un esclave ou colonisé. Il s’y ajoute que la presse concentrée aux mains de Vincent BOLLORÉ, un Elon MUSK français, relaie massivement et à longueur de journée les idées de ces «faussaires de la République », pour reprendre le titre d’un ouvrage de Fatou DIOME. Les gens de bonne foi ou faibles contre cet assassin d’Aboubacar CISSé sont pris au piège de cette propagande haineuse et finissent par y croire.
Par ailleurs, certaines organisations politiques ou associatives prétendues antiracistes, dans leurs indignations parfois sélectives, promptes à lancer des appels à manifester à la Place de la République, ont bien brillé par leur absence. Je regrette profondément cette hypocrisie. Un égale Un. «L’islamophobie tue», dit Jean-Luc MELENCHON de la France Insoumise. À la place de la République, il y avait Me Aminata NIAKATE et Marine LE TONDELLIER des Verts. Il n’y avait pas les hauts dignitaires du Parti socialiste, je n’ai vu qu'Emmanuel GREGOIRE, député de Paris et candidat à la mairie de Paris, ainsi que Mme Fadila TAEB, une élue du 12e arrondissement. De nombreux responsables du Parti communiste, ainsi qu’Assa TRAORE.
Les organisateurs, au-delà de l'aspect crapuleux, cruel, raciste et islamophobe, ont mis en cause un climat délétère de lynchage des racisés et en particulier du musulman. Ils appellent à une grande manifestation contre l'islamophobie pour le 11 mai 2025. «Ce soir, j'étais présent place de la République, aux côtés de nombreuses et nombreux citoyennes et citoyens, pour rendre hommage à Aboubakar, assassiné parce que musulman. Cet acte raciste, islamophobe, me bouleverse. J’exprime toute ma solidarité à la famille d'Aboubakar, à ses proches, et à toutes les musulmanes et tous les musulmans de France. Il nous faut comprendre les causes de ce drame, et dans quel climat il s’inscrit. Face à l'horreur, le silence du Ministre de l’Intérieur est assourdissant. Bruno Retailleau reste muet sur le caractère raciste de cet assassinat. C’est inadmissible. Lorsqu’il s'agit d’agiter les peurs ou de stigmatiser les musulmans, le ministre ne se prive pas de commentaire. Le meurtre de vendredi s’inscrit dans un contexte de hausse alarmante des actes racistes, xénophobes et antimusulmans. Les discours de haine ne cessent de se répandre sur les chaînes d'info en continu et sur les réseaux sociaux, nourrissant jour après jour un climat délétère. Sous couvert de débats ou d'opinions, des propos stigmatisants, caricaturaux, voire ouvertement discriminatoires, finissent par banaliser l'inacceptable et attisent les tensions.», dit Emmanuel GREGOIRE, député de Paris.
Nous refusons ces paroles qui tuent. «Les mots sont des pistolets chargés» disait Jean-Paul SARTRE. Aussi, nous attendons depuis plusieurs années que justice soit rendue pour de 110 jeunes étouffés à mort par les forces de l’ordre dont Nahél et Adama TRAORE, mais aussi des enquêtes sérieuses sur les incendies criminels à Paris dans les années 80, ayant causé plus de 70 victimes, dans des squats occupés par des sans-papiers. Nous réclamons aussi la Vérité et la justice sur le massacre des Tirailleurs sénégalais le 1er décembre 1944, les massacres à Dimbokro en RCI, à Madagascar en 1947, mais aussi le 8 mai 1945, à Sétif, en Algérie.
Les municipales de 2026 arrivent. Contrairement à ce qu’on dit, la Politique, la carte électorale peuvent encore modifier la donne, en sanctionnant très sévèrement les racistes qui nous insultent et calomnient à longueur de journée, ceux qui ont fait de la négrophobie et de l’islamophobie leur fonds de commerce.
Références bibliographiques
BA (Amadou, Bal), «Le Conseil constitutionnel censure le projet de loi sur les étrangers de Bruno Retailleau», Médiapart, 25 janvier 2024 ;
BA (Amadou, Bal), «La cagnotte de Nahel, assassiné par les forces de l’ordre, un contrat racial», Médiapart, 5 juillet 2023 ;
BA (Amadou, Bal), «Relations France-Afrique : plaidoirie pour une diplomatie apaisée», Médiapart, 16 janvier 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Maître Lamine GUEYE, abrogation du Code de l’Indigénat, avocat défenseur des causes justes», Médiapart, 17 juillet 2022 ;
BA (Amadou, Bal), «Face à la montée du racisme : No Passaran», Médiapart, 2 mars 2025 ;
FIRMIN (Joseph, Anténor), De l’égalité des races humaines. Anthropologie positive, Montréal, Mémoire d’Encrier, 2005, 408 pages ;
GOBINEAU (Joseph), Comte de, De l’inégalité des races humaines, Paris, Firmin Didot, tome I, 1853, 210 pages et tome II, 1884, 402 pages ;
MEMMI (Albert), Le racisme, Paris, Gallimard, Folio, 1994, 256 pages ;
MILLS (Charles, Wade), Contrat racial, traduit par Wesley N’Diaye dit Webster, Montréal, Mémoire d’Encrier, 2023, 224 pages.
Paris, le 27 avril 2025 par Amadou Bal BA