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Billet de blog 27 mai 2025

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"Jean TIBERI (1935-2025) ancien maire de Paris" Amadou Bal BA

Jean TIBERI (1935-2025), ancien maire du 5e et maire de Paris de 1995 à 2001, magistrat et homme politique.

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«Jean TIBERI (1935-2025), ancien maire du 5e et maire de Paris de 1995 à 2001, magistrat et homme politique.» par Amadou Bal BA.

Maire du 5e arrondissement, pendant 30 ans, dans mon quartier où j'avais résidé de longue date, Jean TIBERI connaissait très bien ses ouailles. «Le 5e, dans son arrondissement, il l’arpentait du matin au soir, du lundi au dimanche. Il en connaissait intimement les rues, les quartiers, les commerçants, avec une attention portée à chacune et chacun de ses habitants. Jean Tiberi fut longtemps aux côtés de Jacques Chirac. Il organisa les premières opérations «Paris Respire», il prit les premières mesures visant à restreindre la circulation sur les berges de la Seine et contribua à la transformation urbaine de la capitale. On lui doit également, la réalisation de la Coulée verte, la construction du Viaduc des Arts et la création des parcs André-Citroën et de Bercy», dit Mme Anne HIDALGO, maire de Paris.

Jean TIBERI, un voisin de Laurent FABIUS, quand il se baladait dans son 5e arrondissement, était toujours escorté de Xavière, son épouse avec son éternel débardeur.  «C’était un maire de proximité extraordinaire. Il vivait pour ce mandat. Il prenait très peu de vacances ou de week-ends et arpentait tout le temps le terrain, ses petites fiches à la main», dit Philippe GOUJON, maire du XVe arrondissement. Xavière, c’est un coup de foudre, dès leur rencontre en Corse. Derrière chaque grand homme se cache une femme exceptionnelle. «On s’est mariés sans aucun sou, sans nuage, et cela dure», dit Jean TIBERI. «J’avais dans le temps aidé Jean Tiberi malgré toutes les préventions qui le concernaient. Cette aide de ma part s’était matérialisée lors des expositions qu’il organisait dans sa mairie du Ve arrondissement. J’avais du reste hanté sa mairie dans ma jeunesse, quand elle n’était que bibliothèque municipale. Je terminai mon cursus en ce lieu lors de mes contacts avec la famille Tiberi, monsieur et madame, celle-ci fort attaquée par la gauche, mais dont j’appréciais, pourquoi ne pas le dire, l’amabilité. Par provocation, j’embrassais toujours cette dame sur les deux joues, afin d’irriter mes neveux qui se trouvaient là lors d’un mariage», écrit, dans ses mémoires, Emmanuel LE ROY LADURIE.

En dépit du fait que l’extraordinaire Bertrand DELANOE ait conquis Paris en 2001, la Gauche est partie, plusieurs fois, à l’assaut de la citadelle de l’emblématique mairie du 5e au cœur du Quartier latin, sans jamais la ravir. Il est vrai qu’il connaissait bien la Ville de Paris et en particulier les habitants du Ve arrondissement. «J’ai remarqué qu’à sa manière, il avait aimé profondément Paris», dit Bertrand DELANOE.

Cependant, Jean TIBERI avait pris la fâcheuse habitude de faire voter des électeurs fictifs «Dans le Ve arrondissement de Paris, un nombre important d’électeurs sont domiciliés dans les logements sociaux de la Ville de Paris, alors qu’ils sont inconnus des organismes gestionnaires de ces immeubles. Dans certains cas, il s’avère que ces personnes résident, en réalité, dans des logements de la Ville de Paris situés dans d’autres arrondissements. Il résulte également de l’instruction que des électeurs sont domiciliés dans des bâtiments inexistants ou insusceptibles d’accueillir le nombre d’électeurs inscrits et un nombre anormal d’électeurs est domicilié dans les appartements de la mairie du Ve arrondissement. Au surplus, l’instruction a révélé que des certificats d’hébergement de complaisance avaient été établis par des personnes liées au candidat élu.», dit, le 20 février 1998, le Conseil constitutionnel, juge du contentieux électoral. Dans l’affaire des faux électeurs, Jean TIBERI sera condamné en 2009 à dix mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité.

Jean TIBERI, premier adjoint de Jean CHIRAC, son homme de confiance, est devenu maire de Paris, quand son mentor est devenu président de la République. En effet, Jacques CHIRAC a préféré Jean TIBERI à Jacques TOUBON «Les cimetières se remplissent vite, après l'arrivée de Jacques Chirac à l'Élysée. Jean Tiberi, qu'il a choisi contre Jacques Toubon, le mal-aimé, pour sa succession à la mairie de Paris, aura lui aussi le sentiment d'avoir été lâché par le chef de l'État. Surtout lorsque les « affaires » ont commencé à pleuvoir sur lui» écrit Franz-Olivier GIESBERT. Il faut dire lorsque Jacques CHIRAC en conflit avec Valéry GISCARD D’ESTAING avait démissionné de son poste de Premier ministre, dans sa conquête de la Ville de Paris, en 1977, a choisi de figurer sur la liste de Jean TIBERI, dans le Ve arrondissement.

Il semble même avoir bénéficié de quelques protections ayant retardé certaines enquêtes «Le 27 juin 1996, Éric Halphen effectue une perquisition au domicile des époux Tiberi, alors que Jean Tiberi est maire de Paris. Il est seul avec sa greffière et un substitut. Au dernier moment, les enquêteurs l’abandonnent, sur ordre du directeur de la police judiciaire parisienne, Olivier Foll. Olivier Foll a reçu, quant à lui, le soutien ostensible du ministre de l’Intérieur, Jean-Louis Debré, un autre chiraquien fidèle. Celui-ci a déclaré le 1er juillet 1996 que le directeur de la police judiciaire «avait donné les ordres qui convenaient». Au domicile des Tiberi, Éric Halphen découvre un rapport sur la francophonie rédigé par Xavière Tiberi pour le compte du conseil général de l’Essonne, présidé par Xavier Dugoin (RPR). Le juge doute de son authenticité. Le dossier est transféré au procureur d’Évry. Laurent Davenas, qui prescrit une enquête préliminaire. En novembre 1996, Laurent Davenas part faire du trekking dans l’Himalaya. Alors qu’il est en pleine ascension, un hélicoptère dépose à son intention un pli urgent émanant de la direction des affaires criminelles du ministère dans un relais situé en montagne. Pendant les vacances du procureur, son adjoint Hubert Dujardin prend en effet l’initiative de confier à un juge d’instruction l’enquête visant Xavière Tiberi.» écrit, dans ses mémoires, le juge Renaud VAN RUYMBEKE.

Jean TIBERI, né le 30 janvier 1935 à Paris 5e, est mort le 27 mai 2025. D’une famille très modeste, son père est employé d’assurance et sa mère sténodactylo. Brillant élève ayant fréquenté le collège Sainte-Barbe, puis le lycée Louis Le Grand, d’abord magistrat, il s’est élevé dans la hiérarchie sociale par son travail. En effet, Jean TIBERI fut substitut à Metz et à Meaux puis juge à Beauvais. Jean TIBERI entre en politique dans le sillage d’un autre juriste, René CAPITANT (1901-1970, juriste, député et ministre, un gaulliste de gauche, hostile à Georges POMPIDOU (1911-1974).

Député de Paris de 1968 à 2012, Premier adjoint de Jacques CHIRAC (1932-2019, voir mon article Médiapart, 26 septembre 2019) à la mairie de Paris de 1983 à 1995, il a été maire du 5e arrondissement de 1983 à 1995, et de 2001 à 2014. Jean TIBERI avait, avec Xavière, deux enfants, Dominique et Hélène.

Références bibliographiques

A – Contributions de Jean TIBERI

TIBERI (Jean), Le Quartier latin, Paris, capitale des siècles, Paris, Sand, 1988, 335 pages.

B – Autres références

CLERVAL (Anne), Paris, sans le peuple : la gentrification de la capitale, Paris, La Découverte, 336 pages ;

GIESBERT (Franz-Olivier), Chirac, une vie, Paris, Flammarion,1987 et 2014, 848 pages, spéc pages 512 et suivantes ;

GODEMER (Laurent), Jean Tibéri, le métier d’homme politique, Presses universitaires de Rennes, 2023, 303 pages ;

GUEDE (Alain) LIFFRAN (Hervé), La razzia, enquête sur les fausses factures  et les affaires immobilières du RPR, Paris, Stock,1995, 399 pages, spéc pages 17-23 ;

IMMARIGEON (Jean-Philippe), Autopsie de la fraude électoral, Paris, Stock, 2000, 263 pages ;

LE ROY LADURIE (Emmanuel), Une vie avec l’histoire. mémoires, Paris, Tallandier, 2014, 252 pages ;

TEYSSIER (Arnaud), Philippe Seguin, Paris, Perrin, 2017, 350 pages ;

VAN RUYMBEKE (Renaud), Mémoires d’un juge trop indépendant, Paris, Tallandier, 2021,  304 pages.

Paris, le 27 mai 2025, par Amadou Bal BA

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